ANKARA : Alors que les manifestations étudiantes se poursuivent en raison de la désignation d’un recteur loyaliste à la prestigieuse université turque du Bosphore, une autre institution connue pour sa ligne académique indépendante est également sous le feu des projecteurs.
L’université francophone de Galatasaray, située le long du Bosphore à quelques kilomètres de l’université du Bosphore, a fait les gros titres en raison d’une nouvelle instruction officielle donnée à son corps enseignant.
Les professeurs français à l’université sont désormais tenus de maîtriser la langue turque, conformément à une instruction du Conseil de l’enseignement supérieur. Ceux qui ne répondent pas à cette exigence ne recevront pas de permis de travail ou ne verront pas leurs permis prolongés, ce qui rend leur séjour « illégal » -bien que plusieurs d’entre eux vivent en Turquie depuis des décennies.
Près de 30 professeurs à l’université sont nommés pas la France.
Ouverte par les présidents François Mitterrand et son homologue turc Turgut Ozal en 1992 pour renforcer les relations bilatérales entre les deux pays, l’université de Galatasaray est un établissement francophone qui accueille des milliers d’étudiants.
Ils sont principalement employés dans les cercles d’élites après l’obtention de leur diplôme grâce à l’éducation bilingue de haut niveau qu’ils reçoivent.
Selon les experts, cette mesure aurait été prise en riposte aux changements éducatifs introduits l’année dernière par le président français Emmanuel Macron.
Ces changements imposent à tous les enseignants turcs en France de connaître la langue française, pour préserver la cohésion sociale et lutter contre la ségrégation qui alimente l’extrémisme.
Toutefois, alors que les changements dans le système français ont été annoncés un an auparavant, donnant suffisamment de temps aux enseignants pour acquérir une bonne connaissance de la langue, l’exigence soudaine avancée unilatéralement par Ankara a été sévèrement critiquée, transformant plusieurs universitaires français éminents en résidents illégaux.
Les professeurs français à l’université sont désormais tenus de maîtriser la langue turque, conformément à une instruction du Conseil de l’enseignement supérieur.
Ceux qui ne possèdent pas de permis de travail ou de résidence en Turquie ne peuvent pas ouvrir un compte bancaire ou détenir un compte d’électricité pour leur appartement.
« Bien que les pays aient le droit d’adopter des mesures qui affectent les étranger conformément au principe de la souveraineté, de telles procédures restrictives n’ont pas de base légale », explique Guclu Akyurek, professeur de droit à l’université MEF à Istanbul.
« L’université de Galatasaray est une université qui a été fondée avec un accord international avec la France. Par conséquent, la Turquie doit respecter les accords internationaux selon la hiérarchie des normes. Un règlement ne peut pas changer le statut d’une université aussi bien établie », ajoute-t-il.
M. Akyurek, lui-même diplômé de l'université de Galatasaray, a indiqué que la Cour européenne des droits de l’homme avait exhorté tous les pays à protéger la vie privée de leurs résidents. Cela s’applique aux professeurs français de l’université de Galatasaray qui ont épousé des Turcs, précise-t-il.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com