Face aux crises politique et sociale, la jeunesse tunisienne, désabusée, se révolte

Dans les quartiers populaires de Tunisie, la situation socioéconomique est désastreuse. Sur cette pancarte brandie par ce manifestant, on peut lire "ni peur ni frayeur, le pouvoir est la propriété du peuple".(AFP).
Dans les quartiers populaires de Tunisie, la situation socioéconomique est désastreuse. Sur cette pancarte brandie par ce manifestant, on peut lire "ni peur ni frayeur, le pouvoir est la propriété du peuple".(AFP).
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Publié le Mercredi 20 janvier 2021

Face aux crises politique et sociale, la jeunesse tunisienne, désabusée, se révolte

  • La classe politique, paralysée par ses divisions, ne parvient pas à réagir à l’urgence sociale et à proposer un projet de société viable qui permettrait au pays de sortir du marasme socioéconomique
  • Le malaise s’étend aux diplômés et parmi eux, des médecins et des ingénieurs qui quittent la Tunisie pour des destinations européennes ou pour les pays du Golfe

PARIS: L’instabilité politique, le manque de perspectives économiques et le contexte social délétère ont poussé la jeunesse désenchantée à exprimer son «ras-le-bol». Les plus précaires expriment leur révolte dans la rue, non sans actes de violences, de pillages et de saccages. D’autres organisent des rassemblements sur l’avenue Habib Bourguiba, le centre de la révolution du 14 janvier 2011, où encore devant le gouvernorat de Sfax.

Lancé via les réseaux sociaux, l’appel pour le rassemblement du 19 janvier, en dépit de l’interdiction de rassemblement pour cause de restrictions sanitaires, avait pour objectif de démontrer que la grogne sociale ne concerne pas uniquement «les délinquants», comme le revendiquent de nombreux responsables politiques. Bien au contraire, ces jeunes, à travers les slogans, réclament un travail, la dignité et la liberté.

Une jeunesse désabusée

Interrogé par Arab News en français sur le contexte social actuel, Mondher Thabet, analyste politique et ancien secrétaire général du Parti socialiste libéral (PSL) nous explique que «ce mal-être n’épargne personne, car il ne concerne pas uniquement les jeunes adolescents déscolarisés». Selon lui, «le malaise s’étend aux diplômés et parmi eux, des médecins et des ingénieurs qui quittent la Tunisie pour des destinations européennes ou pour les pays du Golfe».

Quant aux quartiers populaires, le politologue nous confie que la situation socioéconomique y est désastreuse. «Depuis 2011, l’école a rejeté près d’un million de jeunes qui sont aujourd’hui livrés à eux -mêmes, sans suivi, sans solution. Cette situation sociale critique pousse nos jeunes à tenter la migration clandestine.» Mondher Thabet confie à Arab News en français: «En 2020, 12 000 migrants tunisiens ont quitté le territoire national et sont parvenus aux frontières italiennes.»

«La révolte des jeunes des cités pauvres annonce la fin d’un modèle économique qui profite au cartel financier sans jamais réaliser un développement réel»

Mondher Thabet

L’ancien secrétaire général du PSL regrette que les pouvoirs publics ne soient pas en mesure de proposer à ces jeunes des formations professionnelles adaptées au marché de l’emploi. «La révolte des jeunes des cités pauvres annonce la fin d’un modèle économique qui profite au cartel financier sans jamais réaliser un développement réel», explique-t-il. «Car, au-delà du syndrome de janvier, les pouvoirs publics en Tunisie sont aujourd’hui au pied du mur face aux contestations sociales en recrudescence. La classe politique est loin des revendications de la jeunesse exprimées depuis dix ans. La crise économique structurelle héritée du passé est loin d’être résolue», confie-t-il. Pire encore, le politologue considère que «les équilibres macroéconomiques que l’ère Ben Ali avait réussi à établir sont aujourd’hui rompus».

Paralysie de la classe politique

Selon les observateurs, la classe politique, paralysée par ses divisions, ne parvient pas à réagir à l’urgence sociale et à proposer un projet de société viable qui permettrait au pays de sortir du marasme socioéconomique qui a empiré avec la pandémie de Covid-19. Réclamées depuis longtemps par la société civile, les réformes structurelles n’ont pas été concrétisées. «La fracture de la classe moyenne se fait sentir, le chômage frôle les 21 % de la population active et l’endettement prend des proportions inégalées dans l’histoire de la Tunisie, explique à Arab News en français Mondher Thabet.

Quant aux perspectives de sortie de crise, l’analyste politique reconnaît: «Avec la saturation de la fonction publique et l’aggravation du déficit des entreprises publiques, seule la libre entreprise et la promotion des petites et moyennes entreprises pourraient constituer une solution pour les jeunes en perte d’espoir et de formation.»

Dans une tribune publiée dans la presse tunisienne, Hadi Sraïeb, docteur en économie, souligne que «la société civile est désemparée, exténuée et pour une grande partie, incapable de subvenir à ses besoins autrement qu’en réalisant des activités informelles».

Associations et organisations de la société civile s’expriment

Le 19 janvier 2021, au cinquième jour des manifestations, plusieurs associations et organisations de la société civile – dont le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), la Ligue tunisienne de défense des droits de l’homme (LTDH), l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD), l’Observatoire national de la défense de la civilité de l’État (ONDCE) – ont manifesté, via un communiqué commun, leur soutien aux manifestants qui protestent «contre les politiques de marginalisation et de paupérisation, et la propension de ceux qui sont au pouvoir de jouer avec le destin des Tunisiens, tout en dilapidant les attentes et les espoirs de la révolution».

«La fracture de la classe moyenne se fait sentir, le chômage frôle les 21 % de la population active et l’endettement prend des proportions inégalées dans l’histoire de la Tunisie»

Mondher Thabet

Les signataires dénoncent «l’usage excessif de la force et les arrestations anarchiques» et expriment leur «rejet absolu de toutes les opérations de vol, de pillage et d’atteinte aux biens, ainsi qu’aux institutions de l’État, ses agents, ses appareils et bâtiments».

Les associations de la société civile expriment leur «étonnement envers le silence de l’autorité» qui se limite «à la riposte sécuritaire, tout en autorisant les déclarations médiatiques des autorités sécuritaires qui n’ont pas évoqué la nature et les causes des contestations et se sont limitées à évoquer les actes de violence et les menaces». Enfin, les signataires appellent à «entendre la voix des marginalisés, parmi les jeunes et dans les régions démunies avant qu’il ne soit trop tard».

De son côté, le bureau politique du mouvement Echaab, a exprimé son soutien inconditionnel au principe de protestation pacifique garanti par la Constitution, en rappelant le droit des citoyens d’exprimer leur rejet des décisions politiques impopulaires. Mais, le mouvement Echaab met en garde contre les tentatives de détournement de ces protestations légitimes de leur caractère pacifique.

Dans un communiqué, publié le 19 janvier, le mouvement Echaab précise que le gouvernement doit assumer sa responsabilité dans la détérioration de la situation sociale, économique et sanitaire et appelle «tous ses militants à jouer un rôle national en protégeant, en encadrant ces manifestations et en empêchant l’infiltration de déviants parmi eux pour détourner leur direction de la voie pacifique garantie par la Constitution».

Le gouvernement actuel, constitué en septembre 2020, remanié samedi dernier, attend un nouveau vote de confiance du Parlement qui semble compromis.


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
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  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
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  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).


L'Égypte annonce que 50 camions-citernes de carburant entreront chaque jour dans la bande de Gaza

Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.
  • M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

LE CAIRE : Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.

M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

La trêve devrait entrer en vigueur dimanche à 13 h 30 GMT, ouvrant ainsi la voie à un afflux massif d'aide, selon les médiateurs.

Des centaines de camions sont garés du côté égyptien du poste frontière de Rafah, un point d'entrée autrefois vital pour l'aide humanitaire, fermé depuis mai, lorsque les forces israéliennes ont pris le contrôle du côté palestinien du point de passage.

Au cours d'une conférence de presse conjointe avec son homologue nigérian, M. Abdelatty a déclaré : « Nous espérons que 300 camions se rendront au nord de la bande de Gaza », où des milliers de personnes sont bloquées dans des conditions que les agences humanitaires qualifient d'apocalyptiques.

Les travailleurs humanitaires ont mis en garde contre les obstacles monumentaux qui pourraient entraver les opérations d'aide, notamment la destruction des infrastructures qui traitaient auparavant les livraisons.