DJEDDAH: La Turquie est confrontée à une pression sur son statut fiscal après que l'UE a accordé une extension aux demandes d'Ankara de respecter ses directives en matière de transparence fiscale.
Si Ankara ne parvient pas à harmoniser sa politique fiscale conformément aux exigences de l'UE, elle pourrait être placée sur une liste noire des paradis fiscaux à condition que les États membres parviennent à un consensus.
Bruxelles a reproché à la Turquie de ne pas avoir respecté les normes internationales sur l'échange automatique d'informations fiscales, notamment la transparence fiscale et la prévention de l'évasion fiscale.
La Turquie, qui avait déjà obtenu jusqu'à fin décembre 2020 pour résoudre ce problème, figure sur la liste grise des contrevenants de l'UE, qui comprend d'autres pays qui sont tenus d’effectuer des réformes sur leurs politiques fiscales.
Toutefois, certains pays de l'UE, dont l'Autriche, la France et la Grèce, ont refusé de donner plus de temps à Ankara. Mais l'Allemagne a accordé l'extension, invoquant des raisons «d'opportunisme politique».
La liste noire des paradis fiscaux de l'UE, rédigée en 2017, sera révisée en octobre de cette année.
l'Union Européenne tente d'améliorer la gouvernance fiscale internationale en luttant contre l'évasion fiscale par le non-paiement illégal ou le paiement insuffisant de la taxe. Elle s'attaque également à l'évasion fiscale en utilisant des moyens juridiques afin de minimiser la responsabilité fiscale et le blanchiment d'argent dans les pays du tiers-monde.
Les efforts de l'UE consistent à répertorier les pays du tiers-monde qui encouragent les pratiques fiscales abusives en vue de les pousser à réformer la législation. Une fois qu'ils ont promulgué des réformes, ils peuvent être retirés de la liste.
L'opposition turque a également remet en cause le gouvernement sur des irrégularités dans ses réformes fiscales.
Le gouvernement a accordé à la «bande des cinq» entreprises de construction - Cengiz, Kalyon, Limak, Kolin et Makyol - des incitations et des exonérations fiscales 128 fois au cours de la dernière décennie.
Cependant, les privilèges accordés aux entreprises ayant des liens étroits avec le Parti de la justice et du développement du président turc Recep Tayyip Erdogan ont suscité le débat parmi le public car beaucoup affirmant que cela représente un double standard puisque la majorité des citoyens doivent payer un montant d'impôt disproportionné.
«Les appels d'offres sont traités sans aucune supervision. Les irrégularités et la corruption restent impunies. C’est pourquoi les entreprises ne se soucient plus de la loi. Le système est complètement corrompu», a déclaré aux médias turcs Murat Agirel, un journaliste dissident qui a été récemment emprisonné pour son travail acharné.
Néanmoins, suivre la législation à elle seule ne suffira pas à permettre à la Turquie de s'aligner sur les réglementations fiscales de l'UE. Les sociétés «écran» turques, conçues pour participer aux appels d'offres du gouvernement et s'assurer qu'une entreprise spécifique est certaine de remporter un appel d'offres, ont récemment fait la une des journaux dans le pays.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com