Face à la propagation des variants, l'accélération de la vaccination dans l'UE

Les discussions ont débuté sur les nouvelles positives, avec l'engagement de plusieurs laboratoires d'accélérer leur production de vaccins anti-Covid, même si les quantités restent inférieures à ce qui avait été convenu dans l'accord avec l'UE (Photo, AFP).
Les discussions ont débuté sur les nouvelles positives, avec l'engagement de plusieurs laboratoires d'accélérer leur production de vaccins anti-Covid, même si les quantités restent inférieures à ce qui avait été convenu dans l'accord avec l'UE (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 02 février 2021

Face à la propagation des variants, l'accélération de la vaccination dans l'UE

  • Le laboratoire allemand BioNTech a promis lundi de livrer à l'UE jusqu'à 75 millions de doses supplémentaires au deuxième trimestre du vaccin développé avec l'américain Pfizer
  • Merkel a défendu les livraisons de vaccin «plus lentes» dans l'UE qu'ailleurs en raison notamment du refus des Européens de délivrer des autorisations d'urgence comme l'ont fait les Britanniques

BERLIN: L'annonce par plusieurs laboratoires d'une augmentation de leurs livraisons devrait permettre une accélération de la campagne de vaccination contre la Covid-19 dans les pays de l'Union européenne, soumis à de dures restrictions face à la propagation des nouveaux variant.
Signe d'optimisme cependant, l'Italie et la Pologne, à contre-courant de leurs voisins, ont assoupli lundi leur dispositif anti-Covid et rouvert notamment leurs musées.
Le laboratoire allemand BioNTech a promis lundi de livrer à l'UE jusqu'à 75 millions de doses supplémentaires au deuxième trimestre du vaccin développé avec l'américain Pfizer. Les deux partenaires comptent «augmenter les livraisons à partir de la semaine du 15 février».
Objectif: fournir «la quantité de doses sur laquelle nous sommes engagés au premier trimestre» ainsi que «jusqu'à 75 millions de doses supplémentaires à l'Union européenne au deuxième trimestre» dans le cadre des contrats existants, a expliqué Sierk Poète, directeur financier.
Une réunion au sommet s'est tenue lundi à Berlin entre les dirigeants allemands et plusieurs groupes pharmaceutiques pour tenter de relancer la campagne de vaccination, qui piétine en Allemagne comme dans de nombreux pays européens.
«Un sommet ne va pas produire plus de vaccins à lui tout seul», a déclaré le ministre allemand de la Santé Jens Spahn.

Les discussions ont débuté sur les nouvelles positives, avec l'engagement de plusieurs laboratoires d'accélérer leur production de vaccins anti-Covid, même si les quantités restent inférieures à ce qui avait été convenu dans l'accord avec l'UE.
La chancelière Angela Merkel a défendu les livraisons de vaccin «plus lentes» dans l'UE qu'ailleurs en raison notamment du refus des Européens de délivrer des autorisations d'urgence comme l'ont fait les Britanniques.
«Il est vrai que ce fut plus prêté sur certains points mais il y a aussi de bonnes raisons que ce soit plus prêté», at-elle assuré, précisant que les négociations avec les laboratoires avaient été ardues, notamment sur la question de leur responsabilité dans le respect des délais de livraison.
«Je comprend la déception» de la population «car tout le monde a pensé qu'au vu des volumes de commandes» de vaccins effectués par les autorités, ces derniers «allaient arriver beaucoup plus vite», a admis Mme Merkel.

 

Voyages et restrictions

Un accord trouvé lundi par les ambassadeurs doit être adopté par les États membres mardi. Il prévoit de nouveaux critères pour autoriser les voyages non essentiels vers l'Union: les pays tiers d'origine doivent avoir un taux d'incidence inférieur ou égal à 25 nouveaux cas pour 100 000 habitants sur 14 jours, un taux de test supérieur à 300, et un taux de positivité inférieur ou égal à 4%.
La présence de variants du coronavirus dans ces pays doit aussi être prise en compte. Les Etats membres peuvent exiger en outre une quarantaine allant jusqu'à 14 jours après l'arrivée, ainsi qu'un test supplémentaire. Ces mesures sont requises quand le pays tiers est touché par une variante. Actuellement, les pays de cette liste sont l'Australie, la Nouvelle-Zélande, le Rwanda, Singapour, la Corée du Sud, la Thaïlande et la Chine sous réserve de réciprocité. La nouvelle liste doit être publiée la semaine prochaine, en tenant compte des nouveaux critères.

«Etape cruciale»

Ainsi le laboratoire Astrazeneca, qui subit les foudres des dirigeants européens en raison d'importants retards de livraisons, va augmenter de 30% au premier trimestre les livraisons de son vaccin autorisé vendredi sur le marché européen.
L'entreprise va «fournir 9 millions de doses supplémentaires» - soit 40 millions de doses au total - et «commencera les livraisons une semaine plus tôt que prévu», a écrit dimanche la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, sur Twitter. L'UE a obtenu son objectif de vacciner 70% des adultes d'ici «la fin de l'été».
Dans un secteur sous pression pour accélérer les cadences, une autre annonce a été faite ce lundi: le géant allemand de la pharmacie Bayer va produire dès 2022 le vaccin contre la Covid-19 développé par son concurrent CureVac.
«Nous possédons des compétences nécessaires pour produire le vaccin ARNm de CureVac», a indiqué Stefan Oelrich, directeur de la branche pharmaceutique du groupe, que l'objectif était une production de 160 millions de doses en 2022.
Pour sa part, le gouvernement britannique a fait savoir qu'il exerçait une option visant la fourniture de 40 millions de doses supplémentaires du candidat-vaccin contre la Covid-19 de Valneva pour 2022, portant à 100 millions le nombre de doses commandées auprès du laboratoire franco-autrichien.
Et la branche anglaise du service public de santé britannique (NHS England) a annoncé avoir franchi une étape cruciale, le vaccin ayant été désormais administré «dans chaque maison de retraite éligible en Angleterre», soit «plus de 10 000» établissements.
En Afrique du Sud, le président Cyril Ramaphosa a indiqué que son pays avait «passé le pic» de la deuxième vague de contaminations, ce qui devrait permettre d'assouplir les restrictions avant les premières vaccinations de ce mois.

 

Dépistage massif au Royaume-Uni

Les autorités sanitaires britanniques ont lancé lundi une opération de dépistage massif dans huit zones de l'Angleterre après la découverte de 11 cas de variant du coronavirus apparu en Afrique du Sud, sans lien établi avec un quelconque voyage. Depuis le 22 décembre, 105 cas de ce variant susceptible d'être plus contagieux, contre certains des vaccins actuels semblent moins efficaces, ont été détectés, selon le ministère britannique de la Santé. «Il est vital que nous fassions tout ce que nous pouvons pour arrêter la transmission de ce variante», a souligné le ministre de la Santé Matt Hancock. L'apparition de ces cas «nous rappelle avec force que la lutte contre le virus n'est pas terminée», a-t-il ajouté.
Ces 11 cas, éparpillés géographiquement, «ne semblent pas liés pour le moment», a déclaré Susan Hopkins, responsable de Santé publique Angleterre, évoquant l'hypothèse d'infections liées à une personne asymptomatique en provenance de l'étranger.

La Chapelle Sixtine et le Colisée ouverts

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Chapelle Sixtine, Vatican (Photo, AFP).

A Rome, des visiteurs visitent la file d'attente à l'entrée du Colisée et de la Chapelle Sixtine lundi, pour la réouverture au public des ces hauts-lieux du tourisme.
La grande majorité des régions italiennes sont désormais au niveau «jaune», c'est-à-dire à risque modéré, à l'exception du Haut-Adige (nord), de l'Ombrie (centre), des Pouilles, de la Sardaigne et de la Sicile (sud), classées en «orange» (risque moyen).
Parmi les premiers à rentrer aux musées du Vatican, qui abritent la Chapelle Sixtine et ses célèbres fresques de Michel-Ange, un guide touristique qui, avant leur fermeture durant 88 jours, y accompagnait des groupes cinq jours sur sept.
Le reste du monde continue de durcir les mesures restrictives, notamment en matière de voyages, pour lutter contre une pandémie qui a fait plus de 2,2 millions de morts à ce jour.
La France a fermé ce lundi ses frontières aux pays extérieurs à l'UE, serrant la vis comme le Portugal, l'Allemagne et le Canada - qui a franchi le dimanche des 20 000 morts - pour freiner la troisième vague de la Covid-19.
Le Portugal, durement touché, a mis fin dimanche aux déplacements non essentiels à l'étranger.
Dans l'émirat de Dubaï, destination touristique importante, la fermeture des bars a été décidée à partir de mardi, ainsi que la réduction de moitié de leur capacité des endroits fermés comme les cinémas et les salles de sport. Les hôtels, les piscines et les plages privées doivent fonctionner à 70% de leur capacité, tout comme les centres commerciaux.


Selon une source ukrainienne , Zelensky ne serait pas prêt à signer un accord sur les minerais avec Washington

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky n'est « pas prêt » à signer un accord avec les États-Unis qui leur offrirait un accès préférentiel aux minerais du pays, a affirmé samedi à l'AFP une source ukrainienne proche du dossier, alors que les deux pays sont en pleines tensions.

Donald Trump réclame depuis plusieurs semaines l'équivalent de 500 milliards de dollars de terres rares, en guise de dédommagement, selon lui, du soutien américain à Kiev face à l'invasion russe, une condition qu'Ukraine ne peut accepter pour l'instant.

« Le président ukrainien n'est pas prêt à accepter le projet dans sa forme actuelle. Nous essayons toujours de faire des changements de manière constructive », a expliqué cette source ukrainienne qui a requis l'anonymat.

« Ils veulent nous soutirer 500 milliards de dollars », a-t-elle accusé.

« Quel genre de partenariat est-ce là ? (...) Et pourquoi devons-nous donner 500 milliards, il n'y a pas de réponse », a-t-elle encore dit, affirmant que Kiev avait « proposé des amendements. Ils ont été soumis ».

Depuis l'appel entre Donald Trump et Vladimir Poutine le 12 février, Moscou et Washington ont exprimé leur volonté de repartir sur de nouvelles bases, et le président américain a complètement renversé la position de son pays concernant la guerre en Ukraine, en reprenant la rhétorique du Kremlin sur la responsabilité de Kiev.

Le 24 février 2022, l'Ukraine a été envahie par la Russie, le Kremlin affirmant agir pour protéger le pays contre la menace de l'OTAN et empêcher un élargissement de l'organisation.

Donald Trump souhaite négocier un accord avec l'Ukraine afin d'obtenir un accès à 50 % de ses minerais stratégiques, en guise de compensation pour l'aide militaire et économique déjà fournie à Kiev.

Le conseiller à la sécurité nationale de M. Trump, Mike Waltz, s'est montré très pressant vendredi.

« Le président Zelensky va signer cet accord, et vous le verrez à très court terme, et c'est bon pour l'Ukraine », a-t-il insisté lors d'un rassemblement de conservateurs près de Washington.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rejeté avec vigueur la première proposition américaine d'accord, arguant qu'il ne pouvait « pas vendre » son pays.

Il a toutefois laissé la porte ouverte à des « investissements » américains en échange de telles garanties.

De son côté, Donald Trump affirme que les États-Unis ont dépensé 350 milliards de dollars pour s'engager dans une guerre qui ne pouvait pas être gagnée. Or, selon l'institut économique IfW Kiel, l'aide américaine globale à l'Ukraine, financière, humanitaire et militaire, a atteint 114,2 milliards d'euros (près de 120 milliards de dollars au cours actuel) entre début 2022 et fin 2024, dont 64 milliards d'euros en assistance militaire.

Le 1er février, M. Zelensky a assuré que l'Ukraine n'avait reçu à ce stade que 75 des 177 milliards de dollars d'aide votée par le Congrès américain.


Les États-Unis proposent à l'ONU une résolution pour « une fin rapide » du conflit en Ukraine

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) accueille l'envoyé américain Keith Kellogg dans ses bureaux à Kiev le 20 février 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine.  (Photo par Sergei SUPINSKY / AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) accueille l'envoyé américain Keith Kellogg dans ses bureaux à Kiev le 20 février 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine. (Photo par Sergei SUPINSKY / AFP)
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  • Les États-Unis ont proposé un projet de résolution à l'Assemblée générale de l'ONU qui ne mentionne pas le respect de l'intégrité territoriale de l'Ukraine.
  • Le texte proposé par les États-Unis ne condamne pas l'agression russe ni ne fait référence explicite à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ce qui ressemble à une trahison de la part de Kiev et à un coup bas contre l'UE.

NATIONS-UNIES : Les États-Unis ont proposé un projet de résolution à l'Assemblée générale de l'ONU qui ne mentionne pas le respect de l'intégrité territoriale du pays, après une nouvelle attaque du président américain Donald Trump contre son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.

Dans un communiqué, le secrétaire d'État américain, Marco Rubio, a exhorté les pays membres de l'ONU à approuver cette nouvelle résolution « simple » et « historique », et « tous les États membres à la soutenir, afin de tracer un chemin vers la paix ».

« Cette résolution est une bonne idée », a rapidement commenté l'ambassadeur russe à l'ONU, Vassili Nebenzia, déplorant toutefois l'absence de référence « aux racines » du conflit.

Les Européens, désarçonnés par l'ouverture du dialogue américano-russe sur l'Ukraine, n'avaient pas réagi samedi matin à la proposition américaine.

« Nous n'avons pas de commentaire pour l'instant », a simplement indiqué l'ambassadeur français à l'ONU Nicolas de Rivière, alors que l'Assemblée générale doit se réunir lundi.

Le texte proposé par les États-Unis ne condamne pas l'agression russe ni ne fait référence explicite à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ce qui ressemble à une trahison de la part de Kiev et à un coup bas contre l'UE, mais aussi à un mépris pour les principes fondamentaux du droit international », a déclaré à l'AFP Richard Gowan, de l'International Crisis Group.

L'Assemblée générale de l'ONU se réunit lundi pour marquer le troisième anniversaire de l'invasion russe de l'Ukraine.

À cette occasion, l'Ukraine et les Européens ont préparé un projet de résolution qui souligne la nécessité de « redoubler » d'efforts diplomatiques pour mettre fin à la guerre « cette année », et prend note des initiatives de plusieurs États membres ayant présenté « leur vision pour un accord de paix complet et durable ».

Le texte réitère également les précédentes demandes de l'Assemblée générale, appelant à un retrait immédiat et inconditionnel des troupes russes d'Ukraine ainsi qu'à la cessation des attaques de la Russie contre l'Ukraine.

Ces précédents votes avaient rassemblé plus de 140 voix sur les 193 États membres.

Les nouvelles salves de M. Trump contre M. Zelensky interviennent alors que la visite de l'émissaire du président américain, Keith Kellogg, semblait avoir apaisé la situation. Ces nouvelles attaques de M. Trump contre M. Zelensky font suite à des premières invectives virulentes plus tôt dans la semaine, qui avaient suscité une vive réaction de la part de Kiev et la stupéfaction de ses alliés européens.

M. Zelensky avait déclaré avoir eu des échanges « productifs » avec M. Kellogg, et ce dernier l'avait qualifié de « dirigeant courageux et assiégé d'une nation en guerre ».

Vendredi, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a réaffirmé que le président Vladimir Poutine était « ouvert » à des pourparlers de paix.

La Russie exige notamment que l'Ukraine lui cède quatre régions ukrainiennes, en plus de la Crimée qu'elle a annexée en 2014, et qu'elle n'adhère jamais à l'Otan. Des conditions jugées inacceptables par les autorités ukrainiennes qui demandent à leurs alliés des garanties de sécurité solides.

M. Trump et ses collaborateurs ont jugé « irréaliste » l'adhésion de l'Ukraine à l'Otan et son ambition de reprendre ses territoires perdus à la Russie.

Sur le terrain, la situation reste difficile pour les troupes ukrainiennes. L'armée russe a revendiqué vendredi la prise de deux localités dans l'est de l'Ukraine.


60 ans après, l'assassinat de Malcolm X continue de secouer l'Amérique

L'avocat Ben Crump (à droite) et la fille de Malcolm X, Ilyasah Shabazz, s'adressent à la presse pour demander la déclassification des documents du pasteur musulman afro-américain et militant des droits de l'homme Malcolm X, à l'occasion du 60e anniversaire de son assassinat, à Harlem, dans l'État de New York, le 21 février 2025. La conférence de presse s'est tenue au Malcolm X and Dr Betty Shabazz Memorial and Educational Center, dans la salle de bal où Malcolm X a été assassiné le 21 février 1965. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
L'avocat Ben Crump (à droite) et la fille de Malcolm X, Ilyasah Shabazz, s'adressent à la presse pour demander la déclassification des documents du pasteur musulman afro-américain et militant des droits de l'homme Malcolm X, à l'occasion du 60e anniversaire de son assassinat, à Harlem, dans l'État de New York, le 21 février 2025. La conférence de presse s'est tenue au Malcolm X and Dr Betty Shabazz Memorial and Educational Center, dans la salle de bal où Malcolm X a été assassiné le 21 février 1965. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
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  • Six décennies jour pour jour après sa mort, un hommage est rendu vendredi à la figure de proue du mouvement « Black Power », notamment pour son héritage en matière de « justice sociale ».
  • « Nous espérons que la vérité tant attendue éclatera, après 60 ans d'attente, et que ce qui s'est passé sera documenté », explique à l'AFP Ilyasah Shabazz, la fille de Malcolm X.

NEW-YORK : Six décennies jour pour jour après sa mort, un hommage est rendu vendredi à la figure de proue du mouvement « Black Power », notamment pour son héritage en matière de « justice sociale ». C'est ce que rappelle le Shabazz Center, le mémorial et centre éducatif installé dans l'ancienne salle de bal de Harlem où il a été abattu à 39 ans, au faîte de son influence, et ce quelques mois seulement après l'abolition de la ségrégation raciale.

Qui a commandité le meurtre ? Comment le drame a-t-il pu survenir en pleine réunion publique, alors que les menaces pesant sur le militant, porte-voix de la « Nation of Islam » puis de l'abolition des discriminations, étaient connues des autorités ?

Pour obtenir des réponses, sa famille a engagé en novembre 2024 des poursuites au civil spectaculaires, réclamant 100 millions de dollars aux forces de l'ordre et aux agences fédérales qu'elle accuse, selon elle, d'avoir joué un rôle à divers degrés dans son assassinat.

Dans ce dossier qui doit entrer dans le vif du sujet début mars devant un tribunal de Manhattan, la famille assure disposer d'éléments nouveaux lui permettant d'assigner en justice la police de New York (NYPD), le FBI ou encore la CIA.

« Nous espérons que la vérité tant attendue éclatera, après 60 ans d'attente, et que ce qui s'est passé sera documenté », explique à l'AFP Ilyasah Shabazz, la fille de Malcolm X.

- « Qui a donné l'ordre ? » -

Selon l'assignation en justice, la famille du leader afro-américain, également connu sous le nom d'El-Hajj Malik El-Shabazz, estime que les forces de l'ordre et les services de renseignement américains ont sciemment désengagé les policiers dont la mission était de le protéger la nuit du drame.

Des agents en civil ne sont pas non plus intervenus au moment des faits et, depuis sa mort, les agences de renseignement s'emploieraient à dissimuler leurs agissements, selon la plainte.

Contactée par l'AFP, la police de New York n'a pas souhaité s'exprimer pour l'instant.

« Cette dissimulation a duré des décennies, privant la famille Shabazz de la vérité et de leur droit à obtenir justice », estime auprès de l'AFP Me Ben Crump, qui défend le dossier pour les filles de Malcolm X.

« Nous écrivons l'histoire en nous dressant ici face à ces torts et en demandant des comptes devant les tribunaux », se félicite le conseil, qui a demandé vendredi la « déclassification de documents » liés à ce dossier.

L'affaire avait déjà rebondi en 2021, lorsque deux des trois anciens hommes reconnus coupables de l'assassinat et ayant passé plus de vingt ans derrière les barreaux ont finalement été innocentés, ce qui constitue l'une des plus grandes erreurs judiciaires des États-Unis. En réparation, les deux Afro-Américains ont touché 36 millions de dollars de la part de la ville et de l'État de New York.

« On sait déjà assez précisément comment l'assassinat de Malcolm X s'est déroulé. On sait qui en est responsable : cinq membres de la Nation of Islam. La seule chose qu'on ignore, c'est qui a donné l'ordre », observe Abdur-Rahman Muhammad, historien et spécialiste reconnu du dossier, dont les travaux pendant des décennies ont contribué à disculper les deux accusés à tort.

Selon lui, les éléments mis en avant aujourd'hui par la famille de Malcolm X sont « peu crédibles ».

Il concède toutefois que « si la plainte permet de déterminer qui a donné l'ordre final, alors elle aura de la valeur ».

Cet énième rebondissement aura au moins permis de remettre en avant « l'héritage » de Malcolm X, plus important que jamais sous le second mandat de Donald Trump, « ennemi implacable » de la communauté noire, affirme l'historien.

« Cela va inciter les Afro-Américains à se serrer les coudes », anticipe Abdur-Rahman Muhammad. « En résumé, la communauté noire doit revenir au message de Malcolm : lutter. »