L'accord de cessez-le-feu à Gaza offre un répit tant attendu face à la violence. Toutefois, il met également en évidence les limites inhérentes à la puissance militaire et à la résistance armée en termes d'instauration d'une paix durable. Il a mis en évidence les mauvais calculs d'Israël et du Hamas. Chaque partie s'attendait à ce que l'autre ne survive pas à une période de violence qui a duré plus de 15 mois. Pourtant, elles y sont parvenues, mais à un coût extrêmement élevé, en termes de vies humaines et de réputation.
La nature cyclique du conflit entre Israël et la Palestine, caractérisée par des périodes de violence intense suivies de trêves précaires, souligne la futilité de s'appuyer uniquement sur des moyens militaires pour résoudre des problèmes profondément enracinés.
La puissance militaire, bien qu'elle soit parfois efficace pour obtenir des avantages tactiques à court terme, ne permet pas de s'attaquer aux causes sous-jacentes du conflit. Le recours à la force exacerbe souvent les tensions, perpétue les cycles de représailles et inflige des dommages importants aux civils. Les récentes hostilités à Gaza nous le rappellent brutalement, avec d'innombrables vies perdues et des communautés dévastées.
La supériorité des capacités militaires d'Israël, en plus du soutien et de l'approvisionnement en armes incessants de l'Occident (en particulier des États-Unis), lui ont permis d'imposer un tribut extrêmement lourd à Gaza. Bien qu'il ait réussi à réduire quelque peu le nombre de roquettes du Hamas frappant les grandes villes israéliennes, Tel-Aviv n'a pas réussi à mettre fin au mouvement de résistance palestinien et n'a donc pas atteint les objectifs fixés. Cette approche s'est avérée incapable de répondre aux revendications et aux aspirations du peuple palestinien qui sont à l'origine du cycle de violence actuel.
La destruction des infrastructures, les pertes humaines considérables et les traumatismes psychologiques infligés à la population civile palestinienne (ainsi qu'aux citoyens et aux soldats israéliens) ne font qu'exacerber le ressentiment et alimenter la résistance. En outre, Israël s'est révélé une brute militaire, ne respectant ni la vie humaine ni les normes internationalement reconnues en matière de conduite de la guerre. L'effet à long terme sur la réputation d'Israël le hantera pendant des années.
D'autre part, les groupes de résistance armés palestiniens, tels que le Hamas, ont cherché à remettre en cause la domination militaire d'Israël en combinant des tactiques de guérilla et des attaques à la roquette. Si ces actions peuvent rallier le soutien de certains segments de l'opinion publique palestinienne, arabe et islamique, elles se sont révélées inefficaces pour atteindre des objectifs stratégiques.
Le cessez-le-feu à Gaza offre une occasion unique de s'orienter vers une solution politique durable.
-Daoud Kuttab
La résistance armée a entraîné des mesures de rétorsion extrêmement disproportionnées de la part d'Israël, provoquant une escalade tragique d'une violence, d'une mortalité et d'une destruction sans précédent. L'asymétrie de la puissance militaire signifie que les groupes palestiniens sont incapables de soutenir des engagements prolongés sans subir des pertes importantes. En outre, le recours à des tirs de roquettes aveugles sur des zones civiles sape leur réputation morale et met en péril le soutien international potentiel.
Le coût humain du conflit en cours est incommensurable. La destruction de maisons, d'écoles, de lieux de culte, d'universités, de journalistes et d'hôpitaux marque d'une empreinte indélébile le tissu physique et social de Gaza. Les enfants grandissent dans un environnement de peur et d'instabilité, avec un accès limité à l'éducation et aux soins de santé. Les conséquences psychologiques sur les Israéliens et les Palestiniens favorisent une culture de l'animosité et de la méfiance, ce qui ne fait qu'accentuer les divisions.
Les tentatives de victoire militaire de l'un ou l'autre camp sont en fin de compte vouées à l'échec. La nature enracinée du conflit signifie que tout gain obtenu par la force est temporaire et réversible. Tant que les problèmes sous-jacents ne seront pas résolus, le cycle de la violence se poursuivra inévitablement, les nouvelles générations devant supporter le poids des hostilités.
Compte tenu des limites de la puissance militaire et de la résistance, il est évident qu'une solution durable passe par la voie politique. Le cessez-le-feu à Gaza, bien que nécessaire pour mettre fin à la violence immédiate, doit s'accompagner d'un effort concerté pour s'attaquer aux causes profondes du conflit. Pour ce faire, il est nécessaire de passer d'une dépendance à l'égard des stratégies militaires à une concentration sur la diplomatie et les négociations.
Une solution politique doit reconnaître les aspirations légitimes des Palestiniens. Pour les Palestiniens, cela signifie la création d'un État indépendant aux côtés d'Israël. La communauté internationale – en particulier les acteurs clés tels que les États-Unis, l'Union européenne et les puissances régionales – doit jouer un rôle proactif en facilitant le dialogue et en veillant à ce que les deux parties respectent leurs engagements.
Le cessez-le-feu à Gaza offre une occasion unique de s'orienter vers une solution politique durable. Les limites de la puissance militaire et de la résistance ont été mises à nu, soulignant la nécessité d'une nouvelle approche. La création d'un État palestinien indépendant aux côtés d'Israël, fondé sur la reconnaissance et le respect mutuels, représente la seule voie viable pour parvenir à une paix durable.
La communauté internationale doit tenir Israël et les Palestiniens responsables de leurs actes et encourager des négociations sérieuses. Il est impératif que les voix des modérés des deux côtés soient amplifiées et que des efforts soient déployés pour instaurer la confiance et la coopération. Seul un engagement sincère en faveur d'une résolution politique permettra de rompre le cycle de la violence et d'ouvrir la voie à un avenir où Israéliens et Palestiniens pourront coexister dans la paix et la sécurité.
Daoud Kuttab est un ancien professeur à l'université de Princeton et le fondateur et ancien directeur de l'Institut des médias modernes de l'université Al-Quds à Ramallah.
X: @daoudkuttab
NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com