La coexistence pacifique est-elle possible dans un monde fragmenté et polarisé ?

Des membres du groupe parlementaire allemand des Verts posent derrière une bannière contre les discours de haine ; les experts affirment que les législateurs n’ont pas su suivre le rythme des changements technologiques lorsqu’ils ont abordé la question des réseaux sociaux et de la liberté d’expression. (AFP)
Des membres du groupe parlementaire allemand des Verts posent derrière une bannière contre les discours de haine ; les experts affirment que les législateurs n’ont pas su suivre le rythme des changements technologiques lorsqu’ils ont abordé la question des réseaux sociaux et de la liberté d’expression. (AFP)
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Publié le Dimanche 07 février 2021

La coexistence pacifique est-elle possible dans un monde fragmenté et polarisé ?

  • Abou Dhabi a organisé le Sommet virtuel international de la fraternité humaine à l’occasion du Prix Zayed de la fraternité humaine, le 4 février
  • Différents types de risques auxquels sont exposées les sociétés modernes ont été identifiés, tels que l’émergence de groupes populistes et les réseaux sociaux

DUBAÏ : Les sociétés sont diversifiées par nature, composées d’individus aux idéaux et aux attributs variés qui s’accordent sur un arrangement de coexistence autour d’un ensemble de valeurs communes. Il va de soi qu’il y aura de temps en temps des désaccords.

Cependant, si les sociétés perdaient ce sens de la fraternité, elles pourraient se diviser. Un développement relativement récent — l’avènement des réseaux sociaux — semble avoir amplifié les désaccords, rendant les sociétés beaucoup plus polarisées, rancunières et agressives.

Le rôle des réseaux sociaux dans la dégradation de cet idéal a été étudié en détail lors du Sommet virtuel international de la fraternité humaine qui a eu lieu, via visioconférence, la semaine dernière, à l’occasion de la cérémonie du Prix Zayed de la fraternité humaine.

Les participants à la table ronde sur le thème de la « fraternité humaine » ont identifié les différents types de risques auxquels sont exposées les sociétés modernes, tels que l’émergence de groupes populistes et extrémistes et le rôle des réseaux sociaux dans la promotion des discours haineux. Ils ont également exploré la force des relations humaines à l’ère du tribalisme et de la solitude numérique croissante.

Facebook et Twitter, entre autres, ont fondamentalement changé la manière dont nous accédons aux informations, partageons nos idées et nous organisons collectivement. Les fausses informations circulent plus vite et les groupes qui pensent de la même manière peuvent se réunir rapidement, tandis que l’accès à des idées autrefois considérées comme marginales ou extrêmes est presque illimité.

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Les personnes moins éduquées sont plus facilement attirées par les groupes extrémistes qui peuvent, par le biais des réseaux sociaux, les endoctriner dans des actions dangereuses. (AFP)

La technologie a devancé les régulateurs, donnant aux géants technologiques de la Silicon Valley un pouvoir immense sur la liberté d’expression.

«L’idée de fraternité humaine est une idée formidable», a déclaré Ahmed Aboul Gheit, secrétaire général de la Ligue arabe, dans ses remarques.

«Mais elle ne nous tombera pas dessus de nulle part. Nous devons œuvrer pour y parvenir et faire des efforts pour pacifier nos sociétés et changer la culture dominante».

En effet, de nos jours, les islamistes, les hindous ultranationalistes, les bouddhistes chauvinistes et l’extrême droite en Occident sont capables de répandre largement leur haine alors que la confiance dans les médias traditionnels diminue.

Le résultat est un monde débordant de suspicion, de théories du complot et de xénophobie, avec peu de place pour l’esprit de fraternité nécessaire pour combattre les grands défis communs de l’humanité.

Après la prise d’assaut du Capitole américain le 6 janvier, la recherche d’un antidote à la haine et à la colère alimentées par les réseaux sociaux semble plus urgente que jamais.

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Le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit. (AFP, photo d’archives)

«La région arabe est très vaste, large et diversifiée, et s’étend sur 11 millions de km2», a précisé M. Aboul Gheit.

«Elle comprend plusieurs groupes ethniques, plusieurs religions, et beaucoup d’entre eux sont conflictuels les uns avec les autres. Mais l’important, à mon avis, ce sont les islamistes, qui constituent un danger pour la région en raison de la diversité du Moyen-Orient».

Les gouvernements luttent à juste titre contre l’islam politique non seulement à travers les mesures de sécurité, mais aussi grâce à l’éducation, a indiqué M. Aboul Gheit. Les réseaux sociaux et leur utilisation d’éléments radicaux demeurent toutefois une source importante de discorde au Moyen-Orient.

«Ceci est principalement dû au fait que l’éducation n’est pas comme elle devrait l’être. Il existe des personnes simples qui absorbent certaines idées et qui sont attirées par des groupes qui peuvent les endoctriner dans des actions dangereuses».

EN BREF

  • Le 4 février a été désigné comme la Journée internationale de la fraternité humaine en l’honneur de la signature du Document sur la fraternité humaine par le Pape et le grand imam d’Al-Azhar à Abou Dhabi, ce jour-là, en 2019.

 

  • Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres et l’activiste franco-marocaine Latifa ibn Ziaten ont conjointement reçu le Prix Zayed de la fraternité humaine 2021 lors d’une cérémonie commémorative en ligne le 4 février.

M. Aboul Gheit souhaite que les plates-formes de réseaux sociaux soient mieux réglementées et que le discours extrémiste soit abordé par le biais de programmes d’éducation et de la modernisation du discours religieux.

«Il faut réglementer les réseaux sociaux sous prétexte de la liberté d’expression. Elle cause souvent le chaos dans la société, comme nous l’avons vu à Washington le 6 janvier. Les États-Unis — pays le plus développé économiquement et socialement — souffrent d’un comportement et d’actions qui nous choquent tous», a-t-il souligné.

L’intervenante Corinne Momal-Vanian, directrice exécutive de la Fondation Kofi Annan, a défini la fraternité humaine comme une exigence éthique selon laquelle toutes les religions reconnaissent la dignité inhérente à tout être humain.

«Il est reconnu que nous avons tous le même droit. Mais au-delà de cette dimension éthique, la fraternité humaine est également une approche politique et pragmatique aux choses», a-t-elle expliqué.

Elle a cité Kofi Annan, ancien secrétaire général de l’ONU, qui a dit un jour : « Contrairement au passé, où les civilisations ont émergé et sont tombées dans un jeu à somme nulle, le monde est tellement interconnecté aujourd’hui que toutes les nations émergeront ou tomberont ensemble ».

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Le Pape François (à droite) reçoit un cadeau du grand imam égyptien d’Al-Azhar, cheikh Ahmed al-Tayeb, lors d’une audience privée le 15 novembre 2019 au Vatican. (AFP, photo d’archives)

Ce message est évident, mais les pays ont « échoué » à le reconnaître à maintes reprises, comme l’a démontré la réponse à la pandémie Covid-19, a indiqué Mme Momal-Vanian.

« Autant le virus ne fait pas de distinction entre les couleurs et les religions, autant le changement climatique, la montée des eaux et les ouragans ne s’arrêteront pas à la frontière, tout comme ils ne se soucieront pas de ceux qu’ils touchent", a-t-elle lâché.

Selon Mme Momal-Vanian, les réseaux sociaux sont un facteur-clé de désunion, en grande partie parce que les régulateurs n’ont pas su suivre le rythme de l’évolution technologique.

« Aux États-Unis, cette question est réglementée par une loi de 1996, avant l’existence de Facebook, Twitter ou autres », a-t-elle mentionné.

« La législation n’a pas suivi et les gouvernements ont hésité entre la nécessité d’équilibrer la liberté d’expression et la nécessité de considérer que ces plates-formes ne servent plus seulement à héberger du contenu, mais qu’elles modèrent elles-mêmes le contenu ».

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Les personnes moins éduquées sont plus facilement attirées par les groupes extrémistes qui peuvent, par le biais des réseaux sociaux, les endoctriner dans des actions dangereuses. (AFP)

Un exemple récent est la décision de Twitter de suspendre le compte de l’ex-président américain Donald Trump à la suite de l’incident du Capitole. Même de nombreuses voix anti-Trump en Europe se sont demandé si c’était vraiment à Twitter de prendre cette décision.

«La bonne nouvelle est que l’Union européenne travaille sur une loi sur les services numériques qui répondra  à beaucoup de ces questions», a déclaré Mme Momal-Vanian. «Elle servira de modèle à de nombreux autres régulateurs».

Le défi est désormais de définir les responsabilités de ces plates-formes concernant le contenu qu’elles partagent. «Elles ne peuvent plus prétendre qu’elles l’hébergent uniquement», a-t-elle lancé, ajoutant que la Fondation Kofi Annan collaborait étroitement avec des entreprises comme Facebook pour mettre en place des régulations appropriées.

«Vous pouvez avoir le meilleur algorithme, mais vous verrez toujours  la haine se répandre comme une traînée de poudre sur ces plates-formes », a affirmé Mme Momal-Vanian. « Ce sera une question très importante et la Covid-19 a accéléré notre prise de conscience de la nécessité d’y répondre très rapidement».

Maria Fernanda Espinosa, ancienne présidente de l’Assemblée générale de l’ONU, s’est montrée relativement plus optimiste en assurant que, bien que le racisme, la xénophobie et l’extrémisme violent semblent être à la hausse, ces tendances peuvent être inversées collectivement dans les sociétés fondées sur la solidarité et la coopération.

«Cela était probablement la leçon la plus évidente de la pandémie de Covid-19», a-t-elle mentionné. « Nous sommes interdépendants, nous avons besoin les uns des autres, et personne n’est en sécurité tant que tout le monde ne l’est pas. Nous sommes ici pour réfléchir à la nécessité de se souvenir de notre humanité et pour une coexistence pacifique ».

Toute maladie zoonotique, de l’Ebola à l’influenza, est un message de la nature nous appelant « à ne pas dépasser ses limites, à nous réconcilier avec elle, et que notre développement devrait être durable et plus écologique», a-t-elle déclaré.

Selon elle, le statu quo n’est donc pas une option. «Nous devons réinventer, reconstruire des sociétés plus inclusives, fondées sur la discrimination positive pour lutter contre la pauvreté et toutes les formes d’inégalité, y compris celles liées au sexe, à l’économie, à l’ethnie et à l’âge», a conclu Mme Espinosa.

«Nous avons aujourd’hui la possibilité de reconstruire en mieux, de reconstruire des sociétés plus égales, plus écologiques et plus pacifiques».

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Un an après le cessez-le-feu au Liban, la paix reste fragile alors que les violations israéliennes se multiplient

Cette frappe est la cinquième opération israélienne visant la banlieue sud depuis le 27 novembre 2024, et la deuxième à avoir lieu sans avertissement préalable. (Photo d'archive: AFP)
Cette frappe est la cinquième opération israélienne visant la banlieue sud depuis le 27 novembre 2024, et la deuxième à avoir lieu sans avertissement préalable. (Photo d'archive: AFP)
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  • Le cessez-le-feu demeure extrêmement fragile : plus de 5 000 violations israéliennes, une frappe majeure à Beyrouth et un risque réel d’escalade malgré les appels internationaux à la retenue
  • Le Sud-Liban vit une crise humanitaire profonde, avec des villages détruits, jusqu’à 70 000 déplacés et une population abandonnée entre l’État libanais et le Hezbollah

BEYROUTH : Alors que le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah s'apprête à entrer dans sa deuxième année vendredi, les signaux d'alarme retentissent plus fort que jamais quant au risque d’une reprise du conflit au Liban.

L’assassinat dimanche dernier de Haytham Ali Tabatabai, chef militaire du Hezbollah et deuxième figure la plus puissante du mouvement après le secrétaire général Naim Qassem, lors d’une attaque audacieuse dans la banlieue sud de Beyrouth, a brisé les espoirs d’une stabilité durable.

La réponse du Hezbollah — qu’elle prenne la forme d’une action militaire ou d’un simple blâme diplomatique, comme certains cadres l’ont laissé entendre — pourrait déterminer si le cessez-le-feu survivra.

Cette frappe représente la cinquième opération israélienne visant la banlieue sud depuis le 27 novembre 2024, et la deuxième menée sans avertissement préalable.

Les registres officiels font état de 5 350 violations israéliennes du cessez-le-feu en douze mois. Ces violations ont coûté la vie à plus de 340 personnes — principalement des combattants et commandants du Hezbollah, mais aussi des civils, dont des enfants et des femmes — et ont blessé plus de 650 autres.

Dans une escalade notable, les forces israéliennes ont frappé pour la première fois Aïn Al-Héloué, un camp de réfugiés palestiniens.

Les violations répertoriées comprennent 2 198 incursions terrestres, 2 983 opérations aériennes et 169 violations maritimes.

Les forces de maintien de la paix de l’ONU dressent un tableau encore plus sombre, rapportant plus de 7 500 violations aériennes et environ 2 500 violations terrestres au nord de la Ligne bleue depuis l’accord de l’an dernier, ainsi que la découverte et la saisie de plus de 360 caches d’armes abandonnées, remises à l’armée libanaise.

La stratégie d’Israël s’apparente à une campagne d’usure progressive contre le Hezbollah, visant à réduire systématiquement ses capacités tandis que l’armée libanaise s’emploie à désarmer le groupe au sud du fleuve Litani.

L’armée affirme avoir rempli plus de 80 % de ce mandat, avec une échéance fixée à la fin de l’année avant que les opérations ne s’étendent vers le nord — une zone dans laquelle le Hezbollah refuse catégoriquement de rendre ses armes, estimant que la décision revient aux dirigeants politiques libanais.

Le conflit lui-même a porté de lourds coups au Hezbollah, décimant ses rangs et infligeant des pertes catastrophiques à ses stocks d’armement. Mais le plus inquiétant est peut-être l’empiètement physique d’Israël sur le territoire libanais.

Les observateurs de l’ONU ont documenté la construction par l’armée israélienne de murs en T en béton près de la Ligne bleue. Des relevés confirment que ces barrières s’enfoncent dans le territoire libanais au sud-ouest de Yaroun, isolant plus de 4 000 m² de terres libanaises. Des constructions similaires sont apparues au sud-est de la même ville ces dernières semaines.

Plus largement, les forces israéliennes contrôlent cinq positions réparties sur 135 km de territoire libanais — des Fermes de Chebaa à Ras Al-Naqoura — situées 500 à 1 000 mètres au-delà de la Ligne bleue.

L’ONU a exigé des enquêtes rapides et impartiales sur les opérations militaires israéliennes, en particulier la frappe contre le camp de réfugiés palestiniens, évoquant des violations potentielles du droit international humanitaire et appelant à la reddition de comptes.

Vingt ressortissants libanais croupissent dans les prisons israéliennes, principalement à Ofer, parmi lesquels dix membres du Hezbollah capturés lors de combats près d’Aïta Al-Chaab, un officier de marine enlevé lors d’un raid commando, et neuf civils. Leurs familles n’ont reçu aucune information officielle du Comité international de la Croix-Rouge sur leurs conditions ou leur état de santé.

Une source officielle libanaise a estimé que « la libération des détenus fait partie des termes de l’accord de cessez-le-feu, tout comme le retrait des territoires occupés, et le Liban ne détient aucun prisonnier israélien en échange. »

La politique de la terre brûlée menée par Israël dans les villages frontaliers s’est poursuivie, les attaques visant toute tentative de reconstruction. La Banque mondiale estime le coût des travaux à environ 11 milliards de dollars.

« Entre 10 et 15 villages ont été complètement rayés de la carte », affirme Tarek Mazraani, ingénieur à Houla et coordinateur du « Rassemblement des villages frontaliers du Sud ».

Mazraani estime que 65 000 à 70 000 personnes restent déplacées de leurs maisons et de leurs villages détruits.

« Ceux qui sont revenus sont ceux qui ne peuvent littéralement aller nulle part ailleurs, principalement des personnes âgées vivant au milieu des décombres, exposées quotidiennement à l’horreur des bombardements et aux couvre-feux, sans aucun hôpital pour les soigner », a-t-il déclaré à Arab News.

Toute personne souhaitant enterrer un proche doit obtenir l’autorisation de la FINUL, qui informe ensuite Israël pour permettre l’inhumation.

« Malgré cela, l’armée israélienne bombarde à chaque fois les abords du cortège funéraire », ajoute Mazraani.

Il précise que les déplacés ont loué des logements à Nabatiyé, Tyr, Saïda, Iqlim Al-Kharroub, dans la banlieue sud de Beyrouth et au Mont-Liban. La plupart sont agriculteurs, mais on compte aussi des enseignants, des ingénieurs, des travailleurs indépendants et des membres des forces de sécurité.

« Depuis la fin de la guerre, ces gens sont laissés sans aucun soutien officiel ou partisan. L’un des habitants les plus riches de la région, qui a tout perdu, travaille désormais comme livreur », dit-il.

Les personnes déplacées sont prises entre l'État parallèle du Hezbollah et l'État libanais : « Tout le monde exploite leur tragédie, même au sein de notre propre communauté du sud. Les loyers sont extrêmement élevés et nous ne nous sentons jamais chez nous. »

L’un d’eux, qui souhaite rester anonyme, explique : « Ceux qui ne sont affiliés à aucun parti sont loin de la politique. Notre seule préoccupation est d’assurer notre subsistance et une couverture financière en cas d’hospitalisation. Nous nous sentons orphelins et abandonnés, surtout quand une institution du Hezbollah nous dit qu’elle n’a plus d’argent. »

Il ajoute : « Les habitants des zones détruites paient le prix fort. Certains en veulent au Hezbollah pour la guerre et les milliers de morts qu’elle a entraînés, tandis que d’autres craignent que l’autre camp se réjouisse de notre malheur sans jamais nous rassurer. »

Les attentes libanaises face aux menaces israéliennes de relancer la guerre — sapant l’accord de cessez-le-feu négocié par la France et les États-Unis et dont les termes ressemblent fortement aux points principaux de la résolution 1701 — restent contradictoires.

Certains observateurs politiques jugent ces menaces « exagérées », tandis que d’autres estiment qu’« une frappe est inévitable mais n’aboutira pas à une guerre totale ; elle vise à pousser le Liban à négocier ».

Plus tôt ce mois-ci, le président libanais Joseph Aoun a déclaré : « Le Liban n’a pas d’autre choix que de négocier, et le langage de la négociation est plus important que celui de la guerre. »

Le Premier ministre Nawaf Salam l’a confirmé, exprimant son espoir d’un « soutien américain à une solution diplomatique ».

Pour l’heure, cependant, des négociations directes entre le Liban et Israël restent totalement exclues.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël: le ministre de la Défense avertit qu'il n'y aura "pas de calme" au Liban sans sécurité pour son pays

Un an après le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne maintient toujours cinq positions dans le sud du Liban, avec des fortifications et des voies d'accès élargies, selon des images satellites analysées par l'AFP. (AFP)
Un an après le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne maintient toujours cinq positions dans le sud du Liban, avec des fortifications et des voies d'accès élargies, selon des images satellites analysées par l'AFP. (AFP)
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  • Israël avertit qu’aucun calme ne reviendra au Liban tant que sa propre sécurité ne sera pas garantie, intensifiant ses frappes malgré la trêve et affirmant vouloir désarmer le Hezbollah
  • L’Égypte tente de désamorcer les tensions, tandis que l’application du cessez-le-feu reste bloquée : l’armée libanaise dit vouloir démanteler les positions du Hezbollah, mais Israël et les États-Unis accusent Beyrouth de traîner

JERUSALEM: Le ministre de la Défense israélien a averti mercredi qu'il n'y aura "pas de calme" au Liban sans sécurité pour son pays, alors qu'Israël a intensifié ses opérations militaires au Liban ces dernières semaines, en dépit d'un accord de cessez-le-feu.

"Nous ne permettrons aucune menace contre les habitants du nord, et une pression maximale continuera à être exercée et même s'intensifiera", a déclaré Israël Katz lors d'une intervention devant le parlement israélien, avançant pour preuve "l'élimination" dimanche à Beyrouth du chef militaire du Hezbollah.

"Il n'y aura pas de calme à Beyrouth ni d'ordre et de stabilité au Liban tant que la sécurité de l'Etat d'Israël ne sera pas garantie", a ajouté M. Katz en affirmant que son pays allait désarmer le Hezbollah.

Le ministre égyptien des Affaires étrangères a déclaré mercredi que son pays oeuvrait à la désescalade des tensions entre Israël et le mouvement armé libanais soutenu par l'Iran.

"Nous craignons toute escalade et nous sommes inquiets pour la sécurité et la stabilité du Liban", a déclaré ce ministre, Badr Abdel Ati, après sa rencontre avec le président libanais Joseph Aoun à Beyrouth mercredi.

"Nous engageons des efforts considérables pour épargner au Liban tout risque, ou toute atteinte, concernant sa sécurité", a-t-il ajouté.

Israël a frappé le Liban à plusieurs reprises malgré la trêve, affirmant régulièrement cibler les membres et les infrastructures du Hezbollah pour empêcher le groupe de se réarmer, ce qu'il nie être en train de faire.

En vertu de l'accord de cessez-le-feu, l'armée libanaise doit démanteler la présence militaire du Hezbollah sur une bande d'une trentaine de kilomètres entre la frontière avec Israël et le fleuve Litani, plus au nord.

L'armée a soumis un plan au gouvernement, dans lequel elle s'engage à accomplir cette tâche titanesque, avant de procéder par étapes sur le reste du territoire libanais. Mais les Etats-Unis et Israël accusent les autorités libanaises de tarder, face à la ferme opposition du Hezbollah.

Ce dernier invoque notamment le maintien par Israël de cinq postes dans le sud du Liban, dont l'accord de cessez-le-feu stipule pourtant que l'armée israélienne doit se retirer.


Soudan: le chef de l'armée exhorte Trump à mettre fin à la guerre

Des filles soudanaises qui ont fui El-Fasher reçoivent une aide humanitaire au camp de déplacés d'Al-Afad, à Al-Dabba, dans le nord du Soudan, mardi. (AFP)
Des filles soudanaises qui ont fui El-Fasher reçoivent une aide humanitaire au camp de déplacés d'Al-Afad, à Al-Dabba, dans le nord du Soudan, mardi. (AFP)
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  • Abdel Fattah al-Burhane appelle Donald Trump à intervenir pour imposer la paix au Soudan
  • Alors que les violences s’intensifient, les initiatives internationales peinent à avancer

PORT-SOUDAN : Le chef de l’armée soudanaise, Abdel Fattah al-Burhane, en guerre depuis avril 2023 contre un groupe paramilitaire rival, a appelé mercredi le président américain Donald Trump à instaurer la paix.

« Le peuple soudanais se tourne désormais vers Washington pour la prochaine étape : s’appuyer sur l’honnêteté du président américain et travailler avec nous — ainsi qu’avec ceux dans la région qui recherchent sincèrement la paix — pour mettre fin à cette guerre », écrit le dirigeant de facto du Soudan dans une tribune publiée dans The Wall Street Journal.

Les tentatives de paix entre Burhane et son ancien adjoint, le chef des Forces de soutien rapide (FSR), Mohamed Hamdan Dagalo, ont échoué à maintes reprises au fil d’un conflit ayant fait des dizaines de milliers de morts, déplacé 12 millions de personnes et provoqué les pires crises de faim et de déplacement au monde.

Trump s’est intéressé pour la première fois à cette guerre la semaine dernière, promettant d’y mettre fin après avoir été exhorté à s’impliquer par le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane.

« Le consensus parmi les Soudanais est que M. Trump est un dirigeant qui parle directement et agit avec détermination. Beaucoup estiment qu’il a la capacité de s’opposer aux acteurs étrangers qui prolongent notre souffrance », écrit Burhane.

Les États-Unis et les Émirats arabes unis, aux côtés de l’Arabie saoudite et de l’Égypte, tentent actuellement de négocier une trêve.

Dans son texte de 1 200 mots publié mercredi, Burhane affirme qu’il s’agit de choisir « entre un État souverain qui tente de protéger ses citoyens et une milice génocidaire déterminée à détruire des communautés ».

Le gouvernement de Burhan est reconnu au niveau international, et en janvier, les États-Unis ont déterminé que la RSF avait commis un génocide dans la région occidentale du Darfour.

Mais ses propres forces ont également été accusées d’exactions depuis le début de la guerre, notamment d’avoir visé des civils et bombardé sans discrimination des zones résidentielles.

Le militaire de carrière, qui avait collaboré avec Dagalo en 2021 pour écarter les civils d’un gouvernement de transition, écrit mercredi : « J’ai longtemps reconnu que les FSR étaient une poudrière. »

Le chef des FSR, Dagalo, dont les combattants avaient été initialement recrutés par Khartoum pour mener ses guerres dans les périphéries du Soudan, était devenu le bras droit de Burhane après le soulèvement de 2018-2019.

Un long conflit de pouvoir, resté latent, a finalement explosé en guerre ouverte le 15 avril 2023.