Au-delà du symbole, l’importance politique de la visite du pape François en Irak

Le pape François au Vatican le 17 janvier (Photo, Handout/VATICAN MEDIA/AFP).
Le pape François au Vatican le 17 janvier (Photo, Handout/VATICAN MEDIA/AFP).
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Publié le Mercredi 03 mars 2021

Au-delà du symbole, l’importance politique de la visite du pape François en Irak

  • Le Vatican a évoqué la possibilité que le pape François reporte la visite qu’il devait faire en Irak au début du mois de mars 2021, en raison de la pandémie qui frappe le monde
  • Le cardinal Louis Raphaël Sako affirme qu'«il n'y a pour le moment rien qui confirme un report de la visite fixée, pour laquelle les préparatifs sont en cours»

Le Vatican a évoqué la possibilité que le pape François reporte la visite qu’il devait faire en Irak au début du mois de mars 2021, en raison de la pandémie qui frappe le monde. Réagissant à cette annonce, un haut responsable irakien et un dignitaire de l’église irakienne ont nié avoir été informés par le Vatican d’un report officiel de cette visite.

Halcot Chalabi, chef du bureau de presse de la présidence de la République d'Irak, révèle à Arab News en français que «l'Irak n'a pas reçu d’avis officiel du Vatican concernant le report ou la confirmation de la visite du pape au mois de mars».

Pour sa part, le cardinal Louis Raphaël Sako, patriarche des Chaldéens en Irak et dans le monde, affirme dans un entretien avec Arab News en français qu'«il n'y a pour le moment rien qui confirme un report de la visite fixée, pour laquelle les préparatifs sont en cours».

Le calendrier annoncé de la visite du pape en Irak comporte quatre étapes: au centre du pays, la capitale, Bagdad; dans le Sud, la région d'Ur dans le gouvernorat de Dhi Qar; dans le Nord, connue comme étant la localité natale du prophète Ibrahim (Abraham), la province de Ninive, où se concentrent le plus grand nombre des chrétiens d’Irak – une zone qui a également été victime ces dernières années d’une vague de destruction et du déplacement massif de sa population, notamment après la prise de cette région par l'État islamique, au mois de juin 2014; enfin, dans le Nord irakien, le gouvernorat d'Erbil, capitale de la région du Kurdistan.

Les chrétiens en crise

La visite du pape intervient à un moment critique où le pays connaît la vague d'immigration chrétienne la plus marquante de son histoire moderne. La population chrétienne en Irak, qui s’élevait à 1,5 million de personnes à la veille de l'invasion américaine de l'Irak en 2003, compte aujourd’hui moins de 300 000 personnes. Cette conjoncture pousse les députés chrétiens à mener des batailles politiques au Parlement irakien dans le but de préserver ce qui reste de leur communauté, tout en tentant de récupérer les biens des chrétiens volés lors des grandes campagnes de déplacement, des efforts qui jusqu'à présent restent vains.

Concernant la finalité de la visite du Saint-Père, le cardinal Sako fait savoir que le pape «mettra certainement l’accent sur la situation des chrétiens et leur rôle national, culturel et social en Irak», et qu’il «lancera un message de réconciliation et de dialogue, appelant au respect des valeurs de paix et de dignité humaine et au rejet de l'extrémisme et de la violence dans le pays d'Abraham, le pays des civilisations et de la pluralité».

Le cardinal, largement respecté en Irak, affirme toutefois que «l'amélioration de la condition des chrétiens relève essentiellement des autorités irakiennes, qui doivent créer des conditions adéquates et qui préservent les droits des chrétiens». Une démarche qui ne se produira qu’à travers «l’établissement d’un État démocratique, civil, moderne, qui respecte le pluralisme, garantit le droit et applique la justice et l’égalité à tous ses citoyens», ajoute-t-il.

Le caractère spirituel

La communauté chrétienne n’est pas la seule à reconnaître l’importance de cette visite. Dans ce contexte, Saad Salloum, fondateur du Conseil irakien pour le dialogue interconfessionnel et de l’Institut d’études sur la diversité religieuse à Bagdad, déclare que «la visite du pape restaurera la confiance des chrétiens d’Irak dans leur pays, et elle leur apporte l’espoir après la guerre et le génocide qu’ils ont subis sous l’État islamique».

Saad Salloum considère que cette visite «dépasse les dimensions symbolique et spirituelle et rejoint des aspects politiques et économiques; elle fait réapparaître l’Irak comme un pays riche de son histoire, surtout qu’Abraham, père des prophètes, est originaire de ce pays».

Les messages de soutien à la visite du pape proviennent ainsi de tous côtés. Pour le cheikh Farhan al-Saadi, clerc chiite irakien et professeur au séminaire religieux de la ville de Nadjaf, considérée comme la capitale des chiites dans le monde, cette visite est importante à plusieurs niveaux, et surtout sur le plan de la sécurité économique et spirituelle.

Al-Saadi voit dans cet événement un «message concernant l’amélioration de la sécurité en Irak, et qui attire l’attention d’un milliard de chrétiens catholiques dans le monde sur l’importance historique de l’Irak». Imam très médiatisé et bien connu des Irakiens, Al-Saadi insiste sur «la dimension spirituelle, aussi importante que la dimension politique», surtout dans le sens de la «présence de chrétiens d’Orient dans cette partie du monde, comme nécessité, et en particulier en Irak, berceau de religions monothéistes».

«Les portes lui sont ouvertes»

Les autorités chargées d’organiser la visite du pape François en Irak ont révélé à Arab News en français que le pape aurait l’occasion de rencontrer «des religieux chiites, sunnites, et des représentants sabéens et yézidis».

Les dignitaires religieux de la communauté sunnite en Irak ont également salué cette visite. À Bagdad, le cheikh Mustafa al-Bayati, imam et prédicateur de la plus importante mosquée sunnite d'Irak, celle du grand imam Abu Hanifa al-Numan, salue cet événement et affirme à Arab News en français que «cette visite est d'une grande importance, parce qu’elle porte un message de paix». Répondant à notre question – le pape visitera-t-il la Grande Mosquée Al-Bayati? –, il affirme que «les portes lui sont ouvertes».

Une visite à Nadjaf?

Sur un autre plan, nombre d’observateurs s’interrogent sur la possibilité d’inclure la ville de Nadjaf sur l’itinéraire de la visite papale. En effet, cette ville constitue un centre historique et religieux pour la communauté chiite à travers le monde en général ainsi que pour les chiites irakiens, majoritaires dans le pays.

À ce sujet, le cardinal Sako insiste sur la place importante qu’occupe le grand ayatollah Ali al-Sistani, dirigeant religieux de la communauté chiite. Une place qui, selon le cardinal, «l’a poussé à proposer au Vatican d’inclure Nadjaf et de planifier une rencontre avec Al-Sistani dans le calendrier de la visite». «Les autorités du Vatican n’ont pas encore répondu» à cette requête, conclut le cardinal. Les propos de ce dernier ont été soutenus par Saad Salloum, qui a souligné l'importance symbolique des deux hommes dans le monde, dont la rencontre «serait un message exceptionnel pour tous les croyants, ainsi que pour les artisans de paix dans le monde».


Les forces israéliennes tuent 13 personnes lors d'une opération dans le sud de la Syrie

Un homme assis sur des décombres dans un site endommagé à la suite d'un raid israélien vendredi à Beit Jinn, en Syrie. (Reuters)
Un homme assis sur des décombres dans un site endommagé à la suite d'un raid israélien vendredi à Beit Jinn, en Syrie. (Reuters)
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  • Des troupes israéliennes ont arrêté des membres présumés de ce que l’armée a appelé l’organisation Jemaah islamique lors d’une opération nocturne dans le village syrien de Beit Jinn
  • Au moins 10 personnes auraient été tuées lors du raid, selon la télévision d’État syrienne.

DUBAÏ : Au moins 13 personnes ont été tuées et 24 blessées par les forces israéliennes lors d’un raid nocturne sur le village de Beit Jinn, dans le sud de la Syrie, selon l’agence syrienne SANA.

Le ministère syrien des Affaires étrangères a condamné l’opération comme un « crime de guerre » et accusé Israël de vouloir « enflammer la région ».

« Nous dormions quand nous avons été réveillés à trois heures du matin par des tirs », a raconté le blessé Iyad Taher à l’AFP depuis l’hôpital Al-Mouwassat à Damas.

« Nous sommes sortis pour voir ce qui se passait et nous avons vu l’armée israélienne dans le village, des soldats et des chars. Puis ils se sont retirés, l’aviation est arrivée et les obus ont commencé à tomber. J’ai été touché au cou par des éclats. »

Un responsable local a indiqué à l’AFP que les forces israéliennes avaient fait irruption dans le village pour capturer trois hommes, déclenchant des affrontements.

« Après les affrontements, les forces d’occupation israéliennes ont bombardé la zone à l’artillerie et aux drones », a déclaré le responsable du village, Abdul Rahman Al-Hamrawi.

À l’hôpital, Ahmad Kamal a raconté à l’AFP que lui et d’autres « avaient ouvert le feu sur la patrouille israélienne pour se défendre et les empêcher de nous emmener. Mon frère a été tué et j’ai été blessé. »

Les troupes israéliennes affirment avoir arrêté des membres présumés de la Jamaa Islamiya, groupe basé au Liban et allié au Hamas palestinien, lors de l’opération nocturne.

Selon l’armée israélienne, les soldats ont essuyé des tirs et ont riposté avec un soutien aérien, faisant six blessés dans leurs rangs.

L’armée affirme que toutes les cibles recherchées ont été arrêtées et que plusieurs combattants ont été tués, ajoutant que des troupes restent déployées dans la zone.

Israël a mené de nombreuses frappes en Syrie en 2025, visant des secteurs autour de Damas et dans le sud du pays, affirmant vouloir contrer des menaces et protéger la communauté druze proche de la frontière.

Israël dit agir contre des groupes qu’il considère comme hostiles, tandis que les autorités syriennes affirment que les frappes ont tué des soldats.

Depuis la chute du président syrien Bachar Al-Assad en décembre 2024 et l’arrivée d’un nouveau leadership islamiste à Damas, Israël a mené des centaines de frappes en Syrie.

Israël a également envoyé des troupes dans la zone tampon patrouillée par l’ONU, qui sépare les forces israéliennes et syriennes sur le plateau du Golan depuis 1974.

Israël occupe le Golan syrien depuis 1967 et l’a annexé en 1981, une décision non reconnue par la communauté internationale.

Dans une résolution adoptée le 6 novembre, le Conseil de sécurité de l’ONU a réaffirmé son ferme soutien à la « souveraineté, l’indépendance, l’intégrité territoriale et l’unité nationale » de la Syrie.

Au cours de l’été, des contacts de haut niveau ont eu lieu entre responsables israéliens et syriens, avec l’aide de Paris et Washington.

La sous-envoyée spéciale de l’ONU pour la Syrie, Najat Rochdi, a condamné l’attaque israélienne, la qualifiant de « violation grave et inacceptable de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la Syrie ».

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le métro de Riyad bat le record Guinness du plus long réseau sans conducteur

Un métro arrive à la station King Saud University à Riyad, le 27 avril 2025. (AFP)
Un métro arrive à la station King Saud University à Riyad, le 27 avril 2025. (AFP)
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  • Le métro de Riyad comprend six lignes intégrées et 85 stations, et intègre des technologies de pointe
  • Le système de transports publics de Riyad, incluant le métro et les bus, soutient le trafic, l’économie, le développement urbain et la vie sociale de la ville

LONDRES : Le Guinness World Records a officiellement certifié le métro de Riyad comme le plus long réseau de métro sans conducteur au monde, avec 176 kilomètres, mettant en lumière les avancées rapides de l’Arabie saoudite dans le domaine des transports modernes.

Le métro de Riyad constitue un élément essentiel de l’initiative de transport public dans la capitale saoudienne. Il comporte six lignes intégrées, 85 stations, et fait appel à des technologies de pointe.

Le système fonctionne selon un modèle automatisé sans conducteur, géré par des salles de contrôle avancées garantissant des niveaux élevés de précision, de sécurité et de qualité, selon l’agence de presse saoudienne (SPA).

L'ouvrage de référence annuel indique que le métro de Riyad a été « conçu pour améliorer la mobilité urbaine, réduire les embouteillages et promouvoir la durabilité grâce à des solutions de transport respectueuses de l'environnement ».

Le réseau de transports publics de Riyad, incluant métro et bus, soutient le trafic de la ville, son économie, son développement urbain et sa vie sociale.

Cette réalisation met en avant les efforts de la Commission royale pour la ville de Riyad visant à adopter des concepts de transport urbain innovants et durables, démontrant son engagement en faveur d’infrastructures modernes qui améliorent la qualité de vie et soutiennent la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, ajoute la SPA.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Cisjordanie: des soldats israéliens tuent deux Palestiniens apparement en train de se rendre

Un homme marche dans la rue, devant un appartement détruit au lendemain d'une opération militaire israélienne au cours de laquelle un tireur palestinien a été tué, dans la ville de Naplouse, occupée par Israël, dans le nord de la Cisjordanie, le 25 novembre 2025. (AFP)
Un homme marche dans la rue, devant un appartement détruit au lendemain d'une opération militaire israélienne au cours de laquelle un tireur palestinien a été tué, dans la ville de Naplouse, occupée par Israël, dans le nord de la Cisjordanie, le 25 novembre 2025. (AFP)
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  • Deux Palestiniens ont été tués lors d’une opération israélienne à Jénine, une scène filmée sous plusieurs angles: l’Autorité palestinienne parle d’« exécution sommaire », tandis qu’Israël affirme que les forces ont agi face à une menace

Jénine, Territoires palestiniens: L'armée et la police israéliennes ont annoncé jeudi examiner les circonstances dans lesquelles deux Palestiniens ont été abattus lors d'une opération conjointe de leurs forces alors qu'ils étaient apparemment en train de se rendre à Jénine, dans le nord de la Cisjordanie occupée.

La scène a été filmée sous plusieurs angles, notamment par un journaliste de l'AFP, dans cette ville bastion de groupes armés palestiniens.

L'Autorité palestinienne a identifié les Palestiniens tués comme Montasser Billah Mahmoud Abdullah, 26 ans, et Youssef Ali Assassa, 37 ans, dénoncé les faits comme une "exécution sommaire" et accusé les forces israéliennes de "crime de guerre documenté et complet".

Le ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, figure de l'extrême droite, a dit apporter son "soutien total aux gardes-frontières et aux soldats de l'armée qui ont ouvert le feu sur des terroristes recherchés sortis d'un bâtiment à Jénine".

Des vidéos ayant largement circulé sur les médias sociaux montrent deux hommes sortir d'un bâtiment cerné par des soldats israéliens, les bras en l'air. On les voit ensuite se coucher à terre devant les soldats avant d'être redirigés vers l'intérieur du bâtiment. Des coups de feu retentissent. Les deux hommes gisent au sol.

Les images tournées par le JRI de l'AFP montrent les deux hommes sortir du bâtiment puis y rentrer avant les coups de feu. Un immeuble placé entre le journaliste et la scène obstrue une partie de l'image. On voit ensuite des soldats évacuer un cadavre.

- "Les terroristes doivent mourir !" -

Une fois la nuit tombée, un photographe de l'AFP a vu des Palestiniens nettoyer les lieux. Des flaques de sang maculaient encore le sol.

Dans un communiqué commun, l'armée et la police (dont dépend l'unité des gardes-frontières) indiquent que leurs forces ont procédé dans la soirée "à l'arrestation de deux individus recherchés pour des actes terroristes, notamment des jets d'explosifs et des tirs sur les forces de sécurité".

"Après leur sortie [du bâtiment où ils étaient cernés], des tirs ont été dirigés vers les suspects", ajoute l'armée, précisant que "l'incident est en cours d'examen".

Le mouvement islamiste palestinien Hamas a dénoncé dans un communiqué une "exécution de sang-froid".

"Les soldats ont agi exactement comme on l'attend", a estimé de son côté M. Ben Gvir. "Les terroristes doivent mourir!" a-t-il écrit sur son compte X.

Citant une source au sein des gardes-frontières, le journal de gauche Haaretz a indiqué qu'une enquête préliminaire mentionnait d'ores et déjà qu'un des deux hommes tués avait tenté de se relever après avoir été au sol et fait un "mouvement suspect", qui a décidé les policiers et les soldats à tirer.

- "Déshumanisation" -

"L'exécution documentée aujourd'hui est le résultat d'un processus accéléré de déshumanisation des Palestiniens et de l'abandon total de leurs droits par le régime israélien", a estimé B'Tselem, organisation israélienne de défense des droits de l'Homme dans les Territoires palestiniens occupés.

"Il est du devoir de la communauté internationale de mettre fin à l'impunité d'Israël et de traduire en justice les responsables de la planification et de l'exécution de sa politique criminelle contre le peuple palestinien", ajoute l'ONG.

Les violences ont explosé en Cisjordanie depuis le début de la guerre de Gaza, déclenchée le 7 octobre 2023 par une attaque sans précédent du Hamas sur le sud d'Israël.

Elles n'ont pas cessé avec la trêve fragile en vigueur à Gaza depuis le 10 octobre. Mercredi, l'armée israélienne a annoncé le lancement d'une nouvelle opération contre les groupes armés palestinien dans le nord de la Cisjordanie.

Depuis le 7-Octobre, plus d'un millier de Palestiniens, parmi lesquels de nombreux combattants, mais aussi beaucoup de civils, ont été tués en Cisjordanie par des soldats ou des colons israéliens, selon un décompte de l'AFP à partir de données de l'Autorité palestinienne.

Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, au moins 44 Israéliens, parmi lesquels des civils et des soldats, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.