Au Maroc, les tatouages des femmes berbères tombent en partie en désuétude

Des femmes amazighes posent pour une photo dans le village d’Imilchil, dans le centre du Haut-Atlas marocain, le 19 août 2024. Beaucoup attribuent la quasi-disparition des tatouages sur le visage à l’évolution des attitudes religieuses au Maroc ces dernières décennies, période durant laquelle l’islam a interdit les tatouages au visage ainsi que d’autres modifications corporelles, comme les piercings. (Photo par l'AFP)
Des femmes amazighes posent pour une photo dans le village d’Imilchil, dans le centre du Haut-Atlas marocain, le 19 août 2024. Beaucoup attribuent la quasi-disparition des tatouages sur le visage à l’évolution des attitudes religieuses au Maroc ces dernières décennies, période durant laquelle l’islam a interdit les tatouages au visage ainsi que d’autres modifications corporelles, comme les piercings. (Photo par l'AFP)
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Publié le Lundi 14 octobre 2024

Au Maroc, les tatouages des femmes berbères tombent en partie en désuétude

  • Les tatouages qui ornent les visages et les mains des femmes berbères, autrefois considérés comme des signes de beauté et d'appartenance à une tribu, sont une tradition qui se perd sous l'influence de la modernité et des interprétations religieuses.
  • "Les femmes amazigh d'Afrique du Nord se distinguent par un type de tatouage qui exprime une multitude de significations".

IMILCHIL(Maroc) : Dans l'Atlas marocain, les tatouages qui ornent les visages et les mains des femmes berbères, autrefois considérés comme des signes de beauté et d'appartenance à une tribu, sont une tradition qui se perd sous l'influence de la modernité et des interprétations religieuses.

"Quand j'avais six ans, on nous expliquait que les tatouages étaient de jolies décorations. Nous utilisions du charbon pour les dessiner sur nos visages, ensuite nous allions voir une femme spécialisée qui utilisait une aiguille pour piquer le dessin jusqu'à ce que le sang sorte", se remémore Hannou Mouloud, 67 ans, dans le village de montagne d'Imilchil, à environ 400 km à l'est de Rabat.

"Puis nous nettoyions la plaie quotidiennement avec une herbe verte mâchée jusqu'à ce que le tatouage soit formé", poursuit-elle en montrant à l'AFP la discrète ligne verte sur son menton.

"Nous, petites filles, ne pouvions retenir nos larmes. Chaque mère serrait sa fille dans ses bras, essayant de la consoler jusqu'à ce que le tatouage soit terminé. C'est une tradition que nos parents nous ont transmise", témoigne aussi Ait Mjane Hannou, 71 ans, qui porte le même tatouage sur le menton, comme beaucoup d'autres femmes du bourg.

Chaque groupe berbère a ses propres motifs, "exprimant ainsi l'appartenance à une communauté spécifique et une identité propre", relève Bassou Oujabbour, membre de l'organisation Akhiam, qui oeuvre au développement de la zone d'Imilchil.

"Dans la tribu Aït Hadidou de la région d'Imilchil, les femmes se distinguent par des tatouages constitués de deux ou trois lignes au niveau du menton. Ces lignes sont souvent ornées de motifs comme des croix et des points. D'autres tribus décorent leur visage avec une variété de motifs", dit-il à l'AFP lors du "moussem des fiançailles", fête de septembre où l'on célèbre en danses et musiques le mariage collectif de jeunes couples berbères.

 "Punies dans l'au-delà" 

Le Maroc est le pays du Maghreb qui compte le plus de Berbères, dont la présence est antérieure à l'arabisation et à l'islamisation.

Ces autochtones se nomment eux-mêmes "imazighen", pluriel d'"amazigh" qui signifie "homme libre" dans leur langue, le tamazight.

D'après le dernier recensement (2014), plus d'un quart (26,7%) des 35 millions de Marocains utilisent l'un des trois principaux dialectes berbères du pays (le tarifit, le tamazight et le tachelhit).

"Les femmes amazigh d'Afrique du Nord se distinguent par un type de tatouage qui exprime une multitude de significations", explique à l'AFP Abdelouahed Finigue, enseignant-chercheur en géographie, natif d'Imilchil.

"Tout d'abord, il y a la notion de beauté: la femme, à travers ses tatouages, exprime sa beauté et sa valeur en tant qu'individu indépendant de l'homme".

Les motifs tatoués s'inscrivent aussi dans une certaine spiritualité, relève-t-il.

"Le cercle, par exemple, représente l'univers et la beauté, tout comme la lune et le soleil qui occupaient une place importante dans les rites locaux", explique-t-il. "Ces tatouages étaient appliqués sur des zones du corps très importantes et sensibles, notamment le menton, le front et les mains. Certaines femmes se faisaient tatouer des zones intimes, comme un cadeau pour leur mariage, exprimant ainsi leur amour pour leur mari et leur attachement à leur foyer".

"Cependant, ces dernières années, cette coutume a été entachée par des idées reçues véhiculées par des courants salafistes, affirmant que les femmes tatouées iraient en enfer", déplore-t-il.

Le tatouage est largement considéré par les musulmans comme une mutilation du corps proscrite par la religion.

Des fondamentalistes "décrivent parfois le tatouage comme le livre du diable ou comme la première chose à brûler sur le corps humain", précise Bassou Oujabbour.

"C'est pourquoi de nombreuses jeunes filles ont renoncé au tatouage pour des raisons religieuses, mais aussi pour des raisons liées à la modernité, car la femme moderne (dans les zones rurales au Maroc) ne se tatoue généralement pas. Par conséquent, même les femmes déjà tatouées enlèvent souvent leurs tatouages par crainte d'être punies dans l'au-delà".


Fashion Week : la griffe Coperni rend hommage aux gamers

Des mannequins présentent des créations de Sacai pour la collection Prêt-à-porter Femme Automne-Hiver 2025/2026 dans le cadre de la Fashion Week de Paris, à Paris le 10 mars 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
Des mannequins présentent des créations de Sacai pour la collection Prêt-à-porter Femme Automne-Hiver 2025/2026 dans le cadre de la Fashion Week de Paris, à Paris le 10 mars 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
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  • Réputé pour ses défilés-spectacles, Coperni a présenté dimanche soir, lors de la Fashion Week de Paris, une collection automne-hiver 2025-2026 inspirée de l'univers des jeux vidéo, au rythme d'un tournoi de gamers.
  • « Nous voulions rendre hommage au monde du jeu en général et aux LAN parties, qui consistent à rassembler des gens et à jouer ensemble, sans être seuls chez soi », a expliqué à la presse Arnaud Vaillant.

PARIS : Réputé pour ses défilés-spectacles, Coperni a présenté dimanche soir, lors de la Fashion Week de Paris, une collection automne-hiver 2025-2026 inspirée de l'univers des jeux vidéo, au rythme d'un tournoi de gamers.

Les Français Arnaud Vaillant et Sébastien Meyer ont réuni dans l'enceinte de l'Adidas Arena quelque 200 joueurs qui se sont affrontés lors d'une LAN party, ces réunions multijoueurs très populaires dans les années 1990, aux côtés de célébrités comme Bilal Hassani, l'influenceuse Léna Situations ou encore la rappeuse américaine Ice Spice.

« Nous voulions rendre hommage au monde du jeu en général et aux LAN parties, qui consistent à rassembler des gens et à jouer ensemble, sans être seuls chez soi », a expliqué à la presse Arnaud Vaillant.

Il s'agissait de « célébrer cette sous-culture des années 1990 », a-t-il ajouté.

Une robe noire largement fendue sur la cuisse rappelle ainsi le look de l'héroïne du jeu Resident Evil ; des bodies portés avec de grosses parkas et des collants agrémentés de petites sacoches font écho à ceux de Lara Croft, sans oublier des uniformes d'écolières, évoquant l'univers du manga.

Une robe-bustier rouge et matelassée s'inspire des sacs de couchage utilisés par les gamers lors de leurs longues parties.

Le duo avait déjà fait sensation en octobre avec un défilé historique à Disneyland Paris, avec l'influenceuse star Kylie Jenner sur le podium.

En 2022, la marque française, adepte des innovations et des technologies, avait marqué les esprits avec la création en direct d'une robe en tissu pulvérisé sur le mannequin Bella Hadid.

L'année précédente, alors que l'épidémie de covid sévissait toujours, les deux créateurs avaient imaginé un défilé en mode « drive-in », où les invités regardaient le spectacle depuis leur voiture, respectant ainsi les mesures de distanciation sociale.

Dimanche, le spectacle était également au rendez-vous chez Valentino.

Après un premier défilé de prêt-à-porter en septembre et un show haute couture très remarqué en janvier, Alessandro Michele a présenté cette nouvelle collection dans un décor de bains publics éclairés à la lumière rouge et dont les mannequins sortaient de cabines de douche.

Un défilé mixte intitulé « Le méta-théâtre des intimités » où la dentelle se marie au satiné, les dessous se portent en dessus, les manteaux de fourrure s'accompagnent de gros colliers et de robes péplum. Côté accessoires, de maxi-lunettes, bandeaux ou cagoules cachent les visages.

Balenciaga a joué sur les contrastes avec un défilé mixte dans la Cour des Invalides, alternant vêtements de sport, survêtements, denim et manteaux monumentaux en fausse fourrure, transparences brodées de strass et robes de soirée langoureuses.

Demna, le créateur et « enfant terrible » de la marque française, avait réuni les invités, dont l'actrice Isabelle Huppert, dans un cube blanc à l'extérieur et entièrement noir à l'intérieur, pour un show qui s'est déroulé dans un seul et unique couloir étroit, permettant aux spectateurs d'apprécier les vêtements de près. 


Karen Wazen assiste au défilé théâtral de Valentino à Paris

 L’influenceuse libanaise et designer de lunettes Karen Wazen était présente au défilé. (Getty Images)
L’influenceuse libanaise et designer de lunettes Karen Wazen était présente au défilé. (Getty Images)
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  • L’influenceuse libanaise et designer de lunettes Karen Wazen était présente, vêtue d’un ensemble Valentino entièrement crème, complété par des gants à pois.
  • Parmi les invités assis dans la lumière cramoisie du décor figuraient Chappell Roan, Parker Posey, Jared Leto et Barry Keoghan

PARIS : Valentino a présenté la haute couture dans des toilettes publiques, l’un des décors les plus provocateurs de la saison, en particulier pour une maison aussi classique que Valentino.

L’influenceuse libanaise et designer de lunettes Karen Wazen était présente, vêtue d’un ensemble Valentino entièrement crème, complété par des gants à pois. Parmi les invités assis dans la lumière cramoisie du décor figuraient Chappell Roan, Parker Posey, Jared Leto et Barry Keoghan.

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L’influenceuse libanaise et designer de lunettes Karen Wazen était présente au défilé. (Getty Images)

La reconstitution méticuleuse restait fidèle à l’esthétique d’une toilette publique commune, avec son carrelage, ses distributeurs de savon, ses miroirs et ses interminables rangées de cabines, le tout baigné dans une lumière rouge troublante, presque sordide.

Partiellement inspiré par David Lynch, cet espace a donné le ton à la nouvelle vision audacieuse d’Alessandro Michele. Issu du monde du costume, Michele insuffle à ses collections des influences théâtrales et cinématographiques, créant des narrations autant que des vêtements.

Michele choisit souvent des lieux chargés d’histoire ou de culture — comme des palais — rendant ainsi ce décor de toilettes publiques d’autant plus subversif, même par rapport à son propre style. Le résultat ? Un spectacle explorant les frontières entre public et privé, intimité et exposition, et les identités floues de la mode contemporaine.

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Les mannequins ont émergé des cabines de toilettes, certains s’arrêtant pour inspecter leurs visages dans les miroirs, brouillant la frontière entre l’intime et le spectacle. (Getty Images)

Les mannequins ont émergé des cabines de toilettes, certains s’arrêtant pour inspecter leurs visages dans les miroirs, brouillant la frontière entre l’intime et le spectacle. Les vêtements étaient purement théâtraux : des casquettes, des capuches et des lunettes noires cachaient les visages, tandis que des hauts en tissu transparent laissaient entrevoir le corps — un contraste direct entre dissimulation et révélation.

Les créations de Michele se caractérisent par un mélange kaléidoscopique de différentes époques et cultures, fusionnant des éléments historiques pour créer une esthétique unique. Il se considère comme un « archéologue de l’art », explorant l’évolution de l’ornementation et de l’embellissement à travers les siècles.

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Les créations de Michele se caractérisent par un mélange kaléidoscopique de différentes époques et cultures. (Getty Images)

Le public était en effervescence. « Il révolutionne Valentino comme Demna l’a fait chez Balenciaga », a confié un invité au premier rang. Les applaudissements furent nourris, la réaction immédiate. Ce n’était pas qu’une collection, c’était une déclaration, disruptive et irrévérencieuse, propulsant une maison classique vers un territoire nouveau et inattendu.
 


L’Algérie et la musique arabo-andalouse rayonnent à l’Institut du monde arabe

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  • L’Institut du monde arabe inaugure la première édition du festival Andaloussiyat, un événement dédié à la musique arabo-andalouse, joyau du patrimoine musical du monde arabe.
  • Cette première édition est dédiée à l’Algérie, territoire emblématique de la transmission et du renouveau de la musique arabo-andalouse.

PARIS : L’Institut du monde arabe inaugure la première édition du festival Andaloussiyat, un événement dédié à la musique arabo-andalouse, joyau du patrimoine musical du monde arabe, du 25 au 30 mars 2025 sous la supervision de l’ancien ambassadeur de France en Algérie. Ce diplomate français, arabisant émérite, a été ambassadeur de France dans de nombreux pays arabes. Passionné de musique arabo-andalouse, il en maîtrise toutes les subtilités. 

Conçu comme un rendez-vous annuel sur trois ans, Andaloussiyat consacre chacune de ses éditions à un pays ou à une aire culturelle du Maghreb.

Cette première édition est dédiée à l’Algérie, territoire emblématique de la transmission et du renouveau de la musique arabo-andalouse. Le public est invité à découvrir la richesse de ses différentes traditions musicales, du maâlouf de Constantine à la sanâa d’Alger, en passant par l’école de Tlemcen.

Cette édition propose de nombreux concerts, conférences, projections et ateliers qui inviteront le public à explorer cette tradition artistique séculaire d’une grande richesse, fruit du métissage entre la musique arabe d’Orient et les sonorités ibériques du VIIIᵉ siècle.

Au programme, des concerts réunissant des figures incontournables du genre, mettant en valeur aussi bien les grandes voix de la tradition que des artistes innovants proposant une relecture contemporaine ; des projections de films et documentaires retraçant l’histoire et les figures emblématiques de la musique arabo-andalouse ; une conférence sur la place de la musique arabo-andalouse au Congrès du Caire de 1932 ; des ateliers pratiques permettant au public de s’initier aux subtilités du chant dans toutes ses richesses.

Richesses qui s’allient à la tradition et la modernité, Andaloussiyat met en lumière les différentes écoles et styles qui composent ce répertoire, alliant poésie et virtuosité musicale.