Liban: « Nous, nous sommes forts. Et nous garderons la tête haute »

Partout, cette même détermination absurde de balayer les décombres d’une ville dont la moitié n’est plus que décombres. (AFP)
Partout, cette même détermination absurde de balayer les décombres d’une ville dont la moitié n’est plus que décombres. (AFP)
Alors que les heures avancent, les Libanais prennent doucement la mesure de ce qui les attend. (Michel SAYEGH)
Alors que les heures avancent, les Libanais prennent doucement la mesure de ce qui les attend. (Michel SAYEGH)
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Publié le Mercredi 05 août 2020

Liban: « Nous, nous sommes forts. Et nous garderons la tête haute »

  • « Beyrouth est partie, c’est fini. Beyrouth est partie, c’est fini ». Mais tout autour, l’entêtement sauvage de la survie, bien au-delà d’une ordinaire résilience
  • La dévastation prend à la gorge, de même qu’une odeur de décomposition. Est-ce du sang ? Des corps de victimes encore coincées sous les décombres ?

BEYROUTH: Le port étant la principale porte d'entrée des importations, un vent de panique commence à souffler au Liban. "Il ne reste plus rien du port de Beyrouth", cette phrase, à peine croyable, est à présent sur toutes les lèvres. Hier soir, juste après l’explosion, le pain était introuvable dans plusieurs commerces de la capitale. Alors que les heures avancent, les Libanais prennent doucement la mesure de ce qui les attend. Après l’impensable explosion qui a anéanti près de la moitié de leur capitale. Notre correspondante à Beyrouth, Patricia Khoder, est revenue sur les lieux du drame.

Du verre partout. Les bennes à ordure aussi sont pleines à craquer, elles débordent de verre brisé. Nous sommes rue Huvelin, à quelques encablures seulement du port de Beyrouth. Ici, il ne reste plus rien. Ou presque. Plus rien, sauf la dignité des Libanais. Au bistrot du coin, la propriétaire qui a vécu toute la guerre sur cette ancienne ligne de démarcation n’a jamais rien vu de semblable, jamais autant de destruction. Elle répète comme une automate : « Beyrouth est partie, c’est fini. Beyrouth est partie, c’est fini ». Mais tout autour, l’entêtement sauvage de la survie, bien au-delà d’une ordinaire résilience. Tout le monde livre une bataille acharnée avec les décombres, certains les soulèvent à mains nues. Un acharnement presque sauvage. Un peu plus loin, en contrebas, vers la rue du Liban, cette volonté de déblayer - comme pour effacer les traces de l’horreur, de l’inacceptable - est toujours là. Chez un coiffeur, deux de ses employés blessés sont en train de balayer les débris. Ils répètent seulement : « Hamdellah (Dieu soit loué) Dieu merci, ce n’est que ça, et pas plus. Nous, nous sommes forts et nous garderons la tête haute ».

Une dévastation qui prend à la gorge

Beyrouth est entièrement bouclée par les forces de l’ordre. Les rares ruelles praticables sont embouteillées. Arrivée à Saïfi : des fils barbelés ont été installés de part et d’autre de la rue pour empêcher les piétons de marcher dans les bris de verre. A Gemmayzeh – une zone habituellement réservée à la vie nocturne, avec bars et restaurants qui se succèdent dans la rue Gouraud - l’atmosphère change du tout au tout. La dévastation prend à la gorge, de même qu’une odeur de décomposition. Est-ce du sang ? Des corps de victimes encore coincées sous les décombres ? Il fait très chaud à Beyrouth, en ce mercredi matin du mois d’août. Et puis il y a l’armée qui a bouclé le secteur et qui pousse le zèle jusqu’à empêcher les journalistes de faire leur travail. « Interdiction d’entrer », lance un soldat. Une dame riposte : « Il vous serait bien plus honorable d’enlever votre uniforme. Enlevez-le, cet uniforme. Vous n’avez pas su nous protéger, à quoi bon faire du zèle à présent ».

Le soldat reste de marbre. Il ne cherche même pas à répondre. Dans la rue, l’armée est la seule représentante du pouvoir en place. Alors les libanais déversent leur haine sur les soldats, faute de mieux.

« Mes enfants vont tous s’expatrier »

Le bourdonnement des moteurs de tractopelles est partout. Partout, cette même détermination absurde de balayer les décombres d’une ville dont la moitié n’est plus que décombres. Certains essaient de sauver ce qui reste de leur voiture, et choisissent de la conduire telle qu’elle, le pare-brise explosé. Jamal, la cinquantaine, mère de 3 enfants a accepté de témoigner. Elle fustige d’emblée les responsables et tient des propos très durs à leur égard : « C’est honteux de les désigner par le mot ‘responsable’. Dire que ce sont des animaux serait aussi un manque de respect pour les animaux. Je ne m’adresserais donc pas à eux, mais aux ambassadeurs des pays étrangers. Ce sont eux qui ont plus à cœur le Liban que nos propres responsables… Je leur dis donc de nous aider. Mes enfants vont tous s’expatrier, je ne les laisserai pas une seule seconde se retourner. Tous partiront une fois que les voyages seront de nouveau possibles.  Je ne les laisserai pas rester ici une minute de plus ». Jamal ne peut plus vivre à Gemmayzeh. Elle a perdu sa maison et sa voiture. Elle est allée dormir chez sa sœur à Jdeideh.  Au coin d’une rue, des personnes venues de Ramlet Al-Baidah sont la juste pour aider. Elles aident les habitants à tirer leurs valises, car nombreux sont ceux qui ne peuvent plus rester dans leur maison, soufflée par l’explosion. Des dames voilées venues de la banlieue sud de Beyrouth, distribuent des bouteilles d’eau et des matelas pour ceux qui en ont besoin. Aujourd’hui dans Beyrouth sinistrée, le maître-mot est clair : solidarité. Devant une boite de nuit, Simon, Elie et Rami sont complètement hébétés. Leur pub a volé en éclats. Ils ne veulent rien dire, car aucun mot ne saurait exprimer ce qu’ils ressentent en ce mercredi 4 août 2020.

Dans ce silence, se détache une nouvelle fois le crissement des bris de verre que quelqu’un, non loin de là, continue de balayer inlassablement, comme si sa vie en dépendait. D’où les libanais tiennent-ils encore cette force. Cette énergie de (sur)vivre envers et contre tout.  Même lorsqu’il ne reste plus rien autour.

 


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
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  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
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  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).


L'Égypte annonce que 50 camions-citernes de carburant entreront chaque jour dans la bande de Gaza

Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.
  • M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

LE CAIRE : Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.

M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

La trêve devrait entrer en vigueur dimanche à 13 h 30 GMT, ouvrant ainsi la voie à un afflux massif d'aide, selon les médiateurs.

Des centaines de camions sont garés du côté égyptien du poste frontière de Rafah, un point d'entrée autrefois vital pour l'aide humanitaire, fermé depuis mai, lorsque les forces israéliennes ont pris le contrôle du côté palestinien du point de passage.

Au cours d'une conférence de presse conjointe avec son homologue nigérian, M. Abdelatty a déclaré : « Nous espérons que 300 camions se rendront au nord de la bande de Gaza », où des milliers de personnes sont bloquées dans des conditions que les agences humanitaires qualifient d'apocalyptiques.

Les travailleurs humanitaires ont mis en garde contre les obstacles monumentaux qui pourraient entraver les opérations d'aide, notamment la destruction des infrastructures qui traitaient auparavant les livraisons.