NEW YORK: Une nouvelle liste de demandes des Houthis concernant «les arrangements logistiques et sécuritaires» entraîne de nouveaux retards dans les efforts pour envoyer des experts afin d’évaluer l'état du pétrolier Safer et effectuer des réparations d'urgence, a annoncé mercredi l'ONU.
Le pétrolier, qui contient environ 48 millions de gallons de pétrole, est amarré près du terminal pétrolier de Ras Issa au large des côtes yéménites depuis plus de cinq ans. Son état s'est détérioré et l'ONU a averti que cela peut engendrer une fuite de pétrole quatre fois plus que celle déversée lors de la catastrophe d'Exxon Valdez en 1989 au large des côtes de l'Alaska.
«Malheureusement, nous avons rencontré de nouveaux retards après les récentes demandes supplémentaires des Houthis», a déclaré Stéphane Dujarric, le porte-parole en chef de l'ONU. «Ces demandes supplémentaires portaient sur la logistique et les dispositions de sécurité».
Pendant que les pourparlers avec les Houthis se poursuivent dans le but de résoudre les problèmes, on ne sait toujours pas quand la mission pourrait être lancée.
«Nous sommes conscients que de nombreux États membres, notamment les bailleurs de fonds du projet, sont extrêmement préoccupés par ces nouveaux retards. Nous partageons bien entendu ces préoccupations», a déclaré Dujarric.
Faisant référence aux demandes des Houthis, Dujarric a ajouté: «Nous travaillons aussi vite que possible sur un terrain où les règles du jeu semblent changer fréquemment».
Frustré n’est pas le mot exacte pour décrire ce que ressentent les négociateurs, a-t-il déclaré, ajoutant: «Je pense qu’une «inquiétude accrue» est la bonne expression. Nous en parlons depuis deux ans maintenant.
«Par la grâce de Dieu, il n'y a pas eu de fuite majeure. Plus on attend, plus les risques de fuite majeure augmentent. Le temps ne joue en faveur de personne.
«S'il y avait une fuite majeure, tout d'abord, les ports autour de Hodeidah seraient fermés. Hodeidah est une bouée de sauvetage cruciale pour cette région du Yémen en termes d'importation de produits alimentaires et commerciaux».
«On ne peut qu'imaginer l'impact écologique dévastateur que cela aurait sur la région et sur les pays entourant le Yémen (et) bordant la mer Rouge, dont la population dépend totalement de la mer Rouge pour la pêche et le tourisme».
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, et le Conseil de sécurité ont appelé à plusieurs reprises la milice houthie au Yémen à autoriser l'accès au pétrolier pour évaluation et réparation.
«La mission nous donnera l'évaluation dont nous avons besoin pour élaborer une solution permanente. Nous sommes déjà en retard de deux ans et cela ne peut pas attendre», a indiqué Dujarric.
«Il ne s’agit pas simplement d’envoyer du personnel de l’ONU dans cette région. Il s'agit de se procurer des équipements très spécifiques et techniques, en particulier, un remorqueur et une barge et des experts très qualifiés d’une entreprise privée qui sont capables et désirent pleinement participer à cette première mission d'évaluation.
Lorsque on a demandé à Dujarric si des mesures coercitives au titre du chapitre 7 de la Charte des Nations Unies - qui fournit un cadre permettant au Conseil de sécurité d'agir en réponse aux menaces à la paix et aux actes d'agression, ou pour empêcher l'aggravation d'une situation - pourraient être envisagées si les règles du jeu continuent de changer, Dujarric a révélé qu'une telle action reviendrait exclusivement au Conseil de sécurité. Il a ajouté que la priorité du Secrétaire général restait de travailler avec le soutien et l’accord des autorités de facto au Yémen.
«Nous voulons - et cela ne s'applique pas seulement au pétrolier mais à tout ce qui se passe au Yémen - que tous ceux qui ont le pouvoir au Yémen mettent les intérêts du peuple yéménite en premier lieu», a souligné Dujarric. «Cela inclut la réparation du pétrolier. Cela comprend l'arrêt des combats. Cela comprend la facilitation de l’accès humanitaire».
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com