En Turquie, les défenseurs de la liberté d'expression placent leurs espoirs dans une nouvelle application

Des manifestants prennent des photos alors que des policiers turcs arrêtent des manifestants lors d'un rassemblement de soutien aux étudiants de l'université Bogazici à Istanbul, le 4 février 2021. (AFP)
Des manifestants prennent des photos alors que des policiers turcs arrêtent des manifestants lors d'un rassemblement de soutien aux étudiants de l'université Bogazici à Istanbul, le 4 février 2021. (AFP)
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Publié le Mercredi 17 février 2021

En Turquie, les défenseurs de la liberté d'expression placent leurs espoirs dans une nouvelle application

  • En Turquie, un nombre croissant de personnes se tournent vers une nouvelle application audio dédiée à la liberté d'expression
  • Clubhouse est une application fondée à San Francisco qui a été lancée l'année dernière

ANKARA: En Turquie, un nombre croissant de personnes se tournent vers une nouvelle application audio dédiée à la liberté d'expression et elles l'utilisent comme une source d'information directe.

Clubhouse, application fondée à San Francisco, a été lancée l'année dernière. Les nouveaux venus sur le réseau doivent être invités par les utilisateurs existants. Cette application propose une sélection de «salles» de conversations audio divisées par sujet. Les citoyens turcs ont été particulièrement attirés par celui de l’expression politique.

«Les discussions politiques reçoivent en général les meilleures audiences de toutes les émissions de télévision turques aux heures de grande écoute», indique le stratège politique Fatih Guner. «Ce que nous voyons sur Turkish Clubhouse n'est pas différent. Les salles les plus populaires ont pour sujet la politique.»

En Turquie, environ 125 000 personnes ont téléchargé l'application, selon l'université Kadir Has d'Istanbul. Elle est actuellement disponible dans 154 pays et se trouve être l’application la plus téléchargée en Allemagne, au Japon, en Slovaquie et en Turquie.

Cette application a également suscité l'intérêt de certaines des personnes les plus puissantes du monde. Ainsi, c’est sur cette plate-forme de réseautage social qu’Elon Musk, le cofondateur et PDG de Tesla, aurait invité le président russe, Vladimir Poutine, à le rejoindre pour discuter avec lui.

«Ce serait un grand honneur de parler avec vous», a twitté en russe Elon Musk, l’homme le plus riche du monde.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré aux journalistes lors d'une visioconférence: «En général, c'est une proposition très intéressante, bien entendu; mais nous devons comprendre ce que cela signifie, ce qui est proposé. Nous devons d'abord vérifier, puis nous réagirons.»

En Turquie, le Clubhouse a commencé à gagner en popularité le mois dernier, lorsque des manifestations ont éclaté dans tout le pays après la nomination d’un nouveau recteur, Melih Bulu, à la tête de la plus prestigieuse université du pays, celle du Bosphore.

Absence d'éléments visuels

En Turquie, des milliers de personnes se sont mises à fréquenter les salles de discussion de Clubhouse afin d’avoir accès à des nouvelles précises et en temps réel – des informations qu'elles n'ont pas pu trouver dans les médias grand public. Certaines salles ont rapidement atteint la limite des 5 000 personnes.

Ces salles sont composées d'étudiants, d'anciens élèves, de journalistes, d'avocats, d'universitaires et d'hommes politiques. Toutes ces personnes réclament leur droit à la liberté d'expression et de discussion. Ahmet Davutoglu, ancien Premier ministre turc, fondateur du mouvement dissident le Parti du futur et très critique à l’égard du gouvernement en place, est le premier homme politique turc à avoir évoqué le Clubhouse.

Plusieurs avocats ont partagé des informations spontanées au sujet des étudiants détenus pendant les manifestations destinées à empêcher la désinformation. Parallèlement, plusieurs modérateurs d’une salle du Clubhouse ont été détenus pendant quelques heures pour avoir organisé une discussion sur la manifestation des étudiants.

L'absence d’éléments visuels sur l'application donne aux gens plus de liberté pour interagir les uns avec les autres et se concentrer sur le contenu de la discussion. Ce nouvel outil de médias sociaux est également susceptible de déclencher une nouvelle vague de journalisme citoyen et de devenir un centre d'attraction pour l'activisme, en dépit de la censure stricte qui sévit dans le pays.

Les experts notent que la polarisation accélérée en Turquie – où des journalistes et des politiciens ont été emprisonnés pour avoir critiqué le gouvernement – ainsi que le manque de chaînes médiatiques indépendantes et objectives ont contribué à la nouvelle popularité de cette application dans le pays.

Environ 90% de l’environnement médiatique traditionnel et politiquement «verrouillé» de la Turquie appartient à des conglomérats progouvernementaux.

Guner reste prudent quant à l'impact immédiat du Turkish Clubhouse.

«La barrière à l’entrée est le premier défi», explique-t-il à Arab News. «Les premiers utilisateurs, qui possèdent les modèles d'iPhone les plus récents, dont le prix est déraisonnablement élevé en raison de taxes extravagantes, semblent avoir des opinions modérées sur la démocratisation et sur d’autres questions de société.»

Selon Guner, c’est en raison de cette barrière à l’entrée que toutes les opinions politiques n'ont pas encore été exprimées sur cette plate-forme.

«Lorsque Clubhouse disposera d’une version pour Android, nous pourrons certainement dire que la profonde polarisation du pays atteindra également le Clubhouse turc», affirme-t-il.

L'autre défi, pour Guner, concerne la relation créateur-consommateur. Lorsque des salles sont créées dans le Clubhouse, 5 000 personnes au maximum peuvent écouter les groupes et la discussion qui peut porter sur des sujets sensibles. Mais le stratège révèle que seuls 60 à 70 individus prennent la décision de participer à la discussion.

«Contrairement à une croyance populaire, tout le monde ne souhaite pas dire ce qui lui vient à l'esprit», confie Guner.

Pour le Dr Sarphan Uzunoglu, un expert en communication numérique qui travaille à l'université de Bilgi, une application qui n'est ouverte qu'à l'écosystème iOS est peu susceptible d’apporter une solution au problème de la liberté d'expression du pays.

«Cependant, cela ne signifie pas que la propagation rapide de cette pratique est une coïncidence», confie-t-il à Arab News. «Dans cet écosystème étroit, on peut dire qu'il y a pour l'instant des conversations créatives et confortables dans certaines chambres d'écho. C’est cela aussi qui attire les gens.»

Mais Uzunoglu pense qu'avec le temps, à mesure que le nombre d'utilisateurs augmentera, les gens perdront leur «privilège de parole». Il prédit que cela conduira à écouter des voix différentes, ce que la plupart éviteront de faire, et que le médium perdra de son dynamisme.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
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  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
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  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).


L'Égypte annonce que 50 camions-citernes de carburant entreront chaque jour dans la bande de Gaza

Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.
  • M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

LE CAIRE : Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.

M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

La trêve devrait entrer en vigueur dimanche à 13 h 30 GMT, ouvrant ainsi la voie à un afflux massif d'aide, selon les médiateurs.

Des centaines de camions sont garés du côté égyptien du poste frontière de Rafah, un point d'entrée autrefois vital pour l'aide humanitaire, fermé depuis mai, lorsque les forces israéliennes ont pris le contrôle du côté palestinien du point de passage.

Au cours d'une conférence de presse conjointe avec son homologue nigérian, M. Abdelatty a déclaré : « Nous espérons que 300 camions se rendront au nord de la bande de Gaza », où des milliers de personnes sont bloquées dans des conditions que les agences humanitaires qualifient d'apocalyptiques.

Les travailleurs humanitaires ont mis en garde contre les obstacles monumentaux qui pourraient entraver les opérations d'aide, notamment la destruction des infrastructures qui traitaient auparavant les livraisons.