Afghanistan: les Hazaras craignent le pire avec le départ des Américains

Un Hazara membre d‘une milice en patrouille, à la recherche d’insurgés talibans (Photo, AFP).
Un Hazara membre d‘une milice en patrouille, à la recherche d’insurgés talibans (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 03 février 2021

Afghanistan: les Hazaras craignent le pire avec le départ des Américains

  • Depuis quelques mois la capitale Kaboul et plusieurs provinces afghanes sont en proie à une recrudescence des violences
  • Avec le retrait total des troupes étrangères, essentiellement américaines, prévu d'ici mai, les Hazaras se préparent au pire, craignant que le pays ne replonge totalement dans la guerre civile

BAMIYAN: Pour Hamidullah Asadi, membre de la communauté chiite hazara, persécutée de longue date en Afghanistan par les radicaux sunnites, le choix était simple : attendre, impuissant, la prochaine attaque mortelle ou bien s'enrôler dans une milice pour défendre les siens.

Lui-même blessé quelques mois plus tôt dans un attentat suicide revendiqué par l'organisation État islamique (EI), il a choisi le combat.

« Nous avons été forcés de prendre les armes », déclare Hamidullah, devenu depuis le porte-parole du Mouvement de résistance pour la justice, un groupe de combattants hazaras opérant sur les hauteurs enneigées de la province de Bamiyan (centre).

« Ceux qui étaient censés nous défendre n'ont pas répondu à nos attentes », constate-t-il à regret.

Depuis quelques mois la capitale Kaboul et plusieurs provinces afghanes sont en proie à une recrudescence des violences.

Les talibans ont multiplié les offensives en même temps qu'ils négociaient avec le gouvernement à Doha, depuis septembre.

Avec le retrait total des troupes étrangères, essentiellement américaines, prévu d'ici mai, les Hazaras se préparent au pire, craignant que le pays ne replonge totalement dans la guerre civile.

Les Hazaras, principalement chiites, représentent entre 10 et 20% des 38 millions d'Afghans. Depuis longtemps ils sont persécutés par les extrémistes sunnites, dans ce pays déchiré par les divisions ethniques et religieuses.

Hamidullah se souvient de ce jour de 2016 où, étudiant à l'université de Kaboul, il a survécu à une double attaque suicide qui a coûté la vie à 80 personnes et marqué le début d'une nouvelle vague de violences à l'encontre de sa communauté.

Aujourd'hui, il dit compter parmi les milliers de combattants armés placés sous les ordres d'Abdul Ghani Alipur, une personnalité populaire parmi les Hazaras.

Des gains fragiles

Sa milice affirme patrouiller les routes pour protéger la population locale, mais aussi ne pas hésiter à enlever des talibans qui serviront de monnaie d'échange contre des otages hazaras.

La multiplication de telles milices est un défi pour le gouvernement, qui redoute de voir se constituer de puissants groupes armés indépendants.

Les Hazaras n'ont souvent pu compter que sur eux-mêmes au fil de l'histoire afghane. Leurs traits physiques, caractéristiques des populations d'Asie centrale, les rendent facilement identifiables par les radicaux sunnites qui les considèrent comme des hérétiques.

Durant la brutale guerre civile des années 1990, les Hazaras ont été impitoyablement bombardés lors de combats entre factions ennemies, puis massacrés par milliers lors de la conquête sanglante du pays par les talibans.

Mais peu d'autres groupes ont autant profité du nouvel ordre établi par la chute du régime fondamentaliste des talibans, chassés du pouvoir en 2001 par une coalition menée par les États-Unis.

Les Hazaras ont massivement envoyé à l'école leurs enfants, les filles y compris, et pris pied sur la scène politique. Mais ces gains restent fragiles.

Des centaines d'Hazaras ont depuis péri dans des attaques de l'EI ciblant des mosquées, écoles, rassemblements et hôpitaux à Dasht-e-Barchi, enclave communautaire située dans l'ouest de Kaboul.

« Même avec la présence des troupes américaines et de l'OTAN en Afghanistan, ils étaient déjà vulnérables », observe Sima Samar, ancienne cheffe de la Commission indépendante afghane des droits de l'homme.

Certains Hazaras ont fui la capitale pour rejoindre la province de Bamiyan, terre natale de la communauté, longtemps considérée comme l'une des zones les plus sûres du pays.

Murad Ali Haidari pensait ainsi protéger sa famille. Mais cela n'a pas empêché son fils d'y être tué dans l'un des deux attentats survenus en novembre.

« Une guerre contre l'ignorance »

Désormais, la région est parsemée de postes de contrôle, et les forces de l'ordre passent leur temps à fouiller les voitures et interroger leurs passagers.

« Nous avons quitté Kaboul pour Bamiyan afin d'être plus en sécurité et de vivre dans un lieu en paix », soupire Murad. Mais « maintenant quand on quitte la maison, il est difficile d'imaginer y revenir en vie. »

Même quitter le pays n'est pas une garantie. Un groupe de mineurs hazaras, dont plusieurs Afghans, a été tué au début du mois par l'EI au Pakistan.

A l'ouest, des milliers de Hazaras ayant franchi la frontière avec l'Iran ont fini par être déployés au sein de milices chiites en Syrie lors de la décennie écoulée.

D'autres hésitent encore à prendre les armes. Quand sa sœur Rahila a été tuée dans un attentat visant un centre éducatif à Kaboul en 2018, Hamidullah Rafi en a construit un nouveau en sa mémoire.

« C'est en quelque sorte une guerre contre l'ignorance, contre les gens qui tuent des étudiants, qui sont contre l'éducation et l'émancipation des jeunes », dit Hamidullah.

Comme d'autres à Dasht-e-Barchi, il paye de sa poche des gardes du corps, déplorant l'incapacité du gouvernement à sécuriser le quartier.

Mais il se demande si, quand les forces américaines auront quitté le pays, il ne sera pas contraint lui aussi de prendre les armes. « Peut-être », admet-il.

Shawali Nizampoor, un autre milicien, n'a pour sa part guère de doutes : les Hazaras doivent apprendre à se défendre.

« A travers toute l'histoire, les Hazaras ont été maltraités en Afghanistan », constate Shawali, qui a rejoint la milice d’Alipur après avoir quitté les forces de sécurité gouvernementales. « Nous devons être prêts ».


Londres: manifestation propalestinienne à la veille de la trêve à Gaza

Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
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  • des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».
  • Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

LONDRES : Il faut continuer à « mettre la pression » : des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».

« Nous voulons être optimistes » concernant ce cessez-le-feu, et « nous devons être dans la rue pour nous assurer qu'il tienne », affirme à l'AFP Sophie Mason, une Londonienne de 50 ans, habituée des manifestations propalestiniennes dans la capitale britannique.

La trêve, qui doit débuter dimanche matin, prévoit la libération d'otages israéliens aux mains du Hamas et de prisonniers palestiniens détenus par Israël, un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, ainsi qu'une augmentation de l'aide humanitaire.

La marche prévue s'est transformée en un rassemblement statique sur Whitehall, la grande avenue du quartier des ministères, la police ayant rejeté le parcours proposé par le mouvement Palestine Solidarity Campaign, car il passait trop près d'une synagogue.

La police, présente en masse, a annoncé sur X avoir arrêté en fin d'après-midi « entre 20 et 30 manifestants » qui étaient sortis du périmètre autorisé, après avoir déjà procédé à sept autres arrestations un peu plus tôt.

Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

« Nous devons mettre la pression pour que ce cessez-le-feu soit respecté et que l'aide internationale arrive à Gaza », affirme Ben, syndicaliste de 36 ans, qui a refusé de donner son nom de famille.

Anisah Qausher, étudiante venue avec sa mère, estime quant à elle que le cessez-le-feu « arrive tard et il est insuffisant ». Si elle espère qu'il « apportera un répit temporaire », elle estime qu'il va falloir « faire beaucoup plus », évoquant le défi de la reconstruction de Gaza.

Selon elle, l'entrée de davantage d'aide humanitaire est « une victoire », mais « cela ne devrait pas être quelque chose soumis à autorisation ». C'est un droit », ajoute-t-elle.

Une manifestation rassemblant une centaine de personnes brandissant des drapeaux israéliens se tenait non loin de là.

L'attaque du 7 octobre a fait 1 210 morts côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 94 sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l'armée.

Au moins 46 899 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans l'offensive israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du Hamas jugées fiables par l'ONU.

Selon l'ONU, la guerre a provoqué un niveau de destructions « sans précédent dans l'histoire récente » dans le territoire palestinien assiégé.


En Espagne, une trentaine de personnes ont été blessées, dont plusieurs sont dans un état grave, dans un accident de télésiège

Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
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  • « Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.
  • Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

MADRID : Dans une station de ski des Pyrénées, près de la frontière française, dans le nord-est de l'Espagne, un accident de télésiège a fait samedi plus d'une trentaine de blessés, dont plusieurs gravement, ont indiqué les autorités locales.

« Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.

« Visiblement, il y a eu un problème au niveau de la poulie de l'un des télésièges, ce qui a entraîné une perte de tension du câble et la chute de certains télésièges », a-t-il expliqué.

Le président régional Jorge Azcón a précisé pour sa part que les trois personnes les plus gravement atteintes avaient été transférées à l'hôpital, l'une d'entre elles, une femme, en hélicoptère.

Les médias locaux ont évoqué un total de neuf blessés très graves, information que M. Azcón n'a pas confirmée.

Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

« Nous avons soudainement entendu un bruit et nous sommes tombés au sol, dans le télésiège. Nous avons rebondi cinq fois, en haut, en bas, et nous avons mal au dos et pris des coups, mais il y a des gens qui sont tombés des télésièges », a raconté María Moreno, l'une des victimes, sur la télévision publique.

« Nous avons eu très peur », a-t-elle ajouté.

Un jeune témoin des faits a déclaré sur TVE avoir vu un câble du mécanisme du télésiège sauter. « Les télésièges se sont mis à rebondir soudainement et les gens ont volé », a-t-il décrit.

Cinq hélicoptères et une quinzaine d'ambulances ont été mobilisés pour évacuer les blessés vers des hôpitaux proches de la station, où a été installé un hôpital de campagne, selon les services de secours.

Dans un message publié sur X, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a déclaré être « choqué par les informations sur l'accident survenu dans la station d'Astún » et a indiqué avoir « offert tout le soutien » du gouvernement central aux autorités locales.


Iran : deux juges de la Cour suprême assassinés dans leur bureau selon les médias

Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
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  • les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.
  • e président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

TEHERAN : Deux juges de la Cour suprême iranienne ont été assassinés samedi dans leur bureau à Téhéran par un homme armé qui s'est ensuite suicidé, a annoncé l'agence officielle de l'Autorité judiciaire, Mizan Online.

Les chefs de la branche 39 et 53 de la Cour suprême, les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.

Le porte-parole du pouvoir judiciaire, Asghar Jahangir, a déclaré à la télévision que l'assaillant était « entré dans le bureau des deux juges armé d'un pistolet » et les avait tués.

Les motivations de l'auteur des faits n'ont pas été communiquées, mais Mizan Online a précisé qu'il « n'avait pas de dossier devant la Cour suprême ».

L'affaire, très rare en Iran, « fait désormais l'objet d'une enquête », a ajouté Mizan, qualifiant les faits d'acte « terroriste ».

Selon un communiqué publié sur le site de la présidence, le président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

« Il ne fait aucun doute que le brillant chemin de ces juges, qui ont consacré leur vie à lutter contre les crimes contre la sécurité nationale, se poursuivra avec force », a-t-il ajouté.

Les deux juges tués samedi étaient des hodjatoleslam, un rang intermédiaire dans le clergé chiite, et avaient présidé les audiences d'importants procès ces dernières années.

Mohammad Moghisseh, âgé de 68 ans, a eu une longue carrière au sein de la justice depuis l'instauration de la République islamique en 1979.

Il a été sanctionné en 2019 par les États-Unis pour avoir supervisé « un nombre incalculable de procès inéquitables ».

De son côté, Ali Razini, 71 ans, a occupé des postes importants au sein du système judiciaire comme politique de l'Iran.

En 1998, alors qu'il était à la tête du pouvoir judiciaire de la capitale Téhéran, il avait été la cible d'une autre tentative d'assassinat, selon Mizan.

En 2005, le juge du tribunal révolutionnaire de Téhéran, Massoud (Hassan) Moghadas, avait été assassiné en pleine rue dans la capitale.

En avril 2023, un ayatollah membre de l'Assemblée des experts, le collège chargé de nommer, superviser et éventuellement démettre le guide suprême, a été tué par balles dans le nord de l'Iran.