La 29e conférence des Nations unies sur le changement climatique, la COP29, a été ouverte lundi à Bakou, capitale de l’Azerbaïdjan. Pendant deux semaines, les représentants de plus de 190 pays ont été chargés de trouver des moyens de maîtriser les émissions mondiales de carbone, qui augmentent depuis des décennies.
Les négociateurs devraient obtenir des engagements concrets et des promesses d’action de la part des principales économies du monde sur la manière dont elles entendent réduire les émissions et, plus précisément, sur le calendrier à respecter.
Mais ce n’est pas tout ce qu’ils sont censés faire. Une autre tâche tout aussi difficile, voire encore plus, consiste à s’assurer que les pays riches respectent enfin leurs engagements en matière de financement pour aider les pays en développement à faire face au changement climatique par l’atténuation, l’adaptation et la modernisation des infrastructures afin de réduire les émissions de carbone.
Depuis plus de vingt ans, les pays les plus riches n’ont cessé de revenir sur les accords visant à fournir les centaines de milliards de dollars nécessaires chaque année pour aider les pays en développement, dans lesquels vivent plus de 75 pour cent de la population mondiale, à faire face aux effets du changement climatique, qui provoquent déjà des ravages et des destructions à grande échelle, là encore principalement dans les pays en développement.
Dans toute négociation mondiale, la géopolitique internationale est un facteur clé; les pays qui ne sont pas violemment divisés sur de nombreuses questions peuvent, en effet, trouver les moyens de parvenir à un accord. Cependant, la situation mondiale actuelle est terrible; le monde a rarement été aussi divisé et les pays ont rarement été aussi méfiants les uns envers les autres qu’aujourd’hui.
Il ne s’agit pas seulement de conflits prolongés comme ceux de la Russie et l’Ukraine ou Israël et la Palestine, mais aussi des désaccords de la Chine avec les États-Unis et l’UE, et des frictions entre l’Afrique et les nations européennes, notamment la France. La liste est longue. Même au plus fort de la guerre froide, le monde ne semblait pas aussi divisé.
Il semble peu probable que la situation géopolitique évolue positivement dans l’avenir proche, même si certains espèrent contre toute attente que la Maison Blanche Trump 2.0 puisse réellement contribuer à réduire les tensions à l’échelle mondiale.
C’est donc dans ce contexte que la COP29 a débuté à Bakou le 11 novembre et se poursuivra jusqu’au 22 novembre. Une question essentielle pour les négociateurs est de savoir s’ils peuvent maintenir le peu d’élan obtenu, contre toute attente, lors de la COP28 à Dubaï l’année dernière.
La première avancée majeure de l’année dernière a été un accord sur le tout premier bilan mondial, un exercice visant à déterminer exactement ce qu’il advient des émissions de carbone aux niveaux mondial et national, et à comparer les chiffres aux engagements pris lors de la COP21 à Paris en 2015.
Cet examen de la situation est essentiel pour s’assurer que les nations qui ont signé l’accord de Paris tiennent effectivement leurs promesses, pour garantir la responsabilité et pour que des mesures correctives puissent être prises en termes d’ajustement du rythme et de la forme des efforts pour atteindre les objectifs de l’accord.
Le bilan mondial comprend également un examen de l’aide financière fournie par les pays développés à leurs homologues en développement.
“Le monde a rarement été aussi divisé et les pays ont rarement été aussi méfiants les uns envers les autres qu’aujourd’hui.”
Ranvir S. Nayar
Un autre résultat important de la conférence de Dubaï a été l’engagement des nations, pour la première fois en 30 ans de négociations à l’ONU, à abandonner les combustibles fossiles d’une “manière juste, ordonnée et équitable”.
Le fait que cet accord sur l’abandon du pétrole, du gaz et du charbon ait été conclu dans un pays et une région qui dépendent des combustibles fossiles pour plus de 70 pour cent de leur produit intérieur brut n’a échappé à personne.
Bien que cet accord de transition reste pour l’instant une promesse sur le papier, comme presque toutes les autres décisions majeures prises jusqu’à présent dans le cadre des négociations sur le changement climatique, le président de la COP28, Sultan Al-Jaber, mérite quand-même d’être félicité pour avoir réussi à le mettre en œuvre sous sa présidence. Comparons cela à la COP24, qui s’est tenue à Katowice en 2018, lorsque le pays hôte, la Pologne, a refusé de faire avancer une proposition visant à éliminer progressivement le charbon parce que la ville hôte était le site d’une mine de charbon historique et que le pays dépend du charbon pour répondre à une petite partie de ses besoins énergétiques.
Cinq ans plus tard, l’élan généré sous la présidence d’Al-Jaber a montré que même dans des situations difficiles, le bon type d’orientation et de leadership peut aider les négociateurs à trouver un moyen de résoudre les problèmes les plus compliqués.
L’homme qui a repris le flambeau d’Al-Jaber en tant que président de la COP29 est Mukhtar Bahadur Babayev, un ministre azerbaïdjanais dont le pays, comme les Émirats arabes unis, dépend largement des exportations de pétrole et de gaz.
Babayev pourra peut-être s’inspirer de ce qu’Al Jaber a réussi à faire à Dubaï et tenter de poursuivre sur sa lancée à Bakou. Malgré les nombreuses différences entre les contextes des deux conférences, il peut peut-être se réjouir des similitudes qui existent également.
Après tout, les Émirats arabes unis et l’Azerbaïdjan sont des pays riches relativement petits, dont les économies dépendent largement des combustibles fossiles, et Bakou comme Dubaï, comptent parmi les villes les plus modernes du monde, attirant des millions de touristes chaque année.
Tout comme Al-Jaber a réussi à obtenir un accord sur la transition vers l’abandon des combustibles fossiles, Babayev peut peut-être obtenir un accord sur un mécanisme garantissant que les pays, notamment les pays riches, soient réellement tenus pour responsables et confrontés à une menace réelle d’action punitive s’ils continuent à ne pas tenir leurs promesses et à ne pas respecter leurs engagements.
C’est ce que le monde a besoin de voir après avoir vu les dirigeants des pays riches faire de fausses promesses, une année après l’autre, depuis plus de vingt ans.
Ranvir S. Nayar est rédacteur en chef du groupe Media India et directeur-fondateur de la Fondation Europe-Inde pour l'excellence.
NDLR : L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com