En Libye, « la Turquie rêve toujours de rétablir l’Empire ottoman » 

L’écusson de l’empire ottoman était présent lors des célébrations de la transformation de Hagia Sophia en mosquée en juillet 2020 (Photo, AFP)
L’écusson de l’empire ottoman était présent lors des célébrations de la transformation de Hagia Sophia en mosquée en juillet 2020 (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 06 août 2020

En Libye, « la Turquie rêve toujours de rétablir l’Empire ottoman » 

  • « La Turquie a établi une base en Somalie, au Qatar, puis en Libye. Erdogan rêve toujours de l’empire Ottoman »
  • L’aventurisme militaire d’Ankara divise la région, prévient le major-général Nagy Shohood, conseiller à l’Académie militaire Nasser

LE CAIRE : « L’Égypte ne sera pas entraînée dans une guerre destinée à briser l’armée égyptienne », explique à Arab News le major-général Nagy Shohood, un stratège et haut-gradé militaire basé au Caire.
Cet expert stratégique, conseiller à l’Académie militaire Nasser, accuse la Turquie d’intervenir en Libye afin de poursuivre ses rêves de restauration de l’Empire ottoman : « La Turquie cherche à établir sa présence en Libye par la création de bases navales et aériennes ; elle ne travaille pas seule, mais avec les États-Unis et la Russie. La Turquie a déjà établi une base en Somalie, au Qatar, puis en Libye. Erdogan rêve toujours de rétablir l’Empire ottoman. »
Nagy Shohood affirme que la région « sera divisée d’une façon ou d’une autre » puisque l’Europe et les États-Unis ont approuvé des plans annoncés par l’ancienne secrétaire d’État américaine Condoleezza Rice dès 2005.
« La Turquie permet de mettre en œuvre ce plan, tant en Syrie qu’en Irak. Elle opère dans une région qui fait l’objet de sabotages, et la Syrie a été divisée par l’idéologie et le tribalisme en particulier à cause de la Turquie, qui n’est pas venue pour combattre en Libye mais pour se coordoner et se mettre d’accord avec d’autres parties », précise t-il. 
Le haut-gradé estime cependant qu’il est improbable que la Turquie intervienne militairement en Libye car il est difficile de combattre si loin de son propre territoire. « Ils parviennent à obtenir ce qu’ils veulent grâce à des proxys qui utilisent l’expertise et les capacités turques. Les Libyens vont s’opposer à cet nouvel équilibre des forces que Turque installe. C’est à deux de décider s’ils veulent être à nouveau des esclaves de l’Empire ottoman. »
L’ingérence de la Turquie dans le différend libyen a commencé avec la décision du Parlement turc, le 2 janvier, d’autoriser le déploiement de l’armée turque sur le territoire libyen. Ankara a commencé à interférer en utilisant des éléments du renseignement pour apporter son aide et sa force au Gouvernement d'accord national (GAN), dirigé par Fayez al-Sarraj, face à l'Armée nationale libyenne (ANL), conduite par le maréchal Khalifa Haftar. L’intervention turque a ensuite bouleversé l’équilibre géopolitique, en aidant le gouvernement Al-Wefaq à repousser l'armée conduite par le maréchal Haftar jusqu’à Syrte.
Selon Shohood, l’Égypte ne sera pas forcée de prendre une décision d’intervention en Libye qui n’est pas dans l’intérêt de son peuple et des forces armées égyptiennes. « L’Égypte ne sera entraînée dans une guerre au Sud ou à l’Ouest qu’après avoir étudié la situation en profondeur. S’il y a une guerre, elle doit être dans l'intérêt des citoyens égyptiens », assure le major-général. 

Prudence et anticipation
L’expert considère que « la prudence et l’anticipation » sont nécessaires pour faire face à la situation en Libye. « L’armée égyptienne doit attaquer en premier et ne pas attendre pour réagir, afin d’éviter un affrontement dans la région. Certains espèrent un affrontement militaire entre l’Égypte et la Turquie, souligne t-il. Les objectifs expansionnistes de la Turquie ont pris une tournure inquiétante, ils vont au-delà de projets culturels et économiques, et s’étendent à l’arène militaire, avec la réapparition de troupes turques un peu partout dans le monde arabe, un peu plus de 100 ans après la fin de l’Empire ottoman. »
La Turquie ne fait que poursuivre en Libye une politique qu’elle a déjà engagé ailleurs. Elle dispose de la  base militaire Al-Rayya, récemment ouverte au Qatar,  qui représente la première présence militaire turque dans la région du Golfe depuis la fin de la présence ottomane. En 2016, de l’autre côté de la péninsule Arabique, la Turquie a ouvert sur la côte somalienne une base militaire surplombant le golfe stratégique d’Aden, pour un coût d’environ 50 millions de dollars. Ce dernier constitue l’une des principales voies d’exportation maritime du pétrole mondial. La construction de cette base coïncidait avec une escalade des hostilités entre la Turquie et l’Égypte. Le golfe d’Aden et le détroit de Bab Al-Mandab constituant un accès stratégique vers le canal de Suez égyptien, la présence de la Turquie pourrait à l’avenir mettre la pression sur l’Égypte.
En outre, la présence turque dans la Corne de l’Afrique représente le début possible d’une éventuelle expansion plus large sur un continent qui possède des marchés prometteurs et des investissements abondants.
L’activité militaire turque a enfin atteint le nord du monde arabe depuis l’établissement du camp de Bashiqa, situé dans la région du Kurdistan, au nord de l’Irak. La construction de la première base militaire en Syrie – au-dessus de la montagne Cheikh Barakat, près d’Alep – a été par ailleurs achevée en novembre.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com.


Des discussions « constructives » ont eu lieu entre Beyrouth et une émissaire américaine

L'envoyé spécial adjoint des Etats-Unis pour le Moyen-Orient, Morgan Ortagus (G), rencontre le président du Parlement libanais, Nabih Berri, à Beyrouth, le 5 avril 2025. (Photo par AFP)
L'envoyé spécial adjoint des Etats-Unis pour le Moyen-Orient, Morgan Ortagus (G), rencontre le président du Parlement libanais, Nabih Berri, à Beyrouth, le 5 avril 2025. (Photo par AFP)
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  • le président Joseph Aoun et Morgan Ortagus ont abordé la situation dans le sud du Liban, les travaux du comité international de suivi et le retrait israélien « dans un climat constructif ».
  • Selon les termes de l'accord, le Hezbollah devait repositionner ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 kilomètres de la frontière israélienne, et démanteler ses infrastructures militaires restantes dans le sud du pays.

BEYROUTH : Des responsables libanais ont fait état samedi d'un climat « positif » lors de leurs entretiens avec l'émissaire américaine adjointe pour le Moyen-Orient, en visite au Liban, sur fond de trêve fragile entre Israël et le Hezbollah.

Selon la présidence, le président Joseph Aoun et Morgan Ortagus ont abordé la situation dans le sud du Liban, les travaux du comité international de suivi et le retrait israélien « dans un climat constructif ».

Le bureau du Premier ministre, Nawaf Salam, a lui aussi salué une atmosphère « positive » lors d'un échange centré sur le sud du pays, les « dispositions sécuritaires liées à la cessation des hostilités » et le retrait des troupes israéliennes.

Il s'agit de la deuxième visite de Mme Ortagus au Liban depuis sa nomination par le président Donald Trump, alors que l'État hébreu poursuit ses frappes malgré un cessez-le-feu conclu le 27 novembre avec le Hezbollah et qu'il maintient des troupes en plusieurs points du sud du pays. 

Les États-Unis président un comité de suivi du cessez-le-feu, auquel participe la France. Cet accord a mis fin à plus d'un an d'hostilités, dont deux mois de guerre ouverte entre Israël et le Hezbollah.

Selon les termes de l'accord, le Hezbollah devait repositionner ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 kilomètres de la frontière israélienne, et démanteler ses infrastructures militaires restantes dans le sud du pays.

Israël devait pour sa part achever son retrait du Liban d'ici le 18 février, mais l'armée israélienne maintient actuellement des positions dans cinq secteurs « stratégiques ».

L'armée libanaise poursuit pour sa part son déploiement dans les zones évacuées.

Mme Ortagus et M. Salam ont évoqué le rôle de l'armée libanaise dans la mise en œuvre de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l'ONU, qui avait mis fin à la guerre de 2006 entre Israël et le Hezbollah et sert de base au cessez-le-feu actuel. 

Le texte précise que seules les forces libanaises et les Casques bleus doivent être présentes dans le sud du pays et appelle au désarmement des groupes armés non étatiques.

Le président Aoun et Mme Ortagus ont également évoqué les réformes économiques et la lutte contre la corruption, au lendemain de l'entrée en fonctions du nouveau gouverneur de la Banque centrale, Karim Souaid. Celui-ci s'est engagé à mettre en œuvre les réformes exigées par les créanciers internationaux pour débloquer une aide financière, alors que le pays est en proie à une grave crise économique.

Avec le Premier ministre, l'émissaire américaine a discuté de la nécessité de parvenir à un accord avec le Fonds monétaire international (FMI).

Elle a également rencontré le président du Parlement, Nabih Berri, un allié du Hezbollah, ainsi que le chef de l'armée libanaise.

Lors de sa première visite en février, elle avait suscité la colère des partisans du Hezbollah en déclarant que « le règne de terreur » du mouvement pro-iranien, fortement affaibli par le conflit, était terminé. 


Le Croissant-Rouge affirme que la vidéo montre les dernières minutes des secouristes tués à Gaza

Cette image provient d'une vidéo récupérée sur le téléphone portable d'un travailleur humanitaire tué à Gaza aux côtés d'autres sauveteurs et publiée par le Croissant-Rouge palestinien (PRCS) le 5 avril 2025. (Photo du Croissant-Rouge palestinien / AFP)
Cette image provient d'une vidéo récupérée sur le téléphone portable d'un travailleur humanitaire tué à Gaza aux côtés d'autres sauveteurs et publiée par le Croissant-Rouge palestinien (PRCS) le 5 avril 2025. (Photo du Croissant-Rouge palestinien / AFP)
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  • Le 23 mars, 15 secouristes et membres du personnel humanitaire ont été tués par des tirs israéliens à Rafah.
  • Le Croissant-Rouge a indiqué avoir retrouvé la vidéo sur le téléphone de Rifaat Radwan, l'un des secouristes tués.

GAZA, TERRITOIRES PALESTINIENS : Une vidéo récupérée sur le téléphone portable d'un secouriste tué avec d'autres membres du personnel médical en mars à Gaza montre clairement reconnaissables leurs ambulances gyrophares allumés, avec le bruit de tirs nourris, selon le Croissant-Rouge palestinien.

Le 23 mars, 15 secouristes et membres du personnel humanitaire ont été tués par des tirs israéliens à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, où une guerre oppose Israël au mouvement islamiste palestinien Hamas depuis près de 18 mois, selon le Croissant-Rouge et l'ONU.

Il s'agit de huit membres du Croissant-Rouge palestinien, de six membres de l'agence de défense civile de Gaza et d'un membre de l'Unrwa (l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens). Leurs corps ont été retrouvés enterrés sous le sable près de Rafah, quelques jours plus tard.

L'armée israélienne a indiqué jeudi enquêter sur « l'incident », tout en affirmant que ses soldats avaient tiré sur des « terroristes » et des « véhicules suspects » qui avançaient vers eux, sans en avoir préalablement informé les autorités israéliennes.

Cependant, sur la vidéo de six minutes et 42 secondes, publiée samedi par le Croissant-Rouge palestinien, on voit des ambulances circuler, phares et gyrophares allumés.

La vidéo, apparemment filmée depuis l'intérieur d'un véhicule en mouvement, montre un camion de pompiers rouge et des ambulances circulant dans l'obscurité. 

Le Croissant-Rouge a indiqué avoir retrouvé la vidéo sur le téléphone de Rifaat Radwan, l'un des secouristes tués.

« Cette vidéo réfute catégoriquement les affirmations de l'occupant selon lesquelles les forces israéliennes n'auraient pas ciblé les ambulances au hasard et que certains véhicules se seraient approchés de manière suspecte, sans gyrophares ni signes d'identification », a déclaré le Croissant-Rouge palestinien dans un communiqué samedi.

« Ces images exposent la vérité et détruisent ce faux récit », a-t-il indiqué.

Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), la première équipe a été tuée par les forces israéliennes le 23 mars, et d'autres équipes d'urgence et d'aide ont été frappées l'une après l'autre pendant plusieurs heures alors qu'elles cherchaient leurs collègues disparus.

Le convoi avait été dépêché en réponse à des appels de civils pris au piège des bombardements à Rafah, avait indiqué le Croissant-Rouge. 

Dans la vidéo, l'ambulancier, en train de filmer, récite la déclaration de foi, la « shahada », traditionnellement prononcée par les musulmans avant la mort, tandis que le bruit des tirs nourris continue sans cesse.

« Il n'y a de Dieu que Dieu, et Mohammed est son messager », répète-t-il sans cesse, la voix tremblante de peur. « Pardonnez-nous les gars, pardonnez-moi maman, car j'ai choisi cette voie, celle d'aider les gens. »

Il répète ensuite : « Dieu, acceptez mon martyre et pardonnez-moi. » Juste avant la fin de la vidéo, alors que les tirs continuent, il dit : « Les juifs arrivent, les juifs arrivent », en référence aux soldats israéliens.

La mort des travailleurs humanitaires a suscité un tollé international.

Jonathan Whittall, directeur de l'Ocha dans les territoires palestiniens, a déclaré que les victimes étaient « en uniforme, portant encore des gants » lorsqu'elles ont été retrouvées. L'Ocha a parlé de « fosse commune ».

Un responsable militaire israélien a déclaré à l'AFP qu'ils avaient été « recouverts de sable et de draps de façon à éviter leur détérioration » avant d'être récupérés.

« Je suis horrifié par les meurtres de 15 personnels de santé et travailleurs humanitaires, qui soulèvent de nouvelles inquiétudes quant à la commission de crimes de guerre par l'armée israélienne », a déclaré jeudi le haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Volker Türk, devant le Conseil de sécurité.


Selon le réalisateur oscarisé de "No Other Land", il ne suffit pas que les spectateurs se sentent "tristes".

Basel Adra, qui a été invité à New York par le Comité des droits inaliénables du peuple palestinien, continue d'appeler la communauté internationale à faire pression sur Israël pour qu'il mette fin à l'occupation du territoire palestinien. (Capture d'écran/UNTV)
Basel Adra, qui a été invité à New York par le Comité des droits inaliénables du peuple palestinien, continue d'appeler la communauté internationale à faire pression sur Israël pour qu'il mette fin à l'occupation du territoire palestinien. (Capture d'écran/UNTV)
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  • Les gens doivent utiliser leur voix pour influencer leurs gouvernements et pour tenir Israël pour responsable de la violation du droit international", a déclaré le cinéaste palestinien Basel Adra à Arab News.
  • Adra, qui s'est adressé aux Nations unies à New York cette semaine, estime que la reconnaissance par les Oscars a été un moment de fierté, mais qu'elle n'a pas entraîné de changements tangibles pour les Palestiniens.

NEW YORK : Basel Adra, le co-réalisateur palestinien du film documentaire "No Other Land", récompensé par un Oscar, a attiré l'attention du monde entier pour sa description convaincante des difficultés rencontrées par les Palestiniens en Cisjordanie, en particulier dans sa région natale de Masafer Yatta.

Le film relate les violences et les déplacements forcés dont sont victimes les Palestiniens de la part des forces israéliennes et des colons dans une région désignée comme zone militaire restreinte par Israël depuis les années 1980.

Malgré toutes les récompenses obtenues par le film au cours de l'année écoulée, y compris l'Oscar du meilleur documentaire aux Academy Awards le mois dernier, le message d'Adra reste un message d'urgence et de résistance.

Le cinéaste s'est entretenu avec Arab News à New York sur les souffrances persistantes du peuple palestinien et a souligné le fait que la situation s'est aggravée malgré la reconnaissance internationale de son travail. ***

Le film « No Other Land », qui traite de certains aspects du conflit entre Israël et la Palestine, a remporté un Oscar ce mois-ci. (AFP)
Le film « No Other Land », qui traite de certains aspects du conflit entre Israël et la Palestine, a remporté un Oscar ce mois-ci. (AFP)

"No Other Land" a suscité des réactions émotionnelles intenses de la part des spectateurs du monde entier, mais Adra estime que le film ne doit pas se contenter d'évoquer des sentiments de tristesse, mais qu'il doit inspirer l'action.

"Les spectateurs se sentent émotionnellement liés aux habitants de Masafer Yatta, à la terre et à la cause", a-t-il déclaré. "Mais il ne suffit pas de ressentir de la tristesse pour eux. Les gens doivent utiliser leur voix pour influencer leur gouvernement et demander des comptes à Israël pour avoir violé le droit international.

M. Adra, qui a été invité à New York par le Comité des droits inaliénables du peuple palestinien, continue d'appeler la communauté internationale à exercer une pression sur Israël pour qu'il mette fin à l'occupation du territoire palestinien.

Au cours de son discours, qui a suivi la projection de son film, longuement ovationné par une salle comble, Adra a lancé un appel passionné : "Je voulais que le monde sache que nous vivons sur cette terre, que nous existons, et qu'il voie ce à quoi nous sommes confrontés quotidiennement - cette occupation brutale.

Son film révèle la dure réalité des Palestiniens confrontés à des expulsions violentes, à la démolition de leurs maisons et aux attaques des colons israéliens, le tout sous la protection de l'armée israélienne.

Après une longue bataille juridique sur l'expulsion des habitants de huit villages de Masafer Yatta, la Cour suprême israélienne a tranché en 2022 en faveur de l'armée israélienne et a autorisé la poursuite des expulsions.

Adra a déclaré que la reconnaissance du film par les Oscars, bien qu'étant un moment de fierté, n'a pas entraîné de changements tangibles sur le terrain pour les Palestiniens.

"Même après avoir remporté l'Oscar, nous sommes revenus à la même réalité", a-t-il déploré. En fait, la situation n'a fait qu'empirer. Alors que les attaques des colons israéliens en Cisjordanie s'intensifiaient depuis longtemps, la situation a atteint de nouveaux sommets de violence depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza.

La semaine dernière, l'un des codirecteurs d'Adra, le Palestinien Hamdan Ballal, a déclaré qu'il avait été attaqué par des colons israéliens pour avoir remporté l'Oscar et qu'il avait été arrêté par la police israélienne pour avoir "jeté des pierres", ce qui lui a valu d'être battu et victime de "brutalités".

Dans une réflexion sombre, Adra a reconnu les risques croissants pour les communautés palestiniennes de Masafer Yatta et a réitéré la nécessité urgente pour le monde d'agir.

"Il n'y a pas de temps à perdre", a-t-il déclaré. "La communauté internationale doit prendre des mesures sérieuses dès maintenant. Sinon, Israël poursuivra son agression".

Bien que largement acclamé, le documentaire a suscité des réactions mitigées, notamment en ce qui concerne la participation de Yuval Abraham, l'un des deux coréalisateurs israéliens du film (l'autre étant Rachel Szor), un personnage que certains critiques considèrent comme une forme de "normalisation" de la politique israélienne.

Adra a fermement rejeté cette suggestion et a déclaré que de telles critiques le rendaient "très triste", ajoutant : "La dernière chose que je souhaite est de normaliser l'occupation. Tout ce que je fais avec Yuval est de l'activisme, pour changer la situation et mettre fin à l'occupation.

Malgré les difficultés, Adra affirme que le lien qui l'unit à son coréalisateur reste fort.

"Aujourd'hui, nous sommes des alliés et des militants. Nous continuerons à nous battre", a-t-il ajouté, affirmant leur mission commune de mettre fin à l'occupation et au système d'apartheid qu'Israël applique dans les territoires palestiniens.

Pour ce qui est de l'avenir, Adra a déclaré que son travail continue d'être motivé par l'espoir d'un avenir meilleur pour son peuple. Il prévoit de retourner bientôt en Palestine et son message au peuple palestinien reste le même : "Il faut rester fort, ne pas abandonner et s'accrocher. Nous devons rester en vie.

Malgré les éloges de la critique, la reconnaissance des Oscars et d'autres prix qu'il a reçus, "No Other Land" a eu du mal à être distribué à grande échelle, en particulier aux États-Unis.

Dans un monde où le coût de l'inaction est élevé, Adra a déclaré qu'il continuerait à travailler sans relâche pour la justice afin d'obliger le public et les gouvernements du monde entier à réfléchir à leur rôle dans le conflit en cours et à assumer la responsabilité des vies qui sont affectées.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com