Le pape évoque les accusations de « génocide » à Gaza

En septembre, le pape François a déclaré que les attaques d'Israël à Gaza et au Liban étaient « immorales » et disproportionnées, et que l'armée israélienne avait outrepassé les règles de la guerre. (AFP)
En septembre, le pape François a déclaré que les attaques d'Israël à Gaza et au Liban étaient « immorales » et disproportionnées, et que l'armée israélienne avait outrepassé les règles de la guerre. (AFP)
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Publié le Dimanche 17 novembre 2024

Le pape évoque les accusations de « génocide » à Gaza

  • Dans un livre à paraître et dont des extraits ont été publiés dimanche en Italie, le pape François évoque pour la première fois les accusations de « génocide » visant Israël à Gaza.
  • Jeudi, un comité spécial des Nations unies a publié un rapport dans lequel il estime que les méthodes de guerre employées par Israël « correspondent aux caractéristiques d'un génocide ».

CITE DU VATICAN : Dans un livre à paraître et dont des extraits ont été publiés dimanche en Italie, le pape François évoque pour la première fois les accusations de « génocide » visant Israël à Gaza.

« D'après certains experts, ce qui se passe à Gaza a les caractéristiques d'un génocide. Il conviendrait d'étudier cela attentivement afin de déterminer si la situation correspond à la définition technique formulée par les juristes et les organismes internationaux", estime le pape.

Ces propos sont tirés du nouveau livre de François, L'espérance ne déçoit jamais. Pèlerins vers un monde meilleur", à paraître mardi en Italie, en Espagne et en Amérique du Sud, et dont le quotidien La Stampa a publié dimanche des extraits.

Le souverain pontife fait régulièrement référence à l'extermination des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, au « génocide » des Arméniens sous l'Empire ottoman, des Tutsis au Rwanda ou des chrétiens du Moyen-Orient.

Il déplore fréquemment les victimes civiles à Gaza, mais c'est la première fois qu'il emploie publiquement le terme de génocide - sans cependant le reprendre à son compte - dans le cadre des opérations militaires israéliennes dans le territoire palestinien.

Jeudi, un comité spécial des Nations unies a publié un rapport dans lequel il estime que les méthodes de guerre employées par Israël « correspondent aux caractéristiques d'un génocide ».

Le rapport de ce comité spécial de l'ONU, créé en 1968 et chargé d'enquêter sur les pratiques israéliennes dans les Territoires palestiniens occupés, doit être présenté lundi à l'Assemblée générale de l'ONU à New York.

Ses conclusions ont d'ores et déjà été condamnées par les États-Unis.

Ce n'est pas la première fois qu'Israël fait l'objet de telles accusations depuis le début de la guerre, il y a plus d'un an.

L'Afrique du Sud a intenté une procédure en ce sens devant la Cour internationale de Justice (CIJ) et plusieurs pays, dont la Turquie, l'Espagne et le Mexique, s'y sont associés.

Les opérations israéliennes dans le territoire palestinien ont fait 43 846 morts, en majorité des civils, selon le dernier bilan du Hamas communiqué dimanche. Elles interviennent en représailles au massacre de 1 206 personnes, en majorité des civils, commis par des commandos du mouvement islamiste le 7 octobre en Israël. Ce décompte de l'AFP a été réalisé à partir de chiffres officiels et inclut les otages morts ou tués en captivité dans la bande de Gaza.

Par ailleurs, François réclame aussi souvent dans ses déclarations publiques le retour de tous les otages israéliens. Jeudi, il a reçu au Vatican un groupe de 16 ex-otages libérés après des mois de captivité à Gaza.


Climat : Washington annonce avoir atteint 11 milliards de dollars d'aide bilatérale en 2024

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  • En portant à 11 milliards de dollars la contribution américaine, les États-Unis deviennent « le plus grand bailleur bilatéral au monde en matière de finance climatique », selon la présidence américaine.
  • Selon le think tank ODI Global, environ la moitié de tous les financements climatiques passe par des fonds multilatéraux cogérés par les pays en développement. La préférence américaine pour les financements bilatéraux lui vaut des critiques.

MANAUS BRESIL : Les États-Unis ont annoncé dimanche avoir porté à 11 milliards de dollars en 2024 leur aide bilatérale pour financer la lutte contre le changement climatique, concrétisant un engagement antérieur, à quelques heures d'une visite historique de Joe Biden en Amazonie.

Il va devenir dimanche le premier président américain en exercice à se rendre en Amazonie, dans la ville de Manaus, au Brésil, au cœur de la plus grande forêt tropicale de la planète.

« La lutte contre le changement climatique a été une cause déterminante pour le leadership et la présidence » Biden, a déclaré la Maison Blanche dans un communiqué.

En portant à 11 milliards de dollars la contribution américaine, les États-Unis deviennent « le plus grand bailleur bilatéral au monde en matière de finance climatique », selon la présidence américaine.

Cette annonce intervient en pleine COP29, la conférence de l'ONU sur le climat à Bakou, où la dispute tourne autour de la question de savoir qui doit payer la lutte contre le réchauffement climatique pour aider les pays en développement à y faire face.

L'Union européenne demeure le plus grand contributeur mondial au financement climatique.

Selon le think tank ODI Global, environ la moitié de tous les financements climatiques passe par des fonds multilatéraux cogérés par les pays en développement. La préférence américaine pour les financements bilatéraux lui vaut des critiques.

« Aucun État ne devrait se vanter d'être un meilleur bailleur de fonds bilatéral. C'est la contribution totale en matière de financement climat qui compte et les États-Unis n'ont jamais atteint leur « juste part ». »

En 2022, dernier chiffre fourni par l'OCDE, les pays riches ont fourni 116 milliards de dollars d'aide pour le climat, remplissant avec deux ans de retard leur promesse.

Parmi d'autres mesures, Joe Biden va annoncer à Manaus que les États-Unis vont doubler, à 100 millions de dollars, leur contribution au Fonds Amazonie, fonds international pour la protection de cette forêt, selon le communiqué de la Maison Blanche.

La visite du président américain, qui arrivera ensuite dimanche soir à Rio de Janeiro pour un sommet du G20, est assombrie par les craintes concernant la politique environnementale des États-Unis que crée le retour prochain à la Maison Blanche de Donald Trump.

Ce dernier avait retiré les États-Unis de l'Accord de Paris sur le climat lors de son premier mandat et a averti qu'il comptait faire de même lors du second.


« L'action en faveur du climat doit être un effort collectif », déclare M. Soltanov, PDG de la COP

La majorité des pays vulnérables au changement climatique se trouvent sur le continent africain, a déclaré Elnur Soltanov, PDG de la COP29. (Photo d'archives AFP)
La majorité des pays vulnérables au changement climatique se trouvent sur le continent africain, a déclaré Elnur Soltanov, PDG de la COP29. (Photo d'archives AFP)
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  • La lutte contre le changement climatique échouera si les pays ne s'unissent pas.
  • L'intérêt national est lié aux actions mondiales.

Baku : selon Elnur Soltanov, PDG de la COP29, les pays du monde entier doivent s'unir dans un « effort collectif » pour lutter contre le changement climatique, a déclaré Arab News.

Lorsque nous disons « solidaires pour un monde plus vert », nous voulons dire que l'action climatique doit être un effort collectif. « Si elle n'est pas collective, elle ne fonctionnera pas et nous risquons de tout perdre », a déclaré M. Soltanov.

Il a souligné l'impératif moral de la solidarité internationale, en particulier pour les nations qui contribuent peu au réchauffement climatique mais qui souffrent le plus de ses effets, comme les pays africains et les petites nations insulaires.

« Les pays africains contribuent à moins de 4 % au réchauffement de la planète, mais la majorité des pays vulnérables au climat se trouvent sur le continent africain », a-t-il déclaré.

Par exemple, depuis l'année dernière, des vagues de chaleur extrêmes durant l'été ont gravement affecté les régions du nord de l'Afrique, telles que la Tunisie. Selon l'Organisation météorologique mondiale, la température a atteint 49 °C à Tunis et 50,4 °C à Agadir, au Maroc.

L'une des principales composantes de cette solidarité est le financement de la lutte contre le changement climatique, qui, selon M. Soltanov, est essentiel pour créer un juste équilibre des responsabilités entre les nations.

« Chaque pays a des responsabilités différentes, compte tenu de ce qui se passe dans le monde aujourd'hui. Il y a des bénéficiaires, il y a des bénéficiaires moins nombreux, donc cet équilibre et cette équité entre eux ne peuvent être assurés que si nous agissons collectivement. Pour agir collectivement, nous pensons que nous devrions obtenir des résultats en matière de financement climatique cette année », a-t-il déclaré, soulignant que le financement climatique est essentiel pour permettre l'action collective.

M. Soltanov a reconnu que les résultats de ces réunions étaient souvent examinés à la loupe.

« La crise à laquelle nous sommes confrontés est réelle, elle est importante, et chaque fois qu'elle est aidée, quels que soient les résultats, il y aura des critiques. Il ne s'agit pas de l'Azerbaïdjan, ni de l'Arabie saoudite, ni d'aucun autre pays », a-t-il déclaré.

Malgré les critiques, le PDG préfère se concentrer sur l'obtention de résultats concrets et la mise en œuvre d'actions significatives en faveur du climat, plutôt que de se demander qui doit être blâmé pour ce problème environnemental mondial.

« Nous sommes prêts à écouter des arguments constructifs », a-t-il déclaré. « Ce que je dirais à tout le monde, c'est que si vous voulez servir l'intérêt national de l'Azerbaïdjan, vous devez servir l'intérêt mondial, qui consiste à produire des résultats et des réalisations en termes de lutte contre la crise climatique.

Il a ajouté : « Nous nous concentrons sur l'action, l'action climatique, qui est vraiment conséquente ».

M. Soltanov a fait remarquer que les pays développés ont la responsabilité particulière d'aider les autres, soulignant la nécessité d'une approche coopérative pour s'assurer que personne n'est laissé pour compte.

« Nous ne voyons pas de différence entre les pays producteurs et les pays consommateurs de pétrole, car les transactions de pétrole, de gaz et de charbon se déroulent sur un marché libre. Personne n'est obligé d'acheter à qui que ce soit ».

Il a ajouté : « Par conséquent, tous les pays sont des pays pétroliers et tous les pays sont des pays gaziers, car l'ensemble des modèles de développement mondiaux sont basés sur les hydrocarbures. Nous essayons de trouver d'autres modèles de développement pour que le développement et la sécurité énergétique, le développement et la pauvreté ne soient pas des choix, mais des choses qui se produisent en même temps ».

L'Azerbaïdjan et l'Arabie saoudite, par exemple, peuvent partager leurs capacités, leur expérience et leurs partenariats pour apporter davantage.

« Nous pensons que si l'Arabie saoudite ou un pays comme l'Azerbaïdjan peuvent nous apporter quelque chose, ils sont précieux en termes d'expérience et de technologie, car ils sont à l'avant-garde des autres formes de développement énergétique.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


Déçue, frustrée, pessimiste : une climatologue kényane à la COP29

La climatologue kényane Joyce Kimutai montre une photo lors de la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique (COP29) à Bakou, le 15 novembre 2024. (Photo AFP)
La climatologue kényane Joyce Kimutai montre une photo lors de la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique (COP29) à Bakou, le 15 novembre 2024. (Photo AFP)
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  • Participer à la COP, où la politique prend souvent le pas sur la science, peut être décourageant, estime Joyce Kimutai, experte du réchauffement climatique dans un pays africain sujet aux catastrophes.
  • Les pourparlers tournent en rond, mettant à l'épreuve ceux dont les communautés sont à la merci de conditions météorologiques de plus en plus aléatoires et extrêmes.

BAKOU : Participer à la COP, où la politique prend souvent le pas sur la science, peut être décourageant, estime Joyce Kimutai, experte du réchauffement climatique dans un pays africain sujet aux catastrophes.

« Si le monde écoutait les scientifiques, peut-être que nous ne ferions pas ces COP », souffle à l'AFP cette climatologue kényane de 36 ans, en marge de la conférence climatique qui a lieu cette année en Azerbaïdjan.

« Notre action est très lente. Nous avons peur de prendre des mesures audacieuses. Et je ne comprends pas pourquoi", confie-t-elle.

Alors que la conférence s'apprête à entrer dans sa seconde semaine, les pays réunis ne semblent pas plus près de consentir à augmenter l'aide financière indispensable aux pays vulnérables au changement climatique en Afrique, en Asie ou en Amérique latine.

Sans cet argent, les pays en développement affirment qu'il leur sera difficile de passer aux énergies renouvelables et de s'adapter aux chocs climatiques plus fréquents.

Les pourparlers tournent en rond, mettant à l'épreuve ceux dont les communautés sont à la merci de conditions météorologiques de plus en plus aléatoires et extrêmes.

« C'est vraiment frustrant », témoigne Mme Kimutai, une des autrices principales du Giec, le groupe d'experts de l'ONU sur le climat.

« J'essaie de rester optimiste, mais honnêtement, il y a des jours où je me réveille en étant très pessimiste, devant la souffrance de ces communautés vulnérables ».

- Le front du climat -

Joyce Kimutai comprend le coût de l'inaction climatique mieux que personne dans les salles de négociations de la COP29. Spécialiste de l'attribution des événements météorologiques extrêmes au réchauffement causé par les humains, elle collabore avec un réseau mondial de scientifiques reconnus dans cette discipline en pleine croissance.

« Mais je préfère travailler sur le continent africain, car c'est là que je sens que mon expertise est requise », dit Mme Kimutai, qui vit à Nairobi.

Là, la climatologue n’échappe pas aux phénomènes qu'elle étudie. Cette année, après avoir subi sa pire sécheresse depuis des décennies, le Kenya a enduré averses et inondations qui ont tué des centaines de personnes et détruit routes et maisons.

Elle raconte que c'est l'étude de la vallée du Rift, en cours de géographie au lycée, qui a éveillé sa passion pour la science. Les glissements de terrain y devenaient déjà de plus en plus fréquents, ainsi que les saisons aléatoires, et l'herbe et l'eau se faisaient de plus en plus rares pour le bétail.

Elle déplore le coût « terrible » du changement climatique au Kenya, tout comme dans d'autres pays africains ou régions en développement.

« Ils ne sont pas prêts pour ces événements », craint Mme Kimutai.

Même les pays riches ne seront pas « épargnés », pense-t-elle, soulignant les récentes inondations meurtrières en Espagne.

- « Humiliant » -

À la COP29, Mme Kimutai conseille le gouvernement kényan dans le bras de fer financier avec les pays riches, réticents à accroître fortement leurs contributions.

Selon elle, le Kenya « porte le continent » africain, puisqu'il est actuellement à la tête du groupe de négociateurs africains, formellement reconnu dans le processus onusien.

« Si vous faites face à trois ou quatre catastrophes par an, vous devez aller chercher des bailleurs quatre fois, qui réclament de l'argent. Et cela signifie que vous vous retrouvez constamment endetté », souligne la chercheuse.

Être obligée de marchander pour réparer un problème causé par d'autres est « humiliant », fustige-t-elle, d'autant plus quand le temps est compté.