Les puissantes machines médiatiques américaines et israéliennes ne cessent d'affirmer que le Hamas est le parti qui rejette systématiquement les propositions de cessez-le-feu à Gaza. Cependant, une lecture attentive de la déclaration officielle du groupe montre qu'il a accepté la proposition précédente du président américain Joe Biden, que le Conseil de sécurité des Nations unies a également approuvée.
Le problème qui entrave toute avancée est le manque de confiance. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, n'a cessé de déplacer les poteaux et de reprocher au Hamas de rejeter les propositions de cessez-le-feu. Les médiateurs américains et arabes commencent généralement par le texte israélien proposé et le proposent ensuite au Hamas, dans le but d'amener le groupe à assumer la responsabilité de son rejet. Un analyste palestinien bien connu, Nasser Laham, a écrit cette semaine qu'au cours des 40 dernières années, les États-Unis ont échoué à chaque fois qu'ils ont essayé de jouer le rôle de médiateur entre les parties au Moyen-Orient. Cela s'explique en grande partie par le fait que l'Amérique ne peut pas être un allié solide d'Israël et en même temps un courtier honnête.
Le principal point d'achoppement à ce stade est important. Le Hamas, comme tous les Palestiniens et en fait le monde entier, veut que cette guerre prenne fin. Toute proposition qui ne prévoit pas la fin de la guerre et le retrait israélien de Gaza sera finalement rejetée.
Toute proposition qui ne prévoit pas la fin de la guerre et le retrait israélien de Gaza sera finalement rejetée.
- Daoud Kuttab
Les guerres se terminent par un cessez-le-feu bien respecté, un échange de prisonniers et un effort sincère pour s'attaquer aux causes profondes de la violence. Netanyahou, qui est entravé par une affaire de corruption et une enquête obligatoire et neutre sur le 7 octobre, ne veut pas mettre fin à la guerre sans sa version de la victoire, qui comprend l'anéantissement d'un mouvement de résistance palestinien profondément enraciné et la libération unilatérale de soldats et de civils israéliens. Les Américains et de nombreux experts israéliens très respectés, ainsi que des responsables militaires à la retraite, ne cessent de lui répéter que cela n'arrivera pas.
Ne pouvant ou ne voulant pas forcer Netanyahou à accepter cette réalité, les États-Unis ont partiellement adopté l'obstination du Premier ministre israélien en offrant des propositions qui retardent la décision de mettre fin à la guerre. La proposition américaine dit "faites-nous confiance". Mais comment les Palestiniens peuvent-ils faire confiance à un pays qui leur fournit physiquement les armes utilisées contre eux ? Il n'est donc pas étonnant que les manifestants qui ont assisté à la Convention nationale du parti démocrate aient insisté sur la nécessité de mettre un terme aux livraisons d'armes américaines à Israël si Washington veut être accepté comme un intermédiaire honnête. Les dirigeants du Hamas palestinien ne peuvent pas faire confiance aux États-Unis, et ne le feront pas, parce qu'ils n'ont pas respecté leurs déclarations publiques sur leur volonté de mettre fin à la guerre, alors qu'ils ont signé un accord militaire de 20 milliards de dollars et continuent de fournir les armes et les munitions utilisées pour tuer les civils palestiniens.
Les États-Unis et leurs faibles négociateurs arabes disposent d'une voie claire qu'ils peuvent suivre, mais ils y ont résisté. Le Conseil de sécurité des Nations unies est le principal organe mondial chargé de la paix et de la sécurité. Il a ordonné un cessez-le-feu, mais Israël a refusé de prêter attention à sa décision. Le chapitre VII de la Charte des Nations unies traite des mesures à prendre à l'égard des parties qui refusent de mettre en œuvre les résolutions contraignantes adoptées par le Conseil de sécurité des Nations unies.
Les États-Unis sont les seuls à prendre les décisions et ne le font régulièrement qu'après avoir obtenu l'approbation d'Israël sur ce qui est proposé.
- Daoud Kuttab
Si les membres du Conseil de sécurité de l'ONU veulent vraiment mettre fin à la guerre, il leur suffit d'adopter une résolution détaillant les mesures à prendre à cette fin et ne contenant aucune formulation vague autorisant l'armée israélienne à rester dans la bande de Gaza. Une telle résolution, qui comprendrait un échange de prisonniers, un mécanisme d'observation pour sa mise en œuvre et une voie vers la solution de deux États acceptée au niveau mondial, devrait également mentionner des sanctions au titre du chapitre VII pour toute partie qui refuserait de mettre en œuvre ses dispositions.
Les États-Unis, dont le président a entamé le processus actuel avec une proposition qu'Israël et le Hamas ont acceptée, devraient vouloir s'assurer que les deux parties pensent ce qu'elles disent en se mettant d'accord sur un texte que la communauté mondiale peut soutenir et qui mettra fin à ce carnage.
À l'heure actuelle, le processus de négociation auquel Washington participe a peu de chances d'aboutir, tant que les États-Unis sont les seuls à prendre les décisions et qu'ils ne le font régulièrement qu'après avoir obtenu l'approbation d'Israël sur ce qui est proposé. Le temps est venu de faire une offre globale de cessez-le-feu qui soit juste et qui comprenne clairement une fin immédiate de la guerre et un retrait militaire israélien de Gaza. Poursuivre le processus actuel, c'est faire le jeu du premier ministre israélien, dont les intérêts sont centrés sur sa propre survie politique. Permettre à Israël de poursuivre sa guerre de vengeance sans fin est une formule de désastre et une invitation à l'élargissement d'un conflit auquel tout le monde veut mettre fin immédiatement.
Daoud Kuttab, journaliste palestinien primé, est directeur du Community Media Network.
X : @daoudkuttab
NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com