Une étincelle d'espoir s'allume au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, annonçant le début d'une nouvelle époque dans la lutte contre les violences faites aux femmes. Cette initiative s'appuie sur une série de réformes juridiques vigoureuses, une évolution des mentalités et des interventions politiques. Gouvernements, communautés et groupes de défense s'unissent pour garantir aux femmes de la région une vie digne, loin de la violence et de toute autre forme d'abus. Ainsi, ils construisent un avenir où la sécurité, les droits et l'autonomisation des femmes sont au cœur du progrès sociétal.
Considérée comme une maladie chronique profondément enracinée dans la région, la violence envers les femmes demeure un défi persistant et omniprésent. À ce sujet, en 2024, l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a publié un rapport alarmant, révélant qu'une femme mariée sur trois dans la région MENA a été victime de violences physiques ou sexuelles de la part de son partenaire au moins une fois dans sa vie. Un autre rapport publié par l'indice "Institutions sociales et égalité des genres" (ISE) en 2023 a révélé que moins de la moitié des pays de la région MENA disposaient de lois protégeant les femmes contre les formes de violence autres que les violences physiques, telles que les violences psychologiques et économiques.
En effet, grâce aux interventions menées par les gouvernements de la région MENA, ce défi commence à être progressivement surmonté. Ces interventions, qui comprennent une législation historique criminalisant toutes les formes de violence, y compris la violence domestique à l'égard des femmes, ainsi que des stratégies nationales pour promouvoir leurs droits, rendent les progrès de plus en plus visibles. De même, des campagnes de sensibilisation et des programmes éducatifs à grande échelle contribuent à redéfinir les normes culturelles afin de garantir le respect des droits des femmes.
La violence à l'égard des femmes est un problème complexe et multiforme qui englobe un large éventail de formes interdépendantes, telles que la violence conjugale, la violence domestique, les agressions sexuelles, l'exploitation, le harcèlement, la violence facilitée par les technologies, les mutilations génitales féminines, le mariage forcé, les crimes d'honneur, la traite des êtres humains et la violence au travail. Par conséquent, les politiques, les programmes et les réformes législatives doivent adopter une approche plus centrée sur l'être humain, en tenant compte de l'ensemble de l'expérience vécue par les femmes, de la prévention à la guérison après les violences.
La redéfinition de cette problématique devrait peut-être commencer par la collecte d'importants ensembles de données mettant en lumière l'incidence et la prévalence, les données démographiques, les cas signalés, le nombre d'affaires judiciaires et les taux de recours aux services de soutien. Déjà, les données sur les conséquences des abus et de la violence sur les soins de santé, les attitudes sociétales, ainsi que leurs effets sur les enfants et les familles, peuvent contribuer à la conception d'interventions ciblées et de campagnes de sensibilisation à grande échelle.
La violence à l'égard des femmes est principalement perpétrée par des hommes et des garçons dans tous les pays, largement motivée par des normes sociales et des conceptions de la masculinité toxiques. Il est donc essentiel d'adopter une stratégie globale axée sur le changement des attitudes masculines dans le cadre des efforts de prévention et de gestion. Les pays de la région MENA ont lancé des initiatives novatrices pour faire évoluer les attitudes des hommes et des garçons à l'égard de la violence et des abus envers les femmes, tant au niveau national que régional.
Des campagnes de sensibilisation et des programmes éducatifs contribuent à redéfinir les normes culturelles afin de garantir le respect des droits des femmes. Sara Al-Mulla
Un exemple frappant est la campagne « Parce que je suis un homme », née de la collaboration entre les gouvernements de l'Égypte, de la Jordanie, du Liban, du Maroc, et de la Tunisie, en partenariat avec ONU Femmes. Cette campagne vise à prévenir les violences faites aux femmes et à promouvoir une masculinité positive en mobilisant les hommes, notamment par le biais de la paternité, pour lutter contre la discrimination fondée sur le genre. Elle comprenait de nombreuses activités de terrain, touchant 480 000 hommes et une audience en ligne de 17 millions de personnes.
D'autre part, une fois la violence signalée, il est essentiel que les responsables politiques mettent en place des systèmes de soutien rapides et adaptés, comprenant l'accès à des lignes d'assistance téléphonique, des refuges, une aide juridique, un soutien financier et des services de conseil. Le gouvernement égyptien en est un exemple notable : il a créé en 2021 une "Unité collective pour la protection des femmes contre les violences" et un centre d'accueil intégrant les services de soutien de divers ministères et autorités gouvernementales. Ce centre offre un premier examen des victimes et survivantes, facilite le signalement des cas et le dépôt de plaintes, propose un hébergement temporaire durant les enquêtes, et oriente les femmes vers un réseau d’aide juridique, de santé, de services psychologiques et sociaux.
Un autre exemple est celui de la "Commission nationale jordanienne pour les femmes", qui a dressé une liste exhaustive de tous les services accessibles aux victimes dans le pays et publié un répertoire des lignes d'assistance téléphonique liées à l’ ”Unité de protection de la famille" et à diverses organisations non gouvernementales. Parallèlement, de nombreux pays de la région MENA, comme Bahreïn, le Maroc et les Émirats arabes unis, proposent des abris temporaires aux victimes et aux survivantes.
Parallèlement, les cadres juridiques devraient tenir les auteurs responsables de leurs actes. Par exemple, le décret-loi fédéral n° (13) de 2024 des Émirats arabes unis sur la protection contre la violence domestique établit des mesures juridiques complètes pour prévenir, traiter et sanctionner la violence domestique, protégeant ainsi les victimes et tenant les auteurs responsables de leurs actes atroces.
Outre le soutien juridique et social, le rétablissement devrait également viser à restaurer le sentiment de dignité et d'autonomisation de la victime. Par conséquent, les programmes pourraient être conçus dans une perspective de rétablissement à long terme, par exemple en proposant un accompagnement psychologique, une formation professionnelle et une autonomisation économique par la participation au marché du travail ou l'entrepreneuriat.
Pour soutenir cette série complexe d'interventions, l'Égypte a élaboré une série de guides pratiques destinés aux différents prestataires de services travaillant avec les victimes et les survivantes, tels que les professionnels de santé, les acteurs du secteur judiciaire, les policiers, les opérateurs de lignes d'assistance téléphonique, les travailleurs sociaux et le personnel des ONG. De même, la Stratégie nationale pour la famille de l'Arabie saoudite, élaborée dans le cadre de la Vision 2030, inclut des programmes visant à offrir de nouvelles perspectives économiques aux femmes, à leur permettre de faire des choix de vie autonomes, à les protéger des abus et à faciliter l’accès à tous les types de services gouvernementaux.
Finalement, les victimes et survivantes doivent être armées des outils nécessaires à la reconstruction de leur vie.
À l'avenir, les gouvernements de la région MENA ont l'opportunité de transformer les défis en progrès en mettant en œuvre des politiques plus solides, en renforçant les protections juridiques et en favorisant une culture de tolérance zéro à l'égard des violences faites aux femmes, leur permettant ainsi de s'épanouir dans ce nouveau contexte plus prometteur.
Sara al-Mulla est une fonctionnaire émiratie qui s’intéresse à la politique de développement humain et à la littérature pour enfants. Elle peut être contactée sur www.amorelicious.com.
NDLR : Les opinions exprimées dans cette rubrique par leurs auteurs sont personnelles, et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de Arab News.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com