PARIS: Un député UDI et un sénateur communiste ont dénoncé mardi la « lâcheté » de la France qui « abandonne » des femmes et enfants détenus « dans des conditions inhumaines » en Syrie, et appelé leurs collègues du parlement à se mobiliser pour leur rapatriement.
« La France, qui se veut la patrie des droits de l'Homme, ne peut rester sans rien faire face à cette situation dramatique », ont déclaré Pierre Morel-A-L'Huissier, député de Lozère, et Pierre Laurent, sénateur de Paris, lors d'une conférence de presse à Paris.
Indignés par « l'immobilisme de Paris » qui ne rapatrie qu' « au compte-goutte » alors qu'il y a « urgence » pour les quelque 80 femmes et 200 enfants toujours détenus en Syrie, ils ont écrit à leurs collègues de tous bords pour les appeler à faire preuve de « courage politique » et à réclamer avec eux à l'Elysée un rapatriement général.
Le retour de ces Français qui avaient rejoint l'Etat islamique est un sujet sensible dans un pays marqué par les attentats jihadistes perpétrés sur son sol depuis 2015, admettent-ils.
Mais ces femmes et enfants sont détenus depuis parfois plus de trois ans « dans des conditions inhumaines, en zone de guerre, dans des camps insalubres gérés par les forces kurdes où règnent la terreur et la violence », écrit Morel-A-L'Huissier.
« Le président de la République affirmait en mai 2019 que +la France (était) une nation qui n'abandonn(ait) jamais ses enfants, où qu'ils se trouvent. La France les abandonne pourtant, alors qu'ils ont tous ou presque moins de six ans », déplore-t-il.
« Au prétexte que l'opinion publique française serait majoritairement hostile au retour des mères et des enfants, la France fait le choix de les sacrifier » et « cette inertie résonne comme une lâcheté politique profondément inhumaine et irresponsable », dit-il. « Car il est inhumain de laisser des enfants français périr dans ces camps, et irresponsable de ne pas rapatrier nos ressortissants comme l'ont fait d'autres pays ».
« Ces enfants ne sont coupables de rien, les laisser périr en Syrie est indigne d'une démocratie comme la nôtre », écrit de son côté Laurent. Quant à leurs mères, « elles doivent répondre de leurs actes dans le seul pays où elles sont judiciarisées, la France ».
Les deux hommes ont également rappelé que les Kurdes, qui gèrent ces camps, comme plusieurs instances de l'ONU ou européennes, ont appelé les États comme la France à rapatrier ces femmes et enfants.
Paris maintient depuis des années une politique de retour au cas par cas pour ces enfants (35, majoritairement des orphelins, ont été rapatriés jusqu'ici) et estime que les adultes devraient être jugés sur place.