Doha rejette une enquête israélienne associant l'aide qatarie à l'attaque du Hamas

Le Qatar accueille le bureau politique du Hamas depuis 2012, avec l'accord des Etats-Unis, mais il a toujours nié soutenir le mouvement islamiste palestinien. (AFP)
Le Qatar accueille le bureau politique du Hamas depuis 2012, avec l'accord des Etats-Unis, mais il a toujours nié soutenir le mouvement islamiste palestinien. (AFP)
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Publié le Jeudi 06 mars 2025

Doha rejette une enquête israélienne associant l'aide qatarie à l'attaque du Hamas

  • "Les fausses accusations portées par l'agence de sécurité Shin Bet, liant l'aide qatarie à l'attaque du 7-Octobre, constituent un nouvel exemple de détournement", motivé par des considérations propres à la politique israélienne
  • Le Shin Bet a publié mardi les conclusions d'une enquête interne sur l'attaque sanglante du Hamas sur Israël, qui a déclenché 15 mois de guerre à Gaza, reconnaissant qu'il avait "échoué" à l'empêcher

DOHA: Le Qatar a qualifié mercredi de "fausses accusations" les conclusions d'une enquête de l'Agence de la sécurité intérieure israélienne (Shin Bet), affirmant que des fonds qataris ont renforcé le Hamas palestinien avant l'attaque du 7 octobre 2023.

"Les fausses accusations portées par l'agence de sécurité Shin Bet, liant l'aide qatarie à l'attaque du 7-Octobre, constituent un nouvel exemple de détournement", motivé par des considérations propres à la politique israélienne, a déclaré le Bureau des médias du Qatar dans un communiqué.

Le Shin Bet a publié mardi les conclusions d'une enquête interne sur l'attaque sanglante du Hamas sur Israël, qui a déclenché 15 mois de guerre à Gaza, reconnaissant qu'il avait "échoué" à l'empêcher.

Le résumé du rapport affirme que "l'afflux de fonds qataris et leur transfert à l'aile militaire" est l'une des "principales raisons du renforcement du Hamas lui ayant permis de lancer l'attaque".

"Il est de notoriété publique en Israël et dans le monde que toute l'aide envoyée par le Qatar à Gaza a été transférée avec le soutien et sous la supervision de l'administration israélienne actuelle et précédente et de ses agences de sécurité, y compris le Shin Bet", a affirmé le bureau des médias qatari.

"Aucune aide n'a jamais été livrée à l'aile politique ou militaire du Hamas", a-t-il ajouté.

"Diversion" 

Le Qatar accueille le bureau politique du Hamas depuis 2012, avec l'accord des Etats-Unis, mais il a toujours nié soutenir le mouvement islamiste palestinien.

Le riche Etat gazier a joué un rôle clé dans l'obtention d'un cessez le feu fragile à Gaza, en servant de médiateur entre le Hamas et Israël, aux côtés des Etats-Unis et de l'Egypte.

La trêve a jusqu'à présent permis le retour de 33 otages israéliens et la libération de quelque 1.800 prisonniers palestiniens, ainsi que l'entrée d'aide humanitaire dans le territoire assiégé.

Mais la suite du processus se heurte aux positions adverses des deux camps.

"A ce stade critique, le Shin Bet et les autres agences de sécurité israéliennes devraient s'efforcer de sauver les otages restants et de trouver une solution qui garantisse la sécurité régionale à long terme, plutôt que de recourir à des tactiques de diversion", affirme encore le communiqué qatari.

"Les allégations selon lesquelles l'aide qatarie est allée au Hamas sont totalement fausses et prouvent que les accusateurs ont l'intention de prolonger la guerre", a-t-il insisté.

L'attaque du 7-Octobre a fait 1.218 morts du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles et incluant les otages morts ou tués en captivité.

La riposte de l'armée israélienne a fait au moins 48.405 morts à Gaza, en majorité des civils, d'après les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU met en garde contre la création d'un gouvernement rival

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  • Les FSR ont signé fin février à Nairobi une charte avec des groupes alliés pour créer un "gouvernement de paix et d'unité" dans les zones qu'elles contrôlent
  • "Les membres du Conseil de sécurité ont exprimé leur profonde inquiétude concernant la signature d'une charte visant à établir une autorité gouvernementale parallèle au Soudan", ont déclaré les membres du conseil dans un communiqué publié tard mercredi

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a fait état de sa "profonde inquiétude" après la signature en février par les paramilitaires au Soudan d'une charte en vue de former un gouvernement parallèle dans ce pays ravagé par la guerre.

Le conflit qui oppose depuis avril 2023 l'armée soudanaise aux Forces de soutien rapide (FSR, paramilitaires) a fait des dizaines de milliers de morts, déplacé plus de douze millions de personnes et engendré un désastre humanitaire.

Les FSR ont signé fin février à Nairobi une charte avec des groupes alliés pour créer un "gouvernement de paix et d'unité" dans les zones qu'elles contrôlent.

"Les membres du Conseil de sécurité ont exprimé leur profonde inquiétude concernant la signature d'une charte visant à établir une autorité gouvernementale parallèle au Soudan", ont déclaré les membres du conseil dans un communiqué publié tard mercredi.

Ils ont averti qu'une telle initiative "risquerait d'exacerber le conflit en cours au Soudan, de fragmenter le pays et d'aggraver une situation humanitaire déjà catastrophique".

Ils ont également exhorté les belligérants à cesser immédiatement les hostilités et à s'engager dans un "dialogue politique et des efforts diplomatiques en vue d'un cessez-le-feu durable".

La guerre a morcelé le pays, l'armée contrôlant l'est et le nord du Soudan, et les FSR dominant la quasi-totalité de la région occidentale du Darfour et des pans du sud du pays.

Ces dernières semaines, l'armée a mené une offensive dans le centre du pays, reprenant des villes-clefs et une grande partie de la capitale Khartoum.

 


Le PKK pressé par Ankara à déposer les armes «immédiatement»

Alors que le conflit a débordé les frontières turques depuis des décennies, l'Irak réclamait le retrait de son territoire de l'armée turque comme des combattants du PPK, en cas d'accord de paix. (AFP)
Alors que le conflit a débordé les frontières turques depuis des décennies, l'Irak réclamait le retrait de son territoire de l'armée turque comme des combattants du PPK, en cas d'accord de paix. (AFP)
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  • Le PKK avait favorablement répondu samedi à l'appel de son chef historique Abdullah Öcalan, détenu depuis 26 ans, à dissoudre le mouvement et à mettre  fin à quatre décennies de guerilla qui ont fait au moins 40.000 morts
  • Le PKK a annoncé un cessez-le-feu à effet immédiat assurant que "aucune de nos forces ne mènera d'action armée à moins d'être attaquée"

ISTANBUL: La Turquie a exigé jeudi que le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) dépose les armes "immédiatement et sans condition", une semaine après l'appel au mouvement de son chef historique à se dissoudre.

Cet appel s'adresse à tous les combattants kurdes turcs, qu'ils soient repliés dans les montagnes du nord de l'Irak ou présents, au côté des Forces de défense démocratiques (FDS), dans le nord-est de la Syrie.

"Le PKK et tous les groupes qui lui sont affiliés doivent mettre un terme à leurs activités terroristes et se dissoudre immédiatement et sans condition et déposer les armes", a insisté une source au ministère de la Défense.

Le PKK avait favorablement répondu samedi à l'appel de son chef historique Abdullah Öcalan, détenu depuis 26 ans, à dissoudre le mouvement et à mettre  fin à quatre décennies de guerilla qui ont fait au moins 40.000 morts.

Le PKK a annoncé un cessez-le-feu à effet immédiat assurant que "aucune de nos forces ne mènera d'action armée à moins d'être attaquée".

Le jour même, le président Recep Tayyip Erdogan avait prévenu qu'Ankara poursuivrait ses opérations militaires contre les insurgés si "ces promesses n'étaient pas tenues".

Alors que le conflit a débordé les frontières turques depuis des décennies, l'Irak réclamait le retrait de son territoire de l'armée turque comme des combattants du PPK, en cas d'accord de paix.

"Menace à la sécurité régionale" 

"Sur notre territoire nous ne voulons ni de l'armée turque ni du PKK (...) l'Irak veut le retrait de tous", a indiqué à l'AFP le Conseiller irakien à la sécurité nationale, Qassem al-Aaraji, reconnaissant que les "forces turques sont présentes à cause du PKK".

Par ailleurs, le gouvernement turc a appelé à plusieurs reprises les nouveaux dirigeants de la Syrie voisine à "expulser" les combattants kurdes "non syriens" de leur territoire.

"Ce n'est pas seulement une menace pour notre sécurité, mais pour la région entière", a fait valoir le ministre des Affaires étrangères, Hakan Fidan.

A l'issue de quatre mois de dialogue initié par les autorités turques et conduit par le principal parti prokurde DEM, M. Öcalan, 75 ans, a lancé un appel pour "la paix et une société démocratique", ordonnant au PKK de "déposer les armes" et de "se dissoudre".

La Turquie a lancé en novembre 2022 l'opération aérienne "Griffe Epée" contre des positions kurdes dans le nord de l'Irak.

Depuis 2016, elle a également lancé trois opérations d'envergure en Syrie et établi une zone tampon le long de sa frontière dans le nord-est du pays, où des factions pro-turques affrontent les FDS.

 


Gaza: Paris, Londres et Berlin exhortent Israël à laisser entrer l'aide humanitaire «sans entrave»

"La situation humanitaire dans la bande de Gaza est catastrophique", rappellent les ministres européens. (AFP)
"La situation humanitaire dans la bande de Gaza est catastrophique", rappellent les ministres européens. (AFP)
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  • Israël a annoncé dimanche sa décision de couper l'aide humanitaire à destination de la bande de Gaza sur fond de désaccord avec le Hamas sur la façon de poursuivre la trêve fragile entrée en vigueur le 19 janvier
  • L'aide humanitaire est devenue "la première source de revenus" du mouvement islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza, a justifié mardi le ministre des Affaires étrangères israélien Gideon Saar

PARIS: Israël doit respecter ses obligations internationales pour que l'aide humanitaire parvienne à la population de Gaza "entièrement, rapidement, en toute sécurité et sans entrave", exhortent mercredi les ministres des Affaires étrangères allemand, britannique et français dans un communiqué conjoint.

"Une interruption de l'entrée des biens et fournitures dans la bande de Gaza, comme celle qu'a annoncée le gouvernement israélien, pourrait constituer une violation du droit international humanitaire", préviennent-ils, ajoutant que "la fourniture de l'aide humanitaire ne saurait être subordonnée à un cessez-le-feu, ni être instrumentalisée à des fins politiques".

Israël a annoncé dimanche sa décision de couper l'aide humanitaire à destination de la bande de Gaza sur fond de désaccord avec le Hamas sur la façon de poursuivre la trêve fragile entrée en vigueur le 19 janvier, après plus de 15 mois d'une guerre ayant dévasté le territoire palestinien.

L'aide humanitaire est devenue "la première source de revenus" du mouvement islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza, a justifié mardi le ministre des Affaires étrangères israélien Gideon Saar.

"La situation humanitaire dans la bande de Gaza est catastrophique", rappellent les ministres européens.

Parallèlement, ils appellent à la libération "sans condition" de "tous les otages" détenus par le Hamas et exhorte le mouvement islamiste "de mettre un terme aux traitements dégradants et humiliants qu'ils subissent". "Nous demeurons résolument solidaires de leurs familles et du peuple israélien face aux attentats terroristes commis par le Hamas le 7 octobre 2023", ajoutent-ils.

La première phase de la trêve a permis le retour en Israël de 33 otages, dont huit morts, en échange de la libération d'environ 1.800 prisonniers palestiniens.

Aux termes de l'accord de janvier, la deuxième phase doit permettre la libération de tous les otages vivants détenus à Gaza, contre de nouvelles libérations de prisonniers palestiniens.

Mais Israël et le Hamas ne sont pas d'accord sur les modalités devant permettre de passer à cette nouvelle étape.