REIMS: Un duo machiavélique avec un bras armé et une tête criminelle? Le procès de deux jeunes, poursuivis pour l'assassinat d'un camarade lycéen en juin 2018 à Mourmelon-le-Grand (Marne) s'ouvre mardi à huis-clos devant la Cour d'assises des mineurs de Reims.
Les accusés, 17 ans au moment des faits, encourent jusqu'à trente ans de réclusion criminelle si l'excuse de minorité n'est pas retenue, vingt ans si elle l'est.
« L'ambivalence de la relation du duo meurtrier est sans doute un des sujets essentiels du dossier » avait expliqué le procureur de la République de Reims, Matthieu Bourrette, suite à l'interpellation des deux adolescents, deux jours après le drame.
Une question devrait dominer les débats: O., alors lycéenne, est-elle l'inspiratrice du meurtre sauvage de son ex-petit ami Kevin, 17 ans lui aussi, tué avec rage d'une trentaine de coups de couteau par A., un flirt de l'époque?
Témoin direct de l'homicide, O. a toujours contesté avoir commandité et co-organisé la mort de Kevin avec qui elle entretenait depuis quelques années des relations amoureuses compliquées faites de ruptures et de réconciliations.
Piège mortel
Pourtant, A. l'implique sans ambiguïté et avec la même constance depuis son placement en garde à vue le 4 juin 2018.
Le lycéen, passionné d'armes et de reconstitutions d'épisodes guerriers militaires, fou amoureux d'O. selon son entourage, avait admis très rapidement devant les enquêteurs être l'auteur des coups mortels sur Kevin avec un couteau américain des années 1940, un cadeau de sa famille.
Il expliquait avoir organisé ce projet criminel avec la complicité active d'O. dès le mois de mai 2018.
Selon lui, O. lui avait dit que Kevin l'avait agressée sexuellement et la harcelait via les réseaux sociaux. Il fallait se venger.
Corroborée par l'analyse des nombreux échanges téléphoniques et de SMS entre A. et O. comme par l'étude de leurs recherches internet, sa version d'un piège préparé avec soin n'a jamais varié.
Les déclarations d'O. n'ont en revanche cessé de changer. Il est cependant établi qu'elle a bien donné rendez-vous à la victime dans le parc du Bois des Sœurs, où il a été tué le 2 juin 2018, alors que les deux anciens amoureux ne se voyaient plus depuis trois mois.
Fausse piste
En outre, l'enquête a confirmé qu'O. et A. se sont bien rencontrés une heure avant le meurtre, à la médiathèque de Mourmelon-le-Grand, pour parfaire les derniers détails du guet-apens tendu à la victime, et le scénario d'un faux portrait-robot.
La lycéenne a ainsi admis être à l'origine de l'idée d'envoyer les gendarmes sur une fausse piste en leur décrivant l'agresseur de Kevin comme un homme de type basané qu'elle ne connaissait pas.
Ce descriptif avait d'ailleurs déclenché un torrent de commentaires racistes sur internet. « Je refuse de m'habituer à cette barbarie qui tue la jeunesse de France » avait écrit Marine Le Pen dans un tweet rapidement supprimé.
Présentée par de nombreuses camarades de classe comme « menteuse » et « manipulatrice », O. n'a pas convaincu la juge d'instruction de son innocence proclamée. Elle est poursuivie pour assassinat au même titre que l'auteur des coups mortels.
« J'ai commis un fait d'une gravité hors norme (...). Les faits méritent d'être punis alors je renonce à avoir la liberté » avait écrit celui-ci en juin 2019 pour expliquer à la juge d'instruction qu'il renonçait à bénéficier d'un vice de procédure pour retrouver provisoirement la liberté.
O., se présentera quant à elle libre devant la cour.
Les avocats des parties n'ont pas souhaité communiquer avant cette audience, dont le verdict est attendu le 29 janvier.