Mitch McConnell, le sénateur discret qui décidera de l'avenir politique de Trump

En n'excluant pas de condamner pour incitation à l'insurrection le 45e président des Etats-Unis, le chef des républicains au Sénat Mitch McConnell sait qu'il peut avoir une influence décisive (Photo, AFP).
En n'excluant pas de condamner pour incitation à l'insurrection le 45e président des Etats-Unis, le chef des républicains au Sénat Mitch McConnell sait qu'il peut avoir une influence décisive (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Vendredi 15 janvier 2021

Mitch McConnell, le sénateur discret qui décidera de l'avenir politique de Trump

  • Connaissant parfaitement l'effet de ses paroles mesurées, Mitch McConnell n'a rien laissé au hasard en rendant publique mercredi sa position
  • Un procès en destitution risque en effet de monopoliser la chambre haute, indispensable au démocrate pour faire passer les lois

WASHINGTON: Le destin politique du bouillonnant Donald Trump est désormais entre les mains du chef des républicains au Sénat, le réservé Mitch McConnell, habile stratège qui s'est accommodé de ce partenaire politique inattendu pendant quatre ans pour faire avancer son programme conservateur, mais pourrait désormais le lâcher.

Fier de sa réputation de tacticien impitoyable, le conservateur âgé de 78 ans, dont plus de 35 passés au Sénat, se surnomme même «la Faucheuse», symbole de la mort des espoirs législatifs des démocrates à la chambre haute. 

Sauf qu'après quasi six ans passés à diriger la majorité républicaine, Mitch McConnell retombera le 20 janvier dans la minorité. 

Et Donald Trump en porte une bonne part de responsabilité. 

Derrière le basculement au Sénat: la victoire de deux démocrates en Géorgie, un Etat longtemps conservateur également remporté par Joe Biden. Pour la présidentielle de novembre comme lors des sénatoriales début janvier, le sentiment anti-Trump a mobilisé les électeurs en faveur des démocrates. 

Connaissant parfaitement l'effet de ses paroles mesurées, Mitch McConnell n'a rien laissé au hasard en rendant publique mercredi sa position, juste avant la deuxième mise en accusation historique de Donald Trump à la Chambre des représentants.

«Je n'ai pas pris ma décision définitive sur mon vote» lors du procès en destitution qui devra suivre au Sénat, à partir du 20 janvier.

En n'excluant pas de condamner pour incitation à l'insurrection le 45e président des Etats-Unis, Mitch McConnell sait qu'il peut avoir une influence décisive sur les sénateurs républicains qui hésitent. 

Mais le tacticien pourrait aussi, en refusant d'organiser en vitesse un procès au Sénat avant l'investiture de Joe Biden mercredi prochain, avoir dans le viseur les débuts de mandat du 46e président des Etats-Unis. 

Un procès en destitution risque en effet de monopoliser la chambre haute, indispensable au démocrate pour faire passer les lois qui permettront de lancer rapidement son programme, et nommer les membres de son cabinet. 

«Spirale mortelle»

Face à Donald Trumple changement de ton est en tout cas radical comparé à son premier procès en destitution. 

l'époque, Mitch McConnell avait imposé des débats à marche forcée, bien décidé à offrir au président un acquittement rapide. Le sénateur était alors l'un de ses fidèles alliés au Congrès, satisfait de l'avancée d'un programme conservateur sous sa présidence: plus de 220 juges fédéraux nommés par Donald Trump, sur environ 850, dont trois à la Cour suprême, temple du droit américain appelé à trancher les questions de société les plus sensibles, comme l'avortement et les armes. 

Mitch McConnell est d'ailleurs perçu comme l'un des artisans de la victoire choc du magnat de l'immobilier en 2016. 

En refusant de nommer un juge progressiste sur les bancs de la Cour suprême dans les derniers mois de la présidence de Barack Obama, il avait mobilisé des électeurs conservateurs, soucieux de ne pas voir la Cour tomber dans une majorité progressiste, en faveur du candidat républicain malgré le passé tumultueux de cet ancien démocrate. 

La réforme fiscale de l'administration Trump, promulguée fin 2017, est aussi l'une des grandes victoires législatives des conservateurs. 

Mais après l'assaut du Capitole et, auparavant, les semaines passées par Donald Trump à nier sa défaite à la présidentielle, la rupture semble bien consommée entre ces deux étranges alliés, que tout séparait. 

Le magnat de l'immobilier new-yorkais aux emportées tonitruantes est né riche héritier tandis que le sénateur du Kentucky, plus gris, au ton monocorde marqué d'un accent du Sud des Etats-Unis, où il a grandi, a survécu à la polio quand il était enfant. 

Refuser la victoire de Joe Biden, lors de la certification officielle au Congrès, risquerait de plonger la démocratie américaine «dans une spirale mortelle», avait mis en garde Mitch McConnell au Sénat le 6 janvier.

Peu après, des manifestants pro-Trump, convaincus de sa victoire, partaient à l'assaut du Capitole, où siégeaient les parlementaires. Mitch McConnell et les élus étaient évacués pendant que le président américain gardait un long silence. 

«Le Sénat américain ne se laissera pas intimider», avait-il martelé à son retour dans l'hémicycle, au soir du saccage. 

Les deux hommes ne se seraient pas parlés depuis l'assaut meurtrier. 

L'épouse de Mitch McConnell Elaine Chao, ministre des Transports de Donald Trump depuis son arrivée à la Maison Blanche en 2017, a elle démissionné le lendemain, en se disant «troublée» par cet «événement traumatisant».


Canada: le suspect de l'attaque à la voiture-bélier qui a fait 11 morts inculpé

Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC. (AFP)
Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC. (AFP)
Short Url
  • L'homme présenté comme un habitant de Vancouver, qui a comparu devant un tribunal avant d'être remis en garde à vue, a agi délibérément et a des antécédents de troubles mentaux, selon la police
  • "Le parquet de Colombie-Britannique a inculpé Kai-Ji Adam Lo", le suspect âgé de 30 ans, "de huit chefs de meurtre", a déclaré la police dans un communiqué, ajoutant que d'autres inculpations étaient attendues

VANCOUVER: Le suspect d'une attaque à la voiture-bélier qui a tué 11 personnes et fait des dizaines de blessés lors d'un festival de la communauté philippine de Vancouver a été inculpé de meurtre, a annoncé dimanche la police.

"Le parquet de Colombie-Britannique a inculpé Kai-Ji Adam Lo", le suspect âgé de 30 ans, "de huit chefs de meurtre", a déclaré la police dans un communiqué, ajoutant que d'autres inculpations étaient attendues.

L'homme présenté comme un habitant de Vancouver, qui a comparu devant un tribunal avant d'être remis en garde à vue, a agi délibérément et a des antécédents de troubles mentaux, selon la police.

Aucun motif n'a été confirmé pour cette attaque survenue samedi soir dans la ville de Vancouver, dans l'ouest du pays, en pleine campagne électorale alors que les Canadiens sont appelés aux urnes lundi pour des élections législatives. La police a exclu cependant la piste terroriste.

Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC.

"La nuit dernière, des familles ont perdu une sœur, un frère, une mère, un père, un fils ou une fille", a-t-il déclaré. "Ces familles vivent le cauchemar de toutes les familles.

Le suspect a "un lourd passé d'interactions, avec la police et des soignants, liées à la santé mentale", a déclaré Steve Rai, un haut responsable de la police de Vancouver, lors d'une conférence de presse dimanche.

"Même si je ne peux pas m'exprimer à ce stade sur un possible mobile, je peux désormais dire, confiant, que les éléments de ce dossier ne nous mènent pas à penser qu'il s'agit d'un acte terroriste", a-t-il ajouté.

"Il y a désormais 11 décès confirmés, et nous pensons que des dizaines d'autres sont blessés, dont certains gravement", a poursuivi Steve Rai, prévenant que le nombre de morts pourrait augmenter.

"Il s'agit du jour le plus sombre de l'histoire de Vancouver", a-t-il estimé.

Des corps "écrasés" 

Peu après 20H00 locales samedi (03h00 GMT dimanche) selon la police, "un homme au volant d'un SUV Audi noir" a foncé à travers la foule dans le quartier Sunset on Fraser de la ville de la côte pacifique où des membres de la communauté philippine s'étaient rassemblés pour célébrer la journée Lapu-Lapu, qui commémore une victoire du XVIe siècle contre les explorateurs européens.

Abigail Andiso a raconté au Vancouver Sun qu'elle a entendu de grands bruits, puis des hurlements: "Il y avait des corps. Ils ont été écrasés. Certains étaient déjà morts sur place".

Des images partagées sur les réseaux sociaux et vérifiées par l'AFP montrent un véhicule, un SUV noir dont l'avant est très endommagé, arrêté dans une rue jonchée de débris avec des camions de restauration rapide tout autour.

Sheila Nocasa était sur place peu avant l'incident. Elle a dit à l'AFP être "sous le choc", "anéantie".

Des personnes sont venues dimanche déposer des fleurs pour rendre hommage aux victimes sur le site de l'attaque.

"C'est très traumatisant", a indiqué à l'AFP Mohamad Sariman, qui travaillait dans un food truck au festival Lapu Lapu et qui dit avoir entendu une "grosse détonation".

De nombreuses communautés asiatiques, notamment chinoise, indienne et philippine, vivent dans l'ouest du Canada, pour beaucoup autour de Vancouver, troisième agglomération du pays.

Dimanche, le roi Charles III, chef d'Etat du Canada, s'est dit "profondément attristé" par cette "terrible tragédie". Le président français Emmanuel Macron a dit sa "solidarité aux Canadiens et à la communauté philippine".

De son côté, le président des Philippines Ferdinand Marcos a déclaré dans un communiqué qu'il était "complètement bouleversé d'apprendre ce terrible incident".

"J'ai peur" 

"J'étais choqué" en apprenant la nouvelle, a déclaré dimanche matin à l'AFP Julie Dunbar, une retraitée de la capitale Ottawa. Elle rappelle tristement qu'il "est arrivé la même chose à Toronto" en 2018, quand un homme avait tué 11 personnes avec un van. "J'ai peur de la société dans laquelle on vit".

Ce drame fait monter la tension à quelques heures du scrutin, lundi. La campagne électorale a été dominée par la question de la guerre économique avec les Etats-Unis de Donald Trump et ses menaces d'annexion.

Le nouveau Premier ministre Mark Carney, qui se présente comme un rempart face au président américain, est donné favori par les sondages. Il a modifié le programme de son dernier jour de campagne en raison de l'attaque à Vancouver.


La Chine contredit Trump et dément tout appel récent avec Xi Jinping

Donald Trump a imposé des droits de douane de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain. Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes douanières de 125% sur les produits américains. (AFP)
Donald Trump a imposé des droits de douane de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain. Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes douanières de 125% sur les produits américains. (AFP)
Short Url
  • Dans un entretien publié vendredi par Time Magazine, le président américain a dit avoir parlé au téléphone avec Xi Jinping, sans toutefois préciser à quelle date, ni le contenu de la conversation
  • Donald Trump avait également affirmé au Time Magazine que des discussions étaient en cours avec la Chine pour tenter de parvenir à un accord, et laissé entendre que le processus pourrait aboutir dans les prochaines semaines

PEKIN: La Chine a assuré lundi qu'aucun appel téléphonique n'avait eu lieu dernièrement entre le président Xi Jinping et son homologue américain, contredisant les affirmations de Donald Trump qui dit avoir parlé avec le dirigeant chinois.

Les deux premières puissances économiques mondiales sont engagées dans une guerre commerciale, déclenchée par le locataire de la Maison Blanche.

Donald Trump a imposé des droits de douane de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain. Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes douanières de 125% sur les produits américains.

Dans un entretien publié vendredi par Time Magazine, le président américain a dit avoir parlé au téléphone avec Xi Jinping, sans toutefois préciser à quelle date, ni le contenu de la conversation.

"À ma connaissance, les deux chefs d'État n'ont pas eu de conversation téléphonique récemment", a indiqué lundi lors d'un point de presse régulier Guo Jiakun, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

Donald Trump avait également affirmé au Time Magazine que des discussions étaient en cours avec la Chine pour tenter de parvenir à un accord, et laissé entendre que le processus pourrait aboutir dans les prochaines semaines.

"Je tiens à rappeler que la Chine et les États-Unis n'ont pas engagé de consultations ni de négociations concernant les droits de douane", lui a répondu lundi Guo Jiakun.

 


Trump demande la gratuité des canaux de Panama et de Suez pour les navires américains

Cette photo diffusée par l'autorité du canal de Panama le 30 août 2024, montre le porte-conteneurs MSC Marie, de 366 mètres de long et 51 mètres de large, transitant dans le canal de Panama à Panama. (AFP)
Cette photo diffusée par l'autorité du canal de Panama le 30 août 2024, montre le porte-conteneurs MSC Marie, de 366 mètres de long et 51 mètres de large, transitant dans le canal de Panama à Panama. (AFP)
Short Url
  • Après avoir répété, depuis des mois, sa volonté de prendre le contrôle du canal de Panama, le président américain vise désormais le canal de Suez, un autre axe de transport stratégique pour le commerce mondial.
  • « J'ai demandé au secrétaire d'État Marco Rubio de se saisir » de ce dossier, a-t-il ajouté. 

WASHINGTON : Donald Trump a demandé samedi que le passage des navires américains soit rendu gratuit sur les canaux de Panama et de Suez, et a chargé son chef de la diplomatie, Marco Rubio, de se saisir immédiatement de ce dossier.

Après avoir répété, depuis des mois, sa volonté de prendre le contrôle du canal de Panama, le président américain vise désormais le canal de Suez, un autre axe de transport stratégique pour le commerce mondial.

« Les navires américains, à la fois militaires et commerciaux, devraient être autorisés à transiter gratuitement via les canaux de Panama et de Suez. Ces canaux n'existeraient pas sans les États-Unis d'Amérique », a écrit Donald Trump sur son réseau Truth Social.

« J'ai demandé au secrétaire d'État Marco Rubio de se saisir » de ce dossier, a-t-il ajouté. 

Avant même de prendre ses fonctions le 20 janvier, Donald Trump avait fait monter la pression sur le Panama, menaçant de « reprendre » le canal construit par les États-Unis et inauguré en 1914, et resté sous souveraineté américaine jusqu'en 1999.

Le Panama avait récupéré le canal cette année-là, en vertu d'un accord conclu en 1977 avec le président Jimmy Carter. Les États-Unis et la Chine sont les deux principaux utilisateurs de ce lien stratégique, par lequel transite 5 % du commerce maritime mondial.

Début avril, Washington a obtenu l'autorisation du Panama de déployer des militaires américains autour de cette voie d'eau stratégique.

Le canal de Suez, contrôlé par l'Égypte depuis 1956, concentrait lui environ 10 % du commerce maritime mondial, jusqu'à ce que les rebelles houthis du Yémen commencent à lancer des attaques contre des navires, disant agir en « solidarité » avec les Palestiniens de la bande de Gaza.

Les États-Unis sont intervenus, avec d'autres pays, pour tenter de sécuriser cette route maritime.

Mais le trafic a chuté, réduisant drastiquement une source essentielle de devises étrangères pour Le Caire, plongé dans la pire crise économique de son histoire.