Afghanistan: deux femmes juges tuées par balle à Kaboul

Des voitures endommagées sont vues sur le site d'un attentat à Kaboul le 20 décembre 2020. Une voiture piégée visant un législateur afghan a tué neuf personnes et en a blessé plus d'une douzaine à Kaboul le 20 décembre, selon les responsables, la dernière attaque en date à avoir secoué la capitale. (Zakeria HASHIMI / AFP)
Des voitures endommagées sont vues sur le site d'un attentat à Kaboul le 20 décembre 2020. Une voiture piégée visant un législateur afghan a tué neuf personnes et en a blessé plus d'une douzaine à Kaboul le 20 décembre, selon les responsables, la dernière attaque en date à avoir secoué la capitale. (Zakeria HASHIMI / AFP)
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Publié le Dimanche 17 janvier 2021

Afghanistan: deux femmes juges tuées par balle à Kaboul

  • "Plus de 200 femmes juges travaillent pour la Cour suprême", a expliqué M. Qaweem, porte-parole de l'institution
  • Les autorités afghanes ont imputé ces attaques aux talibans, même si l'organisation Etat islamique en a revendiqué certaines

KABOUL: Deux femmes juges travaillant pour la Cour suprême afghane ont été tuées par balles à Kaboul dimanche, derniers en date d'une série d'assassinats ciblés qui touchent depuis quelques mois des figures de la société civile.

"Malheureusement, nous avons perdu deux femmes juges dans l'attaque d'aujourd'hui. Leur chauffeur est blessé", a déclaré à l'AFP Ahmad Fahim Qaweem, porte-parole de l'institution.

Le meurtre n'a pas été revendiqué pour l'instant, mais le président afghan Ashraf Ghani et le chargé d'affaires américain à Kaboul Ross Wilson ont accusé les talibans.

Les deux femmes se rendaient sur leur lieu de travail dans leur véhicule quand elles ont été attaquées par des hommes armés, a précisé M. Qaweem.

Plus de 200 femmes juges travaillent pour la Cour suprême, a-t-il ajouté.

La Cour suprême avait déjà été la cible d'une attaque en février 2017 lors d'un attentat suicide visant une foule d'employés qui avait fait au moins 20 morts et 41 blessés.

M. Ghani a imputé l'attaque aux talibans, les accusant de mener "une guerre illégitime".

"Le gouvernement souhaite encore réitérer aux talibans que la violence, la terreur, la brutalité et les crimes (...) vont seulement prolonger la guerre", a-t-il déclaré dans un communiqué.

Ross Wilson, le chargé d'affaires américain à Kaboul, à lui aussi condamné l'attaque.

"Les talibans doivent comprendre que ce type d'actions, dont ils sont responsables, scandalisent le monde et doivent cesser pour que la paix arrive en Afghanistan", a-t-il écrit sur Twitter.

L'ambassadrice britannique en Afghanistan Alison Blake a quant à elle critiqué sur le réseau social une "attaque ciblée révoltante", appelant à "une enquête immédiate". 

Massacre systématique

La cheffe de la Commission indépendante des droits humains en Afghanistan, Shaharzad Akbar, a qualifié ces assassinats ciblés contre des civils "de massacre systématique".

"L'Afghanistan est en train de perdre un de ses gains les plus importants, ses cadres professionnels et éduqués dans ce qui ressemble à un massacre systématique, et le monde semble se contenter d'observer. Cela doit cesser", a-t-elle déploré sur Twitter.

Le pays a été le théâtre ces dernières semaines d'une série d'assassinats ciblés de personnalités, dont des membres des médias, hommes politiques et défenseurs des droits humains.

De nombreux journalistes et activistes, inquiets pour leur sécurité, ont fui le pays.

Les membres des forces de sécurité sont également souvent visés. Samedi, deux policiers ont été tués à Kaboul par l'explosion à leur passage d'une mine placée en bord de route.

Les assassinats ciblés sont rarement revendiqués, mais les autorités afghanes les ont imputés aux talibans, même si l'organisation Etat islamique en a revendiqué certains.

L'armée américaine a imputé aux talibans pour la première fois la semaine dernière la responsabilité d'attaques ciblées.

"La campagne talibane d'attaques et de meurtres non revendiqués ciblant des responsables gouvernementaux, des leaders de la société civile et des journalistes doit (...) cesser pour que la paix puisse prévaloir", a écrit sur Twitter le porte-parole des forces américaines en Afghanistan, le colonel Sonny Leggett.

Les talibans, eux, nient souvent être impliqués.

Violence et pourparlers

Le double assassinat de dimanche intervient deux jours après l'annonce par Washington d'une récente réduction des forces américaines en Afghanistan à 2.500 hommes, chiffre le plus bas depuis les attentats du 11-Septembre.

Les talibans se sont réjouis de cette annonce, qu'ils ont qualifiée dimanche d'"avancée positive".

En février dernier, l'administration du président Donald Trump a signé un accord avec les talibans qui entérine un retrait complet des troupes américaines d'ici mai-2021 en échange de garanties sécuritaires.

Depuis, les insurgés attaquent les forces afghanes quasi quotidiennement dans les campagnes.

En 2020, ils ont perpétré plus de 18.000 attaques, a affirmé la semaine dernière le chef des renseignements afghans, Ahmad Zia Siraj.

La violence n'a fait qu'augmenter à travers le pays ces derniers mois, malgré les négociations de paix en cours à Doha, au Qatar, entre le gouvernement afghan et les talibans.

Ces pourparlers, débutés en septembre, avancent très lentement, et les deux camps tentent à présent de s'accorder sur l'agenda des discussions.


L'Allemagne aux urnes, sous pression de l'extrême droite et de Trump

Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
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  • Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.
  • Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

BERLIN : Alors qu'elle est déstabilisée par les crises, l'Allemagne vote dimanche pour des élections législatives où l'opposition conservatrice part largement favorite après une campagne bousculée par le retour au pouvoir de Donald Trump et l'essor de l'extrême droite.

Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.

« Nous traversons une période très incertaine », constatait Daniel Hofmann, rencontré à la sortie d'un bureau de vote à Berlin.

Selon cet urbaniste de 62 ans, qui se dit préoccupé par la « sécurité européenne » sur fond de guerre en Ukraine, le pays a besoin d'un « changement, une transformation ».

Récession économique, menace de guerre commerciale avec Washington, remise en cause du lien transatlantique et du « parapluie » américain sur lequel comptait Berlin pour assurer sa sécurité : c'est le « destin » de l'Allemagne qui est en jeu, a déclaré samedi le chef de file des conservateurs Friedrich Merz.

Ce dernier semble très bien placé pour devenir le prochain chancelier et donner un coup de barre à droite dans le pays, après l'ère du social-démocrate Olaf Scholz. D'après les derniers sondages, il recueillerait environ 30 % des intentions de vote.

Visiblement détendu, souriant et serrant de nombreuses mains, le conservateur de 69 ans a voté à Arnsberg, dans sa commune du Haut-Sauerland, à l'ouest.

Son rival social-démocrate, visage plus fermé, a lui aussi glissé son bulletin dans l'urne, à Potsdam, à l'est de Berlin.

Les électeurs ont jusqu'à 18 heures (17 heures GMT) pour voter. Les premiers sondages sortie des urnes seront publiés dans la foulée.

Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

Le parti anti-migrant et pro-russe a imposé ses thèmes de campagne, suite à plusieurs attaques et attentats meurtriers perpétrés par des étrangers sur le territoire allemand.

L'AfD a également bénéficié du soutien appuyé de l'entourage de Donald Trump pendant des semaines.

Son conseiller Elon Musk, l'homme le plus riche du monde, n'a cessé de promouvoir la tête de liste du parti allemand, Alice Weidel, sur sa plateforme X.

« AfD ! » a encore posté M. Musk dans la nuit de samedi à dimanche, accompagnant son message de drapeaux allemands.
Les élections législatives anticipées ont lieu la veille du troisième anniversaire de l'invasion russe en Ukraine, un événement particulièrement marquant en Allemagne.

Le conflit a mis fin à l'approvisionnement en gaz russe du pays, qui a accueilli plus d'un million d'Ukrainiens. La perspective d'une paix négociée « dans le dos » de Kiev et des Européens inquiète tout autant.

Interrogé sur ces élections allemandes, le président américain a répondu avec désinvolture qu'il souhaitait « bonne chance » à l'allié historique des États-Unis, qui ont leurs « propres problèmes ».

Le discours de son vice-président JD Vance à Munich, dans lequel il exhortait les partis traditionnels allemands à mettre fin à leur refus de gouverner avec l'extrême droite, a creusé un peu plus le fossé entre Washington et Berlin.

Friedrich Merz souhaite que l'Allemagne puisse « assumer un rôle de leader » en Europe.

Dans le système parlementaire allemand, il pourrait s'écouler des semaines, voire des mois, avant qu'un nouveau gouvernement ne soit constitué.

Pour former une coalition, le bloc mené par les conservateurs CDU/CSU devrait se tourner vers le parti social-démocrate (SPD), excluant ainsi toute alliance avec l'AfD, avec laquelle il a entretenu des relations tendues durant la campagne, notamment sur les questions d'immigration.

Les sondages lui attribuent 15 % des voix. Ce score serait son pire résultat depuis l'après-guerre et signerait probablement la fin de la carrière politique d'Olaf Scholz. Mais auparavant, le chancelier devra assurer la transition.

« J'espère que la formation du gouvernement sera achevée d'ici Pâques », soit le 20 avril, veut croire Friedrich Merz.

Un objectif difficile à atteindre si les deux partis qui ont dominé la politique allemande depuis 1945 sont contraints, faute de majorité de députés à eux deux, de devoir trouver un troisième partenaire.

La fragmentation au Parlement dépendra notamment des résultats de petits partis et de leur capacité ou non à franchir le seuil minimum de 5 % des suffrages pour entrer au Bundestag.


Sécurité européenne, Ukraine : réunion des ministres européens de la Défense lundi

Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
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  • Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien
  • Cette réunion des ministres de la Défense s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

PARIS : Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien et de renforcer la sécurité du Vieux continent, a-t-on appris dimanche auprès du ministère français des Armées.

Cette réunion, qui se tiendra dans l'après-midi à l'initiative de l'Estonie et de la France, rassemblera également les ministres de la Défense de Lituanie, de Lettonie, de Norvège, de Finlande, de Suède, du Danemark, des Pays-Bas, d'Allemagne, d'Italie, de Pologne et du Royaume-Uni, selon cette source.

À cette occasion, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, se rendra à Tallinn aux côtés de son homologue estonien Hanno Pevkur, après avoir participé aux célébrations de la fête nationale estonienne.

La France déploie environ 350 militaires en Estonie dans le cadre d'un bataillon multinational de l'OTAN.

Cette réunion des ministres de la Défense, trois ans jour pour jour après l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie, s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

La semaine passée, plusieurs chefs de gouvernement européens avaient été conviés à Paris par le président Emmanuel Macron. D'après un résumé obtenu de sources parlementaires, ils se seraient accordés sur la nécessité d'un « accord de paix durable s'appuyant sur des garanties de sécurité » pour Kiev, et auraient exprimé leur « disponibilité » à « augmenter leurs investissements » dans la défense.

Plusieurs pays membres avaient en revanche exprimé des réticences quant à l'envoi de troupes européennes en Ukraine, dans l'hypothèse d'un accord mettant fin aux hostilités.


Le ministre russe des Affaires étrangères effectue une visite en Turquie lundi

Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
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  • La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.
  • Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

ISTAMBUL : Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, est attendu en Turquie lundi, jour du troisième anniversaire du déclenchement de l'invasion russe de l'Ukraine, ont annoncé dimanche des sources diplomatiques turques.

M. Lavrov doit s'entretenir à Ankara avec son homologue turc Hakan Fidan, ont indiqué ces mêmes sources, précisant que les deux hommes discuteraient notamment d'une solution au conflit ukrainien.

Dimanche, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a confirmé à l'agence Tass qu'une délégation menée par Sergueï Lavrov devait se rendre prochainement en Turquie pour y discuter d'« un large éventail de sujets ».

La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.

Mardi, en recevant son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

Toutefois, ces dernières semaines, Moscou et Washington ont entamé un dialogue direct, alors que les relations se réchauffent entre Donald Trump et Vladimir Poutine.

Mardi, Russes et Américains se sont rencontrés en Arabie saoudite pour entamer le rétablissement de leurs relations, une réunion dénoncée par Volodymyr Zelensky qui redoute un accord sur l'Ukraine à leur insu.

M. Lavrov, dont la dernière visite en Turquie remonte à octobre, doit se rendre dans la foulée en Iran, un allié de la Russie.

La Turquie, qui est parvenue à maintenir ses liens avec Moscou et Kiev, fournit des drones de combat aux Ukrainiens mais n'a pas participé aux sanctions occidentales contre la Russie.

Ankara défend parallèlement l'intégrité territoriale de l'Ukraine et réclame la restitution de la Crimée du Sud, occupée par la Russie depuis 2014, au nom de la protection de la minorité tatare turcophone de cette péninsule.