AL-MUKALLA, Yémen : La dernière série de pourparlers d'échange de prisonniers entre le gouvernement internationalement reconnu du Yémen et les Houthis soutenus par l'Iran est au point mort en raison du refus du mouvement Houthi de libérer des journalistes et des politiciens, ont déclaré dimanche des responsables yéménites et de l'ONU.
Organisés par l'ONU, les pourparlers dans la capitale jordanienne d’Amman ont repris le mois dernier dans le but de libérer 301 prisonniers des deux côtés, sur la base des pourparlers antérieurs qui avaient permis l'échange de plus de 1 000 prisonniers en octobre.
Le gouvernement yéménite a accusé les Houthis de saborder les négociations en refusant de libérer les journalistes enlevés et d'éminents politiciens et commandants militaires, et en exigeant que le gouvernement libère leurs soi-disant prisonniers.
« C’est l'intransigeance des Houthis qui est responsable de l’échec des pourparlers. Ils ont fermement rejeté les propositions de libération des journalistes et d'autres prisonniers et nous ont envoyé de faux noms de prisonniers en nous demandant de les libérer », déclare un responsable du gouvernement yéménite au fait des discussions. Il s'est entretenu avec Arab News sous couvert d'anonymat car il n'était pas autorisé à divulguer des informations aux journalistes.
Des proches des otages et des groupes de défense des droits locaux ont exprimé leur consternation face à l'échec des pourparlers d'échange de prisonniers.
Amat Al-Salam Al-Hajj, présidente de l'Association des mères des détenus, une organisation regroupant des milliers de femmes proches de prisonniers de guerre, a déclaré à Arab News que la nouvelle de l'échec des pourparlers était tombée comme un couperet pour elle et les familles des prisonniers désireux de voir leurs proches libérés.
« Nous ne sommes pas surpris par l'échec des pourparlers car parmi la délégation houthie se trouve une personne tristement célèbre pour avoir torturé des prisonniers », souligne Amat Al-Salam. Elle ajoute que le groupe Houthi avait refusé de discuter de la libération de nombreuses personnes qui avaient été enlevées dans des zones contrôlées par les Houthis et avait insisté pour échanger des combattants.
« Les mères des détenus ont le cœur brisé car elles s'attendaient à voir leurs proches libérés pendant les pourparlers. C'est une question purement humanitaire indépendante du dossier politique », dit-elle.
Les observateurs et les responsables yéménites estiment que les Houthis ont vu dans l’approche conciliante de l’administration américaine à l’égard du régime iranien et le fait qu’elle les ait retirés de la liste des terroristes un blanc-seing pour saper les pourparlers d’échange de prisonniers et organiser une offensive contre la ville pétrolière de Marib.
Najeeb Ghallab, sous-secrétaire au ministère de l'Information du Yémen et analyste politique, a déclaré dimanche à Arab News que les Houthis étaient devenus inflexibles pendant les pourparlers peu de temps après que les États-Unis ont retiré leur nom d'une liste de groupes terroristes et qu'ils n'avaient participé aux pourparlers que pour éviter d’être accusés de pas vouloir vraiment faire la paix.
« Le groupe Houthi est déterminé à utiliser le dossier des prisonniers pour témoigner de son sérieux dans le respect des initiatives de paix», a-t-il déclaré.
Il a ajouté que le nombre de prisonniers du gouvernement yéménite et des Houthis pendant les combats actuels etait supérieur à ceux qui ont été libérés l'année dernière.
Combats
Des affrontements féroces sporadiques ont été signalés dimanche sur les principaux champs de bataille de la province centrale de Marib et de la province voisine de Jouf, indiquent des responsables du gouvernement local et des médias.
Les troupes de l'armée et les membres des tribus alliées ont repoussé les attaques des Houthis contre les zones contestées de Serwah et d'Al-Kasara, au nord et à l'ouest de la ville de Marib, après avoir tué et blessé des dizaines de combattants rebelles. Le ministère de la Défense du Yémen et les médias locaux ont déclaré que les loyalistes avaient également lancé une contre-attaque contre les Houthis dans la montagne Helan alors que l’aviation militaire de la coalition arabe frappait les renforts militaires des rebelles venant de la capitale, Sanaa, et se dirigeant vers les champs de bataille de Marib.
Le brigadier général Ali Al-Houri, commandant des champs de bataille Brigade13 et Helan et Al-Mashjah, a déclaré que ses forces avaient défait les forces attaquantes, niant les informations relayées par les médias d’invasion territoriale des Houthis à Marib.
« Nous sommes prêts à les vaincre. Les combattants sont déterminés et forts », déclare le commandant de l'armée derrière une barricade militaire à Marib.
L’escalade actuelle des combats a commencé au début du mois lorsque les Houthis ont lancé une offensive pour reprendre le contrôle de la ville centrale de Marib, le dernier bastion du gouvernement yéménite dans la partie nord du pays.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com