L'Arabie saoudite, centre de la diplomatie mondiale

Le choix du Royaume comme centre diplomatique pour les initiatives de résolution des conflits indique l'influence croissante du pays à l'échelle régionale et mondiale, alors qu'il met en œuvre une politique étrangère qui cherche à garder ses portes ouvertes à toutes les possibilités. (AFP)
Le choix du Royaume comme centre diplomatique pour les initiatives de résolution des conflits indique l'influence croissante du pays à l'échelle régionale et mondiale, alors qu'il met en œuvre une politique étrangère qui cherche à garder ses portes ouvertes à toutes les possibilités. (AFP)
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Publié le Mercredi 19 février 2025

L'Arabie saoudite, centre de la diplomatie mondiale

L'Arabie saoudite, centre de la diplomatie mondiale
  •  Le choix du Royaume comme centre diplomatique pour les initiatives de résolution des conflits indique l'influence croissante du pays à l'échelle régionale et mondiale
  •  Aujourd'hui, l’Arabie saoudite est devenue la locomotive qui tire les autres pays de la région vers un avenir plus stable et plus prospère

L'Arabie saoudite consolide sa position de centre de la diplomatie mondiale et régionale. Vendredi, Riyad accueillera les dirigeants des six pays du Conseil de coopération du Golfe, ainsi que de la Jordanie et de l'Égypte, pour discuter d'un plan arabe de reconstruction de Gaza sans déplacement de ses 2,2 millions d'habitants. Une fois approuvé, ce plan sera présenté lors de la réunion des dirigeants arabes au Caire à la fin du mois. Il constituera une contre-proposition au projet du président Donald Trump de déplacer la population de Gaza tout en prenant le contrôle de l'enclave assiégée et en la transformant en une Riviera régionale.

Mardi, dans la capitale saoudienne, de hauts responsables américains et russes ont entamé des réunions préparatoires visant à définir les paramètres d'un plan pour mettre fin à la guerre en Ukraine avant le sommet prévu entre Donald Trump et le président russe Vladimir Poutine en Arabie saoudite.

Le choix du Royaume comme centre diplomatique pour les initiatives de résolution des conflits indique l'influence croissante du pays à l'échelle régionale et mondiale, alors qu'il met en œuvre une politique étrangère qui cherche à garder ses portes ouvertes à toutes les possibilités.

Lorsque le président Trump a suggéré la possibilité pour les États-Unis de «posséder» Gaza et de déplacer ses habitants, ostensiblement pour des raisons humanitaires, cela a provoqué une onde de choc dans le monde entier, mais surtout dans la région. Sa proposition a ébranlé la Jordanie et l'Égypte, les deux pays auxquels Trump a demandé d'accueillir les Palestiniens déplacés de Gaza. Mais surtout, elle marque une rupture dangereuse avec une politique vieille de plusieurs décennies et ancrée dans le droit international. Une telle proposition, si elle est mise en œuvre, déstabilisera encore davantage la région et ébranlera les fondements de l'ordre mondial actuel.

Ainsi, lorsque le roi Abdallah de Jordanie a rencontré Trump à la Maison Blanche la semaine dernière, sa réponse à l'idée de Trump a été que les dirigeants arabes avaient été invités par le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, dont le pays a rejeté toute tentative de déplacer les Palestiniens de leur terre, à travailler sur un plan arabe pour la reconstruction de Gaza sans le déplacement de sa population.

Le choix du lieu est essentiel. Trump comprend l'importance de l'Arabie saoudite sur le plan politique et économique. C'est le premier pays qu'il a visité au début de son premier mandat. Au début de son second mandat, le président a parlé de l'importance du Royaume, notamment en tant que puissance économique précieuse pour l'économie américaine.

Le plan arabe pour Gaza qui sera adopté à Riyad sera reconnu et soutenu non seulement dans les mondes arabe et musulman, mais aussi au-delà. D'ores et déjà, de nombreux dirigeants européens, africains, asiatiques et latino-américains ont dénoncé toute tentative de déplacement des Palestiniens, tout en soutenant les efforts de reconstruction de l'enclave.

Le choix du Royaume comme centre diplomatique témoigne de l'influence croissante du pays au niveau régional et mondial.

Osama Al-Sharif

L'Égypte a travaillé sur les détails du plan proposé, qui prévoit la création d'un organe indépendant composé de technocrates chargés d'administrer l'enclave palestinienne sans la participation du Hamas ni d'aucune autre faction. Un plan de reconstruction de la bande de Gaza sera mis en œuvre par l'intermédiaire de la Banque mondiale et d'autres organismes régionaux et internationaux, sans déplacement des habitants.

Une fois ce plan approuvé, une délégation arabe de haut niveau le présentera à Trump. Tout porte à croire que les Américains l'accueilleront favorablement et veilleront à ce que toutes les parties, y compris Israël, le respectent.

En ce qui concerne la guerre en Ukraine, les Saoudiens ont suivi une politique étrangère sage depuis le début du conflit, adhérant aux principes du droit international sans s'aliéner aucune des parties impliquées.

En mai 2023, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été invité à s'adresser au sommet de la Ligue arabe à Djeddah. Bien que l'Ukraine ne participe pas aux discussions préparatoires russo-américaines à Riyad, Zelensky se rendra en Arabie saoudite mercredi, au lendemain d'une réunion entre de hauts responsables russes et américains.

De même, Poutine s'est rendu en Arabie saoudite en décembre 2023, un rare voyage à l'étranger du dirigeant russe depuis que la guerre avec l'Ukraine a éclaté en février 2022. Il a rencontré le prince héritier saoudien, qu'il avait vu pour la dernière fois en 2019.

L'approche équilibrée de Riyad face à la crise russo-ukrainienne l'a présenté comme un lieu acceptable pour les pourparlers entre les États-Unis et la Russie et pour le sommet prévu entre Poutine et Trump.

L'Arabie saoudite a joué un rôle clé dans la médiation et la résolution de ses propres conflits avec d'autres nations. En mars 2023, Riyad s'est rallié à une initiative chinoise visant à normaliser les liens avec l'Iran, ce qui a permis de renforcer les relations entre les deux puissances régionales.

Les succès passés de Riyad et son positionnement stratégique actuel laissent entrevoir un potentiel d'influence significatif.

Les Saoudiens ont participé activement aux tentatives visant à mettre fin à la guerre au Soudan, à rétablir la paix au Yémen et à reconstruire la Syrie ravagée par la guerre, tout en soutenant l'élection d'un nouveau président au Liban et en contribuant à ramener la paix et la stabilité en Irak, entre autres.

S'attaquant au cœur de l'instabilité de la région, le conflit israélo-arabe, le Royaume a présenté l'initiative de paix arabe de 2002, qui reste la référence pour une paix juste et durable dans la région, basée sur la solution à deux États.

Les succès passés de Riyad, tels que l'accord de Taëf en 1989 pour mettre fin à la guerre civile au Liban, et son positionnement stratégique actuel suggèrent un potentiel d'influence significatif dans le façonnement du nouveau paysage mondial. Cette approche soigneusement orchestrée a permis à l'Arabie saoudite de créer des alliances politiques et commerciales avec des pays comme la Chine, l'Inde et la Russie et des blocs comme les BRICS, l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est et d'autres.

Ce dynamisme diplomatique ne s'est pas fait au détriment des alliances et des partenariats que le Royaume entretient depuis des décennies avec des pays comme les États-Unis et des blocs comme l'UE. L'Arabie saoudite s'est également efforcée de rétablir les relations dans la région du Golfe, en particulier après la crise diplomatique de 2017 avec le Qatar. Les efforts de réconciliation ont inclus des réunions et des discussions de haut niveau visant à restaurer la coopération entre les États membres du CCG.

Dans le cadre de son plan de réforme Vision 2030, l'Arabie saoudite utilise sa portée diplomatique pour améliorer son influence internationale. Cela passe par des efforts de résolution des conflits et des initiatives de consolidation de la paix. Aujourd'hui, elle est devenue la locomotive qui tire les autres pays de la région vers un avenir plus stable et plus prospère.

- Osama Al-Sharif est un journaliste et commentateur politique basé à Amman.

 X: @plato010

NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com