La Turquie tance la France en Syrie et se chargera des menaces terroristes

"Débarrasser la Syrie de la menace terroriste est notre tâche principale pour 2025 et la Turquie est la plus efficace dans la lutte anti-terroriste", a-t-il martelé. Erdogan avec Von der Leyen en décembre 2024 . (AFP).
"Débarrasser la Syrie de la menace terroriste est notre tâche principale pour 2025 et la Turquie est la plus efficace dans la lutte anti-terroriste", a-t-il martelé. Erdogan avec Von der Leyen en décembre 2024 . (AFP).
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Publié le Vendredi 10 janvier 2025

La Turquie tance la France en Syrie et se chargera des menaces terroristes

  • La France et les Etats-Unis veulent empêcher la Turquie de lancer une "opération militaire" contre les forces kurdes syriennes qui les ont aidées dans leur lutte contre le groupe Etat islamique et qu'Ankara considère comme des mouvements terroristes
  • Interrogé lors d'une conférence de presse, M. Fidan a écarté tout rôle de la France dans la région: "Notre interlocuteur sur cette question est l'Amérique. Nous parlons à l'Amérique. Pas avec les pays qui se cachent derrière", a-t-il asséné

ISTANBUL: Le chef de la diplomatie turque Hakan Fidan a mis sévèrement en garde la France vendredi contre un éventuel déploiement dans le nord-est de la Syrie et maintenu qu'Ankara est "déterminé" à contrer les menaces terroristes à ses portes.

La France et les Etats-Unis veulent empêcher la Turquie de lancer une "opération militaire" contre les forces kurdes syriennes qui les ont aidées dans leur lutte contre le groupe Etat islamique et qu'Ankara considère comme des mouvements terroristes.

Interrogé lors d'une conférence de presse, M. Fidan a écarté tout rôle de la France dans la région: "Notre interlocuteur sur cette question est l'Amérique. Nous parlons à l'Amérique. Pas avec les pays qui se cachent derrière", a-t-il asséné.

"Débarrasser la Syrie de la menace terroriste est notre tâche principale pour 2025 et la Turquie est la plus efficace dans la lutte anti-terroriste", a-t-il martelé.

"Nous avons régulièrement alerté qu'il n'est pas question de vivre avec une telle menace. Quelqu'un s'en occupe ou nous allons le faire", a-t-il lancé.

La Turquie a "le pouvoir, la capacité et la détermination pour éliminer à la source toute menace posée à sa survie", a-t-il martelé. Hakan Fidan et le président Recep Tayyip Erdogan ont tous deux menacé cette semaine d'intervenir militairement contre les forces kurdes en Syrie.

De violents combats opposent les factions soutenues par la Turquie aux Unités de protection du peuple (YPG), qu'Ankara dénonce comme une émanation du PKK, le Parti des Travailleurs du Kurdistan, interdit sur son sol.

"Leurs propres revendications" 

"Si la France a quelque chose à faire, c'est de reprendre ses propres citoyens, de les amener dans ses propres prisons et de les juger", a-t-il également lancé à propos des combattants jihadistes français ayant trouvé refuge en Syrie après la chute de "l'émirat" islamiste.

Paris rechigne justement à rapatrier ces ressortissants, plusieurs dizaines au moins, qui sont déjà emprisonnés en Syrie sous la garde des Kurdes, ou qui ont participé à la coalition rebelle arrivée au pouvoir à Damas le mois dernier.

Le ministre turc a accusé la France de ne pas prendre en compte la sécurité de la Turquie et à ne mettre en avant que ses propres intérêts: "mais ils ne se soucient pas de notre sécurité (...) Ils mettent toujours en avant leurs propres revendications", a-t-il affirmé à propos de ses interlocuteurs français.

Le renversement du dirigeant syrien Bachar al-Assad le mois dernier a fait naître la possibilité d'une intervention directe de la Turquie en Syrie contre les forces kurdes YPG.

Ankara accuse les YPG, épine dorsale des FDS et considérées par l'Occident comme essentielles dans la lutte contre les jihadistes de l'Etat islamique, de liens avec le PKK.

"Le PKK est une organisation terroriste. Soutenir ou accepter la présence d'une seule branche de cette organisation est inconsistant" a estimé M. Fidan ajoutant: "Ce n'est pas la première fois que les Etats-Unis se montrent inconsistants".

Il a par ailleurs réaffirmé la détermination de la Turquie à soutenir la phase de transition en Syrie, en coordonnant son action avec le Qatar et les Emirats arabes unis.

La Turquie qui partage plus de 900 km de frontière avec sa voisine a accueilli et apporté "la sécurité et les services de base à plus de cinq millions" de réfugiés syriens dont plus de 2,9 millions se trouvent toujours sur son sol.


Un accord sur une trêve dans la bande de Gaza est «très proche» , affirme Blinken

Les Etats-Unis et la France font partie du comité à cinq, avec le Liban, Israël et la force de l'ONU au Liban (Finul), censé surveiller l'application du cessez-le-feu et toutes les potentielles violations. (AFP)
Les Etats-Unis et la France font partie du comité à cinq, avec le Liban, Israël et la force de l'ONU au Liban (Finul), censé surveiller l'application du cessez-le-feu et toutes les potentielles violations. (AFP)
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  • Au Liban, le chef de la diplomatie américaine entrevoit par ailleurs une "paix durable" au moment où les troupes israéliennes ont commencé à se retirer du sud du pays
  • "Le cessez-le-feu tient" entre Israël et le mouvement libanais Hezbollah, près d'un mois après son entrée en vigueur, s'est-il félicité

PARIS: Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a affirmé mercredi à Paris qu'un accord sur une trêve dans la bande de Gaza, qui fait l'objet de négociations indirectes entre Israël et le Hamas au Qatar, était "très proche".

"Au Proche-Orient, nous sommes très proches d'un cessez-le-feu et d'un accord sur les otages", a déclaré M. Blinken lors d'une conférence de presse avec son homologue français Jean-Noël Barrot.

Depuis plus d'un an, le Qatar est engagé aux côtés des Etats-Unis et de l'Egypte dans des négociations en vue d'un cessez-le-feu et de la libération des otages toujours retenus à Gaza depuis l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023 contre Israël, qui a déclenché la guerre.

Au Liban, le chef de la diplomatie américaine entrevoit par ailleurs une "paix durable" au moment où les troupes israéliennes ont commencé à se retirer du sud du pays.

"Le cessez-le-feu tient" entre Israël et le mouvement libanais Hezbollah, près d'un mois après son entrée en vigueur, s'est-il félicité.

"Nous avons récemment vu (...) le retrait de plus d'un tiers des forces israéliennes du Liban. Je pense que le cessez-le-feu peut être un pont vers une paix durable", a-t-il déclaré.

Les Etats-Unis et la France font partie du comité à cinq, avec le Liban, Israël et la force de l'ONU au Liban (Finul), censé surveiller l'application du cessez-le-feu et toutes les potentielles violations.

La trêve est entrée en vigueur le 27 novembre, après deux mois de guerre ouverte entre Israël et le mouvement islamiste pro-iranien.


Le chef de la diplomatie italienne se rendra vendredi à Damas

Le ministre italien des Affaires étrangères Antonio Tajani au Caire le 11 octobre 2023 (Photo, AFP).
Le ministre italien des Affaires étrangères Antonio Tajani au Caire le 11 octobre 2023 (Photo, AFP).
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  • « Je me rendrai vendredi en mission à Damas », a-t-il déclaré devant la Chambre des députés, précisant qu'il annoncerait à cette occasion « un premier paquet d'aides pour la coopération au développement » de la Syrie.
  • « L'Italie est aux côtés du peuple syrien pour favoriser la stabilisation politique et garantir la protection des droits humains », a-t-il affirmé.

ROME : Antonio Tajani, le chef de la diplomatie italienne, a annoncé  mercredi qu'il se rendrait à Damas vendredi, après avoir présidé la veille à Rome une réunion sur la Syrie avec des homologues européens et le secrétaire d'État américain Antony Blinken.

« Je me rendrai vendredi en mission à Damas », a-t-il déclaré devant la Chambre des députés, précisant qu'il annoncerait à cette occasion « un premier paquet d'aides pour la coopération au développement » de la Syrie, sortie exsangue de plus de dix ans de conflit.

« L'Italie est aux côtés du peuple syrien pour favoriser la stabilisation politique et garantir la protection des droits humains », a-t-il affirmé. « Il est essentiel de préserver l'intégrité territoriale de la Syrie et d'empêcher que son territoire ne soit exploité par des organisations terroristes et des acteurs hostiles. »

Le gouvernement de transition fait pression depuis lors pour la levée des sanctions internationales à l'encontre de la Syrie, mais de nombreuses capitales, dont Washington, ont déclaré vouloir attendre de voir comment les nouvelles autorités exerceraient leur pouvoir avant d'y procéder.

Ces dernières ont multiplié les gestes d'ouverture envers la communauté internationale.

Jeudi, les ministres des Affaires étrangères d'Italie, de France, d'Allemagne, du Royaume-Uni et des États-Unis, ainsi que la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, se réunissent à Rome pour discuter de la situation en Syrie.

M. Tajani a souhaité cette rencontre « pour faire le point sur la situation un mois après la chute du régime d'al-Assad », selon le ministère italien des Affaires étrangères.

Au programme figureront notamment le gouvernement de transition syrien, les défis lancés par la conférence de dialogue national à venir, ainsi que la rédaction d'une nouvelle Constitution et la relance de l'économie syrienne.


La journaliste italienne détenue en Iran a été libérée et rentre dans son pays

La journaliste italienne Cecilia Sala a été libérée (Photo AFP)
La journaliste italienne Cecilia Sala a été libérée (Photo AFP)
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  • « Notre compatriote a été libérée par les autorités iraniennes et rentre en Italie », ont-ils précisé dans un communiqué publié en fin de matinée. « L'avion rapatriant la journaliste Cecilia Sala a décollé il y a quelques minutes »
  • La Première ministre Giorgia Meloni a exprimé sa gratitude à tous ceux qui ont contribué à rendre possible le retour de Cecilia, lui permettant de retrouver sa famille et ses collègues.

ROME : La journaliste italienne Cecilia Sala, arrêtée le 19 décembre en Iran pour avoir « enfreint les lois » de la République islamique, a été libérée et est actuellement en cours de rapatriement, a annoncé mercredi le gouvernement italien.

« Notre compatriote a été libérée par les autorités iraniennes et rentre en Italie », ont-ils précisé dans un communiqué publié en fin de matinée. « L'avion rapatriant la journaliste Cecilia Sala a décollé il y a quelques minutes » et devrait atterrir dans l'après-midi à Rome.

Cette libération est le fruit « d'un travail intense mené à travers les voies diplomatiques et de renseignement », souligne le communiqué. La Première ministre Giorgia Meloni a exprimé sa gratitude à tous ceux qui ont contribué à rendre possible le retour de Cecilia, lui permettant de retrouver sa famille et ses collègues.

Mme Meloni, qui avait reçu la mère de la journaliste le 2 janvier au siège du gouvernement et s'était entretenue par téléphone avec son père, les a « informés personnellement par téléphone » de la libération de leur fille, a-t-elle indiqué sur X.

L'ONG Reporters sans frontières (RSF) a pour sa part exprimé son « immense soulagement ». « Maintenant, les 25 journalistes toujours détenus dans les prisons iraniennes doivent eux aussi être libérés », a-t-elle ajouté dans un bref communiqué.

Cecilia Sala avait été arrêtée à Téhéran lors d'un séjour professionnel avec un visa journalistique, mais les autorités iraniennes n'ont jamais communiqué les raisons précises de cette arrestation.

Âgée de 29 ans, la journaliste se trouvait depuis lors dans une cellule de la prison d'Evine à Téhéran. Elle travaille pour Chora Media, un site de podcasts, ainsi que pour le quotidien Il Foglio.

Le chef de la diplomatie italienne, Antonio Tajani, avait convoqué l'ambassadeur d'Iran le 2 janvier, exigeant la « libération immédiate » de la journaliste. L'Italie avait aussi exigé que la détenue soit « traitée avec le respect que mérite la dignité humaine », alors que la presse italienne rapportait qu'elle était placée à l'isolement, contrainte de dormir par terre et privée de ses lunettes.

Le 3 janvier, l'ambassadrice d'Italie en Iran a été convoquée à son tour par Téhéran.

- Monnaie d'échange -

La journaliste, qui devait initialement rentrer en Italie le 20 décembre, avait été interpellée quelques jours après les arrestations, aux États-Unis et en Italie, de deux Iraniens soupçonnés par la justice américaine de transfert de technologies sensibles.

Mohammad Abedini, 38 ans, avait été arrêté en décembre en Italie à la demande des autorités américaines. Mahdi Mohammad Sadeghi, qui détient la double nationalité, est quant à lui incarcéré aux États-Unis.

Le 17 décembre, la justice américaine les a formellement accusés « d'exporter vers l'Iran des composants électroniques sophistiqués », en violation de la réglementation américaine et des sanctions contre l'Iran.

Selon le ministère américain de la Justice, ces composants ont servi lors d'une attaque de drone en Jordanie en janvier 2024, au cours de laquelle trois militaires américains ont trouvé la mort. Téhéran a nié toute implication et a fustigé des allégations « sans fondement ».

Téhéran avait cependant rejeté lundi tout « lien » entre l'arrestation de Cecilia Sala et celle de Mohammad Abedini.

Accusé par leurs soutiens et des ONG de s'en servir comme monnaie d'échange dans des négociations d’État à État, l'Iran détient plusieurs ressortissants occidentaux ou binationaux.

Cécile Kohler et Jacques Paris, un couple français emprisonné depuis 2022 lors d'un séjour touristique, sont ainsi accusés par les autorités iraniennes d'"espionnage", ce que leurs proches « récusent fermement ».

Un troisième Français, prénommé Olivier mais dont le nom de famille n'a pas été rendu public, est également détenu en Iran depuis 2022. Paris qualifie ces prisonniers d'« otages d’État ».

Mardi, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a d'ailleurs appelé les ressortissants français à ne pas se rendre en Iran jusqu'à « la libération complète » des détenus français dans ce pays.