Le Hamas complique une éventuelle normalisation entre Ankara et Tel Aviv

Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, a déclaré lundi à des journalistes que les relations seraient normalisées dès que Israël interrompt «ses activités illégales, telles que les annexions, à l’encontre de la Palestine» (Photo, AFP).
Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, a déclaré lundi à des journalistes que les relations seraient normalisées dès que Israël interrompt «ses activités illégales, telles que les annexions, à l’encontre de la Palestine» (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 20 janvier 2021

Le Hamas complique une éventuelle normalisation entre Ankara et Tel Aviv

  • En 2018, la Turquie a retiré son ambassadeur d’Israël afin de protester contre le transfert de l’ambassade des États-Unis à Jérusalem
  • La Turquie nie catégoriquement avoir permis au Hamas d’installer un bureau à Istanbul

ANKARA: Alors que les spéculations vont bon train sur la possibilité d’un rapprochement imminent entre la Turquie et Israël, Tel Aviv refuse de normaliser ses relations avec la Ankara ou de réinstaller son ambassadeur dans la capitale turque jusqu’à ce que les activités militaires du Hamas à Istanbul prennent fin, a rapporté lundi le site d’information israélien Ynet.

Face à cette exigence, Ankara entend imposer ses propres conditions pour se réconcilier avec Israël. Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, a déclaré lundi à des journalistes que les relations seraient normalisées dès que Israël interrompt «ses activités illégales, telles que les annexions, à l’encontre de la Palestine».

Le soutien d’Ankara au Hamas, ainsi que la priorisation des politiques d’Israël en Palestine posent des défis supplémentaires aux relations déjà fragiles avec Israël.

Des centaines de membres du Hamas auraient pris résidence en Turquie.

Si les deux pays désirent vraiment rétablir leurs relations diplomatiques, on ignore toujours dans quelle mesure ils sont prêts à faire des concessions sur ces lignes rouges et à quel prix.

En 2018, la Turquie a retiré son ambassadeur d’Israël afin de protester contre le transfert de l’ambassade des États-Unis à Jérusalem, et Israël a fait de même en retirant son propre ambassadeur d’Ankara.

Au début de l’année 2020, le président turc Recep Tayyip Erdogan a accueilli à Istanbul le chef du bureau politique du Hamas, Ismaël Haniyeh, ainsi que le commandant militaire principal du groupe, Saleh Al-Arouri, dont la tête est mise à prix à 5 millions de dollars, ce qui a suscité des objections de la part d’Israël et de Washington.

Bien que la Turquie considère le Hamas comme un mouvement politique légitime élu de manière démocratique à Gaza, le Hamas est considéré comme une organisation terroriste par les États-Unis, l’Union européenne et Israël.

En octobre 2020, le quotidien The Times a affirmé que la branche militaire du Hamas avait mis en place un bureau secret à Istanbul afin de préparer des cyberattaques contre ses ennemis et que la Turquie avait même donné la nationalité turque et des passeports à des dizaines de haut gradés du Hamas pour faciliter leur déplacement en Europe. Cependant, Ankara a nié ces allégations.

La Turquie nie catégoriquement avoir permis au Hamas d’installer un bureau à Istanbul.

Depuis 2015, Israël demande à Ankara de sévir contre les membres du Hamas qui se trouvent à Istanbul. C’était l’une des conditions préalables à l’entrée de la Turquie dans la coalition occidentale contre Daech.

Selin Nasi, chercheuse sur les relations entre Israël et la Turquie de l’Université du Bosphore à Istanbul, rappelle qu’Ankara a expulsé Al-Arouri avant la conclusion de l’accord de réconciliation en 2016, et s’est engagée à limiter les activités des bureaux du Hamas en Turquie.

«Si Ankara accepte de minimiser son soutien au Hamas, cela pourrait ouvrir la voie à un dégel dans les relations turco-israéliennes. Pour les Israéliens, le fait que la Turquie offre un refuge aux membres du Hamas dans le pays a été une pomme de discorde majeure, puisqu’ils considèrent le Hamas comme une organisation terroriste, c’est donc une question de sécurité nationale», a-t-elle expliqué à Arab News.

Une lettre rédigée par Haniyeh à la fin du mois de décembre et envoyée à plusieurs présidents de pays islamiques, dont Erdogan, a récemment fait la une des journaux en Turquie. La missive met le président turc contre toute ouverture à Israël, disant que toute mesure prise en vue de la normalisation profiterait au «sionisme».

Des membres du groupe Stop Erdogan Now manifestent devant le Parlement Européen à Bruxelles. L’association souhaite que l’UE lance des sanctions à l’encontre du président turc (Photo, Reuters).

Selon Alan Makovsky, maître de recherche au Center for American Progress basé à Washington, la motivation d’Erdogan est principalement idéologique en raison de ses affinités notoires avec des mouvements proches des Frères musulmans, mais elle pourrait également être en partie politique.

«La Turquie soutient officiellement deux États, alors que le Hamas rejette l’existence d’Israël. En se basant sur la politique officielle, la Turquie devrait soutenir le président palestinien Mahmoud Abbas plus que le Hamas, et ce n’est manifestement pas le cas», a-t-il souligné.

Pour M. Makovsky, soutenir le Hamas ne rapporte pas des votes au sens traditionnel du terme car les citoyens turcs perçoivent le Hamas très négativement.

D’après le dernier sondage du Pew Research Center, qui date de 2014, les Turcs ont une opinion négative du Hamas, avec 80 % de désapprobation et seulement 8 % d’approbation du groupe.

«Le seul avantage politique du soutien d’Erdogan au Hamas — et il n’est pas négligeable — est qu’il permet de maintenir la partie islamiste de son parti au pouvoir, le Parti de la justice et du développement, fermement liée au parti lui-même, plutôt que de la laisser dériver vers son rival islamiste, le Parti de la félicité», a clarifié M. Makovsky.

Selon lui, il serait impensable que les Israéliens procèdent à un nouvel échange d’ambassadeurs alors qu’ils sont convaincus que le Hamas mène une planification opérationnelle depuis la Turquie.

«Je doute qu’Israël veuille échanger d’ambassadeurs avec la Turquie dans tous les cas. Du point de vue d’Israël, ce serait simplement un cadeau non mérité qui contribuerait à faciliter les relations d’Erdogan avec le président américain Joe Biden», a-t-il mentionné.

Par ailleurs, il a ajouté que «Si la Turquie expulsait le Hamas et s’engageait à cesser de recevoir des visites de personnes comme l’ancien chef du Hamas, Khaled Meshaal, et la figure de proue du Hamas, Al-Arouri, Israël reprendrait les relations diplomatiques en une nanoseconde».

La chercheuse Mme Nasi, quant à elle, pense qu’Ankara est également préoccupée par les implications internes de la réorganisation du soutien aux Frères musulmans, à un moment où la question palestinienne est dans l’impasse et, pire encore, n’est plus à l’ordre du jour international.

«D’un point de vue stratégique, le prix de la politique pro-Frères musulmans de la Turquie semble avoir dépassé ses avantages, sapant les relations de la Turquie avec l’Egypte et les pays du Golfe, ce qui a entraîné un isolement régional», a-t-elle souligné. «Ankara a atteint un stade critique où elle doit décider si elle veut donner ou pas la priorité aux intérêts géopolitiques sur l’idéologie».

Selon Mme Nasi, des déclarations récentes du ministre turc des Affaires étrangères laissent entendre que le gouvernement tente de trouver une ouverture diplomatique en recadrant le conflit autour de la question palestinienne, et en mettant l’accent sur l’annexion partielle de la Cisjordanie par Israël.

«En effet, la signature des Accords d’Abraham l’été dernier a pratiquement suspendu les plans d’Israël d’annexer des parties de la Cisjordanie, Donc, l’une des conditions préalables mentionnées par Cavusoglu lundi a déjà été remplie», a-t-elle affirmé.

Pour Mme Nasi, en fin de compte, il s’agit de savoir si la Turquie est prête à faire un pas vers une réorientation stratégique.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

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  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
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  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

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  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".