LONDRES: Les Libanais qui résident sur le sol britannique ont le devoir d’exhorter leurs députés à ouvrir une enquête sur une société enregistrée au Royaume-Uni et potentiellement liée à l'explosion dévastatrice à Beyrouth le 4 août de l'année dernière.
Le réseau international d'activistes Meghterbin Mejtemiin, ou «expats unis», a envoyé une lettre à près de 3 000 personnes d'origine libanaise en Grande-Bretagne, et leur a demandé d'exiger une enquête officielle sur Savaro Ltd.
«Lorsque nous avons vu les derniers bulletins de nouvelles qui décrivent le secret qui entoure Savaro Ltd et ses liens potentiels avec des personnes d'intérêt, nous avons décidé de faire pression sur les autorités britanniques dans le but de faire la lumière sur la question», a déclaré le groupe dans un communiqué partagé avec Arab News.
«Nous avons bon espoir de voir les autorités britanniques agir, particulièrement après l'annonce de la suspension de la demande de liquidation volontaire de la société. Notre objectif ultime est d'ouvrir une enquête sur Savaro Ltd, d'identifier son bénéficiaire effectif, et de comprendre son rôle dans le contexte de la tragédie de l'explosion de Beyrouth.
Selon les règles commerciales mondiales, un bénéficiaire effectif est une personne morale qui profite des transactions de l'entreprise.
Le mois dernier, deux hauts parlementaires britanniques ont réclamé l’ouverture d’une enquête sur Savaro.
Enregistrée à une adresse à Londres, la société qui a acheté le nitrate d'ammonium à l'origine de l'explosion de 2020 est par conséquent tenue de fournir des informations exactes. L’identité du propriétaire est requise par le registre du commerce et des sociétés Companies house, et qui tient un registre de toutes les entreprises au Royaume-Uni.
Le registre de Savaro identifie une femme appelée Marina Psyllou comme unique propriétaire et directrice.
Mais Psyllou a toutefois déclaré à Reuters le mois dernier qu'elle agit simplement en tant que représentant au nom du véritable propriétaire. Elle a ajouté qu’elle ne pouvait en révéler l’identité, sans donner de raison.
«Nous ne pouvons pas permettre que l’enquête sur l'explosion de Beyrouth soit un nouveau processus judiciaire qui échoue sans fournir de réponses et sans tenir les auteurs responsables», poursuit le communiqué. «Du point de vue du Royaume-Uni, il est tout aussi important de faire préserver les normes de responsabilité locales, ainsi que de montrer au peuple libanais que la communauté internationale les soutient dans la quête vers la vérité. L'avantage de la vision britannique est principalement de tirer parti d'un pouvoir judiciaire indépendant».
En plus d’adresser une pétition aux députés britanniques, le groupe a écrit au ministre des Finances Rishi Sunak, le ministre d'État pour le Moyen-Orient et d’Afrique du Nord James Cleverly, le ministre des Affaires étrangères Dominic Raab et le procureur général Suella Braveman, entre autres.
Le 4 février a marqué l'anniversaire de six mois de l’explosion massive du port de Beyrouth, causée par une énorme cargaison d’engrais, identifié comme du nitrate d’ammonium, stockée dans un entrepôt. L’explosion a détruit une grande partie de la ville et tué plus de 200 personnes, en plus de faire 7 500 blessés. L'enquête officielle sur l'explosion est temporairement suspendue en raison d'un confinement national à travers le territoire libanais, décrété afin d’endiguer la propagation du coronavirus à l’origine de la Covid-19.
Meghterbin Mejtemiin a été fondé en octobre 2019 afin de mobiliser la diaspora libanaise et soutenir les manifestations au Liban, un soulèvement populaire motivé par la colère face à la crise financière et la corruption.
Pour contacter Meghterbin Mejtemiin, courriel: [email protected]
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com