L'espoir renaît pour la Syrie et le Liban

Ahmad Al-Sharaa (G) et Joseph Aoun disent exactement ce que la région attendait depuis longtemps. (AFP)
Ahmad Al-Sharaa (G) et Joseph Aoun disent exactement ce que la région attendait depuis longtemps. (AFP)
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Publié le Samedi 11 janvier 2025

L'espoir renaît pour la Syrie et le Liban

L'espoir renaît pour la Syrie et le Liban
  • Certes, on peut affirmer que la montée en puissance d'al-Charaa et d'Aoun est le résultat direct de l'affaiblissement de l'influence de l'Iran dans la région.
  • Au Moyen-Orient, nous pensons peut-être, à juste titre, que les actes sont plus éloquents que les paroles, ayant été déçus à de nombreuses reprises par le passé.

On dit que toutes les bonnes choses ont une fin, et il en va de même pour les mauvaises. C'est en tout cas ce que nous avons récemment observé en Syrie et au Liban.

En décembre, les Syriens sont parvenus à mettre fin au régime brutal d'al-Assad, qui a régné par la terreur, la torture et la tyrannie pendant plus de cinq décennies. Ce dernier a été remplacé par un gouvernement de transition dirigé par Ahmad al-Charaa, anciennement connu sous le nom d'Abu Mohammed Al-Golani, le chef de Hayat Tahrir al-Cham.

Hier, le Liban — un autre État arabe en proie à la déliquescence — a élu son président, le général Joseph Aoun, mettant ainsi fin à un vide institutionnel de deux ans. Il s'agit du premier chef d'État librement élu depuis 1990, et ce, sans l'influence ni la pression du régime syrien ou du Hezbollah.

Certes, on peut affirmer que la montée en puissance d'al-Charaa et d'Aoun est le résultat direct de l'affaiblissement de l'influence de l'Iran dans la région. Toutefois, une vacance du pouvoir ne garantit pas toujours l'émergence d'une meilleure alternative. En effet, dans de nombreux cas au cours de l'histoire, elle a engendré le chaos et des régimes encore pires.

Il est encore trop tôt pour juger les nouveaux dirigeants syriens et libanais sur leurs actions. Cependant, en ce qui concerne leurs paroles, il est difficile de ne pas saluer les promesses véritablement rafraîchissantes et rassurantes faites par al-Charaa et M. Aoun.

Al-Charaa, dont beaucoup redoutaient qu’il ne transforme la Syrie en un État islamiste idéologique en raison de son passé, a surpris tout le monde en promettant l’inclusivité, en garantissant les droits des minorités et en affirmant que l’Occident n’avait rien à craindre de la Syrie. Il a même ajouté que le pays n’était pas en mesure de mener une guerre et qu'il souhaitait se consacrer à la reconstruction.

Au Moyen-Orient, nous pensons, à juste titre, que les actes sont plus éloquents que les paroles. Cependant, pour l'instant, les paroles d'al-Charaa et d'Aoun correspondent exactement à ce que nous attendions depuis longtemps.                                           Faisal J. Abbas, rédacteur en chef

Même s'il détient techniquement le pouvoir absolu, al-Charaa a tenu à répéter lors de plusieurs entretiens avec les médias qu'il laisserait la législation aux législateurs, et a appelé à un dialogue national urgent pour garantir la rédaction d'une nouvelle constitution.

Peu après, M. Aoun a été élu président. Sans perdre de temps, il a immédiatement précisé les grandes lignes de son mandat : « Le Liban ne sera plus un pays pour les mafias, le trafic de drogue ou le blanchiment d'argent. » Un message rassurant pour les pays du Golfe et les autres nations arabes.

Il a également affirmé qu'il ne négocierait pas la souveraineté du pays. Seul l'État aura le droit de porter les armes et seule l'armée sera chargée de la protection des frontières libanaises. Il s'opposera fermement à toute intrusion israélienne. Ce message s’adresse directement à tous les groupes ou militants dits de résistance qui chercheraient à se faire justice eux-mêmes.

Les Libanais eux-mêmes, soulagés, ont entendu exactement ce qu'ils avaient besoin d'entendre : « Si l'un d'entre nous tombe, nous tombons tous. Aucune immunité ne sera accordée aux criminels ou aux personnes corrompues. Il n'y aura pas d'ingérence dans le système judiciaire. »

Au Moyen-Orient, nous pensons peut-être, à juste titre, que les actes sont plus éloquents que les paroles, ayant été déçus à de nombreuses reprises par le passé. Cependant, personne ne peut nier que, pour l'instant, les paroles d'al-Charaa et d'Aoun correspondent exactement à ce que nous attendions depuis longtemps.

Il est temps qu’ils passent à l'action, mais si les deux dirigeants font preuve de sincérité et restent fidèles à leur vision, il est évident qu’ils bénéficieront d’un soutien total de Riyad et au-delà.

Ce qui est également rassurant, c’est qu'il est pratiquement impensable que la situation se détériore davantage, que ce soit en Syrie ou au Liban. À l’heure actuelle, nous pouvons nous réjouir de voir que les dirigeants des deux pays agissent enfin en véritables hommes d’État. À ce titre, nous leur adressons nos vœux de succès dans la poursuite de leurs missions et objectifs.

Faisal J. Abbas est le rédacteur en chef d'Arab News.

X @FaisalJAbbas

NDLR : l’opinion exprimée dans cet article est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur arabnews.com.