BEYROUTH : La famille de l'intellectuel libanais Lokman Slim, un opposant au Hezbollah pro-iranien assassiné il y a quatre ans, a dénoncé dimanche la suspension de l'enquête par la justice libanaise.
"C'est déjà la quatrième commémoration" de l'assassinat de Lokman Slim "et justice n'a pas été rendue, bien au contraire", a déclaré sa veuve, Monika Borgman, dénonçant le fait qu'un nouveau juge, "très proche du Hezbollah", ait été chargé du dossier après le départ à la retraite de prédécesseur.
Elle a ajouté que la famille avait demandé à deux reprises que ce juge soit dessaisi du dossier. "Mais dès qu'il l'a su, il a ordonné de suspendre l'enquête sine die", a assuré Monika Borgman, de nationalité allemande.
"Impunité: c'est le message délivré aux tueurs et à leurs maîtres", a-t-elle martelé lors d'une cérémonie en présence de personnalités politiques et d'ambassadeurs occidentaux commémorant l'assassinat de l'intellectuel chiite le 3 février 2021.
Lokman Slim, 58 ans, avait été retrouvé mort dans sa voiture, tué par balles, dans le sud du pays, où le Hezbollah est fortement implanté.
Partisan acharné de la laïcité, il était l'une des rares voix dissidentes au sein de sa communauté, dénonçant sans relâche la formation pro-iranienne.
Cet activiste et chercheur, dont le travail portait notamment sur la mémoire de la guerre civile libanaise (1975-1990), avait affirmé avoir été menacé à plusieurs reprises avant son assassinat.
Peu avant son assassinat, il avait répété lors d'entretiens à la télévision que le Hezbollah prenait le Liban en otage pour le compte de l'Iran.
En 2023, des rapporteurs spéciaux de l'ONU avaient déjà critiqué la lenteur de l'enquête.
Une source judiciaire libanaise a indiqué dimanche à l'AFP que "le juge a achevé son enquête et n'est pas parvenu à déterminer l'identité des auteurs de l'assassinat de Lokman Slim".
Elle a cependant ajouté que l'enquête pourrait être rouverte si de nouveaux éléments apparaissaient.
Sa veuve a affirmé dimanche que l'enquête avait recueilli tous les éléments nécessaires, dont les images des caméras de surveillance et des analyses d'ADN, "à l'exception des noms des assassins".