Marne: un duo de jeunes aux assises pour l'assassinat d'un camarade lycéen

Cette photo d'archive prise le 7 juin 2018 montre le parc du bois des Sœurs, à Mourmelon-le-Grand, dans le nord de la France, où un Français de 17 ans Kevin Chavatte a été poignardé à mort le 2 juin (Photo, AFP)
Cette photo d'archive prise le 7 juin 2018 montre le parc du bois des Sœurs, à Mourmelon-le-Grand, dans le nord de la France, où un Français de 17 ans Kevin Chavatte a été poignardé à mort le 2 juin (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 24 janvier 2021

Marne: un duo de jeunes aux assises pour l'assassinat d'un camarade lycéen

  • Les accusés, 17 ans au moment des faits, encourent jusqu'à trente ans de réclusion criminelle si l'excuse de minorité n'est pas retenue, vingt ans si elle l'est
  • Selon lui, O. lui avait dit que Kevin l'avait agressée sexuellement et la harcelait via les réseaux sociaux. Il fallait se venger

REIMS: Un duo machiavélique avec un bras armé et une tête criminelle? Le procès de deux jeunes, poursuivis pour l'assassinat d'un camarade lycéen en juin 2018 à Mourmelon-le-Grand (Marne) s'ouvre mardi à huis-clos devant la Cour d'assises des mineurs de Reims. 

Les accusés, 17 ans au moment des faits, encourent jusqu'à trente ans de réclusion criminelle si l'excuse de minorité n'est pas retenue, vingt ans si elle l'est. 

« L'ambivalence de la relation du duo meurtrier est sans doute un des sujets essentiels du dossier » avait expliqué le procureur de la République de Reims, Matthieu Bourrette, suite à l'interpellation des deux adolescents, deux jours après le drame.  

Une question devrait dominer les débats: O., alors lycéenne, est-elle l'inspiratrice du meurtre sauvage de son ex-petit ami Kevin, 17 ans lui aussi, tué avec rage d'une trentaine de coups de couteau par A., un flirt de l'époque?  

Témoin direct de l'homicide, O. a toujours contesté avoir commandité et co-organisé la mort de Kevin avec qui elle entretenait depuis quelques années des relations amoureuses compliquées faites de ruptures et de réconciliations. 

Piège mortel 

Pourtant, A. l'implique sans ambiguïté et avec la même constance depuis son placement en garde à vue le 4 juin 2018. 

Le lycéen, passionné d'armes et de reconstitutions d'épisodes guerriers militaires, fou amoureux d'O. selon son entourage, avait admis très rapidement devant les enquêteurs être l'auteur des coups mortels sur Kevin avec un couteau américain des années 1940, un cadeau de sa famille. 

Il expliquait avoir organisé ce projet criminel avec la complicité active d'O. dès le mois de mai 2018. 

Selon lui, O. lui avait dit que Kevin l'avait agressée sexuellement et la harcelait via les réseaux sociaux. Il fallait se venger. 

Corroborée par l'analyse des nombreux échanges téléphoniques et de SMS entre A. et O. comme par l'étude de leurs recherches internet, sa version d'un piège préparé avec soin n'a jamais varié. 

Les déclarations d'O. n'ont en revanche cessé de changer. Il est cependant établi qu'elle a bien donné rendez-vous à la victime dans le parc du Bois des Sœurs, où il a été tué le 2 juin 2018, alors que les deux anciens amoureux ne se voyaient plus depuis trois mois. 

Fausse piste 

En outre, l'enquête a confirmé qu'O. et A. se sont bien rencontrés une heure avant le meurtre, à la médiathèque de Mourmelon-le-Grand, pour parfaire les derniers détails du guet-apens tendu à la victime, et le scénario d'un faux portrait-robot.  

La lycéenne a ainsi admis être à l'origine de l'idée d'envoyer les gendarmes sur une fausse piste en leur décrivant l'agresseur de Kevin comme un homme de type basané qu'elle ne connaissait pas. 

Ce descriptif avait d'ailleurs déclenché un torrent de commentaires racistes sur internet. « Je refuse de m'habituer à cette barbarie qui tue la jeunesse de France » avait écrit Marine Le Pen dans un tweet rapidement supprimé. 

Présentée par de nombreuses camarades de classe comme « menteuse » et « manipulatrice », O. n'a pas convaincu la juge d'instruction de son innocence proclamée. Elle est poursuivie pour assassinat au même titre que l'auteur des coups mortels. 

« J'ai commis un fait d'une gravité hors norme (...). Les faits méritent d'être punis alors je renonce à avoir la liberté » avait écrit celui-ci en juin 2019 pour expliquer à la juge d'instruction qu'il renonçait à bénéficier d'un vice de procédure pour retrouver provisoirement la liberté. 

O., se présentera quant à elle libre devant la cour.  

Les avocats des parties n'ont pas souhaité communiquer avant cette audience, dont le verdict est attendu le 29 janvier. 


« Attentat terroriste » en France : un mort, le ministre de l'Intérieur blâme l'Algérie sur l'immigration

La police scientifique française travaille sur le site d'une attaque au couteau où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux policiers à Mulhouse, dans l'est de la France, le 22 février 2025. (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
La police scientifique française travaille sur le site d'une attaque au couteau où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux policiers à Mulhouse, dans l'est de la France, le 22 février 2025. (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • dans l'est de la France, un homme de 37 ans, fiché pour risque de « terrorisme », a tué une personne et blessé au moins trois policiers à l'arme blanche.
  • Selon le président Emmanuel Macron, il s'agit d'un « acte de terrorisme », tandis que le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a mis en cause la non-coopération de l'Algérie sur l'immigration.

MULHOUSE, FRANCE : Samedi, dans l'est de la France, un homme de 37 ans, fiché pour risque de « terrorisme », a tué une personne et blessé au moins trois policiers à l'arme blanche. Selon le président Emmanuel Macron, il s'agit d'un « acte de terrorisme », tandis que le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a mis en cause la non-coopération de l'Algérie sur l'immigration.

Selon des témoignages concordants obtenus par l'AFP, l'assaillant a crié « Allah u Akbar » (« Dieu est le plus grand » en arabe) à plusieurs reprises samedi, lors de l'attaque menée dans la ville de Mulhouse, ainsi que lors de son interpellation par les forces de l'ordre.

Selon le parquet de Mulhouse, l'assaillant a agressé les victimes avec un couteau, blessant notamment un Portugais de 69 ans qui est décédé.

Deux policiers municipaux ont été grièvement blessés, l'un à la carotide et l'autre au thorax, a affirmé à l'AFP le procureur de Mulhouse Nicolas Heitz. Si le second a pu sortir de l'hôpital, le premier doit être transféré dimanche au centre hospitalier de Colmar, à environ 40 kilomètres de Mulhouse. Trois autres policiers municipaux auraient été plus légèrement atteints, a précisé le procureur.

En déplacement au Salon de l'agriculture à Paris, Emmanuel Macron a dénoncé un « acte de terrorisme islamiste » qui ne fait pas de doute.

Nicolas Heitz a déclaré que le suspect était inscrit au fichier de traitement des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste.

Interrogé sur la chaîne TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et accusé l'Algérie de l'avoir refusé à dix reprises.

« Une fois de plus, c'est le terrorisme islamiste qui a frappé. Et, une fois de plus, j'ajoute que ce sont les désordres migratoires qui sont aussi à l'origine de cet acte terroriste », a-t-il lancé.

Devant l'hôtel de police de Mulhouse, où il a rendu hommage au sang-froid des policiers, M. Retailleau a précisé que le suspect présentait également « un profil schizophrène » et que son acte présentait « une dimension psychiatrique ».

Selon des sources syndicales, le suspect était placé sous contrôle judiciaire avec assignation à résidence.

Les faits se sont déroulés à 15 h 40 (14 h 40 GMT), près d'un marché très animé du quartier populaire.

L'homme a d'abord blessé grièvement des agents de stationnement, puis un sexagénaire portugais, mortellement atteint d'un coup de couteau.

« Nous ne savons pas s'il s'est trouvé par hasard sur son chemin ou s'il a fait un acte de bravoure en s'interposant », a indiqué le ministre.

L'assaillant a ensuite été poursuivi par des policiers municipaux qui sont parvenus à le maîtriser sans faire usage d'armes à feu.

À la nuit tombée, plusieurs membres de la police scientifique s'affairaient encore à la lueur d'un projecteur sur la dalle située à l'extérieur du marché couvert. Le périmètre était gardé par des militaires.

« Le fanatisme a encore frappé et nous sommes en deuil », a réagi le Premier ministre centriste François Bayrou, qui a adressé ses « félicitations aux forces de l'ordre pour leur intervention rapide ».

« L'horreur vient de saisir notre ville », a déploré la maire de Mulhouse, Michèle Lutz, sur Facebook.

En janvier, un homme de 32 ans avait blessé une personne au couteau dans un supermarché d'Apt, dans le sud de la France, en criant « Allah Akbar ». Il a été inculpé et écroué pour tentative d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste.

Fin janvier, le procureur antiterroriste, Olivier Christen, avait souligné que « l'absence d'actes terroristes mortels en France en 2024 ne reflète pas une diminution du risque terroriste », rappelant que neuf attentats ont été déjoués l'an dernier sur le territoire français.


Plusieurs centaines de personnes ont manifesté lors d'un rassemblement antifasciste à Paris

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  • Plusieurs centaines de personnes étaient rassemblées samedi après-midi à Paris contre le fascisme, après l'agression d'un homme à l'arme blanche devant une association culturelle turque la semaine passée.
  • « Nous sommes là car nous avons été attaqués. Nous sommes là pour montrer que Paris n'est pas à eux. Nous continuerons la lutte antifasciste et révolutionnaire », a lancé au micro un leader de Young Struggle.

PARIS : Plusieurs centaines de personnes étaient rassemblées samedi après-midi à Paris contre le fascisme, après l'agression d'un homme à l'arme blanche devant une association culturelle turque la semaine passée, pour laquelle six membres de l'ultradroite ont été inculpés, a constaté un journaliste de l'AFP.

« Paris, Paris, Antifa ! », « Pas de quartier pour les fachos, pas de fachos dans nos quartiers », « Nous sommes tous antifascistes », ont scandé les manifestants réunis place de la République. Un drapeau rouge « No pasaran » a été accroché sur un flanc de la statue, au centre de la place emblématique.

Ce rassemblement se tient six jours après l'agression à l'arme blanche d'un homme membre du collectif Young Struggle, qui se présente comme une « organisation de jeunesse socialiste » et adhérent au syndicat CGT. Il avait dû être hospitalisé quelques heures.

Dimanche dernier, « une vingtaine de personnes » appartenant à la mouvance d'ultradroite, « cagoulées et munies de tessons de bouteille » selon la préfecture de police, avaient pénétré dans la cour d'un immeuble où se situe une association culturelle de travailleurs immigrés de Turquie et agressé une personne avant de prendre la fuite.

Six jeunes hommes ont été inculpés pour violences volontaires aggravées. L'un d'eux, qui avait du sang sur ses vêtements et qui a reconnu sa participation, a été incarcéré.

« Nous sommes là car nous avons été attaqués. Nous sommes là pour montrer que Paris n'est pas à eux. Nous continuerons la lutte antifasciste et révolutionnaire », a lancé au micro un leader de Young Struggle, avant de faire siffler le nom de Bruno Retailleau, ministre français de l'Intérieur et connu pour ses positions très conservatrices.

« Partout, l'extrême droite se répand, encouragée par les saluts nazis de Elon Musk et Steve Bannon », a déclaré à sa suite Mathilde Panot, cheffe des députés du parti de gauche radicale LFI (La France Insoumise).

Steve Bannon, ancien conseiller de Donald Trump, a récemment été sous le feu des projecteurs pour un geste qualifié de salut nazi lors de la convention CPAC, la grand-messe des conservateurs américains près de Washington.

Il a brièvement tendu sa main en l'air après avoir déclaré devant les supporters de Donald Trump : « Nous n'allons pas reculer, nous n'allons pas capituler, nous n'allons pas abandonner. Luttez, luttez, luttez ! »

En janvier, le milliardaire Elon Musk, conseiller de Donald Trump, avait lui-même été épinglé pour un geste ambigu analogue.


Macron dira à Trump qu'entre alliés on ne peut pas "faire souffrir l'autre" avec des droits de douane

Le président français Emmanuel Macron (C) et la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard (D) écoutent des artisans du cuir lors de la journée d'ouverture et de l'inauguration par le président français du 61e Salon international de l'agriculture au parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris, le 22 février 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron (C) et la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard (D) écoutent des artisans du cuir lors de la journée d'ouverture et de l'inauguration par le président français du 61e Salon international de l'agriculture au parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris, le 22 février 2025. (AFP)
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  • "Entre alliés, on ne peut pas faire souffrir l'autre avec des tarifs" douaniers, a déclaré Emmanuel Macron samedi au premier jour de l'ouverture du Salon de l'agriculture à Paris
  • Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump a annoncé la mise en place de droits de douane réciproques

PARIS: "Entre alliés, on ne peut pas faire souffrir l'autre avec des tarifs" douaniers, a déclaré Emmanuel Macron samedi au premier jour de l'ouverture du Salon de l'agriculture à Paris alors que Donald Trump menace d'imposer des droits de douane sur de multiples produits européens.

"Je vais (lui) en parler parce qu'on a besoin d'apaiser tout ça", a relevé le président français qui doit rencontrer son homologue américain lundi à Washington.

"La filière agricole et agroalimentaire (française), c'est une grande filière d'exportation, donc il faut la défendre pour la rendre encore plus compétitive", a-t-il ajouté.

Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump a annoncé la mise en place de droits de douane réciproques, c'est-à-dire que les États-Unis appliqueront le même niveau de droits de douane sur les produits en provenance d'un pays que le niveau appliqué dans ce pays aux produits américains.

Il a également annoncé le retour de droits de douane sur l'acier et l'aluminium. Et, s'il a déjà visé le Canada, le Mexique et la Chine, il a régulièrement assuré que les pays européens étaient également menacés.

En France, les viticulteurs sont particulièrement inquiets d'un retour des droits de douane américains sur le cognac et le vin, qu'ils exportent en masse vers les États-Unis, d'autant que le cognac souffre déjà d'un différend commercial entre l'UE et la Chine, son premier marché en valeur.

"Je suis déterminé sur tous les sujets pour avoir un échange" avec Donald Trump, a encore dit Emmanuel Macron. "On partagera nos accords, nos désaccords et j'espère surtout qu'on trouvera des solutions sur la question de l'Ukraine".

Le président américain est reparti à la charge vendredi contre son homologue ukrainien. Tout en estimant que Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine allaient "devoir se parler", pour "mettre fin au massacre de millions de personnes", il a jugé que la présence de l'Ukrainien n'était "pas importante" dans des négociations avec la Russie.

Il a ciblé par ailleurs Emmanuel Macron, et Keir Starmer, qui n'ont selon lui "rien fait" pour mettre un terme à la guerre. Le Premier ministre britannique est attendu jeudi à Washington.