BERLIN: L'annonce par plusieurs laboratoires d'une augmentation de leurs livraisons devrait permettre une accélération de la campagne de vaccination contre la Covid-19 dans les pays de l'Union européenne, soumis à de dures restrictions face à la propagation des nouveaux variant.
Signe d'optimisme cependant, l'Italie et la Pologne, à contre-courant de leurs voisins, ont assoupli lundi leur dispositif anti-Covid et rouvert notamment leurs musées.
Le laboratoire allemand BioNTech a promis lundi de livrer à l'UE jusqu'à 75 millions de doses supplémentaires au deuxième trimestre du vaccin développé avec l'américain Pfizer. Les deux partenaires comptent «augmenter les livraisons à partir de la semaine du 15 février».
Objectif: fournir «la quantité de doses sur laquelle nous sommes engagés au premier trimestre» ainsi que «jusqu'à 75 millions de doses supplémentaires à l'Union européenne au deuxième trimestre» dans le cadre des contrats existants, a expliqué Sierk Poète, directeur financier.
Une réunion au sommet s'est tenue lundi à Berlin entre les dirigeants allemands et plusieurs groupes pharmaceutiques pour tenter de relancer la campagne de vaccination, qui piétine en Allemagne comme dans de nombreux pays européens.
«Un sommet ne va pas produire plus de vaccins à lui tout seul», a déclaré le ministre allemand de la Santé Jens Spahn.
Les discussions ont débuté sur les nouvelles positives, avec l'engagement de plusieurs laboratoires d'accélérer leur production de vaccins anti-Covid, même si les quantités restent inférieures à ce qui avait été convenu dans l'accord avec l'UE.
La chancelière Angela Merkel a défendu les livraisons de vaccin «plus lentes» dans l'UE qu'ailleurs en raison notamment du refus des Européens de délivrer des autorisations d'urgence comme l'ont fait les Britanniques.
«Il est vrai que ce fut plus prêté sur certains points mais il y a aussi de bonnes raisons que ce soit plus prêté», at-elle assuré, précisant que les négociations avec les laboratoires avaient été ardues, notamment sur la question de leur responsabilité dans le respect des délais de livraison.
«Je comprend la déception» de la population «car tout le monde a pensé qu'au vu des volumes de commandes» de vaccins effectués par les autorités, ces derniers «allaient arriver beaucoup plus vite», a admis Mme Merkel.
Voyages et restrictions
Un accord trouvé lundi par les ambassadeurs doit être adopté par les États membres mardi. Il prévoit de nouveaux critères pour autoriser les voyages non essentiels vers l'Union: les pays tiers d'origine doivent avoir un taux d'incidence inférieur ou égal à 25 nouveaux cas pour 100 000 habitants sur 14 jours, un taux de test supérieur à 300, et un taux de positivité inférieur ou égal à 4%.
La présence de variants du coronavirus dans ces pays doit aussi être prise en compte. Les Etats membres peuvent exiger en outre une quarantaine allant jusqu'à 14 jours après l'arrivée, ainsi qu'un test supplémentaire. Ces mesures sont requises quand le pays tiers est touché par une variante. Actuellement, les pays de cette liste sont l'Australie, la Nouvelle-Zélande, le Rwanda, Singapour, la Corée du Sud, la Thaïlande et la Chine sous réserve de réciprocité. La nouvelle liste doit être publiée la semaine prochaine, en tenant compte des nouveaux critères.
«Etape cruciale»
Ainsi le laboratoire Astrazeneca, qui subit les foudres des dirigeants européens en raison d'importants retards de livraisons, va augmenter de 30% au premier trimestre les livraisons de son vaccin autorisé vendredi sur le marché européen.
L'entreprise va «fournir 9 millions de doses supplémentaires» - soit 40 millions de doses au total - et «commencera les livraisons une semaine plus tôt que prévu», a écrit dimanche la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, sur Twitter. L'UE a obtenu son objectif de vacciner 70% des adultes d'ici «la fin de l'été».
Dans un secteur sous pression pour accélérer les cadences, une autre annonce a été faite ce lundi: le géant allemand de la pharmacie Bayer va produire dès 2022 le vaccin contre la Covid-19 développé par son concurrent CureVac.
«Nous possédons des compétences nécessaires pour produire le vaccin ARNm de CureVac», a indiqué Stefan Oelrich, directeur de la branche pharmaceutique du groupe, que l'objectif était une production de 160 millions de doses en 2022.
Pour sa part, le gouvernement britannique a fait savoir qu'il exerçait une option visant la fourniture de 40 millions de doses supplémentaires du candidat-vaccin contre la Covid-19 de Valneva pour 2022, portant à 100 millions le nombre de doses commandées auprès du laboratoire franco-autrichien.
Et la branche anglaise du service public de santé britannique (NHS England) a annoncé avoir franchi une étape cruciale, le vaccin ayant été désormais administré «dans chaque maison de retraite éligible en Angleterre», soit «plus de 10 000» établissements.
En Afrique du Sud, le président Cyril Ramaphosa a indiqué que son pays avait «passé le pic» de la deuxième vague de contaminations, ce qui devrait permettre d'assouplir les restrictions avant les premières vaccinations de ce mois.
Dépistage massif au Royaume-Uni
Les autorités sanitaires britanniques ont lancé lundi une opération de dépistage massif dans huit zones de l'Angleterre après la découverte de 11 cas de variant du coronavirus apparu en Afrique du Sud, sans lien établi avec un quelconque voyage. Depuis le 22 décembre, 105 cas de ce variant susceptible d'être plus contagieux, contre certains des vaccins actuels semblent moins efficaces, ont été détectés, selon le ministère britannique de la Santé. «Il est vital que nous fassions tout ce que nous pouvons pour arrêter la transmission de ce variante», a souligné le ministre de la Santé Matt Hancock. L'apparition de ces cas «nous rappelle avec force que la lutte contre le virus n'est pas terminée», a-t-il ajouté.
Ces 11 cas, éparpillés géographiquement, «ne semblent pas liés pour le moment», a déclaré Susan Hopkins, responsable de Santé publique Angleterre, évoquant l'hypothèse d'infections liées à une personne asymptomatique en provenance de l'étranger.
La Chapelle Sixtine et le Colisée ouverts
A Rome, des visiteurs visitent la file d'attente à l'entrée du Colisée et de la Chapelle Sixtine lundi, pour la réouverture au public des ces hauts-lieux du tourisme.
La grande majorité des régions italiennes sont désormais au niveau «jaune», c'est-à-dire à risque modéré, à l'exception du Haut-Adige (nord), de l'Ombrie (centre), des Pouilles, de la Sardaigne et de la Sicile (sud), classées en «orange» (risque moyen).
Parmi les premiers à rentrer aux musées du Vatican, qui abritent la Chapelle Sixtine et ses célèbres fresques de Michel-Ange, un guide touristique qui, avant leur fermeture durant 88 jours, y accompagnait des groupes cinq jours sur sept.
Le reste du monde continue de durcir les mesures restrictives, notamment en matière de voyages, pour lutter contre une pandémie qui a fait plus de 2,2 millions de morts à ce jour.
La France a fermé ce lundi ses frontières aux pays extérieurs à l'UE, serrant la vis comme le Portugal, l'Allemagne et le Canada - qui a franchi le dimanche des 20 000 morts - pour freiner la troisième vague de la Covid-19.
Le Portugal, durement touché, a mis fin dimanche aux déplacements non essentiels à l'étranger.
Dans l'émirat de Dubaï, destination touristique importante, la fermeture des bars a été décidée à partir de mardi, ainsi que la réduction de moitié de leur capacité des endroits fermés comme les cinémas et les salles de sport. Les hôtels, les piscines et les plages privées doivent fonctionner à 70% de leur capacité, tout comme les centres commerciaux.