ANKARA: La Cour d’appel de Turquie confirme une peine de prison contre un législateur et activiste pro-kurde.
Une peine d'emprisonnement de deux ans et demi est requise contre Omer Faruk Gergerlioglu, qui est également membre d'une commission parlementaire chargée de surveiller les violations des droits de l'homme et qui a constamment attiré l'attention sur des allégations de violations des droits de l'homme.
« Nous le soutenons jusqu'au bout», ont tweeté ses partisans.
Omer Faruk est député du Parti démocratique du peuple (HDP), que le gouvernement accuse d’avoir des liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan, qui est proscrit.
Il a été condamné pour «propagande terroriste» pour avoir retweeté un reportage T24 sur le conflit kurde et l'effondrement du processus de paix.
Sa condamnation pour une publication sur les réseaux sociaux porte les prémisses « d’une tentative d’intimidation », déclare Milena Buyum, militante d’Amnesty International pour la Turquie, à Arab News.
« L’importance de l'opinion dissidente du juge de la cour d'appel confirme cette préoccupation », ajoute-t-elle. « Personne ne devrait être victime de harcèlement judiciaire pour avoir mis en lumière des allégations de violations des droits de l’homme. »
Mr Gergerlioglu a déclaré en décembre dernier que des femmes en garde à vue et incarcérées avaient été soumises à des fouilles à nu humiliantes par la police dans les provinces de la Turquie.
Alors que ses allégations ont été soutenues par des milliers de prisonniers qui ont raconté aux médias dissidents leurs expériences de violences sexuelles systématiques aux mains de la police, le ministre de l'Intérieur Suleyman Soylu les a niées et a accusé Omer Faruk de terrorisme ».
Le législateur est également médecin, mais a été démis de ses fonctions par décret présidentiel.
« Après son licenciement il y a quelques années, mon père a été tabassé au milieu de la rue par quelqu'un qui affirmait que c’ était un terroriste», déclare Salih, le fils de Omer Faruk, à Arab News. «Je me souviens très bien de la grosse ecchymose sur son visage. Il était calme mais pas moi. Il dit à qui veut bien l’entendre qu’il était engagé dans la bonne direction.
Le gouvernement au pouvoir avait « instrumentalisé l'État pour consolider son pouvoir » plutôt que de tendre la main aux personnes dans le besoin, dit-il, et avait donné la priorité au parti aux dépens de la société en criminalisant les dissidents. « Nous devons communiquer avec toutes les strates vulnérables de la société, que ce soit les Arméniens ou les Kurdes, afin de réparer ces failles. C'est inévitable. Lutter pour une cause commence par connaître le pays dans lequel vous vivez. Grâce à mon père, je suis plongé dans la lutte pour la défense des droits de l'homme depuis mon enfance. Je lui dois beaucoup."
Salih a fondé le Movement of the Others avec des amis qui se sentaient mis à l’écart de la société turque pour cause d’identité.
« Cette société changera un jour », souligne-t-il, «et cette transformation se fera grâce à la coopération et à la compréhension mutuelle entre ceux qui sont opprimés. Quoi qu'ils fassent, ils ne peuvent pas faire taire mon père, qui ne cesse de me dire de tout le temps mesurer mon bien-fondé avec équité et de ne pas abandonner ma cause si je suis dans mon droit.
Les procureurs ont rédigé des procès-verbaux contre neuf législateurs du HDP au sujet des enquêtes sur les manifestations de 2014 à Kobani. Ils ont été soumis au ministère de la Justice et les législateurs iront au tribunal s'ils sont privés de leur immunité parlementaire.