Impôts, immigration: Barnier tente d'asseoir son autorité face à sa coalition

Le Premier ministre français Michel Barnier parle à côté d'un écran affichant une photo du président français Emmanuel Macron lors de l'émission politique "L'Événement" diffusée sur la chaîne de télévision française France 2, à Aubervilliers, dans la banlieue nord de Paris, le 3 octobre 2024. (AFP)
Le Premier ministre français Michel Barnier parle à côté d'un écran affichant une photo du président français Emmanuel Macron lors de l'émission politique "L'Événement" diffusée sur la chaîne de télévision française France 2, à Aubervilliers, dans la banlieue nord de Paris, le 3 octobre 2024. (AFP)
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Publié le Vendredi 04 octobre 2024

Impôts, immigration: Barnier tente d'asseoir son autorité face à sa coalition

  • "Nous allons demander un effort aux plus grandes entreprises qui font plus d'un milliard" d'euros de chiffre d'affaires, "cela représente 300 entreprises", a développé le Premier ministre sur France 2
  • Michel Barnier a également annoncé que les hausses d'impôts qui viseront les personnes les plus fortunées - les ménages gagnant plus de 500.000 euros par an - permettront "de récupérer 2 milliards d'euros"

PARIS: "C'est moi qui fixe la ligne": Michel Barnier a entendu jeudi asseoir son autorité, en assumant des hausses d'impôt pour quelque "300 entreprises" ainsi que "les personnes les plus fortunées", malgré les frictions avec le camp macroniste, et en nuançant la ligne dure prônée par son ministre de l'Intérieur sur l'immigration.

"Nous allons demander un effort aux plus grandes entreprises qui font plus d'un milliard" d'euros de chiffre d'affaires, "cela représente 300 entreprises", a développé le Premier ministre sur France 2. Le "temps" de cette contribution supplémentaire "sera fixé dans la loi", "ce sera un an, peut-être deux ans".

"Mais il n'y aura pas d'impôts nouveaux sur la quasi-totalité des 4 millions d'entreprises", a-t-il ajouté, en réfutant tout "choc fiscal".

Michel Barnier a également annoncé que les hausses d'impôts qui viseront les personnes les plus fortunées - les ménages gagnant plus de 500.000 euros par an - permettront "de récupérer 2 milliards d'euros".

Le chef du gouvernement avait été mis sous pression dans la matinée par Gérald Darmanin, fer de lance des opposants dans le camp macroniste à toute augmentation de la fiscalité.

"Inacceptable", avait notamment fustigé l'ancien ministre des Comptes publics, prévenant qu'il ne "voterait pas une augmentation d'impôts", en considérant notamment qu'une révision des allègements de cotisations patronales reviendrait à "une augmentation du coût du travail" et une remontée du chômage.

"Dans l'effort que nous allons faire pour réduire la dette, 60 milliards, il y aura deux tiers de réduction des dépenses publiques. Et ça va être très dur", a par ailleurs prévenu le Premier ministre, en annonçant son intention de "fusionner des services publics" et "sans doute ne pas remplacer tous les fonctionnaires".

"La facture va être payée par les services publics, par les restrictions qui vont être opérées, par toute une série de mesures qui vont en fait impacter le quotidien des familles moyennes et modestes", a réagi dans la foulée le Premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, quand le leader insoumis Manuel Bompard a taclé un Premier ministre "exécuteur des basses œuvres d'Emmanuel Macron".

Michel Barnier a encore indiqué vouloir lancer "pour l'année prochaine" un chantier de "l'allocation sociale unique", "de telle sorte qu'au bout de ce travail, ça paye plus de travailler que de ne pas travailler", un projet défendu par Laurent Wauquiez (LR).

Première étape: le vote du budget, dont M. Barnier a admis qu'il passera probablement par un 49.3, puisqu'"il n'y a pas de majorité" à l'Assemblée nationale.

- "J'accepte d'être impopulaire" -

L'exercice du grand oral télévisé de jeudi soir devait servir au locataire de Matignon à affirmer son cap mais aussi à asseoir son autorité, après plusieurs couacs dans sa fragile coalition.

A l'adresse de son ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, qui avait provoqué l'ire de bon nombre de macronistes pour avoir assuré que l'Etat de droit n'était "pas sacré" ou que l'immigration n'était "pas une chance", Michel Barnier a rétorqué: "c'est moi qui fixe la ligne".

"Il y aura des mesures rigoureuses pour maîtriser" l'immigration, a-t-il assuré, tout en semblant écarter l'idée d'une nouvelle loi réclamée par Marine Le Pen. "Je ne vais pas me lancer dans des grands débats idéologiques", a-t-il ajouté.

Attendu vendredi dans le Puy-de-Dôme au Sommet de l'élevage, le chef du gouvernement a en outre promis jeudi de "faire une pause sur les normes" agricoles pour "encourager" les agriculteurs touchés par les crises.

"Ils en ont ras-le-bol des contraintes, des règles et des contrôles" et "ils travaillent beaucoup de manière vitale pour faire vivre, pour nourrir les Français avec de la nourriture saine, équilibrée, diversifiée, traçable", a-t-il fait valoir, après avoir reçu mercredi à Matignon le patron du puissant syndicat agricole FNSEA, Arnaud Rousseau.

Sur le sujet de la fin de vie, le locataire de Matignon s'est dit "favorable à reprendre le travail au moment où il a été interrompu" à l'Assemblée nationale, dissolution oblige, en soulignant qu'il n'était "pas forcément d'accord avec tous les amendements" adoptés lors de l'examen de cette proposition de loi.

Et, sur l'ensemble de ses projets et de son action, il a martelé accepter d'"être impopulaire".

Y compris au sein de sa coalition? La manière dont le chef du gouvernement a publiquement mouché son prédécesseur, Gabriel Attal, sur le déficit budgétaire "trouvé en arrivant", a laissé des profondes traces dans l'attelage de la nouvelle majorité.

"Je ne suis pas sûr que la meilleure manière de s'assurer du soutien de ses députés est de mettre une petite gifle au président de groupe", a observé l'ex-ministre macroniste Roland Lescure. "Ce n'était pas nécessaire", a renchérit Gérald Darmanin, "surtout qu'il n'a pas répondu sur le même ton à Madame Le Pen".


Flamanville: le réacteur nucléaire le plus puissant de France est raccordé au réseau électrique, annonce EDF

Lignes électriques à la centrale nucléaire de Flamanville, exploitée par Electricite de France SA (EDF), à Flamanville, France, le jeudi 25 avril 2024. ( Nathan Laine/Bloomberg via Getty Images)
Lignes électriques à la centrale nucléaire de Flamanville, exploitée par Electricite de France SA (EDF), à Flamanville, France, le jeudi 25 avril 2024. ( Nathan Laine/Bloomberg via Getty Images)
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  • « Samedi 21 décembre 2024 à 11 h 48, l'EPR de Flamanville a été connecté au réseau électrique français et a commencé à produire ses premiers électrons.
  • Le président Emmanuel Macron a qualifié cet événement de « grand moment » dans un message posté également sur LinkedIn.

PARIS : Le réacteur nucléaire EPR de Flamanville (Manche), le plus puissant de France, a été raccordé au réseau électrique national samedi, au terme de 17 ans de chantier et avec 12 ans de retard, a annoncé le groupe EDF. Emmanuel Macron a salué « un grand moment ».

« Samedi 21 décembre 2024 à 11 h 48, l'EPR de Flamanville a été connecté au réseau électrique français et a commencé à produire ses premiers électrons. C'est un événement historique pour toute la filière nucléaire française. Le dernier démarrage d'un réacteur en France remonte à celui de Civaux 2, il y a 25 ans », a indiqué Luc Rémont, le PDG d'EDF, sur le réseau social professionnel LinkedIn.

Le président Emmanuel Macron a qualifié cet événement de « grand moment » dans un message posté également sur LinkedIn.

« Grand moment pour le pays. L'un des réacteurs nucléaires les plus puissants au monde, l'EPR de Flamanville, vient d'être raccordé au réseau électrique. Réindustrialiser pour produire une énergie bas carbone, c'est l'écologie à la française. Elle renforce notre compétitivité et protège le climat », a affirmé le chef de l'État.

Initialement prévu vendredi matin, ce premier raccordement d'un nouveau réacteur en France depuis 1999 avait été repoussé de plusieurs heures.

Après le chargement en combustible en mai et la première réaction nucléaire au sein du réacteur en septembre, le couplage au réseau est la troisième étape avant la mise en service de Flamanville 3, réacteur à eau pressurisée de nouvelle génération, qui doit alimenter en électricité environ deux millions de foyers.


Macron souligne l'importance de Djibouti pour sa stratégie indo-pacifique

Le président français Emmanuel Macron (G) serre la main du président djiboutien Ismail Omar Guelleh alors qu'il arrive pour une réunion, au palais présidentiel de Djibouti, le 21 décembre 2024, . (Photo AFP)
Le président français Emmanuel Macron (G) serre la main du président djiboutien Ismail Omar Guelleh alors qu'il arrive pour une réunion, au palais présidentiel de Djibouti, le 21 décembre 2024, . (Photo AFP)
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  • lors d'une rencontre avec son homologue djiboutien Ismaïl Omar Guelleh, le président Emmanuel Macron a insisté sur l'importance de la présence militaire de la France à Djibouti pour le développement de sa stratégie dans la région indo-pacifique.
  • « Cette présence à Djibouti est également orientée vers l'océan Indien et l'Indo-Pacifique, et notre stratégie indo-pacifique, réaffirmée et consolidée depuis le printemps 2018.

DJIBOUTI : Samedi, lors d'une rencontre avec son homologue djiboutien Ismaïl Omar Guelleh, le président Emmanuel Macron a insisté sur l'importance de la présence militaire de la France à Djibouti pour le développement de sa stratégie dans la région indo-pacifique.

« Cette présence à Djibouti est également orientée vers l'océan Indien et l'Indo-Pacifique, et notre stratégie indo-pacifique, réaffirmée et consolidée depuis le printemps 2018, ne pourrait se faire sans les forces françaises de Djibouti », a déclaré Emmanuel Macron lors de cette visite au cours de laquelle il s'est également rendu auprès des troupes françaises à l'occasion des fêtes de fin d'année.

Alors que la France a été contrainte de retirer ses troupes de plusieurs pays africains, en particulier au Sahel, le président français a souligné la singularité de Djibouti.

« Nous avons voulu faire évoluer notre modèle là où, dans de nombreux pays, nous avions déjà des bases historiques posées. Nous avons donc voulu le repenser », a-t-il déclaré.

« Djibouti ne participe pas à cette manœuvre d'ensemble parce que, depuis des décennies, la nature même de notre base ici et de nos opérations est profondément différente », a-t-il ajouté, en insistant sur « le besoin en matière de sécurité » de Djibouti tout autant que sur les ambitions de la France dans la zone Indo-Pacifique.

Cette région recouvre une vaste zone d'Asie et d'Océanie comprenant les grandes puissances émergentes comme l'Inde ou la Chine. Elle concentre environ 60 % du PIB mondial et la France y est présente grâce à ses départements ou territoires d'outre-mer, comme la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française, Mayotte ou l'île de la Réunion.

Devant les troupes françaises, avec lesquelles il avait partagé un dîner de Noël vendredi, Emmanuel Macron avait affirmé que la base française de Djibouti allait se « réinventer » comme « point de projection » pour des « missions » en Afrique.

La France a déjà été contrainte d'évacuer ses troupes du Mali, du Burkina Faso et du Niger entre 2022 et 2023, après l'arrivée au pouvoir de juntes militaires. Un premier contingent de 120 soldats français a également quitté le Tchad vendredi, qui avait formulé une demande similaire le 29 novembre, tout comme le Sénégal.

De son côté, Ismaïl Omar Guelleh a rappelé « la relation privilégiée » avec la France, caractérisée par le renouvellement en juillet dernier du partenariat de défense. Il s'est également félicité de la signature, samedi, de deux accords portant sur la construction d'un nouvel aéroport à Djibouti et sur le développement d'une agence spatiale.

Les deux présidents ont également évoqué plusieurs questions régionales, Emmanuel Macron soulignant « l'importance de la mise en œuvre d'un processus de dialogue pour mettre un terme au terrible conflit au Soudan », pays ravagé par une guerre entre l'armée et des paramilitaires.


La « loi spéciale » visant à pallier l'absence de budget pour 2025 a été promulguée

Cette photographie montre un écran géant affichant le résultat du scrutin lors d'une séance de vote sur le projet de loi de finances rectificative à l'Assemblée nationale à Paris le 16 décembre 2024. (Photo AFP)
Cette photographie montre un écran géant affichant le résultat du scrutin lors d'une séance de vote sur le projet de loi de finances rectificative à l'Assemblée nationale à Paris le 16 décembre 2024. (Photo AFP)
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  • Adoptée en urgence en décembre par le Parlement, cette loi spéciale a permis à l'exécutif de prélever l'impôt et d'emprunter pour financer l'État et la Sécurité sociale, malgré l'absence de budget pour 2025.
  • « Cette loi spéciale donne à l'État tout ce qu'il faut pour assurer ses fonctions essentielles au début de l'année 2025, mais rien de plus.

PARIS : La « loi spéciale », palliatif budgétaire soumis en urgence après la censure du précédent gouvernement, a été promulguée vendredi par le président Emmanuel Macron dans l'attente d'un budget en bonne et due forme, selon le Journal officiel paru samedi.

Adoptée en urgence en décembre par le Parlement, cette loi spéciale a permis à l'exécutif de prélever l'impôt et d'emprunter pour financer l'État et la Sécurité sociale, malgré l'absence de budget pour 2025.

La promulgation de la loi a eu lieu depuis Mamoudzou, à Mayotte, où le chef de l'État s'est rendu ces derniers jours pour constater l'ampleur des besoins du département français, dévasté par le cyclone Chido.

Avec cette loi, « la continuité de l'État est maintenue et garantie, mais de façon temporaire », a réagi Laurent Saint-Martin, ministre du Budget démissionnaire, samedi matin sur X. « La nécessité de doter le pays d'un budget pour 2025 demeure, tout comme l'urgence de redresser nos comptes publics », a-t-il ajouté.

« Cette loi spéciale donne à l'État tout ce qu'il faut pour assurer ses fonctions essentielles au début de l'année 2025, mais rien de plus. Elle devra être complétée le plus rapidement possible par un budget », avait aussi souligné le rapporteur général de la commission des Finances du Sénat, Jean-François Husson (Les Républicains), le 18 décembre.

Jeudi soir sur France 2, le nouveau Premier ministre François Bayrou a déclaré espérer l'adoption d'un budget « à la mi-février », tout en reconnaissant ne pas être « sûr d'y arriver ». Il a précisé qu'il repartirait de « la copie qui a été votée » au Parlement avant l'abrogation de la loi par le gouvernement de Michel Barnier.

M. Bayrou, nommé le 13 décembre en remplacement de M. Barnier, a en outre déclaré souhaiter que son gouvernement soit présenté « dans le week-end », ou « en tout cas, avant Noël », avant « mardi soir.