Un procès «stupide»: des ténors républicains contre la destitution de Trump

Plongé dans un silence inédit depuis son bannissement de Twitter, installé dans sa luxueuse résidence de Mar-a-Lago, en Floride, Donald Trump continue d'exercer une influence profonde sur son parti (Photo, AFP).
Plongé dans un silence inédit depuis son bannissement de Twitter, installé dans sa luxueuse résidence de Mar-a-Lago, en Floride, Donald Trump continue d'exercer une influence profonde sur son parti (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Lundi 25 janvier 2021

Un procès «stupide»: des ténors républicains contre la destitution de Trump

  • En cas d'égalité parfaite dans un vote, la nouvelle vice-présidente Kamala Harris a le pouvoir d'ajouter sa voix pour faire pencher la balance du côté démocrate
  • Ils ont besoin de deux tiers du Sénat pour condamner Donald Trump, soit 17 voix républicaines si l'ensemble des démocrates votent pour

WASHINGTON: La perspective d'une condamnation de Donald Trump dans son procès en destitution paraissait très incertaine dimanche, plusieurs sénateurs républicains se disant fermement contre à la veille de la transmission au Sénat de l'acte d'accusation de l'ex-président pour «incitation à l'insurrection».
«Je trouve ce procès stupide. Je pense que cela va être contre-productif», a tonné le sénateur républicain Marco Rubio dimanche sur Fox.
«Le pays est déjà en flammes et cela revient à verser de l'essence sur ce feu».
Sur fond d'appels au rassemblement lancé par le nouveau président démocrate Joe Biden, plusieurs ténors républicains mettaient ainsi en garde contre les «divisions» que risquerait de creuser encore un tel procès historique.
Si les langues se sont déliées et que même des fidèles, comme Marco Rubio, reconnaissent ouvertement que le milliardaire «porte une part de responsabilité» dans l'assaut meurtrier du Capitole le 6 janvier, plusieurs estiment, comme M. Rubio dimanche, que «remuer tout cela» risquerait de nuire encore plus au pays.
Des sénateurs républicains déclarent même anticonstitutionnel de juger en destitution un ex-président, et recherchent une voie pour empêcher la tenue même du procès, sur cette base.

Plongé dans un silence inédit depuis son bannissement de Twitter, installé dans sa luxueuse résidence de Mar-a-Lago, en Floride, Donald Trump continue d'exercer une influence profonde sur son parti.
Et les figures républicaines, plus rares, qui ont vivement dénoncé son rôle dans les violences tombent sous le feu des critiques de la base républicaine.
Mais pas question pour elles d'en démordre, à l'image du sénateur Mitt Romney qui a défendu la tenue d'un procès en destitution dimanche.
«Si nous souhaitons que ce pays se rassemble, il est important de reconnaître que la, la vérité et la justice sont nécessaires», a déclaré le conservateur sur Fox, en autorisant la responsabilité d'entendre qu'il pourrait juger coupable le magnat de l'immobilier, accusé d'avoir incité ses partisans «à l'insurrection» lors des violences du 6 janvier, qui ont fait cinq morts.
Cet ex-candidat à la présidentielle fut le seul sénateur républicain à condamné Donald Trump lors de son premier procès en destitution, en février 2020 dans l'affaire ukrainienne. Le président avait alors été acquitté par un Sénat à majorité républicaine.
Depuis mercredi, les démocrates ont pris le contrôle de la chambre haute mais leur majorité est extrêmement fragile: ils occupent 50 sièges, contre 50 sièges pour les républicains.
En cas d'égalité parfaite dans un vote, la nouvelle vice-présidente Kamala Harris a le pouvoir d'ajouter sa voix pour faire pencher la balance du côté démocrate.

Procès le 9 février
Pourtant ils ont besoin de deux tiers du Sénat pour condamner Donald Trump, soit 17 voix républicaines si l'ensemble des démocrates votent pour. Un nombre qui semble aujourd'hui difficile à atteindre, même si leur puissant chef, Mitch McConnell, a indiqué qu'il n'excluait pas d'électeur pour sa condamnation.
Avec sa mise en accusation pour «incitation à l'insurrection» votée à la Chambre des représentants le 13 janvier, le républicain est devenu le premier président des États-Unis à tomber deux fois sous le coup d'un «impeachment».
Lundi, l'acte d'accusation de la Chambre sera transmis au Sénat à 19H00 (00H00 mardi), marquant l'ouverture formelle du procès. Mais il ne démarrera en plein que deux semaines plus tard, le 9 février.
«Je m'attends à ce que cela aille plus vite» que le premier, qui avait duré 21 jours, a indiqué dimanche l'élue démocrate Madeleine Dean, l'un des procureurs de la Chambre.
S'il s'est bien gardé de peser dans les débats sur le bien-fondé de cette procédure, ce délai soulage certainement Joe Biden, qui pourra voir plus de membres de son cabinet confirmé par le Sénat d'ici là. Et espère faire adopter rapidement des mesures phares au Congrès, avant que la chambre haute ne soit monopolisée par le procès.
Mais sa pièce maîtresse, un plan titanesque de relance de l'économie et de lutte contre la pandémie, de 1 900 milliards de dollars, pourrait avoir du mal à rassembler assez de voix au Sénat à en croire les premières oppositions de républicains.
Le «montant total est assez choquant», a ainsi déclaré Mitt Romney dimanche, tout en se montrant ouvert à négocier sur certains points du plan, comme l'aide aux chômeurs ou aux États et collectivités locales.


Canada: le suspect de l'attaque à la voiture-bélier qui a fait 11 morts inculpé

Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC. (AFP)
Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC. (AFP)
Short Url
  • L'homme présenté comme un habitant de Vancouver, qui a comparu devant un tribunal avant d'être remis en garde à vue, a agi délibérément et a des antécédents de troubles mentaux, selon la police
  • "Le parquet de Colombie-Britannique a inculpé Kai-Ji Adam Lo", le suspect âgé de 30 ans, "de huit chefs de meurtre", a déclaré la police dans un communiqué, ajoutant que d'autres inculpations étaient attendues

VANCOUVER: Le suspect d'une attaque à la voiture-bélier qui a tué 11 personnes et fait des dizaines de blessés lors d'un festival de la communauté philippine de Vancouver a été inculpé de meurtre, a annoncé dimanche la police.

"Le parquet de Colombie-Britannique a inculpé Kai-Ji Adam Lo", le suspect âgé de 30 ans, "de huit chefs de meurtre", a déclaré la police dans un communiqué, ajoutant que d'autres inculpations étaient attendues.

L'homme présenté comme un habitant de Vancouver, qui a comparu devant un tribunal avant d'être remis en garde à vue, a agi délibérément et a des antécédents de troubles mentaux, selon la police.

Aucun motif n'a été confirmé pour cette attaque survenue samedi soir dans la ville de Vancouver, dans l'ouest du pays, en pleine campagne électorale alors que les Canadiens sont appelés aux urnes lundi pour des élections législatives. La police a exclu cependant la piste terroriste.

Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC.

"La nuit dernière, des familles ont perdu une sœur, un frère, une mère, un père, un fils ou une fille", a-t-il déclaré. "Ces familles vivent le cauchemar de toutes les familles.

Le suspect a "un lourd passé d'interactions, avec la police et des soignants, liées à la santé mentale", a déclaré Steve Rai, un haut responsable de la police de Vancouver, lors d'une conférence de presse dimanche.

"Même si je ne peux pas m'exprimer à ce stade sur un possible mobile, je peux désormais dire, confiant, que les éléments de ce dossier ne nous mènent pas à penser qu'il s'agit d'un acte terroriste", a-t-il ajouté.

"Il y a désormais 11 décès confirmés, et nous pensons que des dizaines d'autres sont blessés, dont certains gravement", a poursuivi Steve Rai, prévenant que le nombre de morts pourrait augmenter.

"Il s'agit du jour le plus sombre de l'histoire de Vancouver", a-t-il estimé.

Des corps "écrasés" 

Peu après 20H00 locales samedi (03h00 GMT dimanche) selon la police, "un homme au volant d'un SUV Audi noir" a foncé à travers la foule dans le quartier Sunset on Fraser de la ville de la côte pacifique où des membres de la communauté philippine s'étaient rassemblés pour célébrer la journée Lapu-Lapu, qui commémore une victoire du XVIe siècle contre les explorateurs européens.

Abigail Andiso a raconté au Vancouver Sun qu'elle a entendu de grands bruits, puis des hurlements: "Il y avait des corps. Ils ont été écrasés. Certains étaient déjà morts sur place".

Des images partagées sur les réseaux sociaux et vérifiées par l'AFP montrent un véhicule, un SUV noir dont l'avant est très endommagé, arrêté dans une rue jonchée de débris avec des camions de restauration rapide tout autour.

Sheila Nocasa était sur place peu avant l'incident. Elle a dit à l'AFP être "sous le choc", "anéantie".

Des personnes sont venues dimanche déposer des fleurs pour rendre hommage aux victimes sur le site de l'attaque.

"C'est très traumatisant", a indiqué à l'AFP Mohamad Sariman, qui travaillait dans un food truck au festival Lapu Lapu et qui dit avoir entendu une "grosse détonation".

De nombreuses communautés asiatiques, notamment chinoise, indienne et philippine, vivent dans l'ouest du Canada, pour beaucoup autour de Vancouver, troisième agglomération du pays.

Dimanche, le roi Charles III, chef d'Etat du Canada, s'est dit "profondément attristé" par cette "terrible tragédie". Le président français Emmanuel Macron a dit sa "solidarité aux Canadiens et à la communauté philippine".

De son côté, le président des Philippines Ferdinand Marcos a déclaré dans un communiqué qu'il était "complètement bouleversé d'apprendre ce terrible incident".

"J'ai peur" 

"J'étais choqué" en apprenant la nouvelle, a déclaré dimanche matin à l'AFP Julie Dunbar, une retraitée de la capitale Ottawa. Elle rappelle tristement qu'il "est arrivé la même chose à Toronto" en 2018, quand un homme avait tué 11 personnes avec un van. "J'ai peur de la société dans laquelle on vit".

Ce drame fait monter la tension à quelques heures du scrutin, lundi. La campagne électorale a été dominée par la question de la guerre économique avec les Etats-Unis de Donald Trump et ses menaces d'annexion.

Le nouveau Premier ministre Mark Carney, qui se présente comme un rempart face au président américain, est donné favori par les sondages. Il a modifié le programme de son dernier jour de campagne en raison de l'attaque à Vancouver.


La Chine contredit Trump et dément tout appel récent avec Xi Jinping

Donald Trump a imposé des droits de douane de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain. Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes douanières de 125% sur les produits américains. (AFP)
Donald Trump a imposé des droits de douane de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain. Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes douanières de 125% sur les produits américains. (AFP)
Short Url
  • Dans un entretien publié vendredi par Time Magazine, le président américain a dit avoir parlé au téléphone avec Xi Jinping, sans toutefois préciser à quelle date, ni le contenu de la conversation
  • Donald Trump avait également affirmé au Time Magazine que des discussions étaient en cours avec la Chine pour tenter de parvenir à un accord, et laissé entendre que le processus pourrait aboutir dans les prochaines semaines

PEKIN: La Chine a assuré lundi qu'aucun appel téléphonique n'avait eu lieu dernièrement entre le président Xi Jinping et son homologue américain, contredisant les affirmations de Donald Trump qui dit avoir parlé avec le dirigeant chinois.

Les deux premières puissances économiques mondiales sont engagées dans une guerre commerciale, déclenchée par le locataire de la Maison Blanche.

Donald Trump a imposé des droits de douane de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain. Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes douanières de 125% sur les produits américains.

Dans un entretien publié vendredi par Time Magazine, le président américain a dit avoir parlé au téléphone avec Xi Jinping, sans toutefois préciser à quelle date, ni le contenu de la conversation.

"À ma connaissance, les deux chefs d'État n'ont pas eu de conversation téléphonique récemment", a indiqué lundi lors d'un point de presse régulier Guo Jiakun, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

Donald Trump avait également affirmé au Time Magazine que des discussions étaient en cours avec la Chine pour tenter de parvenir à un accord, et laissé entendre que le processus pourrait aboutir dans les prochaines semaines.

"Je tiens à rappeler que la Chine et les États-Unis n'ont pas engagé de consultations ni de négociations concernant les droits de douane", lui a répondu lundi Guo Jiakun.

 


Trump demande la gratuité des canaux de Panama et de Suez pour les navires américains

Cette photo diffusée par l'autorité du canal de Panama le 30 août 2024, montre le porte-conteneurs MSC Marie, de 366 mètres de long et 51 mètres de large, transitant dans le canal de Panama à Panama. (AFP)
Cette photo diffusée par l'autorité du canal de Panama le 30 août 2024, montre le porte-conteneurs MSC Marie, de 366 mètres de long et 51 mètres de large, transitant dans le canal de Panama à Panama. (AFP)
Short Url
  • Après avoir répété, depuis des mois, sa volonté de prendre le contrôle du canal de Panama, le président américain vise désormais le canal de Suez, un autre axe de transport stratégique pour le commerce mondial.
  • « J'ai demandé au secrétaire d'État Marco Rubio de se saisir » de ce dossier, a-t-il ajouté. 

WASHINGTON : Donald Trump a demandé samedi que le passage des navires américains soit rendu gratuit sur les canaux de Panama et de Suez, et a chargé son chef de la diplomatie, Marco Rubio, de se saisir immédiatement de ce dossier.

Après avoir répété, depuis des mois, sa volonté de prendre le contrôle du canal de Panama, le président américain vise désormais le canal de Suez, un autre axe de transport stratégique pour le commerce mondial.

« Les navires américains, à la fois militaires et commerciaux, devraient être autorisés à transiter gratuitement via les canaux de Panama et de Suez. Ces canaux n'existeraient pas sans les États-Unis d'Amérique », a écrit Donald Trump sur son réseau Truth Social.

« J'ai demandé au secrétaire d'État Marco Rubio de se saisir » de ce dossier, a-t-il ajouté. 

Avant même de prendre ses fonctions le 20 janvier, Donald Trump avait fait monter la pression sur le Panama, menaçant de « reprendre » le canal construit par les États-Unis et inauguré en 1914, et resté sous souveraineté américaine jusqu'en 1999.

Le Panama avait récupéré le canal cette année-là, en vertu d'un accord conclu en 1977 avec le président Jimmy Carter. Les États-Unis et la Chine sont les deux principaux utilisateurs de ce lien stratégique, par lequel transite 5 % du commerce maritime mondial.

Début avril, Washington a obtenu l'autorisation du Panama de déployer des militaires américains autour de cette voie d'eau stratégique.

Le canal de Suez, contrôlé par l'Égypte depuis 1956, concentrait lui environ 10 % du commerce maritime mondial, jusqu'à ce que les rebelles houthis du Yémen commencent à lancer des attaques contre des navires, disant agir en « solidarité » avec les Palestiniens de la bande de Gaza.

Les États-Unis sont intervenus, avec d'autres pays, pour tenter de sécuriser cette route maritime.

Mais le trafic a chuté, réduisant drastiquement une source essentielle de devises étrangères pour Le Caire, plongé dans la pire crise économique de son histoire.