AL-MUKALLA: Le Yémen et la milice houthie ont organisé dimanche un nouveau tour de pourparlers en vue d’un éventuel échange de prisonniers, selon l'ONU et des responsables yéménites.
L'Envoyé spécial des Nations Unies pour le Yémen, Martin Griffiths, a déclaré que le Comité de surveillance sur la mise en œuvre de l'accord d'échange de prisonniers et de détenus, qui inclut les parties belligérantes au Yémen, a tenu sa cinquième réunion à Amman.
Griffiths les a appelés à se faire de leur mieux pour obtenir la libération des détenus vulnérables, malades et âgés.
«J'exhorte les parties à donner la priorité dans leurs discussions à la libération immédiate et inconditionnelle de tous les détenus malades, blessés, âgés et mineurs, ainsi que de tous les civils détenus arbitrairement, femmes incluses», a-t-il déclaré. «Je les exhorte de plus à discuter et à s'entendre au sujet des noms au-delà des listes de réunion d'Amman pour respecter leur engagement de Stockholm de libérer tous les détenus liés au conflit dès que possible».
Les discussions précédentes ont conduit à la libération de 1 065 détenus en octobre, et ont ranimé l'espoir de conclure un accord qui mette fin à la guerre.
Fort de ce succès, Griffiths a poussé les parties yéménites à accepter son initiative de paix, baptisée Déclaration conjointe. Cette dernière établit la structure d’une trêve nationale, jumelée à des mesures économiques pour atténuer la pire crise humanitaire au monde.
Un responsable du gouvernement yéménite au courant du déroulement des pourparlers, qui a préféré garder l’anonymat, a déclaré à Arab News que les discussions se fonderaient sur les précédentes réunions tenues à Amman, et pourraient conduire à la libération de 301 détenus des deux côtés.
Le gouvernement veut obtenir la libération de détenus militaires et politiques haut placés, mentionnés dans la résolution 2216 du Conseil de sécurité de l’ONU. L’ancien ministre de la Défense Mahmoud Al-Subaihi et le frère du président du Yémen Nasser Mansour Hadi figurent parmi eux.
Abdul Kader Al-Murtada, chef de la commission des affaires des prisonniers houthis, se trouvait à Amman samedi afin de participer à la réunion.
C’est la première visite des Houthis à Amman depuis que les États-Unis les ont désignés comme organisation terroriste étrangère.
Les Yéménites ont lancé dimanche une campagne sur les réseaux sociaux pour dénoncer les crimes de la milice et convaincre d'autres pays de suivre l’exemple de Washington.
Les organisateurs insistent que «le monde doit voir les actes de terrorisme commis par la milice houthie contre les Yéménites, et appeler tous les pays libres à les désigner comme organisation terroriste».
Des dizaines de journalistes, de militants des droits de l'homme, d'intellectuels et de responsables yéménites ont condamné les violations des droits de l'homme commises par les miliciens. Le hashtag #HouthiTerrorismInYemen montre des images et des vidéos de Houthis faisant sauter les maisons de leurs opposants.
«Les Houthis ont mené de nombreuses guerres contre des civils», a tweeté l'activiste Mohammed Abdallah Qassem. «Aujourd’hui encore, ils attaquent à Ta’izz, Mareb, Al-Bayda, etc. Ils insistent pour gouverner les Yéménites par la force, sur la base de la théorie du droit divin de gouverner, l'idéologie que l'Occident a renversée il y a des siècles».
Zayed Al-Jaberi, un défenseur des droits de l’homme, s’insurge contre les médias qui avancent que les États-Unis pourraient revenir sur leur décision de désigner la faction Houthie de terroriste. Il ajoute que les Yéménites, qui ont subi le plus gros des crimes du groupe, les voient comme tel depuis des années.
«Désignation du département d'État américain ou pas, nous savons parfaitement en tant que Yéménites que la milice houthie est le pire groupe terroriste de l'histoire», a-t-il tweeté.
Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com