Rien n’est encore confirmé à ce stade, mais pour Neila Tazi, présidente du Festival Gnaoua et musiques du monde d'Essaouira et de la Fédération des industries culturelles et créatives (FICC), le festival Gnaoua devrait se tenir en octobre/novembre prochains.
« Cet événement très attendu occupe une place importante dans l’agenda économique d’Essaouira pour les différents opérateurs commerciaux et touristiques. Il doit être maintenu. Pour 1 dirham investi, 17 dirhams (1,5 euros) tombent dans les caisses de la ville. Le budget du festival étant de 15 millions de dirhams (1 361 000 euros), le manque à gagner pour la ville équivaudrait donc à 255 millions de dirhams (23 143 000 euros environ) », a affirmé Neila Tazi il y a quelques semaines en promettant de tout faire pour organiser un événement aussi important au plan économique qu’émotionnel.
Convaincue que la culture devrait être au centre de l'après-crise, la fondatrice du Festival du Gnaoua fait cependant face à un dilemme : organiser une édition 2020 pour « marquer le coup » et envoyer un message d'espoir post-pandémie ou reporter le festival à 2021 pour en faire une édition grandiose ? La réponse n’est pas si simple.
Pourtant, le 19 mars dernier, au lendemain du confinement, Neila Tazi avait assuré que le festival serait reporté. « Nous sommes en discussion avec les pouvoirs publics et les autorités d'Essaouira, avec nos partenaires et nos prestataires pour fixer une date de report. Elle sera communiquée dès que possible. On ne peut pas envisager une annulation du Festival Gnaoua, à trois mois du festival. Neuf mois de travail, de salaires, de frais auraient déjà été engagés sans perspective de recettes, le risque est énorme. Aujourd’hui, pour l'équilibre et l'avenir du projet, nous devons maintenir cette édition. »
Le festival du bonheur que tous attendent après la pandémie
Dans la ville d'Essaouira, les avis sont unanimes : le festival doit avoir lieu. « Nous avons plus que jamais besoin du festival ! », confie Mohamed, un serveur d'un café de la place principale qui profite chaque année de l'ambiance magnétique des concerts. « Ce n'est pas seulement une question d'argent, les gens ont besoin de musique et de bonnes ondes après tous ces mois d'enfermement et de peur. »
Jeunes et moins jeunes, les Souiris sont toujours inquiets, certes, mais ne se voient pas arrêter de vivre. « Le festival nous a tellement manqué cet été. Il est évident que nous ne pouvons recevoir du public du monde entier, de toutes les villes du Maroc mais pourquoi ne pas organiser une rencontre plus petite ? », se demande Karima, étudiante à Marrakech, de retour à Essaouira chez ses parents pour les vacances.
Un gérant de riads se montre beaucoup moins optimiste. « J'ai entendu dire qu'il y aurait un problème avec les sponsors cette année. Et les hôtels sont tellement dans le rouge qu’il est difficile de croire qu'ils seront prêts à mettre à disposition des chambres pour le festival comme tous les ans ». Un raisonnement que partagent plusieurs Souiris. Mais l'espoir demeure malgré tout.
« Aujourd'hui, nous sommes dans une situation extrêmement difficile. Les métiers de l’art et de la culture, du spectacle à l'événementiel sont des secteurs qui ont été stoppés dès le début de la crise et de manière brutale. En temps de crise, la culture est la première touchée. Nous sommes actuellement en train d’évaluer les conséquences de la pandémie, actuelles et à venir, sur l'ensemble de la filière. Cela concerne plus de 50 000 emplois si l'on considère les artistes, et tous les métiers liés à la culture », explique Neila Tazi, qui parle cette fois-ci en tant présidente de la Fédération des industries culturelles et créatives.
Elle est responsable d’un secteur qui comprend plusieurs filières : le spectacle vivant, la production événementielle, la production culturelle, le cinéma, l'audiovisuel, l’édition, et les arts visuels. « Le monde de la culture est en droit d’attendre des mesures de relance qui préserveront notamment les emplois », ajoute t-elle.
Le festival Gnaoua aura-t-il finalement lieu? Cela reste encore un grand point d’interrogation…
Le Festival Gnaoua à Essaouira, un pari fou pour octobre?
Publié le
Le Festival Gnaoua à Essaouira, un pari fou pour octobre?
- « On ne peut pas envisager une annulation du Festival Gnaoua, à trois mois de l’événement », explique la présidente du festival
- « Ce n'est pas seulement une question d'argent, les gens ont besoin de musique et de bonnes ondes après tous ces mois d'enfermement et de peur », pour Mohamed, un serveur
© 2024 propriété intellectuelle de SPECIAL EDITION FZ sous licence de SAUDI RESEARCH & PUBLISHING COMPANY. Tous droits réservés et soumis aux conditions d’utilisation