L'UE récompense l'agression iranienne en cherchant à revenir à l'accord nucléaire

Une photo de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique montre l'intérieur de l'installation de conversion d'uranium de Fordo (Fordow) à Qom. (ArchivesAFP)
Une photo de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique montre l'intérieur de l'installation de conversion d'uranium de Fordo (Fordow) à Qom. (ArchivesAFP)
Short Url
Publié le Lundi 25 janvier 2021

L'UE récompense l'agression iranienne en cherchant à revenir à l'accord nucléaire

L'UE récompense l'agression iranienne en cherchant à revenir à l'accord nucléaire
  • L'UE semble plus que jamais déterminée à relancer l'accord sur le nucléaire, alors que le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, reconnaissait la semaine dernière que Téhéran viole l'accord et acquiert rapidement la capacité d'arme
  • Le régime iranien a appris que plus il menace de provoquer l'instabilité et l'insécurité au Moyen-Orient, plus l'UE redoublera d'efforts pour sauver l'accord nucléaire

L'Union européenne (UE) redouble d'efforts et dépense des capitaux politiques importants pour pousser le nouveau président américain Joe Biden à ramener immédiatement l'Amérique à l'accord nucléaire du plan d'action global conjoint (JCPOA) avec l'Iran.

Ce mois-ci, le bloc a réitéré son «engagement ferme» en faveur de l'accord nucléaire et a exhorté les États-Unis à le rejoindre rapidement. Il a déclaré: «L'UE réaffirme son engagement ferme et son soutien continu au plan d'action global conjoint. Le JCPOA est un élément clé de l'architecture mondiale de non-prolifération nucléaire et une réalisation de la diplomatie multilatérale, approuvée à l'unanimité par le Conseil de sécurité des nations unies dans la résolution 2231. Nous saluons […] les déclarations positives de Joe Biden sur le JCPOA, et nous sommes impatients de travailler avec la nouvelle administration américaine.»

L'UE semble plus que jamais déterminée à relancer l'accord sur le nucléaire, alors que le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, reconnaissait la semaine dernière que Téhéran viole l'accord et acquiert rapidement la capacité d'armes nucléaires. «Cela doit cesser parce que l'Iran – et je le dis clairement – est en train d'acquérir des capacités nucléaires [d'armes]», a-t-il déclaré.

Dans une installation souterraine, l'établissement théocratique iranien enrichit de l’uranium à 20% de pureté, ce qui est une étape technique relativement courte par rapport au niveau de qualité militaire.

Malheureusement, les dirigeants européens envoient le mauvais message à l’Iran: que les violations et les menaces du régime portent leurs fruits. Les dirigeants iraniens ont intensifié leurs menaces ces derniers mois afin de ramener au plus vite l’UE3 du JCPOA (Allemagne, Royaume-Uni et France) et les États-Unis à l’accord sur le nucléaire. Téhéran a menacé: si les sanctions américaines ne sont pas levées d'ici au 21 février, il expulsera les inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).

Le régime iranien a appris que plus il menace de provoquer l'instabilité et l'insécurité au Moyen-Orient, plus l'UE redoublera d'efforts pour sauver l'accord nucléaire.

«Les dirigeants européens envoient le mauvais message à l’Iran: que les violations et les menaces du régime portent leurs fruits.»

Plus fondamentalement, l'UE souhaite voir les sanctions contre l'Iran levées rapidement une fois que les dirigeants iraniens rejoindront l'accord nucléaire. Mais l'UE ne se souvient-elle pas comment le régime a dépensé son afflux d'argent à la suite de l'accord nucléaire? Les milliards de dollars de revenus accrus n'ont pas été dépensés pour aider le peuple iranien, améliorer son niveau de vie ou promouvoir la paix dans la région, même s'il était décrit dans le préambule de l'accord nucléaire que tous les signataires «prévoient que la pleine mise en œuvre de ce JCPOA contribuera à la paix et la sécurité régionales et internationales.» Lorsque l'accord a été finalisé, l'ancien président américain Barack Obama a déclaré qu'il était «confiant » qu'il «répondrait aux besoins de sécurité nationale des États-Unis et de nos alliés». Cependant, ce n'était pas le cas. La communauté internationale a été témoin d'une plus grande propension aux lancements de roquettes houthies sur des cibles civiles en Arabie saoudite, au déploiement de fantassins du Hezbollah en Syrie et à une violence constante de la part des milices financées par l'Iran.

L'UE souhaite également revenir sur le même accord nucléaire rédigé en 2015. Ne se souvient-elle pas des conséquences négatives de cet accord? L’une des conséquences a été une détérioration des relations avec les alliés traditionnels de l’Europe. Les États du Golfe et Israël ont été exclus des négociations avec l'Iran, ce qui a abouti à un accord défectueux qui n'a pas reconnu leurs préoccupations légitimes concernant la prolifération des missiles et le financement de mandataires violents à l'intérieur et à proximité de leurs territoires.

En outre, l'accord était fortement en faveur de la République islamique, car des concessions sans précédent ont été accordées au régime iranien. Par exemple, l'accord a ouvert la voie à l'Iran pour enrichir légalement de l'uranium et faire tourner des centrifugeuses à tout niveau souhaité après l'expiration du JCPOA. Les clauses d’extinction, qui consacrent cet engagement, fixent une date d’expiration ferme pour les restrictions au programme nucléaire iranien. Les signataires de l’accord ont également aidé à lever rapidement les quatre séries de sanctions de l’ONU contre l’Iran – sanctions qui avaient pris des décennies à être mises en place. En outre, les sites militaires iraniens n’ont pas été inspectés par l’AIEA. Et l'Occident a aidé le régime iranien à rejoindre le système financier mondial en toute légitimité, permettant à des milliards de dollars de passer dans le trésor du Corps des gardiens de la révolution islamique et de ses milices en expansion à travers le Moyen-Orient.

Par ces seules mesures, l'UE doit avoir réalisé à présent que l'accord nucléaire avec l'Iran, pour lequel le bloc est fermement enraciné une fois encore, a manifestement échoué.

Enfin, l’UE ne se souvient-elle pas des crimes que le régime a commis sur son sol après l’accord nucléaire et avant que Trump ne retire les États-Unis du JCPOA? Le régime a assassiné des dissidents sur le sol européen, dont Ahmad Mola Nissi – un citoyen néerlandais d'origine iranienne et critique du régime de Téhéran, qui a été abattu à sa porte en novembre 2017. Le service de sécurité néerlandais a publiquement reconnu qu'il y avait «de fortes présomptions» que ce soit le gouvernement iranien qui avait commandé le meurtre.

En un mot, l'UE récompense l'Iran pour son agression accrue. Plus le régime intensifie ses menaces, plus l'UE intensifie ses efforts pour relancer l'accord nucléaire et lever les sanctions.

Le Dr Majid Rafizadeh est un politologue irano-américain diplômé de Harvard.

Twitter: @Dr_Rafizadeh

NDLR: les opinions exprimées par les rédacteurs dans cette section sont les leurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue d'Arab News.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com