BRUXELLES : Le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu a mis en garde les Européens vendredi contre la décision prise en décembre de sanctionner Ankara, au terme d'une mission à Bruxelles pour désamorcer les tensions avec l'UE.
«Aucun résultat ne pourra être atteint avec le langage des sanctions», a-t-il averti dans un résumé de ses entretiens publié sur son compte twitter après sa rencontre avec le président du Conseil européen Charles Michel.
Normalisation des relations
L'émissaire turc a remis aux présidents des institutions européennes une invitation du président Recep Tayyip Erdogan à se rendre en Turquie et a énoncé les demandes d'Ankara pour une normalisation des relations avec l'UE.
Mevlüt Cavusoglu a exposé la position de la Turquie et adressé ses mises en garde au chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, à la présidente de la Commission Ursula von der Leyen et à Charles Michel.
Il a également été reçu par le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, qui a encouragé Ankara à régler ses contentieux avec la Grèce.
«Le dialogue est essentiel, mais nous attendons des gestes crédibles», a insisté Mme von der Leyen.
Les Européens ont conseillé à la Turquie de «s'abstenir de toute activité susceptible d'alimenter les tensions» et ont rappelé aux dirigeants turcs qu'ils prendront leur décision lors d'un sommet européen en mars sur la base d'une évaluation du comportement de la Turquie, a indiqué un fonctionnaire européen.
«Nous voulons voir si l'engagement de la Turquie est durable ou seulement temporaire», a expliqué un diplomate européen.
Les relations entre l'Union européenne et la Turquie seront discutées lundi par les ministres des Affaires étrangères de l'UE. «Il n'est pas question de passer l'éponge» sur les actions qui ont généré des tensions, a assuré à l'AFP le chef de la diplomatie du Luxembourg Jean Asselborn.
Cette position a été confirmée par plusieurs autres délégations.
Sanction des forages gaziers
Après le rejet par Ankara de la main tendue en juillet, les dirigeants européens ont décidé lors de leur sommet en décembre de sanctionner la poursuite des forages gaziers menés unilatéralement par la Turquie dans la zone économique exclusive de Chypre.
«Les travaux sur ces sanctions sont en cours», ont confirmé vendredi plusieurs sources diplomatiques.
Un accord pourrait être annoncé lundi sur plusieurs noms de personnes ou d'entreprises impliquées dans ces activités de forage, à ajouter à une liste ouverte en novembre 2019 sur laquelle figurent déjà deux dirigeants de la Turkish Petroleum Corporation (TPAO), interdits de visas et dont les avoirs dans l'UE ont été gelés, a indiqué à l'AFP un diplomate européen.
Mais les sanctions ne seront effectives que le jour de leur publication au Journal Officiel de l'UE.