BEYROUTH: L'armée israélienne a bombardé intensément samedi le sud du Liban, après avoir décapité l'unité d'élite du Hezbollah libanais dans un raid ayant tué 37 personnes, une escalade qui fait craindre une guerre à grande échelle.
Le Premier ministre libanais Najib Mikati a annulé sa participation à l'Assemblée générale de l'ONU en appelant "à la fin des terribles massacres israéliens" au Liban, où le mouvement armé Hezbollah a ouvert un front avec Israël au lendemain du début de la guerre à Gaza il y a près d'un an.
Le Hezbollah, puissant acteur politique et militaire au Liban, dit vouloir "soutenir" le Hamas dans la guerre contre Israël, déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement palestinien le 7 octobre 2023.
Cette guerre dans le territoire palestinien dévasté et assiégé ne connaît pas de répit, la Défense civile ayant annoncé samedi la mort de 21 personnes dans un bombardement israélien sur une école abritant des milliers de déplacés.
Israël a juré de détruire le Hamas à Gaza et a accentué ces dernières semaines les menaces contre le Hezbollah dont les tirs contre le nord d'Israël, même si la grande majorité sont interceptés, ont poussé à la fuite des dizaines de milliers d'habitants. Israël exige surtout le retrait du Hezbollah des zones frontalières du sud du Liban.
Maintenant la pression militaire, Israël a mené samedi de nouvelles frappes intenses contre le sud du Liban, un fief du Hezbollah, disant avoir ciblé "des milliers de rampes de lancement" de roquettes "prêtes à être utilisées" pour tirer contre son territoire.
Le mouvement libanais a affirmé pour sa part avoir tiré des dizaines de roquettes vers des positions militaires dans le nord d'Israël. "Environ 90" selon Israël.
Bipeurs, talkies-walkies
Coup sur coup cette semaine, le Hezbollah, un mouvement financé et armé par l'Iran, ennemi juré d'Israël, a été la cible de spectaculaires attaques.
Mardi et mercredi, des appareils de transmission - bipeurs, talkies-walkies- utilisés par des membres du Hezbollah ont explosé dans la banlieue sud de Beyrouth ainsi que dans le sud et l'est du Liban, des bastions du Hezbollah. Bilan: 39 morts et 2.931 blessés selon les autorités libanaises.
Le Hezbollah et les autorités libanaises ont accusé Israël qui n'a pas commenté.
Vendredi, Israël a revendiqué une frappe sur la banlieue sud de Beyrouth qui a fait au moins 37 morts, des commandants du Hezbollah mais aussi des civils dont des femmes et trois enfants, selon le ministère de la Santé libanais.
La frappe, qui a laissé un immense cratère et rasé un immeuble, a touché une zone densément peuplée où les secouristes, aidés par des bulldozers, ont continué à fouiller les décombres à la recherche de survivants.
Selon une source proche du Hezbollah, elle a visé dans le sous-sol d'un immeuble une réunion du commandement de l'unité Radwan, force d'élite du mouvement, dont 16 membres ont été tués. Parmi eux figurent Ibrahim Aqil, le chef de l'unité, et Ahmed Mahmoud Wahbi, chargé d'opérations militaires jusqu'au début de cette année.
« Infiltrés »
Ibrahim Aqil était recherché par Washington pour son implication dans les sanglants attentats anti-américains de Beyrouth en 1983. Il est le deuxième haut commandant militaire du Hezbollah éliminé par Israël depuis octobre 2023, après Fouad Chokr le 30 juillet, également dans une frappe dans la banlieue sud de beyrouth.
Selon Aram Nerguizian, du Center for strategic and international studies (CSIS), les services de renseignements israéliens ont réussi à "infiltrer" et "déstabiliser" le Hezbollah, alors que ce dernier "se targuait" d'être "une force unie et disciplinée avec une capacité de contre-espionnage de premier plan".
L'utilisation d'appareils "piégés" ayant l'apparence d'objets "inoffensifs" pourrait constituer un "crime de guerre", a dénoncé vendredi le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Volker Türk.
Après les explosions des appareils de transmission, le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah avait menacé Israël, en affirmant: "le front du Liban avec Israël restera ouvert jusqu'à la fin de l'agression à Gaza".