Attaque massive de drones contre Kiev, Moscou menace la population de «destruction»

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Publié le Jeudi 07 novembre 2024

Attaque massive de drones contre Kiev, Moscou menace la population de «destruction»

KIEV: La Russie a intimé mercredi à l'Occident de s'asseoir à la table de négociations sous peine de "destruction de la population ukrainienne", quelques heures après une nouvelle attaque "massive" de drones contre Kiev.

Plus de deux ans et demi après le début de son invasion de l'Ukraine, Moscou se retrouve en position de force sur le front oriental, où son armée progresse de plus en plus vite face à des troupes ukrainiennes moins nombreuses et moins bien équipées.

L'élection de Donald Trump à la présidence américaine laisse en outre craindre à l'Ukraine et aux Européens un désengagement américain dans les mois à venir.

Enfin ces derniers jours, les forces du Kremlin ont également, selon Kiev et l'Occident, reçu en renfort au moins 10.000 soldats nord-coréens qui devraient bientôt rejoindre le champ de bataille en Russie.

C'est dans ce contexte difficile que le président ukrainien Volodymyr Zelensky se rend jeudi à Budapest, pour une réunion avec des hauts dirigeants européens.

Parallèlement, la Russie poursuit ses bombardements quotidiens de l'Ukraine, dans une volonté apparente de casser le moral de la population. Ces dernières semaines, elle a intensifié ses frappes sur des villes ukrainiennes, notamment Kiev.

La capitale a ainsi été visée par des attaques de drones six des sept jours de la première semaine de novembre et 20 jours en octobre, selon l'administration militaire.

Dans la nuit de mercredi à jeudi, la défense aérienne a détruit "plus d'une trentaine" de ces appareils au-dessus de la ville et ses banlieues, a précisé l'administration sur Telegram.

L'alerte aérienne a commencé peu après minuit et duré huit heures, selon des journalistes de l'AFP sur place qui ont entendu des drones survolant le centre-ville, ainsi que des tirs de la défense aérienne qui tentait de les abattre.

Des éclats de drones sont tombés dans six quartiers de Kiev sur un total de dix faisant deux blessés légers, selon l'administration militaire.

L'attaque a provoqué l'incendie d'un immeuble résidentiel, d'une clinique privée, d'un centre d'affaires, d'une station-service et de maisons, selon la mairie.

Destruction de la population

Dans cette situation très délicate pour Kiev, le chef du Conseil de sécurité russe et ex-ministre de la Défense, Sergueï Choïgou, a opté pour un ton menaçant et martial pour pousser les Occidentaux à des négociations favorables à Moscou.

"La situation sur le théâtre des hostilités n'est pas en faveur du régime de Kiev, l'Occident a le choix : poursuivre son financement (de l'Ukraine) et la destruction de la population ukrainienne ou admettre les réalités existantes et commencer à négocier", a-t-il dit lors d'une réunion.

M. Choïgou a aussi de nouveau accusé l'Occident d'utiliser l'Ukraine pour essayer de vaincre la Russie, Moscou continuant de rejeter le terme d'invasion et réprimant toute voix affirmant le contraire.

La question de la pérennité du soutien occidental à l'Ukraine est d'autant plus pressante pour Kiev que pendant sa campagne électorale, Donald Trump n'a cessé de dénoncer l'ampleur de l'aide à Kiev.

Avec son retour à la Maison Blanche, la balle est dans le camp américain, a estimé jeudi le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov.

"On verra s'il y a des propositions" de la nouvelle administration américaine, a-t-il déclaré.

Le président russe Vladimir Poutine a lancé son assaut contre l'Ukraine en février 2022 puis a revendiqué l'annexion de régions entières du pays. Kiev a pu résister grâce à l'aide militaire occidentale.

Mais, depuis un an, confrontée à des forces russes plus nombreuses ainsi qu'aux tergiversations occidentales grandissantes, l'armée ukrainienne recule et les pertes de territoires se sont accélérées cet automne.

Jeudi, l'armée russe a revendiqué la prise d'un nouveau village, Kreminna Balka, dans la région orientale de Donetsk, dont la conquête est la priorité du Kremlin.

Moscou réclame que l'Ukraine dépose les armes, qu'elle lui cède cinq régions, qu'elle renonce à son alliance avec l'Occident et à son ambition de rejoindre l'Otan. Des conditions inacceptables pour Kiev.

Américains et Européens assurent l'Ukraine de leur soutien indéfectible, mais refusent de l'autoriser à frapper en profondeur le territoire russe avec les armes qu'ils fournissent et d'abattre les engins russes visant les villes ukrainiennes, de crainte que cela n'entraîne une escalade.

Volodymyr Zelensky a vivement critiqué les Occidentaux, relevant que Moscou mène une escalade continue dans le conflit, la dernière en date étant le déploiement suspecté de milliers de soldats nord-coréens.


Le pape célèbre Noël et lance le Jubilé 2025, "Année sainte" à Rome

Le pape François préside la messe de la nuit de Noël à la basilique Saint-Pierre au Vatican, le 24 décembre 2024. (AFP)
Le pape François préside la messe de la nuit de Noël à la basilique Saint-Pierre au Vatican, le 24 décembre 2024. (AFP)
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  • Noël sous le signe du Jubilé: le pape François a ouvert mardi soir l'"Année sainte" 2025 de l'Eglise catholique, grand pèlerinage international pour lequel plus de 30 millions de fidèles du monde entier sont attendus à Rome
  • Mercredi à 12H00 (11H00 GMT), lors de sa traditionnelle bénédiction "Urbi et Orbi" ("A la ville et au monde"), il devrait renouveler ses appels à un cessez-le-feu au Proche-Orient et ailleurs dans le monde

Cité du Vatican, Saint-Siège: Noël sous le signe du Jubilé: le pape François a ouvert mardi soir l'"Année sainte" 2025 de l'Eglise catholique, grand pèlerinage international pour lequel plus de 30 millions de fidèles du monde entier sont attendus à Rome.

Devant un parterre d'évêques et de cardinaux, des officiels dont la Première ministre italienne Giorgia Meloni, des milliers de personnes sur la place Saint-Pierre et en mondovision, le jésuite argentin a ouvert la "Porte Sainte" de la basilique Saint-Pierre, au Vatican, symbolisant l'inauguration de ce "Jubilé ordinaire".

Assis dans un fauteuil roulant, Jorge Bergoglio a frappé sur la lourde porte de bronze avant de se recueillir en silence sur son seuil et d'entrer dans la monumentale basilique, archi-comble, suivi par une longue procession, tandis que les cloches sonnaient à l'extérieur.

Tout au long de l'année, les pèlerins pourront passer cette porte, murée en temps ordinaire, afin de recevoir l'"indulgence plénière", le pardon des péchés selon la tradition catholique.

Le pape âgé de 88 ans, récemment affaibli par un rhume, a ensuite présidé la messe de la nuit de Noël.

"Pensons aux guerres, aux enfants mitraillés, aux bombes sur les écoles ou les hôpitaux", a-t-il déclaré dans son homélie, une allusion aux frappes israéliennes sur Gaza dont il a dénoncé cette semaine la "cruauté", suscitant les protestations de la diplomatie israélienne.

Mercredi à 12H00 (11H00 GMT), lors de sa traditionnelle bénédiction "Urbi et Orbi" ("A la ville et au monde"), il devrait renouveler ses appels à un cessez-le-feu au Proche-Orient et ailleurs dans le monde.

- Surtourisme -

Après l'attaque meurtrière sur un marché de Noël en Allemagne, la sécurité a été renforcée aux alentours du Vatican. Quelque 700 agents supplémentaires ont été déployés à Rome, selon le ministère italien de l'Intérieur.

"Juste être là je me sens déjà bénie", a confié à l'AFPTV Lisbeth Dembele, une touriste française. "C'était une occasion spéciale pour nous, pour toute la famille", renchérit son mari, Marcel Dembele, qui espère que le pape appellera à une "paix juste".

Le dernier Jubilé "ordinaire", en l'an 2000 sous Jean-Paul II, avait réuni 25 millions de personnes.

Organisé tous les 25 ans, le Jubilé est voulu comme un temps de conversion et de pénitence pour les fidèles et s'accompagne d'une longue liste d'évènements culturels et religieux: messes, expositions, conférences, concerts...

Pour s'y préparer, Rome a été le théâtre d'importants travaux qui ont mis la patience des automobilistes à rude épreuve pour restaurer les monuments et fluidifier la circulation.

Dans une ville déjà prise d'assaut par des millions de visiteurs et connue pour la défaillance de ses transports publics, l'événement suscite des interrogations en matière de surtourisme et d'impact environnemental, alors que le pape a fait de l'écologie intégrale un pilier de son pontificat.

L'ouverture de la "Porte sainte" sera suivie dans les prochains jours par celles des trois autres basiliques majeures de Rome et de milliers d'autres dans les églises des quatre coins de la planète.

Fidèle à son attachement aux marginalisés, François tient à célébrer cette tradition jeudi dans la prison romaine de Rebibbia, où il présidera une messe en signe de proximité avec les détenus.

- Mascotte manga -

S'il s'adresse d'abord aux quelque 1,4 milliard de catholiques, le Jubilé dépasse le cadre religieux, à l'image de la vente de nombreux produits dérivés - gourdes, casquettes et tee-shirts frappés du logo officiel.

Tranchant avec son héritage historique - c'est le pape Boniface VIII qui a institué, en 1300, cette tradition à Rome - l'évènement s'est modernisé et doté d'une application pour smartphones en six langues.

Il dispose même de sa mascotte, "Luce" ("lumière" en latin), personnage inspiré par la culture pop manga, un choix qui a suscité des critiques mais dans lequel certains voient une volonté de renouveau générationnel.

Baptisée "Pèlerins d'espérance", cette édition verra se succéder pendant un an des groupes du monde entier: jeunes, migrants, artistes, musiciens, associations, monde du sport, de l'entreprise ou du secteur éducatif sont ainsi conviés au Vatican à des dates précises.

A noter, l'inscription sur le site officiel du pèlerinage de l'association italienne catholique LGBT+ La Tenda di Gionata, alors que le pape argentin multiplie ses appels à une Eglise ouverte à "tous".

Concernant le Jubilé "extraordinaire", le dernier s'est tenu en 2016 sous le signe du pardon, tandis que le prochain aura lieu en 2033 pour commémorer la crucifixion du Christ.


Les chrétiens fêtent un Noël assombri par les guerres

Des fidèles sortent de l'église catholique romaine de la Sainte Famille après la messe de la veille de Noël dans le quartier de Zaytoun à Gaza City, le 24 décembre 2024, alors que la guerre entre Israël et le Hamas se poursuit dans le territoire palestinien assiégé. (AFP)
Des fidèles sortent de l'église catholique romaine de la Sainte Famille après la messe de la veille de Noël dans le quartier de Zaytoun à Gaza City, le 24 décembre 2024, alors que la guerre entre Israël et le Hamas se poursuit dans le territoire palestinien assiégé. (AFP)
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  • Des millions de chrétiens célèbrent mercredi Noël, une fête encore assombrie cette année par les guerres dans la bande de Gaza, en Ukraine et dans de nombreuses autres régions du mond
  • Des millions de chrétiens célèbrent mercredi Noël, une fête encore assombrie cette année par les guerres dans la bande de Gaza, en Ukraine et dans de nombreuses autres régions du mond

ROME: Des millions de chrétiens célèbrent mercredi Noël, une fête encore assombrie cette année par les guerres dans la bande de Gaza, en Ukraine et dans de nombreuses autres régions du monde.

Des millions de chrétiens célèbrent mercredi Noël, une fête encore assombrie cette année par les guerres dans la bande de Gaza, en Ukraine et dans de nombreuses autres régions du mond.

La veille, il avait ouvert "l'Année sainte" 2025 de l'Eglise catholique, grand pèlerinage international pour lequel plus de 30 millions de fidèles du monde entier sont attendus à Rome. Il a ensuite présidé la messe de Minuit, au cours de laquelle il a invité les fidèles à penser "aux guerres, aux enfants mitraillés, aux bombes sur les écoles ou les hôpitaux", une allusion aux frappes israéliennes sur Gaza dont il avait dénoncé cette semaine la "cruauté", suscitant les protestations de la diplomatie israélienne.

En France, la cathédrale Notre-Dame de Paris accueille mercredi à partir de 07H30 GMT plusieurs messes de Noël, après la messe de Minuit la veille au soir. Depuis l'incendie qui l'a dévastée le 15 avril 2019, la cathédrale n'avait plus accueilli ces messes de la Nativité célébrant, pour les chrétiens, la naissance de Jésus.

"Je suis tellement heureux de revenir ici, c'est tellement magique", a dit Daniel James, steward américain de 46 ans venu de Seattle pour assister à la messe de Minuit.

L'Ukraine, qui pour la deuxième année consécutive célèbre Noël le 25 décembre, comme en Occident, et non plus le 7 janvier comme dans le calendrier julien suivi par l'Eglise orthodoxe russe, s'est réveillée mercredi matin sous une pluie de missiles.

Une alerte aérienne a été déclarée dans tout le pays mercredi à l'aube, alors que des missiles russes s'abattaient sur la grande ville de Kharkiv et sur de nombreuses infrastructures énergétiques.

Nuit de Noël morose également dans la ville palestinienne de Bethléem, berceau du christianisme, où quelques centaines de fidèles se sont rassemblés dans et autour de l'Eglise de la Nativité.

- Un "Noël aux relents de mort" -

Bethléem "limite" sa joie pendant les fêtes de Noël, explique Anton Salman, le maire de cette ville de Cisjordanie occupée, située à une dizaine de kilomètres seulement de Jérusalem, de l'autre côté du mur de séparation érigé par Israël.

Un grand sapin se dresse normalement pour Noël sur la place de la Mangeoire attenante, mais comme l'an dernier, les autorités locales ont décidé de ne pas organiser de grandes célébrations.

La ville s'est animée en début d'après-midi avec un défilé de scouts, dont certains portaient des pancartes avec des messages tels que "Arrêtez le génocide à Gaza maintenant" et "Nos enfants veulent jouer et rire".

Derrière eux, le patriarche latin de Jérusalem, Pierbattista Pizzaballa, revenu de Gaza pour présider la messe de Minuit.

"Je veux remercier nos chers frères et soeurs à Gaza, à qui je viens de rendre visite", clame-t-il, dans son homélie en anglais. "Ils sont un vrai signe d'espoir au milieu du désastre et de la destruction totale qui les entourent".

"Pour la deuxième année, c'est un triste Noël pour vous aussi", poursuit le patriarche. "Mais l'année prochaine, le Noël à Bethléem sera plein de sapins, de vie et de pèlerins".

"Ce que l'on traverse est très difficile et on ne peut pas en faire complètement abstraction", déplore Hisham Makhoul, habitant de Jérusalem présent à Bethléem, évoquant "une échappatoire" temporaire.

Dans le petit territoire palestinien ravagé, des centaines de chrétiens se sont réunis dans l'église de la Sainte-Famille, dans la ville de Gaza (nord) pour la messe de la nuit de Noël.

"Ce Noël a des relents de mort et de destruction", témoigne George Al-Sayegh, qui a trouvé refuge pendant des semaines, pour échapper aux bombes, dans l'église grecque orthodoxe Saint-Porphyre.

"Il n'y a aucune joie, aucun esprit de fête. On ne sait même pas si on survivra jusqu'au prochain Noël."

- "Ombre" -

En s'adressant mardi aux chrétiens, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s'est engagé à lutter contre les "forces du mal".

"Vous vous êtes tenus à nos côtés avec résilience, constance et force alors qu'Israël défend notre civilisation contre la barbarie", a ajouté M. Netanyahu, dont le pays se bat sur plusieurs fronts depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza.

En Allemagne, le chef de l'Etat Frank-Walter Steinmeier a appelé dans ses voeux de Noël à l'unité et la cohésion, en évoquant "l'ombre" jetée sur les fêtes de fin d'année par l'attaque à la voiture-bélier qui a fait cinq morts et plus de 200 blessés vendredi sur le marché de Noël de Magdebourg, dans le nord-est du pays.

En Syrie, où le président Bachar al-Assad a été renversé le 8 décembre, les nouvelles autorités dominées par les islamistes se sont employées à rassurer les chrétiens dans un pays à majorité sunnite.

"Ce n'était pas évident de se réunir dans les circonstances actuelles et de prier dans la joie, mais grâce à Dieu, on l'a fait", soupire Sarah auprès de l'AFP, qui assiste à la messe dans la cathédrale syriaque orthodoxe de Saint-Georges, à Damas.

Ailleurs, le réveillon a aussi livré ses moments de réconfort.

Aux Etats-Unis, la tradition annuelle de traquer le Père Noël s'est mise en place. Pour les petits comme les plus grands, il est possible de suivre en temps réel sa grande traversée sur un site internet dédié.

Comme politique et esprit de Noël font généralement bon ménage, le général de l'armée de l'air Gregory Guillot a tenu à rassurer la population marquée par des survols de drones qui ont semé la panique récemment sur la côte est américaine.

"Je n'anticipe aucune difficulté avec ces drones pour le Père Noël cette année", a-t-il plaisanté sur Fox News.


A Londres, un mur du souvenir pour les victimes du Covid s'illumine pour Noël

Le 20 décembre 2024, à l'approche du cinquième anniversaire de la pandémie, des bénévoles illuminent le National Covid Memorial Wall, dédié à ceux qui ont perdu la vie à cause du Covid-19, sur la rive de la Tamise, à Londres. (AFP)
Le 20 décembre 2024, à l'approche du cinquième anniversaire de la pandémie, des bénévoles illuminent le National Covid Memorial Wall, dédié à ceux qui ont perdu la vie à cause du Covid-19, sur la rive de la Tamise, à Londres. (AFP)
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  • A l'occasion de Noël, des proches de victimes du Covid ont accroché des guirlandes lumineuses sur un mur recouvert de coeurs rouges dans le centre de Londres, un mémorial improvisé
  • Plus de 240.000 coeurs ont été peints à la main sur le mur long de 500 mètres qui se trouve au bord de la Tamise, avec une vue imprenable sur le Parlement de Westminster

LONDRES: A l'occasion de Noël, des proches de victimes du Covid ont accroché des guirlandes lumineuses sur un mur recouvert de coeurs rouges dans le centre de Londres, un mémorial improvisé, symbole d'"amour" et de "colère".

A l'approche du cinquième anniversaire de la pandémie, l'émotion reste vive.

Plus de 240.000 coeurs ont été peints à la main sur le mur long de 500 mètres qui se trouve au bord de la Tamise, avec une vue imprenable sur le Parlement de Westminster. Chacun représente une personne morte du Covid au Royaume-Uni. Des milliers de messages sont écrits: "Mamy, je t'aimerai toujours", "Phil, toujours dans mon coeur", "Tu nous manques chaque jour".

A l'origine, ce mur du souvenir, qui s'étend sur 500 mètres, devait être temporaire. Il a été réalisé sans autorisation en mars 2021, afin de demander des comptes au gouvernement de Boris Johnson, alors Premier ministre, pour sa gestion chaotique de la pandémie.

Il est accusé notamment d'avoir tardé à réaliser la gravité de la pandémie, en confinant trop tard puis en levant le confinement trop rapidement.

Ce mur est "une effusion d'amour, de colère, de rage", résume Lorelei King, dont le mari est mort du Covid fin mars 2020.

Cette femme de 71 ans fait partie du groupe "Les amis du mur", une dizaine de bénévoles qui chaque vendredi viennent nettoyer le monument, repeindre les coeurs qui s'effacent avec la pluie, réécrire les messages.

"C'est assez méditatif", dit-elle en repeignant délicatement un coeur qui disparaissait.

Le groupe continue de dessiner de nouveaux coeurs, quand le Covid emporte de nouvelles personnes.

Quelques jours avant Noël, les bénévoles se sont retrouvés pour une autre mission, plus joyeuse: installer des guirlandes le long du mur. Ils les ont allumées lundi après-midi et elles vont rester en place jusqu'à début janvier.

- "Réconfort" -

"Nous installons des guirlandes chaque Noël pour nous recueillir et nous souvenir des personnes qui ne sont pas avec nous pendant la période de Noël", explique Kirsten Hackman, 58 ans. Sa mère est morte en mai 2020 du Covid.

"Pour beaucoup d'entre nous, il y a une place vide autour de la table à Noël. (...) C'est un moment très difficile", ajoute-t-elle.

Les passants s'arrêtent, intrigués, pour regarder ce mur atypique, questionnent le groupe qui s'active en riant.

Ce mur est une "séance de thérapie" collective, racontent des bénévoles.

Mais près de cinq ans après le début de la pandémie, la douleur reste la même, dit Lorelei King. Comme d'autres, elle explique ne pas avoir réussi à faire son deuil. "Nous n'avons pas pu avoir de vraies funérailles", souligne-t-elle, en raison des règles du confinement en vigueur quand son mari est mort.

Alors elle met son énergie dans ce mur. "Cela me réconforte. (...) Et je ne veux pas que les personnes qui nous sont chères soient oubliées."

"On se comprend. On est dans le même bateau", dit Michelle Rumball, 53 ans, dont la mère est morte du Covid en avril 2020.

Elle était présente dès le premier jour, quand les premiers coeurs ont été peints, après un appel sur les réseaux sociaux du groupe de militants politiques Led By Donkeys.

Pendant dix jours, des centaines de personnes ayant perdu des proches se sont présentées au mur, même si elles risquaient d'être arrêtées pour dégradation d'un mur classé.

"J'étais très en colère. C'était une manière de manifester", se souvient Michelle Rumball.

Le mur dépend de donations. Le groupe veut le rendre "permanent" et reconnu officiellement. Il serait ainsi mieux protégé. Les amis du mur sont en discussion avec les autorités. Et quelques jours avant Noël, ils ont eu une réunion "très positive", sourit Lorelei King, optimiste.

Selon l'OMS, le Covid a fait plus de 232.000 morts au Royaume-Uni. A titre de comparaison, il y en a eu en France environ 168.000. Dans le monde, plus de sept millions de décès dus à cette maladie ont été signalés à l'OMS, mais le véritable bilan de la pandémie semble bien plus élevé.