Climat: deux ans après la pétition record, première audience pour «L'Affaire du siècle»

«On est plein d'espoir pour cette audience et la décision qui va s'en suivre», indique Jean-François Julliard, directeur de Greenpeace France (Photo, AFP)
«On est plein d'espoir pour cette audience et la décision qui va s'en suivre», indique Jean-François Julliard, directeur de Greenpeace France (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 12 janvier 2021

Climat: deux ans après la pétition record, première audience pour «L'Affaire du siècle»

  • «La cerise sur le gâteau serait une décision d'enjoindre l'Etat à en faire plus pour replacer la France sur la trajectoire de l’Accord de Paris»
  • Le gouvernement rejette les accusations d'inaction, mettant en avant notamment la loi énergie-climat de 2019 qui «renforce les objectifs climatiques»

PARIS: Début 2019, deux millions de citoyens réclamaient un recours contre l'Etat pour inaction climatique. Deux ans plus tard, « L'Affaire du siècle » arrive devant la justice alors que le gouvernement est pressé de toutes parts de faire plus pour la planète. 

« Ca va être l'aboutissement de deux ans d'attente qui ont pu être longs et ont pu parfois désespérer un peu les gens », commente Cécilia Rinaudo, coordinatrice de Notre Affaire à tous, une des ONG à l'origine de cette procédure alors inédite, avec Greenpeace France, la Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l'Homme, et Oxfam France. 

Mi-décembre 2018, ces quatre organisations adressent une requête préalable au gouvernement, accusant l'Etat de « carence fautive » par son « action défaillante » pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. 

En parallèle, en moins d'un mois, plus de deux millions de personnes apportent leur soutien à cette action, un record en France pour une pétition en ligne. 

Pas satisfaites de la réponse du gouvernement, les quatre ONG, depuis rejointes par d'autres, comme la Fondation Abbé Pierre et la Fédération Nationale d'Agriculture Biologique, déposent formellement le recours contre l'Etat en mars 2019. 

La première audience doit avoir lieu jeudi au tribunal administratif de Paris.  

« On est plein d'espoir pour cette audience et la décision qui va s'en suivre », indique Jean-François Julliard, directeur de Greenpeace France, qui souhaite que la justice reconnaisse que « l'Etat n'en fait pas assez ». 

« La cerise sur le gâteau serait une décision d'enjoindre l'Etat à en faire plus pour replacer la France sur la trajectoire de l’Accord de Paris », qui vise à limiter le réchauffement de la planète à +2°C, si possible +1,5°C, poursuit-il. 

Les requérants sont encouragés par la récente décision du Conseil d'Etat, saisi par la commune de Grande-Synthe qui s'estime menacée de submersion sur le littoral du Nord.  

Le 19 novembre, la plus haute juridiction française a en effet donné trois mois à l'Etat pour justifier de ses actions en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre. 

Les deux affaires « sont complémentaires », même si l'Affaire du siècle soulève en plus la question du « préjudice écologique », explique Cécilia Rinaudo.  

« C'est déjà maintenant »  

La réparation demandée est seulement d'un « euro symbolique », mais l'objectif est de « faire reconnaître la responsabilité de l'État » dans ce préjudice, insiste-t-elle. 

Alors que la France s'est engagée à réduire de 40% ses émissions d'ici 2030 par rapport à 1990, les ONG requérantes lui reprochent d'avoir dépassé les budgets carbone qu'elle s'était fixée. Un point reconnu par le Conseil d'Etat en novembre. 

Elles relèvent également des manquements en terme de rénovation énergétique des bâtiments ou de développement des énergies renouvelables. Et pointent du doigt les impacts directs sur la vie quotidienne des Français, leur santé ou leur niveau de vie. 

Une centaine de témoignages parmi plus de 25 000 recueillis en ligne sont d'ailleurs joints au dossier. Comme celui de Jean-François, producteur de moules de bouchot à Oléron. « Pour moi, le changement climatique --avec l'augmentation de la fréquence des catastrophes naturelles, la hausse des températures des mers et la progression de l'érosion du littoral--, c'est déjà maintenant », s'inquiète-t-il. 

De son côté, le gouvernement rejette les accusations d'inaction, mettant en avant notamment la loi énergie-climat de 2019 qui « renforce les objectifs climatiques », en visant la neutralité carbone à l'horizon 2050 ou une baisse de 40% de la consommation d'énergies fossiles d'ici 2030. 

Dans son mémoire de défense, il rejette également la demande de réparation d'un préjudice écologique, notant que l'Etat ne peut être tenu seul responsable du changement climatique alors que la France représente environ 1% des émissions mondiales. 

Alors que l'enjeu climatique investit de plus en plus les salles d'audience, en France comme dans de nombreux pays du monde, les défenseurs du climat savent bien que cette forme d'action peut être à double tranchant. 

« Si on perd, ce sera alors facile pour l'Etat de dire +on a gagné en justice, alors arrêtez avec vos demandes incessantes+ », admet Jean-François Julliard. Mais une victoire permettrait de mettre la pression pour renforcer l'ambition du projet de loi issu de la Convention citoyenne pour le climat, espère-t-il. 

Les ONG accusent le gouvernement d'avoir dénaturé les propositions des Citoyens dans ce texte qui doit être présenté en Conseil des ministres début février. 


Première mission du porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle aux Philippines

Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
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  • L'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.
  • La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

SUBIC BAY FREEPORT ZONE PHILIPPINES : Le porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle a effectué sa première mission aux Philippines, où l'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.

« Compte tenu de la montée des tensions, il est d’autant plus important de défendre le droit international et la liberté de navigation, que ce soit en mer ou dans les airs », a déclaré l'ambassadrice Marie Fontanel sur le pont du porte-avions, dans la baie de Subic, au nord de Manille.

Le groupe aéronaval a rejoint la marine des Philippines vendredi pour ces exercices.

Constitué de quelque 3 000 marins, il avait quitté le port de Brest en novembre pour une mission de plusieurs mois en mer Rouge, dans l'océan Indien et dans le Pacifique, durant laquelle il doit intégrer régulièrement des frégates ou des sous-marins de pays étrangers.

La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

Les Philippines cherchent pour leur part à renforcer leurs relations avec leurs alliés face aux confrontations régulières entre Manille et Pékin concernant la mer de Chine méridionale. Pékin y revendique en effet la majeure partie de cette voie navigable stratégique.

En novembre, Manille avait annoncé l'achat à la France de 40 vedettes rapides de patrouille dans le cadre d'un accord de 440 millions de dollars (environ 420 millions d'euros).


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

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  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté.