Ignorant le chaos Trump, Biden adopte une posture de président d'action

Dans son fief de Wilmington, le président élu a promis un «nouveau chapitre» et s'est dit «optimiste» en dévoilant un plan de relance titanesque de 1 900 milliards de dollars pour venir en aide aux ménages et aux entreprises (Photo, AFP).
Dans son fief de Wilmington, le président élu a promis un «nouveau chapitre» et s'est dit «optimiste» en dévoilant un plan de relance titanesque de 1 900 milliards de dollars pour venir en aide aux ménages et aux entreprises (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 15 janvier 2021

Ignorant le chaos Trump, Biden adopte une posture de président d'action

  • Les chefs des démocrates au Congrès, Nancy Pelosi et Chuck Schumer, ont salué le plan de relance, promettant de se «mettre immédiatement au travail»
  • De plus en plus isolé, Trump tente de rassurer en lançant des appels au calme et en se démarquant de ses partisans à l'origine des violences du 6 janvier

WILMINGTON: Optant pour un ton rassembleur et sans mentionner l'«impeachment» de Donald Trump, Joe Biden a tenté jeudi de ramener l'attention sur ses plans pour combattre les crises économique et sanitaire dès son arrivée à la Maison Blanche, dans six jours.

S'exprimant devant quelques journalistes dans son fief de Wilmington, sans accepter de questions, le président élu des Etats-Unis a promis un «nouveau chapitre» et s'est dit «optimiste» en dévoilant un plan de relance titanesque de 1 900 milliards de dollars pour venir en aide aux ménages et aux entreprises, frappés par la pandémie.

«Nous nous en sortirons ensemble», a promis le démocrate. «Mais nous ne pouvons pas le faire dans un pays séparé, divisé», a-t-il ajouté, une semaine après l'assaut meurtrier du Capitole par des manifestants pro-Trump. 

«La seule façon de le faire, c'est de se rassembler en tant qu'Américains», a plaidé l'ancien vice-président de Barack Obama.

Signalant qu'il ne voulait pas ignorer le malaise des bassins ouvriers, où Donald Trump reste très populaire, Joe Biden, 78 ans, a promis des «millions d'emplois» pour l'industrie manufacturière, en plus de ses plans pour une économie innovante et de lutte contre le changement climatique. 

Face à l'ampleur de la crise économique, «on ne peut pas se permettre de rester les bras croisés», a-t-il lancé. 

Procès de Trump

Le démocrate sera investi le 20 janvier, dans une ville de Washington transformée en camp retranché après les violences du Capitole qui ont fait cinq morts, et ébranlé la première puissance mondiale.

Et il est désormais urgent pour Joe Biden de renouer avec le programme des cent premiers jours de son mandat. 

En appelant le Congrès à l'adopter rapidement, il a détaillé son vaste plan de relance. Au menu: de nouveaux chèques directs de 1 400 dollars par personne aux familles, un salaire minimum doublé à 15 dollars de l'heure, la prolongation des aides au chômage ou encore des aides pour les Etats et collectivités locales. 

Vendredi, il détaillera le volet pour accélérer la vaccination massive des Américains contre le Covid-19, dans un pays qui continue de battre des records de décès quotidiens de la pandémie et pourrait franchir d'ici son entrée en fonctions la barre des 400 000 morts.

Mercredi soir, au terme du vote au Congrès qui a valu à Donald Trump le titre peu glorieux de premier président américain visé par un deuxième «impeachment», Joe Biden avait demandé au Sénat de concilier «le procès en destitution» et l'avancement des «affaires urgentes de la nation».

Les chefs des démocrates au Congrès, Nancy Pelosi et Chuck Schumer, ont salué son plan de relance, promettant de se «mettre immédiatement au travail» pour le faire adopter aux parlementaires.

Mais cet effort pourrait se télescoper avec la procès en destitution contre Donald Trump, pour «incitation à l'insurrection», dont le calendrier comme l'issue restent très incertains.

Le Sénat, qui passera le 20 janvier sous contrôle démocrate, ne va pas se réunir avant le jour précédent. La date du procès, dont il est chargé, n'est pas fixée.

Et le climat d'affrontement partisan qui pourrait accompagner les débats menace aussi la promesse de «réconciliation» du candidat Biden.

Camp républicain fissuré

Même si l'accusé sera désormais un ex-président, et que l'enjeu de le chasser du pouvoir aura donc disparu, un tel procès risque de capter toute la lumière médiatique.

D'une part, car si le président est reconnu coupable, un deuxième vote pourrait viser à lui interdire d'être à nouveau candidat.

D'autre part, car contrairement au procès en destitution d'il y a un an dans l'affaire ukrainienne, quand les républicains avaient fait bloc derrière leur président, cette fois l'unité de la droite est déjà fissurée. 

A tel point qu'une condamnation de Donald Trump, bien que loin d'être assurée, n'apparaît plus impossible.

Le président sortant, qui a refusé obstinément jusqu'au chaos de la semaine dernière de reconnaître que Joe Biden entrerait à la Maison Blanche le 20 janvier, rêvait de continuer à peser sur Grand Old Party, voire de se représenter en 2024.

De plus en plus isolé, il tente ces derniers jours de rassurer en lançant des appels au calme et en se démarquant de ses partisans à l'origine des violences du 6 janvier. 

D'autant que les services de sécurité sont sur les dents face à la menace de nouvelles manifestations à Washington et dans d'autres villes du pays d'ici la prestation de serment du démocrate, sur les marches d'un Capitole barricadé.


Canada: le suspect de l'attaque à la voiture-bélier qui a fait 11 morts inculpé

Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC. (AFP)
Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC. (AFP)
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  • L'homme présenté comme un habitant de Vancouver, qui a comparu devant un tribunal avant d'être remis en garde à vue, a agi délibérément et a des antécédents de troubles mentaux, selon la police
  • "Le parquet de Colombie-Britannique a inculpé Kai-Ji Adam Lo", le suspect âgé de 30 ans, "de huit chefs de meurtre", a déclaré la police dans un communiqué, ajoutant que d'autres inculpations étaient attendues

VANCOUVER: Le suspect d'une attaque à la voiture-bélier qui a tué 11 personnes et fait des dizaines de blessés lors d'un festival de la communauté philippine de Vancouver a été inculpé de meurtre, a annoncé dimanche la police.

"Le parquet de Colombie-Britannique a inculpé Kai-Ji Adam Lo", le suspect âgé de 30 ans, "de huit chefs de meurtre", a déclaré la police dans un communiqué, ajoutant que d'autres inculpations étaient attendues.

L'homme présenté comme un habitant de Vancouver, qui a comparu devant un tribunal avant d'être remis en garde à vue, a agi délibérément et a des antécédents de troubles mentaux, selon la police.

Aucun motif n'a été confirmé pour cette attaque survenue samedi soir dans la ville de Vancouver, dans l'ouest du pays, en pleine campagne électorale alors que les Canadiens sont appelés aux urnes lundi pour des élections législatives. La police a exclu cependant la piste terroriste.

Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC.

"La nuit dernière, des familles ont perdu une sœur, un frère, une mère, un père, un fils ou une fille", a-t-il déclaré. "Ces familles vivent le cauchemar de toutes les familles.

Le suspect a "un lourd passé d'interactions, avec la police et des soignants, liées à la santé mentale", a déclaré Steve Rai, un haut responsable de la police de Vancouver, lors d'une conférence de presse dimanche.

"Même si je ne peux pas m'exprimer à ce stade sur un possible mobile, je peux désormais dire, confiant, que les éléments de ce dossier ne nous mènent pas à penser qu'il s'agit d'un acte terroriste", a-t-il ajouté.

"Il y a désormais 11 décès confirmés, et nous pensons que des dizaines d'autres sont blessés, dont certains gravement", a poursuivi Steve Rai, prévenant que le nombre de morts pourrait augmenter.

"Il s'agit du jour le plus sombre de l'histoire de Vancouver", a-t-il estimé.

Des corps "écrasés" 

Peu après 20H00 locales samedi (03h00 GMT dimanche) selon la police, "un homme au volant d'un SUV Audi noir" a foncé à travers la foule dans le quartier Sunset on Fraser de la ville de la côte pacifique où des membres de la communauté philippine s'étaient rassemblés pour célébrer la journée Lapu-Lapu, qui commémore une victoire du XVIe siècle contre les explorateurs européens.

Abigail Andiso a raconté au Vancouver Sun qu'elle a entendu de grands bruits, puis des hurlements: "Il y avait des corps. Ils ont été écrasés. Certains étaient déjà morts sur place".

Des images partagées sur les réseaux sociaux et vérifiées par l'AFP montrent un véhicule, un SUV noir dont l'avant est très endommagé, arrêté dans une rue jonchée de débris avec des camions de restauration rapide tout autour.

Sheila Nocasa était sur place peu avant l'incident. Elle a dit à l'AFP être "sous le choc", "anéantie".

Des personnes sont venues dimanche déposer des fleurs pour rendre hommage aux victimes sur le site de l'attaque.

"C'est très traumatisant", a indiqué à l'AFP Mohamad Sariman, qui travaillait dans un food truck au festival Lapu Lapu et qui dit avoir entendu une "grosse détonation".

De nombreuses communautés asiatiques, notamment chinoise, indienne et philippine, vivent dans l'ouest du Canada, pour beaucoup autour de Vancouver, troisième agglomération du pays.

Dimanche, le roi Charles III, chef d'Etat du Canada, s'est dit "profondément attristé" par cette "terrible tragédie". Le président français Emmanuel Macron a dit sa "solidarité aux Canadiens et à la communauté philippine".

De son côté, le président des Philippines Ferdinand Marcos a déclaré dans un communiqué qu'il était "complètement bouleversé d'apprendre ce terrible incident".

"J'ai peur" 

"J'étais choqué" en apprenant la nouvelle, a déclaré dimanche matin à l'AFP Julie Dunbar, une retraitée de la capitale Ottawa. Elle rappelle tristement qu'il "est arrivé la même chose à Toronto" en 2018, quand un homme avait tué 11 personnes avec un van. "J'ai peur de la société dans laquelle on vit".

Ce drame fait monter la tension à quelques heures du scrutin, lundi. La campagne électorale a été dominée par la question de la guerre économique avec les Etats-Unis de Donald Trump et ses menaces d'annexion.

Le nouveau Premier ministre Mark Carney, qui se présente comme un rempart face au président américain, est donné favori par les sondages. Il a modifié le programme de son dernier jour de campagne en raison de l'attaque à Vancouver.


La Chine contredit Trump et dément tout appel récent avec Xi Jinping

Donald Trump a imposé des droits de douane de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain. Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes douanières de 125% sur les produits américains. (AFP)
Donald Trump a imposé des droits de douane de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain. Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes douanières de 125% sur les produits américains. (AFP)
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  • Dans un entretien publié vendredi par Time Magazine, le président américain a dit avoir parlé au téléphone avec Xi Jinping, sans toutefois préciser à quelle date, ni le contenu de la conversation
  • Donald Trump avait également affirmé au Time Magazine que des discussions étaient en cours avec la Chine pour tenter de parvenir à un accord, et laissé entendre que le processus pourrait aboutir dans les prochaines semaines

PEKIN: La Chine a assuré lundi qu'aucun appel téléphonique n'avait eu lieu dernièrement entre le président Xi Jinping et son homologue américain, contredisant les affirmations de Donald Trump qui dit avoir parlé avec le dirigeant chinois.

Les deux premières puissances économiques mondiales sont engagées dans une guerre commerciale, déclenchée par le locataire de la Maison Blanche.

Donald Trump a imposé des droits de douane de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain. Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes douanières de 125% sur les produits américains.

Dans un entretien publié vendredi par Time Magazine, le président américain a dit avoir parlé au téléphone avec Xi Jinping, sans toutefois préciser à quelle date, ni le contenu de la conversation.

"À ma connaissance, les deux chefs d'État n'ont pas eu de conversation téléphonique récemment", a indiqué lundi lors d'un point de presse régulier Guo Jiakun, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

Donald Trump avait également affirmé au Time Magazine que des discussions étaient en cours avec la Chine pour tenter de parvenir à un accord, et laissé entendre que le processus pourrait aboutir dans les prochaines semaines.

"Je tiens à rappeler que la Chine et les États-Unis n'ont pas engagé de consultations ni de négociations concernant les droits de douane", lui a répondu lundi Guo Jiakun.

 


Trump demande la gratuité des canaux de Panama et de Suez pour les navires américains

Cette photo diffusée par l'autorité du canal de Panama le 30 août 2024, montre le porte-conteneurs MSC Marie, de 366 mètres de long et 51 mètres de large, transitant dans le canal de Panama à Panama. (AFP)
Cette photo diffusée par l'autorité du canal de Panama le 30 août 2024, montre le porte-conteneurs MSC Marie, de 366 mètres de long et 51 mètres de large, transitant dans le canal de Panama à Panama. (AFP)
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  • Après avoir répété, depuis des mois, sa volonté de prendre le contrôle du canal de Panama, le président américain vise désormais le canal de Suez, un autre axe de transport stratégique pour le commerce mondial.
  • « J'ai demandé au secrétaire d'État Marco Rubio de se saisir » de ce dossier, a-t-il ajouté. 

WASHINGTON : Donald Trump a demandé samedi que le passage des navires américains soit rendu gratuit sur les canaux de Panama et de Suez, et a chargé son chef de la diplomatie, Marco Rubio, de se saisir immédiatement de ce dossier.

Après avoir répété, depuis des mois, sa volonté de prendre le contrôle du canal de Panama, le président américain vise désormais le canal de Suez, un autre axe de transport stratégique pour le commerce mondial.

« Les navires américains, à la fois militaires et commerciaux, devraient être autorisés à transiter gratuitement via les canaux de Panama et de Suez. Ces canaux n'existeraient pas sans les États-Unis d'Amérique », a écrit Donald Trump sur son réseau Truth Social.

« J'ai demandé au secrétaire d'État Marco Rubio de se saisir » de ce dossier, a-t-il ajouté. 

Avant même de prendre ses fonctions le 20 janvier, Donald Trump avait fait monter la pression sur le Panama, menaçant de « reprendre » le canal construit par les États-Unis et inauguré en 1914, et resté sous souveraineté américaine jusqu'en 1999.

Le Panama avait récupéré le canal cette année-là, en vertu d'un accord conclu en 1977 avec le président Jimmy Carter. Les États-Unis et la Chine sont les deux principaux utilisateurs de ce lien stratégique, par lequel transite 5 % du commerce maritime mondial.

Début avril, Washington a obtenu l'autorisation du Panama de déployer des militaires américains autour de cette voie d'eau stratégique.

Le canal de Suez, contrôlé par l'Égypte depuis 1956, concentrait lui environ 10 % du commerce maritime mondial, jusqu'à ce que les rebelles houthis du Yémen commencent à lancer des attaques contre des navires, disant agir en « solidarité » avec les Palestiniens de la bande de Gaza.

Les États-Unis sont intervenus, avec d'autres pays, pour tenter de sécuriser cette route maritime.

Mais le trafic a chuté, réduisant drastiquement une source essentielle de devises étrangères pour Le Caire, plongé dans la pire crise économique de son histoire.