PORT-SOUDAN: Plus de 30 millions de personnes, dont plus de la moitié d'enfants, ont besoin d'aide au Soudan, après vingt mois d'une guerre dévastatrice, a déploré lundi l'ONU, réclamant une mobilisation internationale "sans précédent" face cette crise humanitaire "ahurissante".
L'ONU a lancé un appel de fonds de 4,2 milliards de dollars, ciblant 20,9 millions de personnes à travers ce pays d'Afrique de l'Est sur un total de 30,4 millions d'habitants qui ont besoin d'aide.
"Le Soudan reste plongé dans une crise humanitaire d'une ampleur ahurissante", a déclaré devant le Conseil de sécurité de l'ONU à New York Edem Wosornu, du bureau des Affaires humanitaires des Nations unies (Ocha), dénonçant les entraves à l'aide humanitaire.
"La faim et la famine se répandent à cause des décisions prises chaque jour pour poursuivre cette guerre, sans tenir compte du prix pour les civils", a-t-elle ajouté.
"Les besoins sans précédent au Soudan requièrent une mobilisation sans précédent" de la communauté internationale, a-t-elle insisté.
"Nous avons besoin de votre poids politique pour mettre un terme aux hostilités et aider les Soudanais qui ont un besoin urgent de nourriture, d'eau, d'abris, de médicaments et d'une aide agricole, aujourd'hui et pas demain", a également plaidé devant le Conseil Beth Bechdol, directrice générale adjointe de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).
"Si nous échouons à agir maintenant, collectivement et à l'échelle nécessaire, des millions de vies seront encore plus menacées", a-t-elle ajouté, évoquant également le risque pour la stabilité de la région.
La guerre, qui a éclaté en avril 2023 entre l'armée soudanaise et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), a poussé le pays dans la famine.
Des dizaines de milliers de personnes ont été tuées et plus de 8 millions de personnes ont été déplacées à l'intérieur du pays, ce qui, en plus des 2,7 millions de personnes déplacées avant la guerre, a provoqué la plus grande crise de déplacement interne au monde.
En outre, 3,3 millions de personnes supplémentaires ont quitté le pays, ce qui signifie que plus d'un quart de la population soudanaise d'avant la guerre, estimée à environ 50 millions, est désormais déracinée.
La famine a déjà été déclarée dans cinq régions du Soudan et devrait s'étendre à cinq autres d'ici mai.
Le gouvernement soudanais, aligné sur l'armée, a nié l'existence d'une famine, mais les agences d'aide se plaignent que l'accès soit bloqué par des obstacles bureaucratiques, des combattants et des violences.
L'armée et les FSR sont accusées d'utiliser la famine comme arme de guerre. Pendant la majeure partie de la guerre, l'ONU a eu du mal à réunir ne serait-ce qu'un quart des fonds nécessaires.
Le conflit au Soudan a souvent été qualifié de "guerre oubliée", éclipsée par celles au Moyen-Orient et en Ukraine, malgré l'ampleur des horreurs infligées aux civils.