BEYROUTH: De l'aide provenant de pays étrangers et d'institutions commence à être envoyée mercredi au Liban, au lendemain de deux gigantesques explosions ayant fait au moins 100 morts et des milliers de blessés.
D'après les autorités, quelque 2.750 tonnes de nitrate d'ammonium, stockées « sans mesures de précaution » dans le port de Beyrouth, sont à l'origine des déflagrations.
Le président français Emmanuel Macron a annoncé dans la foulée sur Twitter l'envoi d'un détachement de la sécurité civile et de « plusieurs tonnes de matériel sanitaire ».
La France, ancienne puissance mandataire, va acheminer l'aide dès mercredi par trois avions, a détaillé le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian.
Un responsable de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) Michael Ryan a affirmé que l'institution onusienne avait « déjà commencé à expédier des kits de traumatologie et de chirurgie depuis l'entrepôt régional de Dubaï ».
« Nous avons également des équipes médicales d'urgence prêtes à se déployer », a-t-il ajouté.
Des pays du Golfe, dont certains ont des relations diplomatiques et économiques étroites avec le Liban, ont rapidement offert leur aide dès mardi.
Le Koweït a annoncé mercredi l'arrivée au Liban d'un avion contenant de « l'aide médicale ».
Le Centre d'aide humanitaire et de secours du roi Salman (KSRelief) a assisté les équipes médicales libanaises mardi. Des équipes d'urgence de l'équipe de secours Souboul Al-Salam, financée par KSRelief, ont secouru les victimes depuis le Liban-Nord jusqu'à Beyrouth. D'autres équipes du Centre médical Al-Amal, également financé par le KSRelief, ont lancé une campagne de donations de sang.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a promis « une aide humanitaire dans tous les domaines, en particulier dans le domaine de la santé ». Le Croissant Rouge turc doit envoyer mercredi une équipe d'aide humanitaire ainsi que des fournitures médicales d'urgence.
Le roi de Jordanie Abdallah II a ordonné mercredi la préparation d'un hôpital militaire de campagne à envoyer au Liban.
Le pape François a appelé par ailleurs à « prier pour les victimes, pour leurs familles et pour le Liban » et à l'envoi d' »aide de la communauté internationale pour surmonter la crise ».
Les Pays-Bas ont annoncé que 67 travailleurs humanitaires partiraient pour Beyrouth mercredi soir, dont des médecins, policiers et pompiers.
La République tchèque et la Grèce envoient respectivement des équipes de sauvetage.
Le président américain Donald Trump a répété que son pays se « tenait prêt » à apporter son aide.
En Europe, la chancelière allemande Angela Merkel a promis d'offrir « un soutien au Liban ».
Même expression de solidarité en provenance de Tunisie, qui a décidé l'envoi « d'urgence » de deux avions militaires d'aides alimentaires et médicales et la prise en charge à Tunis de 100 blessés.
Le Royaume-Uni s'est dit prêt pour sa part à « apporter son soutien de toutes les manières possibles », a tweeté le Premier ministre Boris Johnson.
La reine Elizabeth II s'est pour sa part dite mercredi « profondément attristée » par les explosions meurtrières qui ont dévasté Beyrouth, dans un message de condoléances adressé au président libanais Michel Aoun.
« Le prince Philip et moi sommes profondément attristés par les informations concernant l'explosion survenue hier au port de Beyrouth. Nos pensées et prières vont aux familles et amis de ceux qui ont été blessés ou ont perdu la vie, et à tous ceux dont les domiciles et les moyens de subsistance ont été affectés », a écrit la souveraine britannique de 94 ans dans ce message.
Des pompiers spécialisés envoyés par l’UE
L'UE va envoyer à Beyrouth une centaine de pompiers spécialisés pour aider les recherches dans la ville dévastée par deux explosions, et est prête à mobiliser une aide supplémentaire, a annoncé mardi le commissaire européen chargé de la gestion des crises.
« Le mécanisme de protection civile de l'UE a été activé à la demande des autorités libanaises et coordonne actuellement le déploiement urgent de plus de 100 pompiers hautement qualifiés, avec des véhicules, des chiens et du matériel, spécialisés dans la recherche et le sauvetage en milieu urbain », a expliqué Janez Lenarčič dans un communiqué.
Les pompiers de l'UE travailleront avec les autorités libanaises, a-t-il souligné.
« Les Pays-Bas, la Grèce et la Tchéquie ont déjà confirmé leur participation à cette opération critique », a indiqué le commissaire. « La France, la Pologne et l'Allemagne ont aussi offert leur aide à travers le mécanisme et d'autres États membres peuvent apporter leur soutien », a-t-il ajouté.
Le Mécanisme européen de protection civile a été institué en 2001 pour permettre aux pays de l'UE participants de coordonner leur aide et de déployer des moyens dans le monde entier en cas de situation d'urgence de grande ampleur à laquelle ne peut pas faire face seule la protection civile d'un pays.
Pyramides et tour illuminées
Aux Emirats arabes unis, la célèbre tour Burj Khalifa de Dubaï, la plus haute du monde, s'est illuminée aux couleurs du drapeau libanais, en signe de solidarité. Idem pour les célèbres pyramides de Guizeh, près du Caire.
La métropole israélienne Tel-Aviv a illuminé mercredi soir son hôtel de ville aux couleurs du drapeau libanais en solidarité avec le pays du Cèdre.
En soirée, la large façade de la mairie s'est illuminée de deux barres rouges ceinturant un cèdre vert sur fond blanc, alors que des Israéliens se rassemblaient à proximité sur la place Rabin en solidarité envers le Liban.
« Ce soir, nous illuminerons la mairie avec le drapeau libanais. L'humanité passe avant tout conflit et nos cœurs sont avec le peuple libanais suite au terrible désastre qui l'a frappé », a déclaré sur Twitter Ron Huldai, le maire de la métropole côtière israélienne, membre du Parti travailliste.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a de son côté présenté mercredi les condoléances du gouvernement au peuple libanais lors d'un débat au Parlement.
Le Liban et son voisin israélien sont toujours techniquement en état de guerre. En 2006, une guerre avait opposé Israël au groupe chiite libanais Hezbollah, sa bête noire, faisant 1.200 morts côté libanais et 160 côté israélien.