KABOUL : Plusieurs hauts responsables du gouvernement afghan ont exprimé samedi leur soulagement face à la volonté de l'administration de Joe Biden de revoir l'accord américano-taliban, les insurgés n'ayant fait qu'intensifier leurs attaques ces derniers mois.
Le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, a appelé vendredi son homologue afghan Hamdullah Mohib et « signifié clairement » son intention de « réexaminer » l'accord, a dit sa porte-parole Emily Horne dans un communiqué.
L'accord - non ratifié par Kaboul - prévoit le retrait total des forces américaines d'ici à mi-2021 en échange notamment de garanties sécuritaires de la part des insurgés et de l'ouverture de pourparlers de paix avec le gouvernement afghan.
Mais, malgré l'ouverture de ces négociations en septembre à Doha, les talibans n'ont fait qu'augmenter le nombre de leurs attaques.
Dans son appel, M. Sullivan a dit prévoir d'« évaluer si les talibans respectent leurs engagements de rompre tout lien avec les groupes terroristes, de réduire la violence en Afghanistan et de mener des négociations sérieuses avec le gouvernement afghan ».
Il a également souligné l'intention américaine de soutenir les pourparlers de paix en cours « avec des efforts diplomatiques robustes au niveau régional ».
Violences quotidiennes
Samedi, le ministre afghan par intérim de la paix, Abdullah Khenjani, s'est dit satisfait de cette annonce.
Dans une vidéo envoyée à des journalistes, il a demandé que « le réexamen (de l'accord) mène à la cessation immédiate des violences demandée par le peuple afghan ainsi qu'à une paix durable en Afghanistan ».
Tandis que les négociations entre Kaboul et les talibans n'ont pour l'instant abouti à aucun résultat concret, les insurgés continuent d'attaquer quotidiennement les forces afghanes.
Dans les villes, les assassinats ciblés de journalistes, personnalités politiques et défenseurs des droits - que Kaboul et Washington ont imputés aux talibans - sont devenus de plus en plus fréquents.
S'ils revendiquent volontiers leurs attaques contre les forces afghanes, les insurgés nient cependant être responsables des assassinats ciblés de membres de la société civile.
Contactés par l'AFP, ils se sont dit toujours déterminés à respecter leurs engagements dans le cadre de l'accord signé avec Washington.
« Nous attendons de l'autre camp qu'il reste également engagé à respecter l'accord », a déclaré Mohammad Naeem, un porte-parole du groupe.
Les insurgés ont, depuis la signature de cet accord, cessé leur offensive contre les forces américaines.
Appels à une trêve permanente
Les autorités afghanes, qui attendaient anxieusement de voir comment l'administration de M. Biden se positionnerait sur le dossier, ont accueilli les commentaires de M. Sullivan avec soulagement.
« Nous avons convenu de continuer à œuvrer pour un cessez-le-feu permanent et une paix juste et durable, dans un Afghanistan démocratique, capable de préserver les acquis des deux dernières décennies », a écrit sur Twitter M. Mohib à la suite de l'appel du responsable américain.
Sediq Sediqqi, le vice-ministre de l'Intérieur, en a quant à lui profité pour critiquer l'accord américano-taliban.
« L'accord n'a pour l'instant pas mené au but recherché de mettre fin à la violence talibane et d'amener un cessez-le-feu », a-t-il écrit sur Twitter.
« Les talibans n'ont pas été à la hauteur de leurs engagements », a-t-il ajouté.
Mardi, le futur chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, avait également jugé indispensable de « préserver les avancées qui ont été faites pour les femmes et les filles en Afghanistan au cours des 20 dernières années ».
Washington a réduit le 15 janvier à 2 500 le nombre de ses soldats en Afghanistan, le chiffre le plus bas depuis 2001.