LONDRES: Amnesty International a exhorté Téhéran à «mettre immédiatement un terme» aux projets d’exécution de huit personnes, dont quatre Arabes ahwazis. L’ONG a condamné la «hausse alarmante» des exécutions de prisonniers appartenant à des minorités ethniques.
«La récente escalade d’exécutions d’Arabes baloutches et ahwazis soulève de sérieuses inquiétudes: les autorités utilisent la peine de mort pour semer la peur parmi les minorités ethniques défavorisées, ainsi que sur la population en général», dénonce Diana Eltahawy, directrice adjointe d’Amnesty International pour le Moyen-Orient et l’Afrique de Nord.
«L’utilisation disproportionnée de la peine de mort contre les minorités ethniques d’Iran incarne des pratiques de discrimination et de répression solidement ancrées auxquelles ces populations sont confrontées depuis des décennies», ajoute-t-elle.
Dans les minorités régulièrement ciblées par Téhéran figurent les Arabes ahwazis. Parmi eux, quatre sont à l’heure actuelle menacés d'exécution. Trois d’entre eux – Ali Khasraji, Hossein Silawi et Jassem Heidari – se sont cousu les lèvres et font actuellement une grève de la faim, révèle Amnesty International. Le quatrième, Naser Khafajian, a «disparu» et il risque d'être torturé ou sommairement exécuté.
Quatre Baloutches, au minimum, font également face à une exécution imminente, quelques jours à peine après la pendaison de Balochi Javid Dehghan.
Javaid Rehman, rapporteur spécial de l'ONU sur la situation des droits de l'homme en Iran, explique que Dehghan a été exécuté malgré «de graves violations de ses droits à un procès équitable et des affirmations selon lesquelles il avait été torturé».
Rehman et d'autres experts de l'ONU ont vivement critiqué la décision d’exécuter Dehghan en dépit des graves erreurs judiciaires constatées au cours de son procès. «Le droit international des droits de l'homme est clair: un État qui n’a pas aboli la peine de mort ne peut l’appliquer que pour un “crime plus grave” impliquant un meurtre intentionnel et en fonction d’une procédure judiciaire qui respecte strictement les garanties d’un procès équitable et d’une procédure régulière», affirment ces experts.
«Les questions que soulève cette affaire concernent de graves violations de l’équité des procès, notamment l’absence de droit de recours effectif et les aveux forcés induits par la torture, qui montrent que la mise en œuvre de la condamnation à mort par le gouvernement iranien équivaut à une exécution arbitraire.»
Les déclarations d'Amnesty International et de l'ONU, jeudi dernier, font suite à une lettre conjointe envoyée la veille par une coalition de groupes de défense des droits qui dénoncent le traitement par l'Iran et les arrestations arbitraires de plusieurs membres de sa population kurde, minoritaire.
Les signataires déclarent que «sur la base des schémas antérieurs de violations des droits de l'homme, documentés par les autorités iraniennes», ils redoutent fort que les citoyens kurdes détenus ne soient «exposés à la torture ou à d'autres mauvais traitements visant à obtenir des “aveux” forcés. Il est possible que ces derniers soient ensuite utilisés à l’occasion de procès manifestement inéquitables qui se basent sur de fausses infractions liées à la sécurité nationale.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com