Un an après le 7 octobre, quelles leçons avons-nous tirées?

Un an après le 7 octobre, il est désormais certain que le Moyen-Orient ne redeviendra jamais ce qu'il était autrefois. (AFP)
Un an après le 7 octobre, il est désormais certain que le Moyen-Orient ne redeviendra jamais ce qu'il était autrefois. (AFP)
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Publié le Lundi 07 octobre 2024

Un an après le 7 octobre, quelles leçons avons-nous tirées?

Un an après le 7 octobre, quelles leçons avons-nous tirées?
  •  Le Hamas, le Hezbollah et les autres mandataires de l'Iran au Moyen-Orient ont peut-être été dépeints comme beaucoup plus puissants qu'ils ne le sont en réalité
  •  Il est inimaginable qu'en 2024, un État membre de l'ONU comme Israël puisse bénéficier d'une telle impunité pour tuer, blesser et déplacer des millions de personnes à travers le Liban et la Palestine

Un an après le 7 octobre, il est désormais certain que le Moyen-Orient ne redeviendra jamais ce qu'il était autrefois.

En tant que porte-parole d'une région en mutation constante, nous tenterons, en ce jour, de documenter et d'analyser la signification de ces événements révolutionnaires dans le cadre de notre couverture spéciale marquant cette année d'horreur.

Le premier constat est que le Hamas, le Hezbollah et les autres mandataires de l'Iran au Moyen-Orient ont peut-être été dépeints comme beaucoup plus puissants qu'ils ne le sont en réalité, comme l'a déclaré le célèbre commentateur politique et présentateur de CNN Fareed Zakaria, dans un entretien exclusif accordé à l'émission-débat «Frankly Speaking» d'Arab News.

«C'est vraiment extraordinaire, tout d'abord, de constater à quel point les services de renseignement israéliens ont réussi à infiltrer le Hezbollah», a déclaré M. Zakaria, commentant l'explosion des bipeurs, l'emplacement des caches d'armes et le lieu où se trouvent les dirigeants, y compris l'insaisissable secrétaire général Hassan Nasrallah.

«Je pense que ce dont nous sommes témoins, tant avec le Hezbollah qu'avec l'Iran, c'est que les deux semblent nettement moins puissants que nous ne les imaginions.»

Dans son entretien avec le président iranien Masoud Pezeshkian sur CNN, Zakaria a même noté que le nouveau arrivant avait laissé entendre que l'Iran «n'avait pas la capacité» de s'engager dans une guerre totale avec Israël et que «c'était au Hezbollah de le faire».

«Il a dit que nous devrions convoquer une réunion des pays islamiques pour condamner ce que fait Israël. Ce n'est pas une réponse particulièrement meurtrière, comme on pourrait l'imaginer et elle est très différente de celle de ses prédécesseurs», a déclaré M. Zakaria.

Le deuxième constat est l’échec scandaleux de l’ONU. Comme nous le soulignons dans notre article, le soutien militaire et diplomatique inconditionnel de nombreux pays occidentaux a exacerbé les divisions internes au sein du Conseil de sécurité et a gravement affecté sa capacité d’action.

Même le secrétaire général de l’organisation, Antonio Guterres – qui a été déclaré persona non grata en Israël – nous a avoué, dans un entretien en marge de l’Assemblée générale, que «nous (l’ONU) n’avons aucun pouvoir réel, pour être tout à fait honnête. L’organe de l’ONU qui détient un certain pouvoir est le Conseil de sécurité et cet organe est paralysé».

Il est inimaginable qu'en 2024, un État membre de l'ONU puisse bénéficier d'une telle impunité pour tuer plus de 43 000 personnes, en blesser près de 200 000 et en déplacer 3 millions à travers le Liban et la Palestine, alors qu'un cessez-le-feu continue de faire l'objet d'un veto et que certains alliés occidentaux, qui nous donnent souvent des leçons en matière de droits de l'homme, continuent de les armer.

Le troisième constat, de plus en plus évident, est que l'on peut gagner beaucoup plus en tendant la main. C'est ce qu'a démontré l'Arabie saoudite qui a dirigé les efforts diplomatiques ayant abouti à la reconnaissance de l'État de Palestine par plus de 140 des 193 États membres de l'ONU.

Le quatrième constat, répété à maintes reprises, est que plus cette situation perdure, plus elle s'étend – comme le montre notre article sur les difficultés endurées par le Liban, alors que le monde retient son souffle et se prépare à une riposte israélienne largement attendue contre l'Iran.

En conclusion, la violence engendre la violence et le jeu des reproches ne prendra jamais fin.

Comme l'a rappelé le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane, dans une récente tribune publiée dans le Financial Times, la seule garantie pour la sécurité d'Israël est une solution à deux États. Toutefois, il faut qu'il y ait une volonté de la promouvoir en Israël et qu'elle soit inscrite à l'ordre du jour du prochain président américain, quel qu'il soit. Le raisonnement ne peut être plus clair: la vision saoudienne d'une région plus intégrée, plus prospère et plus pacifique par opposition aux ravages causés par les extrémistes – qu'ils fassent partie du gouvernement de Benjamin Netanyahou ou de groupes militants – qui continuent à faire la même chose alors que le monde s'attend à un résultat différent.

Faisal J. Abbas est le rédacteur en chef d'Arab News.

X: @FaisalJAbbas

NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com