La rentrée pour 12 millions d'élèves, avec des questions en suspens

Une petite fille arrive à l'école élémentaire Jules Simon à Montpellier, dans le sud de la France, le 1er septembre 2020, le jour de la rentrée scolaire dans le contexte de l'épidémie de Covid-19. Photo d'illustration (AFP)
Une petite fille arrive à l'école élémentaire Jules Simon à Montpellier, dans le sud de la France, le 1er septembre 2020, le jour de la rentrée scolaire dans le contexte de l'épidémie de Covid-19. Photo d'illustration (AFP)
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Publié le Lundi 02 septembre 2024

La rentrée pour 12 millions d'élèves, avec des questions en suspens

  • Pour sa première et potentiellement dernière rentrée comme ministre de l'Education, la démissionnaire Nicole Belloubet respectera la tradition en se déplaçant dans des écoles
  • Gabriel Attal est également attendu lundi matin dans une école à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) où le Premier ministre démissionnaire présentera une nouvelle campagne nationale contre le harcèlement à l'école

PARIS: Une trousse et des cahiers neufs, la "boule au ventre" et des questions en suspens sur les réformes en cours dans l'attente d'un nouveau gouvernement: quelque 12 millions d'écoliers, collégiens et lycéens font leur rentrée lundi.

"Cette année, c'est l'épreuve de Parcoursup pour ma fille qui entre en Terminale et donc pour elle, et pour toute la famille, c'est l'angoisse", raconte Julie, une mère d'élève francilienne.

Pour sa première et potentiellement dernière rentrée comme ministre de l'Education, la démissionnaire Nicole Belloubet respectera la tradition en se déplaçant dans des écoles: le matin à Bourg-la-Reine (Hauts-de-Seine) et l'après-midi à Orléans. Car, a-t-elle insisté, les "affaires courantes ne sont ni un temps suspendu pour l'école, ni un temps mort".

Gabriel Attal est également attendu lundi matin dans une école à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) où le Premier ministre démissionnaire présentera une nouvelle campagne nationale contre le harcèlement à l'école, lancée sur les réseaux sociaux, à la télévision et sur les radios.

Si le gouvernement s'affiche sur le terrain, il y a pour les enseignants "beaucoup d'incertitudes" en raison du contexte politique incertain, explique Catherine Nave-Bekhti, secrétaire générale de la CFDT Education. "Il y a le risque qu'un certain nombre de problématiques structurelles ne soient pas du tout traitées", redoute-t-elle.

"C'est une rentrée qui n'est pas comme les autres, parce qu'il y a une crise politique, mais aussi parce que l'école est à un point de bascule" vers "une école du tri social avec le choc des savoirs, les groupes de niveau", estime de son côté Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, premier syndicat enseignant des collèges et lycées.

« Cacophonie » sur les groupes

Les collèges sont particulièrement dans la ligne de mire, avec l'instauration des "groupes de niveau", rebaptisés "groupes de besoins", en français et des mathématiques en 6e et en 5e, mesure phare et contestée du "choc des savoirs" de Gabriel Attal lorsqu'il était ministre de l'Education.

Ces groupes, censés concerner aussi les 4e et 3e l'an prochain, seront appliqués "avec souplesse et pragmatisme", a nuancé Nicole Belloubet ces derniers mois.

"Il va falloir effectivement beaucoup de souplesse aux enseignants, aux équipes de direction, pour mettre en place quelque chose qui, pédagogiquement, échouera", ironise Jérôme Fournier, secrétaire national du SE-Unsa, pointant une "cacophonie".

Autre sujet brûlant, les postes d'enseignants non pourvus, l'une des "urgences structurelles" pour les syndicats.

"Il n'y aura pas un professeur devant chaque classe" et "certainement pas un professeur de français et de maths devant chaque groupe, quand ils existeront", prédit Sophie Vénétitay.

La crise perdure, avec plus de 3.000 postes non pourvus aux concours enseignants du public et du privé.

« Pause numérique »

Pour les 3e, le brevet est une autre interrogation. Gabriel Attal souhaitait rendre son obtention obligatoire pour passer en seconde. Mais ce projet est "gelé", selon Nicole Belloubet, pour qui "le prochain gouvernement décidera ce qu'il en est".

Mais la répartition entre contrôle continu et épreuves terminales pourrait elle être modifiée en cours d'année pour cet examen de fin de collège.

Pour certains élèves, cette rentrée sera aussi marquée par des expérimentations, comme celle de la classe de "prépa-seconde", pour ceux ayant échoué au brevet.

Ou celle de la "pause numérique", prévue dans quelque 180 collèges, en vue d'une éventuelle généralisation en janvier 2025. Si les collégiens ont déjà l'interdiction d'utiliser leur téléphone dans l'établissement depuis 2018, ils devront cette fois le laisser à la porte.

Cette mesure fait suite aux préconisations de la commission "écrans", voulue par Emmanuel Macron, mais suscite le scepticisme des syndicats.

"Qu'est-ce que c'est que cette idée qui existe déjà?", s'interroge Bruno Bobkiewicz, secrétaire général du syndicat de chefs d'établissements SNPDEN Unsa. "C'est réglementé, donc on a moyen d'agir".

Dans un peu moins d'une centaine d'établissements, principalement des écoles, c'est la "tenue unique" qui va être testée - certains l'ont déjà adoptée avant l'été. Un sujet politiquement sensible comme l'illustre une polémique à Limoges sur le coût des vêtements achetés par la municipalité.

 


Paris entend résoudre les tensions avec Alger « sans aucune faiblesse »

le chef de la diplomatie française, chef de la diplomatie française (Photo AFP)
le chef de la diplomatie française, chef de la diplomatie française (Photo AFP)
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  • Le chef de la diplomatie française a assuré mardi que Paris entendait résoudre les tensions avec Alger « avec exigence et sans aucune faiblesse ».
  • « L'échange entre le président de la République (Emmanuel Macron, ndlr) et son homologue algérien (Abdelmadjid Tebboune) a ouvert un espace diplomatique qui peut nous permettre d'avancer vers une résolution de la crise », a-t-il ajouté.

PARIS : Le chef de la diplomatie française a assuré mardi que Paris entendait résoudre les tensions avec Alger « avec exigence et sans aucune faiblesse ». Il s'exprimait au lendemain d'un entretien entre les présidents français et algérien, qui visait à renouer le dialogue après huit mois de crise diplomatique sans précédent.

« Les tensions entre la France et l'Algérie, dont nous ne sommes pas à l'origine, ne sont dans l'intérêt de personne, ni de la France, ni de l'Algérie. Nous voulons les résoudre avec exigence et sans aucune faiblesse », a déclaré Jle chef de la diplomatie française devant l'Assemblée nationale, soulignant que « le dialogue et la fermeté ne sont en aucun cas contradictoires ».

« L'échange entre le président de la République (Emmanuel Macron, ndlr) et son homologue algérien (Abdelmadjid Tebboune) a ouvert un espace diplomatique qui peut nous permettre d'avancer vers une résolution de la crise », a-t-il ajouté.

Les Français « ont droit à des résultats, notamment en matière de coopération migratoire, de coopération en matière de renseignement, de lutte contre le terrorisme et au sujet bien évidemment de la détention sans fondement de notre compatriote Boualem Sansal », a affirmé le ministre en référence à l'écrivain franco-algérien condamné jeudi à cinq ans de prison ferme par un tribunal algérien. 


Algérie: Macron réunit ses ministres-clés au lendemain de la relance du dialogue

Emmanuel Macron, président français (Photo AFP)
Emmanuel Macron, président français (Photo AFP)
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  • Emmanuel Macron  réunit mardi plusieurs ministres en première ligne dans les relations avec l'Algérie, dont Bruno Retailleau, Gérald Darmanin et Jean-Noël Barrot, au lendemain de l'appel avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune
  • Le président français a décidé, à la suite de ce coup de fil, de dépêcher le 6 avril à Alger le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot afin de « donner rapidement » un nouvel élan aux relations bilatérales.

PARIS : Emmanuel Macron  réunit mardi à 18H00 plusieurs ministres en première ligne dans les relations avec l'Algérie, dont Bruno Retailleau, Gérald Darmanin et Jean-Noël Barrot, au lendemain de l'appel avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune pour relancer le dialogue, a appris l'AFP de sources au sein de l'exécutif.

Le président français a décidé, à la suite de ce coup de fil, de dépêcher le 6 avril à Alger le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot afin de « donner rapidement » un nouvel élan aux relations bilatérales après des mois de crise, selon le communiqué conjoint publié lundi soir.

Le ministre français de la Justice, Gérald Darmanin, effectuera de même une visite prochainement pour relancer la coopération judiciaire.

Le communiqué ne mentionne pas en revanche le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, figure du parti de droite Les Républicains, partisan d'une ligne dure à l'égard de l'Algérie ces derniers mois, notamment pour obtenir une nette augmentation des réadmissions par le pays de ressortissants algériens que la France souhaite expulser.

Bruno Retailleau sera présent à cette réunion à l'Élysée, avec ses deux collègues Barrot et Darmanin, ainsi que la ministre de la Culture, Rachida Dati, et celui de l'Économie, Éric Lombard, ont rapporté des sources au sein de l'exécutif.

 Dans l'entourage du ministre de l'Intérieur, on affirme à l'AFP que si la relance des relations décidée par les deux présidents devait bien aboutir à une reprise des réadmissions, ce serait à mettre au crédit de la « riposte graduée » et du « rapport de force » prônés par Bruno Retailleau. 


Algérie: la relance de la relation décriée par la droite

Cette photo prise le 25 août 2022 montre les drapeaux français et algérien avant l'arrivée du président français à Alger pour une visite officielle  afin d'aider à rétablir les liens avec l'ancienne colonie française, qui célèbre cette année le 60e anniversaire de son indépendance. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Cette photo prise le 25 août 2022 montre les drapeaux français et algérien avant l'arrivée du président français à Alger pour une visite officielle afin d'aider à rétablir les liens avec l'ancienne colonie française, qui célèbre cette année le 60e anniversaire de son indépendance. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • La droite a dénoncé mardi la relance de la relation bilatérale avec l'Algérie en minimisant son impact sur les obligations de quitter le territoire (OQTF).
  • Selon l'élu des Alpes-Maritimes, cette conversation entre les deux chefs d'État signifie « que les ministres n'ont aucun pouvoir, M. Retailleau en premier ».

PARIS : La droite a dénoncé mardi la relance de la relation bilatérale avec l'Algérie en minimisant son impact sur les obligations de quitter le territoire (OQTF), Laurent Wauquiez déplorant « une riposte très provisoire » et Éric Ciotti, allié du RN, dénonçant une relation « insupportable » entre les deux pays.

« La riposte était très graduée et en plus très provisoire », a réagi Laurent Wauquiez sur X au lendemain de la conversation entre les présidents français Emmanuel Macron et algérien Abdelmadjid Tebboune, qui ont acté une relance de la relation bilatérale, après des mois de crise.

Lors de la réunion du groupe des députés LR, l'élu de Haute-Loire, qui brigue la présidence du parti face au ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, s'est dit convaincu que les autorités algériennes n'accepteront pas les OQTF.

« On va se retrouver dans 90 jours avec les OQTF dangereux qui seront dans la nature. Nous ne pouvons pas l'accepter », a déploré le député de Haute-Loire.

De son côté, Éric Ciotti, l'ancien président des LR alliés avec le RN, a directement ciblé le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau sur CNews, lui reprochant de n'avoir montré que « des petits muscles face à Alger ».

Selon l'élu des Alpes-Maritimes, cette conversation entre les deux chefs d'État signifie « que les ministres n'ont aucun pouvoir, M. Retailleau en premier ».

« La relation privilégiée Macron-Algérie depuis 2016 perdure. Et cette relation est insupportable, parce qu'elle traduit un recul de notre pays. »

Les deux présidents, qui se sont entretenus le jour de l'Aïd el-Fitr marquant la fin du ramadan, ont marqué « leur volonté de renouer le dialogue fructueux », selon un communiqué commun.

La reprise des relations reste toutefois subordonnée à la libération de l'écrivain Boualem Sansal et à des enjeux de politique intérieure dans les deux pays.