Les relations entre l’Arabie saoudite et le Liban sont sur la voie du rétablissement alors que le président libanais Joseph Aoun arrive à Riyad lundi, sa première destination internationale depuis son élection le 9 janvier.
Ce voyage revêt une importance capitale, car les relations entre l’Arabie saoudite et le Liban se sont détériorées depuis l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri en 2005 par le Hezbollah. Bien que Riyad n’ait jamais officiellement rompu les relations bilatérales, les liens avec Beyrouth se sont progressivement détériorés, en raison des déclarations provocatrices du Hezbollah, de son rôle dans l’exportation du Captagon et de sa fourniture d’aide et d’expertise militaires aux ennemis du Royaume.
M. Aoun, le nouveau président élu sans interférence du Hezbollah ni du régime d'al-Assad, en raison des bouleversements dramatiques ayant entraîné l'affaiblissement du parti et l'effondrement d'al-Assad en décembre dernier, devrait engager des actions pour rétablir les relations avec le Royaume, où plus de 100 000 Libanais vivent et travaillent, espérant également que l'interdiction de voyage imposée aux Saoudiens à destination du Liban sera levée.
Les relations entre l’Arabie saoudite et le Liban se sont détériorées depuis l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri en 2005.
Faisal J. Abbas | Rédacteur en chef
Lors de son discours d’investiture, le président Aoun a délivré plusieurs messages rassurants, attendus depuis longtemps. Il a assuré qu’il lutterait contre la corruption, limiterait le port des armes et réserverait la déclaration de guerre au gouvernement. S’adressant aux pays du Golfe, Aoun a affirmé que le Liban n’exporterait que « le meilleur de ce qu’il possède ».
Ses promesses ont été chaleureusement accueillies. Dans une récente interview, l’ancien directeur des services de renseignement saoudiens, le prince Turki al-Faisal, s’est montré optimiste quant aux changements en cours au Liban.
« Le Royaume a soutenu sans réserve les actions du parlement libanais dans l’élection du président », a-t-il déclaré lors de son intervention dans l’émission « Frankly Speaking » d’Arab News.
Il a justement souligné que le peuple libanais en avait assez d’être l'agneau sacrificiel, « au service de factions sectaires ou autres, qu'il s'agisse du Hezbollah ou d'autres partis libanais, dans le cadre du développement futur ». Le prince Turki al-Faisal a également déclaré que, selon les propos des Saoudiens, ils «sont désireux et impatients de retourner au Liban. Ceux qui n’ont pas encore investi envisagent également les opportunités qui s’offrent à eux là-bas ».
Le peuple libanais en avait assez d’être l'agneau sacrificiel, au service de factions sectaires ou autres.
Faisal J. Abbas | Rédacteur en chef
L’ambassadeur du Liban au Royaume, le Dr Fawzi Kabbara, a confirmé les propos du prince. Dans un article exclusif publié dans ce journal, le Dr Kabbara a déclaré que la visite de M. Aoun à Riyad ne constitue pas un simple exercice diplomatique, mais « un moment charnière qui pourrait redéfinir les relations libano-saoudiennes ».
Le Dr Kabbara a également souligné que le soutien de l’Arabie saoudite est plus crucial que jamais, servant d'étincelle d’espoir et d’opportunités pour l’avenir du Liban.
Il semble que les relations saoudo-libanaises reprendront leur élan après la visite du président. Toutefois, le chemin vers le redressement du Liban ne sera pas sans obstacles ; c’est pourquoi un président ferme et déterminé comme Joseph Aoun mérite le soutien total de l’Arabie saoudite et du monde entier.
Faisal J. Abbas est le rédacteur en chef d'Arab News. X: @FaisalJAbbas
NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com