Un ex-espion français estime  qu'Israël agit  « comme une voiture folle sans conducteur »

Olivier Mas, est un ancien cadre de la DGSE (service de renseignement extérieur) qui a effectué plusieurs missions au Liban. (Photo fournie)
Olivier Mas, est un ancien cadre de la DGSE (service de renseignement extérieur) qui a effectué plusieurs missions au Liban. (Photo fournie)
Short Url
Publié le Samedi 21 septembre 2024

Un ex-espion français estime  qu'Israël agit  « comme une voiture folle sans conducteur »

  • Après cette salve meurtrière sommes-nous face à une nouvelle donne entre Israël et le Hezbollah ? « C’est là où je trouve qu’il faut creuser un plus loin » souligne Mas
  • L’action israélienne « est stratégiquement contre-productive parce qu’ils ne pourront pas effacer ce problème par la violence »

PARIS: Depuis le 17 septembre, Beyrouth est une ville tétanisée.

Alors que les hôpitaux libanais sont encore saturés par les victimes des deux attaques informatiques successives, Israël a franchi un nouveau cap dans l’horreur en visant cette fois un immeuble résidentiel dans la banlieue sud de Beyrouth, fief du Hezbollah.

Le bilan global de ces attaques est lourd, très lourd et s’élève à 9 morts et plus de 3000 blessés dans l’explosion des bipeurs, et 20 morts et 450 blessés le 18 septembre dans l’explosion des talkies-walkies, 31 morts et 68 blessés dans le raid contre la banlieue sud.

Mais au-delà de l’effroi suscité par ces chiffres macabres, ces actions successives qui ont provoqué un grand nombre de victimes civiles dont des enfants, soulèvent de nombreuses questions.

Il est désormais acquis que les deux attaques informatiques non revendiquées, sont l’acte d’Israël, en raison de leur degré de sophistication et des cibles qu’elles ont visées.    

Il est par ailleurs connu que le Hezbollah a muni ses cadres et combattants de ces appareils dits d’ancienne génération pour remplacer les téléphones portables facilement géo-localisés par Israël.

De même, les missiles tirés par un avion de chasse visaient selon les responsables israéliens des cadres de haut niveau du parti chiite dont Ibrahim Akil, chef de l'unité d’élite Al Radwan.

Que cherche Israël à travers l’intensification de ses opérations d’envergure contre le Liban, et quelle en est la finalité ?

Comment Israël est-il parvenu à piéger les bipeurs et talkies-walkies du Hezbollah ?

Comment a-t-il pu localiser Akil, tout comme le responsable militaire du parti avant lui, Fouad Chokor, assassiné le 24 juillet dernier…

Est-il légitime de s’interroger sur d’éventuelles négligences ou légèreté de la part du Hezbollah ?

Est-il logique de s’interroger sur une éventuelle infiltration du parti par les renseignements israéliens ?

«Le Hezbollah est KO»

Ces questions, Arab News en français les a posées à Olivier Mas, ancien cadre de la DGSE (service de renseignement extérieur) qui a effectué plusieurs missions au Liban et qui estime que cet engrenage « est effrayant parce qu’on ne les arrête plus ». Pour lui, les israéliens ont été « très affectés par l’attaque du Hamas du 7 octobre et maintenant ils ne tiennent plus compte d’aucune limite ».

« Israël s’est transformé en voiture folle sans conducteur, mené par les passions humaines les plus basses, je pense que leur action est terrible et doit être dénoncée, sans que cela ne veuille dire que je suis anti-israélien », souligne Mas avant d’affirmer que l’action israélienne « est stratégiquement contre-productive parce qu’ils ne pourront pas effacer ce problème par la violence », mais au contraire les israéliens « sont en train de se créer des ennemis intimes pour Israël pour les dizaines d’années à venir ».

Après cette salve meurtrière sommes-nous face à une nouvelle donne entre Israël et le Hezbollah ? « C’est là où je trouve qu’il faut creuser un plus loin » souligne Mas, « on a l’opération renseignement, et l’opération technique qui sont incroyables et extrêmement efficaces mais qu’elle en est la finalité ? Pourquoi ils l’ont fait ? quel en est l’intérêt stratégique à court et à moyen terme ? » interroge-t-il.

« J’aurai compris si cette action était couplée à une attaque massive du sud Liban en disant on désorganise complètement le Hezbollah et ensuite on attaque », mais là « on constate qu’il n’y a rien derrière l’attaque informatique en plus quel est l’avantage concurrentiel qu’ils vont obtenir sur le long terme ? ».

Cependant les implications de ces opérations sont d’une grande gravité, « le Hezbollah est KO, car il est très marqué par les attaques informatiques » indique Mas en s’appuyant sur les déclarations des responsables du parti affirmant qu’ils continuent le combat, « c’est le minimum qu’on attend de la part d’une telle organisation qui a une image à préserver et qui doit se faire respecter ».

« Je m’attendais à des déclarations plus fortes et plus menaçantes », ajoute l’ancien espion « on sent donc qu’ils sont pour l’instant désorganisés, frappés moralement et durement touché ».

D’autre part il est manifeste que le Hezbollah a fait preuve d’une certaine légèreté qui a aidé au succès des opérations, le parti souligne Mas « ne peut plus faire l’économie d’une opération de contre-espionnage dans ses rangs »,

Ces opérations supposent un mélange de renseignements techniques et de renseignement humain, ce qui pourrait impliquer « la présence de taupes dans les rangs du parti » et donc « la chasse aux sorcières est parfaitement nécessaire », sachant que le Hezbollah « a prouvé ses capacités à maintenir secrètes ses opérations, à travailler en toute discrétion ».

Sommes-nous face à un embrasement inévitable ? Difficile à dire parce que selon Mas « ni l’Iran, ni le Hezbollah n’ont envie que la guerre s’élargisse et seul Israël est en train de chercher la guerre à tout prix croyant trouver par ce moyen des solutions à long terme ».


France: face à des familles en colère, un maire annonce que les corps de 60 harkis ont été transférés en 1986

Des membres de familles harkies se tiennent près d'une stèle commémorative énumérant 146 noms de Harkis décédés, dont 101 enfants, à Rivesaltes, dans le sud-ouest de la France, le 21 février 2025. (AFP)
Des membres de familles harkies se tiennent près d'une stèle commémorative énumérant 146 noms de Harkis décédés, dont 101 enfants, à Rivesaltes, dans le sud-ouest de la France, le 21 février 2025. (AFP)
Short Url
  • Le maire André Bascou, en poste depuis 1983, a présenté vendredi ses excuses aux familles qui cherchent à savoir où ont été enterrés une soixantaine de corps et à leur offrir une "sépulture digne"
  • "Entre le 15 et le 19 septembre 1986, les corps ont été exhumés et inhumés au cimetière Saint-Saturnin. Je ne sais pas précisément où ils se trouvent", a déclaré le maire octogénaire, regrettant de ne pas avoir contacté les familles "à l'époque"

RIVESALTES: Les ossements de 60 harkis décédés et inhumés sans sépulture au camp de Rivesaltes, dans le sud de la France, entre 1962 et 1964, ont été transférés en 1986 dans un cimetière de la ville, a révélé vendredi le maire, face à des familles, en colère, à la recherche de corps, dont ceux de 52 bébés.

Après l'indépendance de l'Algérie en 1962, 21.000 harkis - ces Français musulmans recrutés comme auxiliaires de l'armée française pendant la guerre - et leurs familles ont transité par le camp de Rivesaltes, près de Perpignan.

A l'automne dernier, des tombes d'enfants harkis décédés entre 1962 et 1964 ont été découvertes lors de fouilles demandées par les familles, mais elles étaient dépourvues d'ossements.

Le maire André Bascou, en poste depuis 1983, a présenté vendredi ses excuses aux familles qui cherchent à savoir où ont été enterrés une soixantaine de corps et à leur offrir une "sépulture digne".

"Entre le 15 et le 19 septembre 1986, les corps ont été exhumés et inhumés au cimetière Saint-Saturnin. Je ne sais pas précisément où ils se trouvent", a déclaré le maire octogénaire, regrettant de ne pas avoir contacté les familles "à l'époque".

Dans la salle de la mairie de Rivesaltes, une trentaine de proches de ces enfants défunts ont montré colère et incompréhension, ont constaté des journalistes de l'AFP.

La ministre déléguée en charge de la Mémoire et des Anciens combattants, Patricia Mirallès, qui avait réclamé en octobre 2023 la tenue de fouilles sur le camp de Rivesaltes, a salué la tenue de cette réunion mais réclamé que le maire fasse "la lumière sur tout ce qui s'est passé, avec des archives que nous avons nous-mêmes retrouvées au ministère des Armées".

"Les dépouilles sont aujourd'hui dans le cimetière de Rivesaltes", a-t-elle ajouté devant la presse, "je crois qu'on est dans la reconnaissance".

Entre 1962 et 1965, environ 90.000 harkis et leurs familles ont fui les massacres de représailles en Algérie et ont été accueillis en France. Plusieurs dizaines de milliers furent parqués dans des "camps de transit et de reclassement" gérés par l'armée, aux conditions de vie déplorables et théâtre d'une surmortalité infantile.


France: face à la menace d'extinction des civelles, le pari du repeuplement

Ces très jeunes anguilles pêchées sur la Vie, un fleuve côtier de Vendée (ouest), sont acheminées par camion frigorifique dans les zones définies comme les plus propices à leur croissance. (AFP)
Ces très jeunes anguilles pêchées sur la Vie, un fleuve côtier de Vendée (ouest), sont acheminées par camion frigorifique dans les zones définies comme les plus propices à leur croissance. (AFP)
Short Url
  • Sous les couvercles, les civelles, petits poissons gris translucides de quelques centimètres, fins comme des vers, s'agitent dans un fond d'eau
  • Bottes en plastique aux pieds et parka sur le dos, les hydrobiologistes déversent délicatement les civelles en bordure du fleuve, sur une dizaine de kilomètres en aval de Saumur, dans l'ouest de la France

SAUMUR: D'une berge déserte, deux barques en acier chargées d'une montagne de boîtes s'élancent sur la Loire, plus long fleuve de France: à l'intérieur, 400 kg de civelles. Menacé d'extinction, cet alevin de l'anguille fait l'objet d'un programme de repeuplement au long cours.

Sous les couvercles, les civelles, petits poissons gris translucides de quelques centimètres, fins comme des vers, s'agitent dans un fond d'eau.

Bottes en plastique aux pieds et parka sur le dos, les hydrobiologistes déversent délicatement les civelles en bordure du fleuve, sur une dizaine de kilomètres en aval de Saumur, dans l'ouest de la France.

"Une partie des civelles sont marquées. Cela permet d'opérer un suivi à six mois, un an et trois ans pour vérifier leur développement, leur taux de croissance et leur répartition sur la zone", explique Yann Le Péru, hydrobiologiste du centre d'étude Fish Pass, prestataire scientifique du programme de repeuplement, porté par le comité régional des pêches (Corepem) et qui répond à un appel à projet du ministère français de la Transition écologique.

Ces très jeunes anguilles pêchées sur la Vie, un fleuve côtier de Vendée (ouest), sont acheminées par camion frigorifique dans les zones définies comme les plus propices à leur croissance.

"Dans les années 2000, avant les quotas de pêche, on a vraiment mesuré le déclin. Mais depuis trois ou quatre ans, on observe à nouveau une croissance des populations. On espère que c'est le repeuplement qui fonctionne", affirme Fabrice Batard, pêcheur en Loire depuis 22 ans, à la barre de l'une des embarcations.

Climat, pêche et pollution 

Depuis 2007, l'Union européenne prévoit que tout État membre autorisant la pêche à la civelle en affecte au moins 60% au repeuplement. En France, cela représente chaque année environ 30 tonnes des 50 tonnes pêchées.

Mais le cycle de vie de l'anguille, complexe et encore mal connu, rend sa protection particulièrement ardue.

Les anguilles européennes et américaines naissent dans la mer des Sargasses, dans l'Atlantique Nord, leurs larves (appelées leptocéphales) s'orientant ensuite vers les continents en s'aidant des courants marins.

"Les leptocéphales deviennent des civelles, qui vont remonter dans les cours d'eau. Elles grandissent dans les fleuves et lagunes pendant 5 à 35 ans, puis se métamorphosent une nouvelle fois et migrent à nouveau pour aller pondre en mer", retrace Eric Feunteun, professeur en écologie marine du Muséum national d'histoire naturelle à Paris.

Pour expliquer le déclin des populations d'anguilles, phénomène mondial, les scientifiques mettent en avant une conjonction de facteurs humains, la pêche en étant "un parmi d'autres", précise Éric Feunteun.

Les phénomènes océaniques liés au dérèglement climatique font évoluer les courants et déplacent les zones de ponte. En eau douce, les barrages et écluses perturbent les migrations. Les aménagements des fleuves et la bétonisation des berges jouent également un rôle majeur, tout comme la pollution. D'après Eric Feunteun, les anguilles les plus contaminées mesurent en moyenne vingt centimètres de moins que leurs congénères, ce qui pourrait altérer leur fécondité.

Braconnage 

Une autre menace de taille pèse depuis plusieurs années sur les civelles: le braconnage. Cet "or blanc" peut se vendre en Asie jusqu'à 5.000 euros le kg, selon l'Office français de la biodiversité (OFB).

D'après Europol, environ 100 tonnes de civelles sont braconnées chaque année dans l'Union européenne et acheminées en Asie via des filières illicites.

Pour le moment, considérant le long cycle de vie des anguilles, "il est encore difficile de prouver scientifiquement le bénéfice des programmes de repeuplement mis en place depuis dix ans, mais il y a des indices", explique Alexis Pengrech, du comité régional des pêches.

Co-auteur d'une analyse sur dix ans du repeuplement, Eric Feunteun considère que le repeuplement pourrait bien être efficace pour restaurer la population.

"On a pu montrer que la croissance des anguilles s'était améliorée mais pas, si ce n'est par déduction, que la mortalité a baissé. C'est intuitif, mais il faut encore consolider les études pour pouvoir le démontrer", affirme-t-il.

"On nous a dit il y a quinze ans que l'espèce pouvait disparaître", se souvient le pêcheur Fabrice Batard. "A nous tous de jouer pour que ça n'arrive pas."

 


Violence à l'école: fouilles inopinées des sacs à partir du printemps, annonce Borne

Avant les vacances d'hiver de la zone C, plus d'une vingtaine de collèges et lycées de Seine-Saint-Denis ont été placés sous la surveillance de 100 fonctionnaires de police, déployés pour "prévenir la réitération d'actes de violence" aux abords des établissements scolaires à la suite d'une série d'incidents. (AFP)
Avant les vacances d'hiver de la zone C, plus d'une vingtaine de collèges et lycées de Seine-Saint-Denis ont été placés sous la surveillance de 100 fonctionnaires de police, déployés pour "prévenir la réitération d'actes de violence" aux abords des établissements scolaires à la suite d'une série d'incidents. (AFP)
Short Url
  • Ces fouilles inopinées seraient réalisées avec des "forces de l'ordre puisque ça ne rentre pas dans les prérogatives des personnels de l'Education", a précisé la ministre, inquiète d'"un usage beaucoup plus répandu des armes blanches" chez les jeunes
  • A ce titre, elle a redit son intention de modifier le code de l'éducation pour que, si un port d'arme blanche est constaté dans un établissement scolaire, l'élève mis en cause "passe systématiquement devant un conseil de discipline"

PARIS: Des "fouilles inopinées de sacs" seront mises en place à partir du printemps pour tenter de lutter contre les violences à l'école ou aux abords des établissements scolaires, affirme vendredi la ministre de l'Education nationale Elisabeth Borne.

"Je souhaite qu'on puisse, avec le préfet, le procureur, le représentant de l'Education nationale, pouvoir organiser régulièrement des fouilles de sac à l'entrée des établissements" et ce à partir du printemps, a déclaré la ministre, interrogée sur BFMTV/RMC.

Ces fouilles inopinées seraient réalisées avec des "forces de l'ordre puisque ça ne rentre pas dans les prérogatives des personnels de l'Education", a précisé la ministre, inquiète d'"un usage beaucoup plus répandu des armes blanches" chez les jeunes.

A ce titre, elle a redit son intention de modifier le code de l'éducation pour que, si un port d'arme blanche est constaté dans un établissement scolaire, l'élève mis en cause "passe systématiquement devant un conseil de discipline".

Jusqu'ici "c'était à l'appréciation du chef d'établissement", a commenté Mme Borne.

Cela fera également "systématiquement" l'objet d'un signalement au procureur.

Début février, un lycéen de 17 ans a été grièvement blessé à l'arme blanche dans la cour de son établissement à Bagneux (Hauts-de-Seine).

Avant les vacances d'hiver de la zone C, plus d'une vingtaine de collèges et lycées de Seine-Saint-Denis ont été placés sous la surveillance de 100 fonctionnaires de police, déployés pour "prévenir la réitération d'actes de violence" aux abords des établissements scolaires à la suite d'une série d'incidents.