Censure du gouvernement : Le Pen fait monter la pression avant sa rencontre avec Barnier

Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. (Photo RTL)
Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. (Photo RTL)
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Publié le Mercredi 20 novembre 2024

Censure du gouvernement : Le Pen fait monter la pression avant sa rencontre avec Barnier

  • "Nous n'accepterons pas que le pouvoir d'achat des Français soit encore amputé. C'est une ligne rouge. Si cette ligne rouge est dépassée, nous voterons la censure"
  • Le vote de cette motion de censure interviendrait alors dans la deuxième quinzaine de décembre lorsque le gouvernement aura recours à l'article 49.3 de la Constitution, comme c'est probable faute de majorité, pour faire adopter sans vote le budget

PARIS: Marine Le Pen fait monter la pression sur Michel Barnier, avant leur rencontre lundi à Matignon : elle assure que son parti n'hésitera pas à censurer le gouvernement à la veille de Noël si "le pouvoir d'achat des Français est amputé" dans le projet de budget 2025.

"Nous n'accepterons pas que le pouvoir d'achat des Français soit encore amputé. C'est une ligne rouge. Si cette ligne rouge est dépassée, nous voterons la censure", a affirmé mercredi la cheffe de file des députés du Rassemblement national sur RTL.

Le vote de cette motion de censure interviendrait alors dans la deuxième quinzaine de décembre lorsque le gouvernement aura recours à l'article 49.3 de la Constitution, comme c'est probable faute de majorité, pour faire adopter sans vote le budget de l'Etat.

Si le RN et la gauche votaient conjointement cette motion alors la coalition Barnier, fragile attelage entre LR et la macronie, serait renversée et le projet de budget rejeté.

Si elle n'a pas détaillé la liste précise de ses revendications, Marine Le Pen a en particulier jugé "inadmissible" la hausse envisagée par le gouvernement pour dégager trois milliards d'euros des taxes sur l'électricité, une mesure toutefois supprimée par l'Assemblée nationale en première lecture.

"Taper sur les retraités, c'est inadmissible", a-t-elle aussi affirmé, insatisfaite du compromis annoncé par le LR Laurent Wauquiez. Celui-ci prévoit d'augmenter les retraites de la moitié de l'inflation au 1er janvier, puis d'une deuxième moitié au 1er juillet pour les seules pensions sous le Smic.

Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. Si elles étaient suivies, celles-ci pourraient empêcher Mme Le Pen de participer à une quatrième élection présidentielle.

Face à cette menace de censure, Michel Barnier va recevoir en début de semaine prochaine, un par un, l'ensemble des présidents de groupes parlementaires, à commencer par Marine Le Pen dès lundi matin.

Ce premier tête à tête, depuis son entrée à Matignon, suffira-t-il ?

"Et-ce que M. Barnier va respecter l’engagement qu’il a pris, que les groupes d’opposition puissent reconnaître dans son budget des éléments qui leur paraissent essentiels ?", s'est interrogée la cheffe de file des députés RN.

Les demandes de notre parti étaient "de ne pas alourdir la fiscalité sur les particuliers, de ne pas alourdir sur les entrepreneurs, de ne pas faire payer les retraités, de faire des économies structurelles sur les dépenses de fonctionnement de l'Etat", a-t-elle récapitulé. "Or nous n'avons pas été entendus, nous n'avons même pas été écoutés".

Poker menteur 

Alors qu'il a déjà lâché du lest sur les économies demandées aux collectivités locales, aux retraités et aux entreprises face aux critiques de sa propre majorité, le Premier ministre, confronté à la colère sociale des agriculteurs, des fonctionnaires ou des cheminots, a très peu de marge de manoeuvres.

"L'objectif est d'arriver à un équilibre entre les ambitions des groupes parlementaires et les impératifs de rigueur" budgétaire, répète Matignon, alors que le déficit public est attendu à 6,1% du PIB fin 2024 contre 4,4% prévu initialement.

L'exécutif agite, à destination du RN mais aussi des socialistes, la menace du chaos.

"Celui ou celle qui renversera le gouvernement privera le pays d'un budget et le précipitera dans le désordre et la chienlit", a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, sur CNews.

"Le pire pour le pouvoir d'achat des Français, ce serait une crise financière", a alerté de son côté sur LCI sa collègue Astrid Panosyan-Bouvet (Travail).

Une question demeure: le RN bluffe-t-il ?

"Si le gouvernement tombe, il faudra attendre juin pour qu'il y ait des élections législatives parce qu'il ne peut pas y avoir de dissolution pour le moment!", a semblé nuancer le porte-parole du RN Julien Audoul.

Dans tous les cas, ce jeu de poker menteur risque de durer jusque la veille de Noël, lorsque l'Assemblée nationale aura à se prononcer définitivement sur le projet de budget 2025 de l'Etat.

Le RN n'entend, en effet, pas déposer ou voter de motion de censure sur les deux autres textes (fin de gestion de 2024 et projet de budget de la Sécurité sociale) qui pourraient être adoptés par 49.3 avant.

 


Les députés approuvent en commission l'abrogation de la réforme des retraites

L'ancien Premier ministre français Elisabeth Borne arrive pour son audition devant une mission d'information du Sénat français sur la dégradation des finances publiques de la France depuis 2023 au Sénat français à Paris le 15 novembre 2024. (Photo / AFP)
L'ancien Premier ministre français Elisabeth Borne arrive pour son audition devant une mission d'information du Sénat français sur la dégradation des finances publiques de la France depuis 2023 au Sénat français à Paris le 15 novembre 2024. (Photo / AFP)
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  • La réforme, adoptée en 2023 sous le gouvernement d'Élisabeth Borne, était « injuste démocratiquement et socialement, et inefficace économiquement », a plaidé le rapporteur (LFI) du texte, Ugo Bernalicis.
  • La proposition de loi approuvée mercredi touche non seulement à l'âge de départ (c'est-à-dire à la réforme Borne), mais également à la durée de cotisation.

PARIS : La gauche a remporté mercredi une première victoire dans son offensive pour abroger la très décriée réforme des retraites : sa proposition de ramener l'âge de départ de 64 à 62 ans a été adoptée en commission des Affaires sociales, avant son arrivée dans l'hémicycle le 28 novembre.

Le texte, présenté par le groupe LFI dans le cadre de sa niche parlementaire, a été approuvé par 35 voix (celles de la gauche et du Rassemblement national), contre 16 (venues des rangs du centre et de la droite).

La réforme, adoptée en 2023 sous le gouvernement d'Élisabeth Borne, était « injuste démocratiquement et socialement, et inefficace économiquement », a plaidé le rapporteur (LFI) du texte, Ugo Bernalicis.

Le Rassemblement national, qui avait présenté une proposition similaire fin octobre, mais que la gauche n'avait pas soutenue, a voté pour le texte de La France insoumise. « C'est le même que le nôtre et nous, nous ne sommes pas sectaires », a argumenté le député Thomas Ménagé.

La proposition de loi approuvée mercredi touche non seulement à l'âge de départ (c'est-à-dire à la réforme Borne), mais également à la durée de cotisation : celle-ci est ramenée de 43 à 42 annuités, ce qui revient à abroger également la réforme portée en 2013 par la ministre socialiste Marisol Touraine pendant le quinquennat de François Hollande.

Un amendement, présenté par les centristes du groupe Liot pour préserver la réforme Touraine, a été rejeté. Les socialistes, qui auraient préféré conserver cette réforme de 2013, ont décidé d'approuver le texte global malgré tout.

La gauche affirme qu'elle est en mesure de porter sa proposition d'abrogation jusqu'au bout : après l'examen du texte dans l'hémicycle la semaine prochaine, elle a déjà prévu de l'inscrire à l'ordre du jour du Sénat le 23 janvier, à l'occasion d'une niche communiste, puis en deuxième lecture à l'Assemblée nationale le 6 février, cette fois dans un créneau dédié aux écologistes.

Les représentants de la coalition gouvernementale ont mis en garde contre un texte « pas sérieux » ou « irresponsable ».

« Il faut être honnête vis-à-vis des Français : si cette réforme des retraites est abrogée, certes ils pourront partir à 60 ans, mais avec une retraite beaucoup plus basse », a ainsi argumenté la députée macroniste Stéphanie Rist.


Entretien téléphonique de Jean-Noël Barrot avec son homologue iranien

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  • Le ministre a rappelé que l’escalade nucléaire dans laquelle était engagé l’Iran était très préoccupante et emportait des risques majeurs de prolifération
  • La France, avec ses partenaires allemand et britannique, poursuit ses efforts pour un retour à des négociations avec l’Iran en vue d’une solution diplomatique

PARIS: Le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, M. Jean-Noël Barrot, s’est entretenu par téléphone avec son homologue iranien, M. Abbas Araghchi, ce mardi 19 novembre 2024.

Le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères a évoqué avec son homologue la tenue du Conseil des Gouverneurs de l’Agence internationale pour l’énergie atomique (AIEA) du 20 au 22 novembre. Il a souligné l’impératif que l’Iran mette en œuvre ses obligations au titre de son accord de garanties et coopère pleinement avec l’AIEA afin de permettre à cette dernière de confirmer la nature exclusivement pacifique des activités nucléaires iraniennes.

Le ministre a rappelé que l’escalade nucléaire dans laquelle était engagé l’Iran était très préoccupante et emportait des risques majeurs de prolifération. La France, avec ses partenaires allemand et britannique, poursuit ses efforts pour un retour à des négociations avec l’Iran en vue d’une solution diplomatique.

Le Ministre a mis en avant les efforts diplomatiques en cours pour permettre une cessation des hostilités au Liban, et appelé l’Iran et ses relais à adopter une attitude constructive à cet égard.

Le Ministre a réitéré la demande de la France d’une libération sans délai des trois otages français détenus arbitrairement depuis plus de deux ans en Iran.


Camions espagnols bloqués sur l'A9, la Coordination rurale durcit le ton

Venus avec leurs tracteurs et des voitures, les manifestants de l'Hérault, de l'Aude et des Pyrénées-Orientales ont d'emblée commencé à demander leurs papiers à des chauffeurs de poids-lourds immatriculés en Espagne, pour contrôler les chargements. (AFP)
Venus avec leurs tracteurs et des voitures, les manifestants de l'Hérault, de l'Aude et des Pyrénées-Orientales ont d'emblée commencé à demander leurs papiers à des chauffeurs de poids-lourds immatriculés en Espagne, pour contrôler les chargements. (AFP)
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  • Pendant que la file de véhicules bloqués au niveau de la barrière de péage du Boulou s'allonge, le président de la chambre d'agriculture du Lot-et-Garonne Serge Bousquet-Cassagne, un des leaders de la CR, galvanise ses troupes
  • "Vos frères d'armes sont dans l'attente de ce qui se passe ici, c'est le coeur de l'événement", lance-t-il aux dizaines d'agriculteurs présents, les enjoignant à "appeler les collègues"

LE BOULOU: Des agriculteurs de la Coordination rurale (CR) ont lancé une opération d'envergure, mardi à la frontière franco-espagnole, en établissant un barrage sur l'A9 au Boulou (Pyrénées-Orientales) pour bloquer les camions de marchandises venant d'Espagne tout en laissant passer les voitures, a constaté l'AFP.

Venus avec leurs tracteurs et des voitures, les manifestants de l'Hérault, de l'Aude et des Pyrénées-Orientales ont d'emblée commencé à demander leurs papiers à des chauffeurs de poids-lourds immatriculés en Espagne, pour contrôler les chargements.

Sur les tracteurs des agriculteurs mobilisés, on peut lire "Jeune, on en rêve, vieux, on en crève", ou "Agri viti en colère", des viticulteurs ayant rejoint le mouvement de protestation.

Pendant que la file de véhicules bloqués au niveau de la barrière de péage du Boulou s'allonge, le président de la chambre d'agriculture du Lot-et-Garonne Serge Bousquet-Cassagne, un des leaders de la CR, galvanise ses troupes vêtues du jaune du syndicat.

"Vos frères d'armes sont dans l'attente de ce qui se passe ici, c'est le coeur de l'événement", lance-t-il aux dizaines d'agriculteurs présents, les enjoignant à "appeler les collègues". "Il faut du relais, on est là pour tenir longtemps", a-t-il ajouté.

"On va bloquer l'A9, mais aussi les dépôts de carburants, les ports, les centrales d'achat. On veut provoquer un chaos et une pénurie alimentaire", avait-il averti plus tôt.

Sur l'A9, "fleuve de fruits et légumes qui arrivent d'Espagne", il envisage "un blocage durable (...) sur plusieurs jours".

Pour Philippe Maydat, président de la CR des Pyrénées-Orientales, "le but c'est le blocage, on veut montrer ce qui se passerait s'il n'y avait plus d'agriculteurs". "Le département des Pyrénées-orientales est un symbole. En plus d'avoir les mêmes problèmes que tous les autres collègues, on a la sécheresse."

Les forces de l'ordre sont présentes en nombre autour de ce péage situé à une dizaine de kilomètres de la frontière espagnole. "À un moment donné, ils vont vouloir nous virer. S'ils ne le font pas de la bonne manière, on brûlera tout", menace Serge Bousquet-Cassagne.

L'autoroute A9 est un axe autoroutier crucial pour le commerce entre la péninsule ibérique et le reste de l'Europe. Environ 10.000 camions par jour en moyenne transitent par ce passage entre France et Espagne.

Le convoi de tracteurs et véhicules divers est parti de Béziers vers 07h00 et a mis plus de 5 heures, roulant sur une seule file de l'autoroute, pour atteindre la frontière, bâchant au passage quelques radars.