Baptême du feu pour Chuck Schumer, le nouveau chef du Sénat américain

Chuck Schumer, le sénateur de Brooklyn, a promis aux républicains de travailler avec eux «quand et là où ce sera possible» (Photo, AFP).
Chuck Schumer, le sénateur de Brooklyn, a promis aux républicains de travailler avec eux «quand et là où ce sera possible» (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 24 janvier 2021

Baptême du feu pour Chuck Schumer, le nouveau chef du Sénat américain

  • Après le départ de Trump, Kamala Harris aura le pouvoir de départager les votes à égalité du Sénat, où siègent depuis mercredi 50 démocrates et 50 républicains
  • Quant au procès en destitution de Donald Trump, Chuck Schumer devra parvenir à convaincre 17 républicains tout en maintenant ses troupes unies s'il veut voir l'ex-président condamné

WASHINGTON: Entre le procès en destitution de Donald Trump, les négociations pour faire adopter le programme ambitieux de Joe Biden et le difficile partage du pouvoir avec les républicains du Sénat, Chuck Schumer fait face au plus gros défi de sa carrière en prenant les rênes de la nouvelle majorité démocrate.
A 70 ans, le sénateur de Brooklyn, qui aime à rappeler ses origines modestes en se décrivant comme le «fils d'un dératiseur et d'une femme au foyer», a promis aux républicains de travailler avec eux «quand et là où ce sera possible».
Il a été accueilli dans son nouveau rôle par des mots affables de son grand rival, le puissant chef des républicains au Sénat Mitch McConnell.
«Je veux féliciter mon collègue de New York», a lancé ce dernier dans l'hémicycle jeudi, en soulignant que Chuck Schumer devenait «le premier parlementaire juif du Congrès à mener l'une des deux chambres. Un moment historique».
Mais les amabilités devraient être de courte durée.
Après le départ de Donald Trump de la Maison Blanche, la nouvelle vice-présidente de Joe Biden, Kamala Harris, aura le pouvoir de départager les votes à égalité du Sénat, où siègent depuis mercredi 50 démocrates et 50 républicains.
Et alors que le nouveau président démocrate veut voir le Sénat accélérer le rythme des confirmations des membres de son cabinet et intimé le Congrès à adopter au plus vite son plan titanesque de relance économique de 1 900 milliards de dollars, Chuck Schumer et Mitch McConnell négocient encore les règles qui doivent régir la nouvelle chambre haute.

Il n'est pas question en effet pour le démocrate de régner seul avec une si courte majorité. Les deux chefs doivent notamment décider de commenter les projets de loi et les nominations pourront être approuvées dans les commissions, elles aussi divisées à égalité entre républicains et démocrates.
Quant au procès en destitution de Donald Trump, qui s'ouvrira le 8 février, Chuck Schumer devra parvenir à convaincre 17 républicains tout en maintenant ses troupes unies s'il veut voir l'ex-président condamné. Un objectif quasi impossible alors que plusieurs républicains soulignent déjà la contradiction apparente entre cette procédure infamante, et historique, et les appels au rassemblement de Joe Biden.
Le «rassemblement ne pourra arriver qu'à condition que nous parvenions à la vérité et à faire des comptes», a déclaré Chuck Schumer dans l'hémicycle.
Derrière tous ces défis, le nouveau chef de la majorité devra aussi tenter de maintenir un groupe démocratique uni, depuis le très progressiste Bernie Sanders jusqu'au plus conservateur Joe Manchin, élu de l'Etat républicain de la Virginie-Occidentale.

«Difficile»

«Cela va être une période difficile», a jugé la sénatrice Susan Collins, républicaine modérée.
«Avec un Sénat divisé à égalité, le chef de la majorité va devoir faire l'effort de construire des coalitions entre les deux partis, ou il n'est pas réputé pour cela» a-t-elle estimé vendredi. Elle fait partie des multiples sénateurs, des deux partis, qui ont prédit une époque compliquée pour M. Schumer.
«Il a peu de marge de manœuvre», reconnaît le sénateur républicain Lindsey Graham, fidèle allié de Donald Trump au Congrès qui voit venir d'intenses négociations pour parvenir à des compromis.
Les républicains ne soutiendront probablement pas l'énorme plan de relance, a-t-il jugé, «mais je pense que nous pouvons parvenir à un plan» d'aide plus réduit.
Quant au projet de Joe Biden de régulariser des millions de sans-papiers tout en réformant le système migratoire, il a très peu de chances d'être approuvé, a averti M. Graham, tout en envisageant là aussi un accord plus restreint, limité aux «Dreamers», les quelque 700 000 immigrants arrivés sans-papiers enfants aux Etats-Unis.
Et dès 2022, a-t-il mis en garde, les démocrates exigent de défendre leur très courte majorité au Sénat, mais aussi à la Chambre.
Après les divisions du mandat Trump et le fort soutien dont il a bénéficié au Congrès, Chuck Schumer pourrait-il être recherché de se venger des républicains?
«Non, non», a insisté le sénateur démocrate Robert Menendez. «Il faut profiter de cette opportunité» pour faire avancer le programme démocrate.


L'Allemagne aux urnes, sous pression de l'extrême droite et de Trump

Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
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  • Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.
  • Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

BERLIN : Alors qu'elle est déstabilisée par les crises, l'Allemagne vote dimanche pour des élections législatives où l'opposition conservatrice part largement favorite après une campagne bousculée par le retour au pouvoir de Donald Trump et l'essor de l'extrême droite.

Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.

« Nous traversons une période très incertaine », constatait Daniel Hofmann, rencontré à la sortie d'un bureau de vote à Berlin.

Selon cet urbaniste de 62 ans, qui se dit préoccupé par la « sécurité européenne » sur fond de guerre en Ukraine, le pays a besoin d'un « changement, une transformation ».

Récession économique, menace de guerre commerciale avec Washington, remise en cause du lien transatlantique et du « parapluie » américain sur lequel comptait Berlin pour assurer sa sécurité : c'est le « destin » de l'Allemagne qui est en jeu, a déclaré samedi le chef de file des conservateurs Friedrich Merz.

Ce dernier semble très bien placé pour devenir le prochain chancelier et donner un coup de barre à droite dans le pays, après l'ère du social-démocrate Olaf Scholz. D'après les derniers sondages, il recueillerait environ 30 % des intentions de vote.

Visiblement détendu, souriant et serrant de nombreuses mains, le conservateur de 69 ans a voté à Arnsberg, dans sa commune du Haut-Sauerland, à l'ouest.

Son rival social-démocrate, visage plus fermé, a lui aussi glissé son bulletin dans l'urne, à Potsdam, à l'est de Berlin.

Les électeurs ont jusqu'à 18 heures (17 heures GMT) pour voter. Les premiers sondages sortie des urnes seront publiés dans la foulée.

Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

Le parti anti-migrant et pro-russe a imposé ses thèmes de campagne, suite à plusieurs attaques et attentats meurtriers perpétrés par des étrangers sur le territoire allemand.

L'AfD a également bénéficié du soutien appuyé de l'entourage de Donald Trump pendant des semaines.

Son conseiller Elon Musk, l'homme le plus riche du monde, n'a cessé de promouvoir la tête de liste du parti allemand, Alice Weidel, sur sa plateforme X.

« AfD ! » a encore posté M. Musk dans la nuit de samedi à dimanche, accompagnant son message de drapeaux allemands.
Les élections législatives anticipées ont lieu la veille du troisième anniversaire de l'invasion russe en Ukraine, un événement particulièrement marquant en Allemagne.

Le conflit a mis fin à l'approvisionnement en gaz russe du pays, qui a accueilli plus d'un million d'Ukrainiens. La perspective d'une paix négociée « dans le dos » de Kiev et des Européens inquiète tout autant.

Interrogé sur ces élections allemandes, le président américain a répondu avec désinvolture qu'il souhaitait « bonne chance » à l'allié historique des États-Unis, qui ont leurs « propres problèmes ».

Le discours de son vice-président JD Vance à Munich, dans lequel il exhortait les partis traditionnels allemands à mettre fin à leur refus de gouverner avec l'extrême droite, a creusé un peu plus le fossé entre Washington et Berlin.

Friedrich Merz souhaite que l'Allemagne puisse « assumer un rôle de leader » en Europe.

Dans le système parlementaire allemand, il pourrait s'écouler des semaines, voire des mois, avant qu'un nouveau gouvernement ne soit constitué.

Pour former une coalition, le bloc mené par les conservateurs CDU/CSU devrait se tourner vers le parti social-démocrate (SPD), excluant ainsi toute alliance avec l'AfD, avec laquelle il a entretenu des relations tendues durant la campagne, notamment sur les questions d'immigration.

Les sondages lui attribuent 15 % des voix. Ce score serait son pire résultat depuis l'après-guerre et signerait probablement la fin de la carrière politique d'Olaf Scholz. Mais auparavant, le chancelier devra assurer la transition.

« J'espère que la formation du gouvernement sera achevée d'ici Pâques », soit le 20 avril, veut croire Friedrich Merz.

Un objectif difficile à atteindre si les deux partis qui ont dominé la politique allemande depuis 1945 sont contraints, faute de majorité de députés à eux deux, de devoir trouver un troisième partenaire.

La fragmentation au Parlement dépendra notamment des résultats de petits partis et de leur capacité ou non à franchir le seuil minimum de 5 % des suffrages pour entrer au Bundestag.


Sécurité européenne, Ukraine : réunion des ministres européens de la Défense lundi

Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
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  • Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien
  • Cette réunion des ministres de la Défense s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

PARIS : Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien et de renforcer la sécurité du Vieux continent, a-t-on appris dimanche auprès du ministère français des Armées.

Cette réunion, qui se tiendra dans l'après-midi à l'initiative de l'Estonie et de la France, rassemblera également les ministres de la Défense de Lituanie, de Lettonie, de Norvège, de Finlande, de Suède, du Danemark, des Pays-Bas, d'Allemagne, d'Italie, de Pologne et du Royaume-Uni, selon cette source.

À cette occasion, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, se rendra à Tallinn aux côtés de son homologue estonien Hanno Pevkur, après avoir participé aux célébrations de la fête nationale estonienne.

La France déploie environ 350 militaires en Estonie dans le cadre d'un bataillon multinational de l'OTAN.

Cette réunion des ministres de la Défense, trois ans jour pour jour après l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie, s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

La semaine passée, plusieurs chefs de gouvernement européens avaient été conviés à Paris par le président Emmanuel Macron. D'après un résumé obtenu de sources parlementaires, ils se seraient accordés sur la nécessité d'un « accord de paix durable s'appuyant sur des garanties de sécurité » pour Kiev, et auraient exprimé leur « disponibilité » à « augmenter leurs investissements » dans la défense.

Plusieurs pays membres avaient en revanche exprimé des réticences quant à l'envoi de troupes européennes en Ukraine, dans l'hypothèse d'un accord mettant fin aux hostilités.


Le ministre russe des Affaires étrangères effectue une visite en Turquie lundi

Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
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  • La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.
  • Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

ISTAMBUL : Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, est attendu en Turquie lundi, jour du troisième anniversaire du déclenchement de l'invasion russe de l'Ukraine, ont annoncé dimanche des sources diplomatiques turques.

M. Lavrov doit s'entretenir à Ankara avec son homologue turc Hakan Fidan, ont indiqué ces mêmes sources, précisant que les deux hommes discuteraient notamment d'une solution au conflit ukrainien.

Dimanche, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a confirmé à l'agence Tass qu'une délégation menée par Sergueï Lavrov devait se rendre prochainement en Turquie pour y discuter d'« un large éventail de sujets ».

La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.

Mardi, en recevant son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

Toutefois, ces dernières semaines, Moscou et Washington ont entamé un dialogue direct, alors que les relations se réchauffent entre Donald Trump et Vladimir Poutine.

Mardi, Russes et Américains se sont rencontrés en Arabie saoudite pour entamer le rétablissement de leurs relations, une réunion dénoncée par Volodymyr Zelensky qui redoute un accord sur l'Ukraine à leur insu.

M. Lavrov, dont la dernière visite en Turquie remonte à octobre, doit se rendre dans la foulée en Iran, un allié de la Russie.

La Turquie, qui est parvenue à maintenir ses liens avec Moscou et Kiev, fournit des drones de combat aux Ukrainiens mais n'a pas participé aux sanctions occidentales contre la Russie.

Ankara défend parallèlement l'intégrité territoriale de l'Ukraine et réclame la restitution de la Crimée du Sud, occupée par la Russie depuis 2014, au nom de la protection de la minorité tatare turcophone de cette péninsule.